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UE 2009 : quand les petits-fils d’Hitler, de Pétain...prendront le pouvoir

Relire, ou découvrir ce scénario, c’est se poser la question de savoir si l’on souhaite que l’Europe de demain soit dominée par les tendances « euro-démocratiques » ou bien « national-européistes » ; et c’est peut-être s’apercevoir que c’est aujourd’hui que les choses sont en train de se jouer ! Alors, un petit tour vers le futur, vu depuis le passé... c’est éclairant !

Cet article est extrait du scénario du même titre élaboré par l’auteur en 1998 pour le compte du think-tank Europe 2020. Il offre, aujourd’hui qu’est devenu évident le divorce entre élites et institutions européennes d’une part, et peuples et citoyens d’autre part, un rétro-éclairage utile sur la gravité et l’ampleur de la crise politique actuelle de l’UE. Ce scénario montre d’abord que ce qui arrive à l’UE n’est pas imprévisible, mais ressort de tendances identifiables depuis plusieurs années. Cela est rassurant. Mais, ce qui est en revanche très inquiétant, c’est que les hypothèses fondamentales du scénario semblent se vérifier davantage chaque année nouvelle, et que les crises prévues s’enchaînent à un rythme anticipé.

L’absence de réaction à cette lente dérive politique du projet européen accroît chaque jour un peu plus la probabilité du scénario. C’est d’ailleurs pour cette raison, qu’avec nombre d’Européens, j’ai entrepris de sortir de mon rôle d’analyste et de conseiller pour endosser l’habit politique, en créant Newropeans pour offrir une alternative européenne et démocratique à la montée en puissance des « petits-fils ». Les années à venir vont être décisives pour savoir si le projet européen des prochaines décennies s’ancrera dans les idéaux de l’après 1945, d’une Europe démocratique et ouverte sur le monde, ou bien dans ceux d’avant 1939, qui conduisaient à une Europe non démocratique, xénophobe et agressive envers le reste du monde.

Relire, ou découvrir ce scénario, c’est se poser la question de savoir si l’on souhaite que l’Europe de demain soit dominée par les tendances « euro-démocratiques » ou bien par les « national-européistes » ; et c’est peut-être s’apercevoir que c’est aujourd’hui que les choses sont en train de se jouer !

Alors, un petit tour vers le futur vu depuis le passé ... c’est éclairant !

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Extrait du scénario UE 2009 : Quand les petits-fils d’Hitler, Pétain, Franco, Mussolini et Staline prendront le pouvoir

Pourquoi le choix de 2009 comme date butoir ?

Pour Europe 2020, la période 2006-2010 constituera un nouveau "nœud" historique pour l’UE, comme l’est actuellement la période 1998-2002. 2009 est choisie comme date pivot du fait de l’élection européenne et du renouvellement de la Commission, prévus à cette date. Selon les chemins pris par l’UE à cette date, des scénarios totalement divergents seront établis pour la période allant à 2020.

Cette période concentrera en effet une série de décisions et de réalisations qui s’amorcent actuellement :

- élargissement de l’UE aux nouveaux membres d’Europe de l’Est

- impact politique complet de la première vague des conséquences de l’introduction de l’euro (les institutions de 2004 - PE et CE - seront encore essentiellement le fruit d’une UE pré-euro).

- évolution générationnelle (sortie progressive des "68" de la vie active : 60 ans, arrivée de la génération "92" : 35/45 ans), disparition des générations ayant connu la 2e guerre mondiale, vieillissement accéléré de la population de l’UE.

De nombreuses tendances affectant l’UE sont nées dans la 2e moitié des années 1980, lors de la "renaissance" du projet communautaire. Elles auront donc affecté deux générations complètes en 2009, et exerceront une influence décisive.

Le scénario ci-après est fondé sur trois hypothèses, une constante historique et une variable. Ces dernières sont explicitées après le scénario ci-dessous :

Scénario " Comment en 2009, l’UE pourrait tomber dans les mains des arrière-petits-fils d’Hitler, de Franco, de Mussolini et de Pétain

- En Juin 2009, les partis anti-démocratiques et xénophobes atteindront des scores de 20% à 30% minimum dans 7 États-Membres sur 15.

