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Accueil du site > Tribune Libre > Voltaire, à l’aide !

Voltaire, à l’aide !

Une proposition de loi visant à punir la négation du génocide arménien est en discussion au Parlement. Encore une fois, l’Etat se permet d’écrire l’Histoire. En bafouant les droits de l’homme. La France est en train de glisser insensiblement vers une certaine forme de totalitarisme.

Le 12 octobre 2006, l’Assemblée nationale adoptait une proposition de loi socialiste visant à punir de 45 000 euros d’amende et d’un an de prison la négation du génocide arménien. Cette proposition de loi soulève deux grands problèmes que nous allons traiter dans l’ordre suivant : 1) la violation de la liberté d’expression ; 2) l’instauration d’une histoire officielle.
Quarante-cinq mille euros d’amende et un an d’emprisonnement : c’est ce que pourrait bien risquer une personne qui voudrait exprimer ce qu’elle pense au sujet du génocide arménien, en France. C’est cher payer l’expression de ses idées. Ainsi, cette loi, comme la loi Gaysot visant à châtier certaines personnes exprimant leurs opinions à propos du génocide commis contre les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, bafoue l’un des droits les plus fondamentaux de l’individu : celui d’exprimer ses idées. En clair, le délit d’opinion existe dans notre pays. Rien que pour cette raison, cette loi doit être condamnée. Car c’est une manifestation d’intolérance, au sens exact du terme, c’est-à-dire le refus de la liberté d’opinion d’autrui.
Et c’est la patrie des droits de l’homme qui vote ce genre de lois liberticides. Mais l’étiquette ne correspond plus au produit depuis un moment déjà. Car que dit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui se trouve en préambule de notre Constitution ? L’article 10 affirme : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public. » L’article 11 stipule quant à lui : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » On ne voit pas en quoi nier l’existence d’un crime passé depuis plusieurs décennies est un abus. On ne voit pas en quoi de telles idées provoqueraient un trouble de l’ordre public. Exprimer des idées négationnistes ou racistes ne porte nullement atteinte à la liberté d’autrui. Les personnes qui condamnent ces idées sont libres d’émettre leur point de vue ainsi que les arguments et les faits qui viendront défendre leur opinion. C’est ainsi que fonctionne la liberté d’expression dans une démocratie digne de ce nom.
Voltaire avait déclaré ceci : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire. » Comme il avait raison ! Et il va de soi que la liberté d’expression doit être le plus farouchement défendue surtout lorsqu’il s’agit d’idées auxquelles nous n’adhérons pas, aussi nauséabondes soient-elles, tant il est vrai que la liberté d’expression est d’abord celle des personnes avec qui nous ne sommes pas d’accord. Ce n’est pas parce que des propos peuvent être scandaleux qu’il faut les interdire. Le rôle de l’Etat est, tout au plus, d’adresser des mises en garde, mais certainement pas d’ôter des droits fondamentaux à des individus. Chaque personne est libre d’avoir les idées qu’elle souhaite, de se forger elle-même ses propres opinions. C’est dans les régimes totalitaires qu’on tente d’inculquer la pensée unique.
Ainsi, la proposition de loi adoptée le 12 octobre dernier constitue déjà un viol grave des droits de l’homme, c’est-à-dire de notre Constitution puisque ces droits ont une valeur constitutionnelle. Mais, second viol, qui découle du premier, cette loi instaure des privilèges dans la mesure où le résultat est que certaines personnes bénéficient de la liberté d’expression et pas d’autres. Autrement dit, c’est le premier article des Droits de l’Homme et du Citoyen qui est bafoué. Il affirme en effet que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Il est évident que Robert Faurisson, Bruno Gollnisch ou Oriana Fallaci, tous déjà condamnés pour avoir eu le malheur de dire ce qu’ils pensaient, n’ont pas les mêmes droits que les autres dans le domaine de la liberté d’expression.
Les hyperconsciences favorables à ce genre de lois rétorqueront sans doute qu’il y a une certaine morale derrière ces mesures liberticides, qu’il s’agit de ne pas nier des faits incontestables, qu’il s’agit du respect de la mémoire d’un peuple, qu’il s’agit de lutter contre la haine. Ces remarques appellent plusieurs objections.
Tout d’abord, on ne juge pas sur les intentions, mêmes quand elles sont bonnes. Avec les meilleures intentions du monde il est possible de commettre les pires catastrophes. Il faut seulement tenir compte des faits, des résultats. Et le résultat des lois contre la contestation de crimes est celui que nous avons décrit : la suppression de la liberté d’expression pour certaines personnes, le rétablissement du délit d’opinion - habituellement réservé aux dictatures - et l’inégalité des droits.
