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Accueil du site > Tribune Libre > Violence des mots et maux de la violence

Violence des mots et maux de la violence

La liberté d’expression est faite pour que l’on discute de tout. La morale n’est pas une boutique de friperies où l’on étale les pensées d’autrui et où on les retourne. La morale n’est pas religieuse. Rendons donc au peuple ce qui est au peuple et à Dieu ce qui est à Dieu. Rendons à la société ce qui est à la société, à l’homme ce qui est à l’homme. Rendons la morale conforme à la laïcité qui garantit nos libertés d’expression et de pensée, toutes nos libertés. Sapera aude ! (Ose penser) Ait le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières ! On peut aussi mourir pour la liberté lorsqu’elle est menacée par ceux qui décrivent la liberté comme le plus dangereux des états afin d’asseoir leur pouvoir en maintenant les peuples dans des camisoles idéologiques, religieuses et économiques. Que pourrait-on espérer contre les attaques à mots armés ? Que les esprits se libèrent, que les consciences se décadenassent, que les majorités silencieuses sortent de leur autisme, et que, demain, les Musulmans puissent dire « Allah Akbar ! » sans que ce soit perçu comme un cri de guerre contre l’humanité. Que des dessins, des caricatures ne soient pas des motifs d’assassinats après des anathèmes et autres fatwas liberticides et haineuses ?

« Un discours violent est une parole ou un écrit au service de la violence politique, morale, pédagogique, religieuse. Le discours est alors serviteur d'une violence qui n'est pas directement de son fait, mais dont le principe est à chercher dans l'irrespect des personnes, dans le mépris de leur liberté, de leur égalité, de leur bienveillance réciproque peut-être. Il se pourrait que tout discours qui accompagne une conduite ou une politique violente fût lui-même porté à être violent, soit par cynisme — la force s'énonçant comme force dans son exaction même —, soit par hypocrisie — la force se masquant pour exercer ses exactions et ses débordements sous couvert d'un respect scrupuleux des valeurs. Les mots ne seraient pas violents par eux-mêmes : ils le seraient par complicité avec une violence qu'ils contribueraient à promouvoir, par ruse, sous les voiles de son contraire ». (Jean-Pierre Clero)

Nous n’allons pas nous lancer dans un article philosophique sur la théorie berkeleyenne du voile des mots et sur le langage. Nous n’allons pas plus ratiociner sur la notion de violence réactionnelle de Baudelot et Establet, ou la notion de légitimité de la (contre) violence chez Bourdieu et Passeron. Il s’agit d’évoquer, le plus simplement possible, la violence verbale qui est la plus fréquente de toutes les violences et, pourtant, celle dont nous avons le moins peur. Elle ne blesse pas physiquement et, à force de confrontations, on pense pouvoir s’en défendre et se protéger contre ses effets affectifs et psychologiques. C’est sans doute ce que pensaient les dessinateurs de Charlie Hebdo lorsqu’ils faisaient face à cette violence verbale accompagnée de menaces jusqu’au jour où le siège de l’hebdomadaire a sauté. Là encore il n’y a pas eu de victimes mais un pas avait été franchi avant l’irrémédiable, l’intolérable. La violence verbale a tué. La violence verbale a servi la barbarie. Les mots ont été complices avec la violence qu’ils ont contribué à promouvoir. Auparavant, il y avait eu l’attentat contre Libération (un mort). Des menaces avaient été proférées contre « Le Canard enchaîné ».

Que pourrait-on espérer contre les attaques à mots armés ? Que les esprits se libèrent, que les consciences se décadenassent, que les majorités silencieuses sortent de leur autisme, que, demain, les Musulmans puissent dire « Allah Akbar ! » sans que ce soit perçu comme un cri de guerre contre l’humanité. Que des dessins, des caricatures ne soient pas des motifs d’assassinats après des anathèmes et autres fatwas liberticides et haineuses ?

Si nous avons des statistiques sur les violences physiques, il n’y en a pas qui traitent toute l'ampleur du phénomène de la violence verbale parce qu'il n'y a pas encore de recherche globale sur ce sujet, si ce n’est sur certaines formes de violence qui englobent aussi la violence verbale, par exemple la violence psychologique ou le harcèlement moral sur le lieu de travail. Si deux personnes essaient de se mettre d'accord sur une définition de la violence verbale, elles ne seront pas d’accord sur les limites transgressées ou pas en fonction de leur milieux culturel, éducatif, familial et religieux. L'histoire personnelle de chacun influe sur sa perception de la violence.