- Ils constitueront ainsi le plus important groupe parlementaire du Parlement européen. Via les scènes politiques nationales, ils exerceront une influence très forte sur les agendas politiques des États-Membres.

- Leurs thèses se reflèteront, très amplifiées, dans un Conseil européen où près de la moitié des États devront prendre en compte près d’un tiers de leurs électeurs partageant ces opinions. Ces attitudes seront renforcées par les graves turbulences économiques, politiques et sociales ayant affecté le tissu économique, social et culturel de l’UE à la suite del’introduction de l’euro.

- L’absence de réformes radicales du système politique et administratif communautaire, en particulier de sa machinerie administrative (Commission + BCE + services centraux des grands ministères nationaux), a conduit à une bureaucratisation croissante de l’UE, dont les décisions restent essentiellement dans les mains d’une dizaine de milliers de personnes. Le système est fermé sur lui-même et fait face à des difficultés croissantes pour maintenir la pérennité du projet communautaire face à une conjonction d’oppositions de toutes natures. Faute de réformes drastiques, celui-ci n’a jamais pu restaurer sa crédibilité publique après les scandales à répétition qui l’ont poursuivi à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

- Les élections de 2009 voient donc s’affronter sur l’ensemble de l’Union des forces exigeant une refonte complète du système communautaire, incluant une suppression des privilèges dont bénéficient les institutions communautaires. Les démocrates, (opposés au caractère bureaucratique pris par le projet européen), les libéraux (opposés à son aspect administré), les socialistes (opposés aux conséquences sociales de la mise en place d’EuroLand), les nationalistes (opposés aux chocs économiques et culturels post-euro qui ont placé des États et régions sous la tutelle politique de l’UE et économique d’autres régions/États) se retrouvent pour attaquer le système en place.

- Les forces anti-démocratiques et xénophobes proposent le soutien à la construction européenne, à condition de l’aménager dans leur sens : Europe fermée, définie sur des bases religieuses et raciales, développant des politiques de voisinage fondées sur la puissance et l’exploitation des plus faibles, et affirmant sa capacité à ramener l’ordre dans une UE en proie aux soubresauts post-euro, notamment en s’appuyant sur l’appareil administratif existant.

- L’appareil administratif communautaire, reprenant un cheminement classique dans l’histoire européenne, choisit alors de préserver coûte que coûte le projet communautaire, dont il estime être le seul dépositaire, tout en protégeant ses privilèges et son influence.

- Il décide donc de s’orienter vers une stratégie de partenariat avec les forces anti-démocratiques et xénophobes, et signe le Pacte avec le diable (persuadé qu’il pourra ensuite se débarrasser de cet allié de circonstances).

- Juillet 2009 : Les arrière-petits-fils d’Hitler, de Franco, de Mussolini et de Pétain prennent le contrôle de l’Union européenne, avec la complicité de l’appareil bureaucratique de l’UE.

Europe 2020 a testé ce scénario auprès de plus de cent responsables communautaires (membres de cabinets de commissaires, euro-fonctionnaires de tous niveaux et secteurs, conseillers de ministres, lobbyistes bruxellois, spécialistes des sondages d’opinions, intellectuels). 90% d’entre eux ont déclaré n’avoir jamais pensé à un tel scénario ; mais reconnaissaient que si le système administratif et politique communautaire restait sans grand changement jusqu’en 2009, cette option représentera en effet un risque majeur.

2 Hypothèses, une constante et une variable

- Hypothèse N°1 : En 2009, les partis anti-démocratiques et xénophobes feront des scores compris entre 20% et 30% dans au moins sept États-Membres.
La montée en puissance des partis anti-démocratiques et xénophobes est une tendance lourde (amorcée en France à l’occasion de l’élection européenne de 1984). Depuis 15 ans, on peut corréler la montée de ces extrêmes au franchissement de nouvelles étapes d’intégration communautaire. Ces partis utilisent systématiquement les élections européennes, ventre-mou de la démocratie en Europe, pour renforcer leur influence politique. Le vieillissement de la population et la récurrence des problématiques migratoires alimenteront naturellement un discours sécuritaire et de repli sur soi.