De plus, l’argument selon lequel il faudrait interdire aux négationnistes la possibilité d’exprimer leurs opinions sous prétexte qu’ils remettent en cause des faits incontestables, établis, reconnus par les scientifiques, n’est pas recevable. Une montagne d’ouvrages mentionnent des faits irréfutables, il suffit de les lire. Ce n’est pas à la loi de décréter que la Terre est ronde. Va-t-on poursuivre un hurluberlu qui publierait un livre dans lequel il « démontrerait » que la Terre est au centre de l’univers et que le Soleil et les autres planètes tournent autour ? Va-t-on punir quelqu’un qui affirmera que la guerre de Cent Ans est une machination orchestrée par Jeanne d’Arc qui voulait s’offrir une immense publicité et se faire canoniser ? Non, alors qu’on laisse les autres imbéciles s’exprimer également !
Ensuite, il est évident que le message implicite des négationnistes est une parole de haine. Donc, il faut, selon nos hyperconsciences, interdire les messages de haine. Sauf qu’un problème de taille se pose : la haine, par définition, est un sentiment. Il n’y a rien de plus subjectif qu’un sentiment et, surtout, la perception de ce sentiment. Il est donc dangereux de vouloir l’introduire dans le domaine du droit comme si on pouvait le mesurer, le qualifier de manière objective, car ce serait la voie ouverte à toutes les demandes et à tous les arbitraires, comme nous allons le constater plus loin.
En vain les donneurs de leçon de morale invoqueront la « provocation » à la haine : car il faudrait prouver dans ce cas le lien de cause à effet entre des écrits en question et certains actes commis par ailleurs. Il est peu probable que les idiots qui profanent des cimetières musulmans aient lu les œuvres de Bardot ou de Houllebecq. Il est peu probable que ceux qui agressent des Juifs aient lu les œuvres de Faurisson ou de Garaudy.
Sur cette question du négationnisme et de la haine, on perçoit très bien la scandaleuse inégalité des droits qui existe dans certains pays : des individus peuvent impunément tenir des propos négationnistes ou de haine, et même appeler au meurtre, d’autres non.
Intéressons-nous d’abord au négationnisme. Thierry Meyssan publia en 2002 son fameux torchon antiaméricain intitulé L’effroyable imposture et sous-titré « Aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone ! » Il a obtenu un succès dans le monde entier, et en particulier en France. Meyssan aurait pu être poursuivi pour propos négationnistes. Mais non. En revanche, Faurisson ou Garaudy, qui émettent leurs opinions en contestant eux aussi des crimes, ces personnes-là, elles, sont inquiétées par la justice et condamnées. Deux poids, deux mesures.
Si à l’extrême droite il devient très difficile d’exprimer ses opinions, à l’extrême gauche, par contre, les négationnistes n’ont pas à craindre de poursuites judiciaires. En effet, a-t-on poursuivi Ludo Martens quand il a publié en Belgique son Autre regard sur Staline ? Voici comment l’éditeur du livre, sur son site, présente cet ouvrage : « Dans ce livre, Ludo Martens démonte scientifiquement, [sic] avec des sources “occidentales” inconnues du grand public, les grands mensonges déversés depuis des décennies contre la construction du socialisme en URSS : la famine en Ukraine, les 12 millions de morts du Goulag, le testament de Lénine, la collectivisation et l’industrialisation imposées par un Parti autoritaire, la terreur aveugle des purges, la collusion Staline-Hitler... » [1] Il est évident qu’il s’agit d’un ouvrage négationniste. La Belgique, comme la France, possède elle aussi une loi, datant du 23 mars 1995, visant à réprimer la négation, la justification ou l’approbation de crimes contre l’humanité. Pourquoi donc ce Ludo Martens n’a-t-il pas subi les foudres de la justice belge ? Pour le comprendre, il faut lire la suite du texte de la loi en question : cette dernière ne concerne que le génocide commis par les nazis. Selon la loi belge, seuls ces derniers auraient commis des crimes contre l’humanité, pas les communistes. Cela aussi, c’est du négationnisme. En clair, le négationnisme communiste, lui, peut rester impuni. Encore une fois, deux poids, deux mesures.
L’appel au meurtre et la haine ne sont pas forcément susceptibles, eux non plus, de faire l’objet de poursuites judiciaires systématiques.