Pour prendre la mesure du problème, il faut écouter tous les professionnels qui ont en charge l’éducation, la santé et la sécurité de chacun. Il y a longtemps que des enseignants tirent le signal d’alarme sur la violence verbale dans les établissements scolaires, sur la proximité entre des élèves motivés et des délinquants en conflit permanent avec l’école. Il y a longtemps que des enseignants dénoncent le recul de la laïcité sous la poussée des intégristes. Il y a longtemps que les policiers et des éducateurs constatent que, dans nos cités populaires, les jeunes ont le choix entre le chômage, la délinquance et le fondamentalisme religieux, premier pas vers l’intégrisme et le jihadisme. Comment ne pas prendre en compte le lien entre délinquance et intégrisme lorsque l’endoctrinement se pratique dans nos prisons ?

L’actualité tragique est marquée par le fait du jihadisme. On connaît le slogan « Je suis Charlie » pour défendre la laïcité contre l’islamisme et toutes ses dérives, sans tomber dans l’islamophobie et le racisme. « L’islamisme est la maladie de l’Islam, mais les germes sont dans le texte  ». C’est L'écrivain et universitaire tunisien Abdelwahab Meddeb qui le disait dans un article de Libération avant sa mort en 2006. Cet intellectuel n’était pas tendre avec les religions au regard de leurs histoires, y compris la sienne. Il dénonçait l’ambivalence du Coran. Bien sûr le verset 256 de la deuxième sourate dit « Point de contrainte en religion  », mais dans les versets 5 et surtout 29 de la sourate 9, il est commandé de combattre tous ceux qui ne croient pas en la « vraie religion ». Abdelwahab Meddeb relevait que l’impératif « qâtalû » qui l’on traduit par « combattez ! » utilise une forme verbale dont la racine « qatala » veut dire « tuer ». D’autres mots ambivalents frappent les esprits : jihad, fatwa, charia. Le verset 5 est explicitement contre les païens et les idolâtres, aménageant, en revanche, une reconnaissance aux scripturaires, aux gens de l’écriture. Le verset 29 englobe dans le combat les scripturaires, désignant nommément les Juifs et les Chrétiens. « C’est le verset fétiche de ceux qui ont établi la théorie de la guerre contre les judéo-croisés ».

Comment peut-on parler d’un islam de paix sans dénoncer, combattre le meurtre et la flagellation pour blasphème ? Au lendemain de la tragédie que nous avons vécu en 2015, la violence verbale s’est amplifiée jusque dans nos établissements scolaires. A la même époque, à Châteauroux, un lycéen avait été tabassé par d’autres lycéens se disant outragés dans leur religion parce qu’il avait défendu la laïcité et la tolérance sur Facebook,. A Marseille un autre lycéen d’origine arménienne avait été tué parce qu’il avait dit à une lycéenne dans l’établissement « Bouge ton cul ! ». La copine de la lycéenne soi-disant outragée a appelé des cousins qui ont attendu le jeune lycéen, l’auraient frappé avec des matraques et tué à l’arme blanche, selon des témoins. On nous a expliqué que ce meurtre n’a aucun lien avec le djihadisme, le terrorisme et Charlie Hebdo. Il a à voir avec la violence dont l’origine est une parole jugée agressive ou manquant de respect, une prise de position, un trait d’humour dénoncé comme blasphématoire. .

Il est toutefois nécessaire de dénoncer les récupérations, les actes islamophobes et antisémites, plus généralement les actes racistes et xénophobes mais c’est une erreur de tronquer les informations sur des actes violents en éludant que certains puisent leurs racines dans les cités, la délinquance ou l’intégrisme. Il ne s’agit pas d’hurler avec les loups mais de ne pas laisser à d’autres le décryptage de ces actes barbares en voilant les mots qui les décrivent. Si nous devons dénoncer et nous attaquer à leurs causes sociales, économiques, historiques ou internationales, il ne faut aucune indulgence envers les dérives de minorités qui portent préjudice à tous, toutes confessions confondues. Il faut que les « majorités humanistes » se mobilisent et s’unissent contre ces minorités mal agissantes. On ne peut pas se dire tolérant et approuver des barbaries, des meurtres ayant un mobile religieux. On ne peut plus accepter la violence sous le seul prétexte qu’elle est le résultat de politiques antisociales. Il faut lutter sur tous les fronts et d’abord sur celui contre l’obscurantisme.