- Hypothèse N°2 : Le système administratif/politique communautaire ne change pas radicalement.
La machinerie administrative/politique communautaire, comme le cercle des 10 000 (maximum) personnes qui font l’UE aujourd’hui, reste essentiellement stable. Il affronte la nouvelle période post-euro sans avoir réalisé une profonde réforme d’ici 2002. Il ne s’agit pas seulement de réformes politiques (poids de vote...), qui peuvent attendre un peu, puisque l’élargissement est repoussé à plus tard ; mais surtout de réformes de l’appareil administratif. Les défauts actuels du système (opacité, fraudes, gaspillages, corruption, privilèges diplomatiques...) perdurent. La complexité s’accroît (commission, ministères nationaux, régions, agences diverses...). Et, face aux turbulences post-euro, et aux critiques croissantes, le système se durcit, dans l’espoir que cette période difficile passera. Afin d’essayer de maintenir le cap communautaire à tout prix, il se bureaucratise.

- Une constante : les forces anti-démocratiques et xénophobes de l’Europe ont toujours été attirées par le rêve d’unité européenne. La mystique de la Rome impériale.
Un rappel s’impose en effet. Contrairement à ce que l’apparence laisse croire, les partis anti-démocratiques et xénophobes ne sont pas nécessairement anti-européens, ils peuvent même être très pro-européens. En effet, de l’Inquisition à Hitler, en passant par Napoléon ou Staline, les forces qui ont tenté d’unifier l’Europe n’ont jamais mis la démocratie au cœur de leurs valeurs. C’était même souvent l’inverse. Il est donc légitime de constater que  :
. d’une part, dans l’histoire, le rêve d’unité européenne a généralement été conjugué avec des valeurs opposées à celles qui fondent l’actuelle Union européenne
. d’autre part, les mouvements anti-démocratiques et xénophobes, souvent démagogiques et opportunistes, peuvent très facilement se regrouper pour la défense et la promotion d’une Europe unie : une Europe raciale, religieuse, fermée et anti-démocratique (à l’opposée de celles des signataires du traité de Rome).

- Une variable : L’évolution des relations transcontinentales
Dans ce scénario, cette variable sera considérée comme neutre. En réalité, elle peut accroître ou diminuer fortement les risques de crise majeure dans l’UE à l’horizon 2009. Si les relations entre les organisations continentales émergentes (UE, ALENA, MERCOSUR, ASEAN...) se durcissent sous l’effet de crises économiques ou de tensions culturelles, alors le présent scénario verra ses probabilités de réalisation s’accroître. En revanche, la mise en place d’une nouvelle organisation planétaire, appuyée sur des ensembles continentaux engagés dans de vastes collaborations, diminuera considérablement les probabilités de ce scénario.


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5 réactions à cet article    


  • (---.---.162.15) 2 décembre 2005 13:51

    Je passe sur l’utilisation des grands mots Hitler, Pétain, anti-démocratique, xénophobe, on peut toujours poser des hypothèses, supposer l’existence de plusieurs Le Pen atteignant 30 % de l’électorat. On est pourtant loin de ces chiffres et les 20% français du FN semblent en décrue plutôt qu’en hausse. Et dans les autres pays le mouvement ne m’apparaît pas net, même si ça peut changer... La question est davantage de savoir où vous voulez en venir avec une telle hypothèse-repoussoir ?

    Vous répondez à cette question rapidement, en début d’article, par le propos suivant : « c’est se poser la question de savoir si l’on souhaite que l’Europe de demain soit dominée par les tendances « euro-démocratiques » ou bien « national-européistes » ».

    Quel choix ! Et les tendances euro-anti-démocratiques, celles qui ont guidé la rédaction d’une constitution qui voulait nous imposer une politique pour 50 ans, cette tendance là, qui est pourtant majoritaire dans le personnel politique européen, pourquoi donc l’ignorez-vous ?

    A mon sens, cela décrédibilise complètement votre propos.

    Am.


    • Franck Biancheri Franck Biancheri 2 décembre 2005 15:36

      Cher(e) inconnu(e), Je suis certain, à la lecture de votre commentaire, que vous êtes comme moi un farouche adversaire de l’opacité qui règne au sein des institutions européennes et qui contribuent à ce formidable divorce entre citoyens et projet communautaire. La démocratie exige en effet la transparence sur qui décide, qui débat et qui parle ou prend position. Comme vous me posez une question, en plus des commentaires, j’aurais apprécié de pouvoir débattre « à visage découvert », ou bien si vous ne le souhaitez pas, de débattre avec vous via email pour peu que vous me laissiez votre adresse. Mais enfin, la question est pertinente, même si je crois que vous faites fausse route dans l’analyse, alors voici mes remarques sur le fond :

      . il semblerait que vous restiez prisonnier de la polémique « Ouiouiste contre Noniste » générée autour du référendum sur le projet de Constitution. D’où votre supposition que les forces qui conduisent à la prise de pouvoir par les petits-fils d’Hitler, pétain, Mussolini, Franco et Staline, soient dans mon esprit identifiées aux électeurs qui ont voté « Non » en Mai dernier. Loin de moi cette idée, et c’est une interprétation qui ne reflète pas du tout le contenu du scénario élaboré en 1998 (avant-même tout projet de Constitution) et confirmé par les évènements récents. Les forces qui conduisent au « national-européisme » sont constituées par une partie du « Non » et une partie du « Oui ». Les forces xénophobes, racistes, intégristes qui ont constitué une partie du « Non », et les forces technocratiques, élitistes, suivistes qui ont constitué une partie du « Oui ». In fine elles peuvent se retrouver sur un seul point commun : la démocratie n’est pas leur tasse de thé ! Et s’accorder sur une « certaine Europe » qui serait fermée sur elle-même, et qui en échange maintiendrait un système de pouvoir réservé à une élite autochoisie, essentiellement bureaucratique.

      . quant à Le Pen, allons, sortez des années 80/90. Il ne fait pas partie de la génération des « petit-fils ». Il est en fin de course. Regardez plutôt du côté de de Villiers en la matière et pensez à notre échange quand vous verrez son score en France en 2007 (sans même parler de 2009). Et suivez l’extrème-gauche et l’extrème-droite européenne. Pour info, voyez l’article en référence. Actuellement ces deux tendances sont celles qui gagnent partout des voix, sur fond d’abstention croissante ; pendant que les partis dits « de gouvernement » s’effondrent. Aucun leader Européen actuel n’a été élu avec plus de 20% des voix. Quelles forces vont s’opposer aux forces anti ou non démocratiques à l’échelle du continent dans les prochaines années ? Les équivalents du PS, de l’UDF ou de l’UMP ? Soyons sérieux !

      Pour le reste, penser que les « grands mots », ou plus exactement les « grands maux » n’arrivent qu’aux autres, ou qu’aux Européens du passé, c’est préparer passivement la prochaine catastrophe collective de ce continent. En tant qu’Européens, nous savons que nous pouvons être capables du pire ; et ce en quelques années. Gouverner c’est prévoir, et notamment prévoir le pire, pour pouvoir anticiper, et éviter qu’il survienne. Demandez aux habitants de la Nouvelle-Orléans ce qu’ils pensent aujourd’hui de ceux qui disaient il y a encore 6 mois, « allons, allons, une catastrophe à venir ... tout de suite les grands mots » !

      L’UE, avec ces 500 millions d’habitants venus de plus de 25 nationalités, langues, cultures différentes, est une expérience politique d’un nouveau genre. Comme l’ont montré les référenda français et néerlandais notamment, ses habitants, en tant que citoyens et peuples, sont en train de devenir des acteurs du jeu politique européen. Des acteurs qui depuis 5 ans environ, directement ou indirectement, apprennent à dire « Non » (Pacte de Stabilité, Agenda de Lisbonne, Constitution, demain Turquie) face à un système communautaire paralysé, arcbouté sur ses privilèges, incapables de sortir d’un mode de gestion bureaucratique à un mode de gestion démocratique faute de volonté, de modèle, d’instruments et de vision d’avenir.

      Le refus de reconnaître la nouveauté des situation et l’insistance à vouloir affronter des difficultés sans précédents avec des méthodes anciennes sont les premières conditions qui génèrent les crises dans lesquelles ensuite se développent les pires catastrophes politiques.