Les polices judiciaires et de sécurité publique travaillent. Des procédures judiciaires sont ouvertes pour apologie du terrorisme. L’armée française protège, en période de crises, les synagogues et les mosquées. C’est nécessaire paraît-il, et ça rassure ! Toutefois ça ne résout rien. La France doit-elle devenir la patrie des armes et des lois ? Qui protège efficacement la laïcité dans les écoles de la république ? Qui va y enrayer la délinquance et la violence ? La répression et la politique sécuritaire ne peuvent être la seule réponse à cette violence et aux trafics Il faut en extirper les racines par des actions pédagogiques mais aussi par une politique sociale à la hauteur de la situation dans laquelle le libéralisme économique nous maintient. Il ne faut pas laisser le champ libre à l’amalgame mais il faudrait regarder les réalités en face. Des minorités de voyous ne peuvent impunément imposer leur loi et la terreur dans leurs communautés et dans les cités, en se drapant de vertus religieuses ou sociales.

Des enseignants ont été victimes de l’obscurantisme islamiste. Samuel Paty et Dominique Bernard ont été tués par des barbares. Donnons la parole aux enseignants, aux éducateurs et autres professionnels de terrain pour que les générations vivantes ne portent pas sur leurs cerveaux le poids des générations mortes. Ecoutons leurs difficultés ! Associons-les à une nouvelle pédagogie ! Aidons-les ! Revenons à une forme radicale de laïcité pour éviter les guerres de religion. Défendons pied à pied les principes démocratiques partout où ils sont menacés. Rétablissons dans les actes et les faits la liberté d’expression en abordant tous les problèmes sociaux. La violence en est un, y compris lorsqu’elle est verbale. Ceux qui font l’apologie du jihadisme et de l’intégrisme religieux, ceux qui placent leur religion au-dessus du « vivre ensemble », des libertés individuelles et des lois républicaines doivent répondre des violences verbales qui poussent à la barbarie. Des condamnations sont tombées et elles sont justifiées. La tolérance n’est pas la justification de l’intolérable et le droit à l’intolérance. Les jihadistes et intégristes de tous poils ne sont pas dans une logique révolutionnaire mais dans celle de l’oppression, de la soumission à leur barbarie. Ils ne combattent pas la violence économique et s’attaquent à la paix civile pour établir un ordre religieux qui serait le moyen d’asservir des peuples comme cela se passe au Moyen-Orient où ils veulent remplacer des dictatures familiales par des dictatures religieuses encore plus sanguinaires, plus obscurantistes. Ils ont appris du colonialisme et du néo-colonialisme économique le pouvoir des armes. Ils ont appris des techniques de communication le pouvoir des mots complices de la violence. Ils manipulent des pions. Ils leur montrent un « miroir aux alouettes » religieux qui les hypnotise. Ils conduisent des esprits faibles à la folie meurtrière. Ils font des attentats-suicides les portes d’un paradis qui n’est qu’un enfer pavé de bonnes intentions, bonnes pour l’asile psychiatrique.

« Charlie hebdo » avait donné une réponse pleine de sens à la barbarie dont l’hebdomadaire a été le théâtre. C’était une réponse humoristique et sensible. Le dessin peut lever le voile des mots en faisant appel à l’intelligence. L’intelligence est du côté de la tolérance et des valeurs humanistes. Elle peut être aussi du côté des croyants pour l’humour de dieu. L’arme du moraliste est souvent la moquerie. C’est peut-être par là qu’il faudrait entamer une réflexion sur les dessins de Charlie Hebdo et les dérives barbares. Ne faudrait-il pas ajouter « Laïcité » au fronton de la république pour compléter sa devise ? Liberté, égalité, fraternité, Laïcité. L’idée s’impose-t-elle ?

La liberté d’expression est faite pour que l’on discute de tout. La morale n’est pas une boutique de friperies où l’on étale les pensées d’autrui et où on les retourne. La morale n’est pas religieuse. Elle est liée à la conception que l’on a de l’homme, à des moyens d’améliorer sa nature pour vivre ensemble. Rendons donc au peuple ce qui est au peuple et à Dieu ce qui est à Dieu. Rendons à la société ce qui est à la société, à l’homme ce qui est à l’homme. Rendons la morale conforme à la laïcité qui garantit nos libertés d’expression et de pensée, toutes nos libertés. 

Le philosophe Kant, auteur de « La Religion dans les limites de la simple raison » publié en 1793, écrivait : « On ne peut mûrir pour la liberté si l’on n’a pas été préalablement mis en liberté (il faut être libre pour pouvoir se servir utilement de ses forces pour la liberté) Les premières tentatives seront sans doute grossières et généralement liées à un état plus pénible et plus périlleux que si l'on se trouvait sous les ordres, mais aussi sous la prévoyance d'autrui ; seulement on ne mûrit jamais pour la raison autrement que par ses propres tentatives (qu'on doit être libre d'entreprendre) ».