      Ce sur quoi ce scénario voulait alerter dès 1998, c’est justement la situation dans laquelle nous sommes. Et hélas, cette alerte a été vaine puisque les acteurs politiques et institutionnels ont jusqu’à très récemment niés qu’il y ait une crise majeure en gestation. Ce sur quoi ce scénario aujourd’hui veut alerter c’est que la situation est devenue si grave qu’on ne peut plus attendre des acteurs politiques et institutionnels actuels qu’ils la résolvent. Il faut d’autres acteurs politiques, d’une nature, d’une structure totalement nouvelle, à l’échelle du problème, c’est à dire, à l’échelle du continent européen ; car c’est une crise collective politique trans-européenne qui est en cours. D’où le lancement de Newropeans, qui pour nous est très certainement un des moyens essentiels pour éviter de laisser le champ libre aux « petis-fils » des leaders des années 30.

      Voilà, j’espère que ces remarques répondent au moins en partie à votre question.

      Cordialement Franck Biancheri


    • (---.---.162.15) 2 décembre 2005 18:02
        « un système communautaire paralysé, arcbouté sur ses privilèges, incapable de sortir d’un mode de gestion bureaucratique à un mode de gestion démocratique faute de volonté, de modèle, d’instruments et de vision d’avenir. »

      C’est le danger d’aujourd’hui et il est très grand. Il est à combattre, avant d’imaginer un autre danger qui n’en serait qu’une conséquence.

      Le Non à la constitution a été une première étape indispendable pour échapper à ce danger, faisons maintenant en sorte que ce Non soit compris et accepté (ce qui est loin d’être fait), puis partons sur d’autres voies.

      Ne vous en déplaise, le Non n’est pas dépassé, il reste fondateur. Pour la première fois, un « Stop » a été prononcé pour sortir de l’ornière.

      Am.


    • (---.---.113.27) 2 décembre 2005 18:07

      Written by Franck Biancheri Friday, 09 January 2004 Masquer la réalité plutôt que la comprendre pour pouvoir la changer

      Vos médias favoris se sont déjà largement étendus sur cette affaire initiée par une lettre adressée au Financial Times par des dirigeants du Congrès Juif Mondial à propos d’un Eurobaromètre qui indiquait que pour 59% des Européens, Israël était le premier Etat menaçant la paix mondiale (suivi ex-aequo par l’Iran et la Corée du Nord). Ce courrier accusait notamment le sondage et son commanditaire, la Commission européenne, d’être antisémites.

      La polémique a rebondi après qu’on ait découvert que la Commission avait tenté d’empêcher la parution d’une étude concluant que la majorité des actes antisémites en Europe était le fait de minorités activistes musulmanes ou arabes.

      Et enfin, tout cela a rebondi avec la récente annulation par la Commission d’un séminaire destiné à faire se rencontrer responsables de la Commission et leaders juifs, suite à de nouvelles accusations d’antisémitisme portées contre elle par certains de ces mêmes leaders. Essayons d’aller au-delà des apparences, des communiqués de presse car cette polémique nous en apprend beaucoup sur l’Union européenne en particulier, et le monde de ce début de XXI° siècle.

      Des institutions européennes devenues allergiques à la réalité

      Tout d’abord, cette polémique nous révèle une évidence pour tous ceux qui connaissent Bruxelles et son fonctionnement. La Commission s’est piégée elle-même dans une culture du secret et de la dissimulation qui affecte toutes ses activités. Le cas de ce rapport sur les actes d’antisémitisme n’a rien de particulier. Depuis plus d’une décennie au moins, la pratique de la Commission est d’enterrer tous les rapports qui peuvent lui créer le moindre problème. Par exemple, les évaluations de ses propres politiques ou programmes sont l’objet de manipulations intensives afin d’en éliminer tout ce qui pourrait indiquer qu’ils fonctionnent mal.

      Dans le cas de ce rapport, la Commission, qui est devenue l’organe communautaire le plus faible, a certainement tenté de se protéger de sa hantise actuelle : le Parlement européen (qui pourrait la contraindre à une démission collective comme ce fut le cas indirectement pour la Commission Santer en 1999), qui comprend un groupe important et influent de membres pro-palestiniens et pro-arabes. Ce faisant, elle a sous-estimé la capacité du monde extérieur à savoir ce qui se passe au sein de son immense appareil de bureaux d’étude et de sociétés de conseil et n’a pas anticipé qu’à vouloir se protéger d’une crise par l’omission, elle s’exposait de facto sur un autre front.

      La Commission, et les autres institutions européennes, doivent comprendre que du fait de l’importance croissante de l’UE, elles sont désormais exposées (les récentes lettres piégées en sont une autre preuve). Et qu’à l’époque d’Internet, du fait d’une telle visibilité, tenter de gérer son action politique par des omissions ou des manipulations de résultats est tout simplement suicidaire. Une génération entière de fonctionnaires communautaires, élevés dans ces pratiques anciennes est donc à remplacer rapidement.

      ONG internationales ou les tentations du détournement d’opinion publique

      Ensuite, cette polémique nous montre la captation de grands dossiers politiques internationaux par certaines ONG. Le Congrès Juif Mondial est une ONG comme le sont, dans d’autres domaines moins chargés d’histoire, Attac ou Greenpeace. Les ONG ne sont représentatifs que de leurs membres et tentent pourtant souvent de parler au noms de tous ceux qu’ils aspirent à représenter. Pour ce faire, ils ont besoin de parvenir à une reconnaissance médiatique mondiale .... et de s’y maintenir.

      S’y maintenir implique de pouvoir régulièrement alimenter les polémiques dont sont friands nombre de médias car elles permettent de parler sans savoir (puisque les textes sont fournis clés en main par les parties en présence).

      La polémique a ainsi comme caractéristique de ne pas chercher à résoudre un problème, mais de viser à renforcer la position de ceux qui la nourrissent ; ce qui revient en fait sans s’en rendre compte à alimenter le problème lui-même. Et c’est bien ce qui se passe ici. L’anti-sémitisme est en effet présent en Europe, comme il l’est d’ailleurs aux Etats-Unis (notamment dans les rangs des chrétiens fondamentalistes qui actuellement soutiennent la politique du Premier Ministre d’Israël, Ariel Sharon) ; tout comme le racisme en général. L’UE, ses institutions et ses Etats-Membres, comme le gouvernement américain, luttent avec conviction pour faire reculer cette perversion intellectuelle et morale qu’est le racisme.

      Ne tuez pas le messager, écoutez le message

      La polémique actuelle s’est ainsi focalisée sur les messagers, et non pas sur les messages, qui sont pourtant la seule chose importante. Ainsi, le fait d’apprendre simultanément que 59% d’Européens placent Israël en-tête des pays menaçant la paix dans le monde et que des minorités activistes musulmanes sont au cœur des actes anti-sémites dans l’UE, sont des informations importantes et utiles pour tous ceux qui veulent faire reculer l’antisémitisme et le racisme car elles désignent des faits, une réalité. Se voiler la face (comme la Commission a tenté de le faire) ou jeter l’anathème (comme l’ont fait des dirigeants du Congrès Juif Mondial), loin de régler le problème contribue au contraire à l’alimenter.

      Pour empêcher ces groupuscules appartenant à la communauté musulmane de commettre des actes anti-sémites encore faut-il qu’on reconnaisse qu’ils existent et qu’on en parle, notamment aussi pour faire la distinction entre eux et la majorité des musulmans vivant en Europe. Pour empêcher un renouveau d’anti-sémitisme en Europe, il est utile de savoir que la politique actuelle d’Israël peut aisément lui servir d’argument pour un nombre croissant d’Européens. D’ailleurs, loin d’appartenir à deux camps s’affrontant comme voudraient le faire croire certains, la communauté juive est très divisée sur la politique actuelle de l’Etat d’Israël ; et nombre d’Européens sont très critiques des pratiques de dissimulation de la Commission européenne.

      La polémique cherche toujours à créer des camps qui s’affrontent ; le débat vise à essayer de résoudre un problème. Comme nous le faisons ici, Newropeans Magazine s’essaiera toujours au deuxième exercice.

      Franck Biancheri


      • www.jean-brice.fr (---.---.7.204) 20 février 2006 22:03

        L’Europe ne pourra se faire qu’avec les NATIONS : il est illusoire d’imposer un pouvoir supra-national à des pays qui ont MILLE ANS D’HISTOIRE. C’est le seul moyen de garder la démocratie dans cette partie du monde...

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