Sapera aude ! (Ose penser) Ait le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières ! On peut aussi mourir pour la liberté lorsqu’elle est menacée par ceux qui décrivent la liberté comme le plus dangereux des états afin d’asseoir leur pouvoir en maintenant les peuples dans des camisoles idéologiques, religieuses et économiques.

Le sujet est malheureusement toujours d’actualité, au moment où la Russie vient de connaître un remake du Bataclan à Moscou. La tuerie a été perpétrée dans une salle de spectacle au début d’un concert de rock. Curieuse similitude avec Paris en 2015 ! Les auteurs seraient des islamistes mais toutes les interrogations sont encore permises dans le contexte de la guerre en Ukraine. La violence terroriste vient perturber le ronronnement meurtrier d’une guerre entre militaires mais dans laquelle les civils ont déjà payé un lourd tribut. Quelle influence cet attentat meurtrier aura sur cette guerre ? Peut-on déjà parler d’instrumentalisation ? Violences d’Etat ! Violence terroriste ! Une dualité qui apparaît constamment dans l’actualité internationale. Aujourd’hui les feux de l’actualité sont sur la Russie mais cette dualité ressort dans différents conflits en Israël, en Palestine mais aussi dans les pays du Sahel comme le Mali et d’autres, en Syrie, au Yémen pour citer quelques exemples dont la presse parle moins, surtout depuis que l’Ukraine et la Russie occupent le devant de la scène médiatique. L’attentat du 23 mars dernier à Moscou montre toute la complexité d’une guerre des mots. Daesh revendique cet attentat mais Poutine accuse les Ukrainiens sans nommer les islamistes. Zelenski dément toute implication mais il semblerait que des terroristes auraient tenté de rejoindre l’Ukraine. On apprend par ailleurs que l’Ukraine serait un pays où les djihadistes les plus dangereux trouvent refuge avec des faux papiers ukrainiens d’identité. L’Ukraine a des liens diplomatiques et commerciaux avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, dictatures proches des Djihadistes. Que de confusion ! On assiste à une escalade de la violence des mots entre Zelenski et Poutine, en même temps qu’une escalade des bombardements de civils. On touche là toute la complexité de cette dualité Guerre et terrorisme, l’instrumentalisation qui en est faite de part et d’autre. 

Bien sûr, les propos ci-dessus n’engagent que leur auteur qui a pour intention de provoquer des débats. Il faut qu’on en parle… ça se discute… sans propos racistes, xénophobes, antisémites, islamophobes ou même intégristes religieux, fondamentalistes, sectaires, intolérants, intolérables… ça se discute entre personnes de bonne volonté, croyants ou non mais avant tout humanistes. La violence des mots précède souvent les maux de la violence.


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3 réactions à cet article    


  • Brutus Brutus 25 mars 08:22

    Ils ont ressorti Gladio du placard,c’est pas bon signe.


    • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 25 mars 13:45

      L’Islam est une secte malfaisante. Il y a des gentilles sectes, et il y en a des mauvaises. Celle ci l’est beaucoup.

      Un prophète absolue ordure pédophile qui marie à 6 ans les filles, explique qu’a 9 il les « consomme », négociateur d’esclave et esclavagiste, tueur des Juilfs a 22 batailles sont la bataille de la tranchée ou bataille des fosses ; ou il afamme les gens en entourant leur village, et quand ils acceptent une rédition, il fait couper toutes les têtes des hommes et enfants males, donne les femmes a violer pour ses combattants et ensuite les vends et les exploite pour les travaux des champs ou elles meurent éuisées de faim.

      Mais aujourd’hui l’Islman est une barbarie de tyrannie sociale caumunbautariste.

      A l’intérieur du monde musulmans, les individus sont leurs propres auto-tyrans, ils se comportent entre eux en juges des partiques Islamiques.

      Une tyranie sociale ou la feme qui ne met pas son voile est stigmatisée, celui qui mange un jambon est calomnié, pas assez « haram ».

      Une religion de discrimination sociale entre hommes et femmes, une religion d’atteintes aux libertés de penser, une religion de haine envers tous les autres et d’exclusion sociale qui détruit les minorités.

      L’Islam est incompatible avec la liberté, la tolérance ou la relation aux autres du monde occidental.

      52pays Islamiques, quasi tous des autocratie et des monstruosités humaines.


      • SilentArrow 26 mars 11:19

        Il faut faire crever Allah, cette grotesque monstruosité.

        La question est : comment y parvenir le plus vite possible.

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Jean d’Aïtone

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