Il est ainsi interdit de s’exprimer sur l’islam. Houellebecq et Fallaci en ont fait l’amère expérience. Michel Houellebecq a simplement manifesté son opinion sur l’islam en 2002 en le qualifiant de « monothéisme intolérant et violent ». Oriana Fallaci quant à elle a eu le malheur d’écrire dans son livre intitulé La Rage et l’orgueil [2] que « les fils d’Allah se reproduisent comme des rats ». Ces auteurs n’ont même pas appelé au meurtre. Pourtant, ils furent poursuivis. Pour avoir exprimé leurs opinions.
Maintenant, considérons les manifestations islamistes, pseudo pro-palestiniennes, qui eurent lieu en France en 2002 les 2 mars, 19 et 28 avril, ainsi que les 18 et 28 mai. Lors de ces manifestations, des personnes brandissaient le drapeau du Hezbollah, appelaient au jihad contre les Juifs, braillaient « Allah Akbar ! » et vociféraient « Mort aux Juifs ! » et « À mort Israël ! » Il se trouve que des organisations de gauche côtoyèrent parfois ces islamistes, notamment les « altermondialistes » d’ATTAC, le PCF, la LCR et les Verts. En outre, figuraient aussi la Ligue des Droits de l’Homme et le MRAP - Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples - : ces « antiracistes » déclarés ne paraissaient pas gênés par les appels au meurtre de certains manifestants. [3] Les islamistes qui se sont illustrés lors de ces défilés antisémites ne furent pas persécutés. Deux poids, deux mesures.
Pourquoi n’interdit-on pas le Coran qui fourmille d’appels au meurtre contre les infidèles ? Pourquoi nos pseudos antiracistes n’ont-ils pas fait en sorte de condamner des élèves qui, en classe, tinrent également des propos clairement antisémites : « Les nazis ont trouvé une méthode ingénieuse pour éliminer le plus de Juifs à la fois » ? [4] Silence du côté du MRAP ou de la Ligue des Droits de l’Homme qui portent décidément très mal leur nom...
Étant donné qu’en France il semble que les propos antimusulmans sont condamnables, nos prétendus antiracistes, animés par leur immense intolérance, devraient lancer l’offensive contre ceux qui osent publier la Chanson de Roland. Voltaire aussi ferait un bon gibier pour nos antiracistes autoproclamés. Dans sa tragédie intitulée Le fanatisme ou Mahomet le Prophète écrite en 1741, le philosophe dénonce en effet les crimes de Mahomet qui veut asservir les Arabes et conquérir le monde, et considère l’islam comme une « fausse religion ». On n’interdit pas ces propos. Mais quand il s’agit d’un Houellebecq ou d’une Fallaci, nos prétendus antiracistes redeviennent soudainement réceptifs... Deux poids, deux mesures.
L’expression d’autres opinions sont interdites dans notre pays, comme les opinions racistes par exemple. Mais en est-on vraiment certain ? Dans la soirée du 11 septembre 2001, dans le 18e arrondissement de Paris où vit une importante communauté musulmane, des propos menaçants, antiaméricains et antifrançais, ont été tenus au sujet des attentats qui avaient été commis ce jour-là : « Ben Laden, il va tous vous niquer ! On a commencé par l’Amérique, après ce sera la France. » Ou encore « Ça va donner une leçon aux Etats-Unis. Vous, les Français, on va tous vous faire sauter. » [5] Il n’est pas venu à l’esprit de nos soi-disant antiracistes de la Ligue des Droits de l’Homme ou du MRAP de traquer les personnes qui exprimaient ainsi une xénophobie évidente.
Nos pseudo-défenseurs des droits de l’homme devraient ajouter à leur tableau de chasse les œuvres marxistes. Depuis « La question juive » de Karl Marx jusqu’à la correspondance entre Engels et ce dernier, les propos racistes et antisémites ne manquent pas. Par exemple, voici ce qu’écrivait Engels à Marx le 8 octobre 1868 à propos d’un dénommé Borkheim, qui était juif : « Étant youpin, il ne peut cependant pas se dispenser de tricher... » Rappelons que le mot youpin, péjoratif, est une injure raciste pour désigner un Juif. Le 2 décembre 1854, Marx écrivait : « Les Espagnols sont déjà des êtres dégénérés. » Le 23 mai 1851, il déclarait : « Tout ce que les Polonais aient jamais fait dans l’histoire, ce sont des sottises ». Il évoquait aussi la « vulgarité » et la « malpropreté slaves ». [6] Silence du côté de la Ligue des Droits de l’Homme et du MRAP... De quel droit, alors, interdit-on Mein Kampf ou les Protocoles des Sages de Sion en France ? Deux poids, deux mesures.
Mais alors, puisque toute haine basée sur des critères d’appartenance à une nation ou à un peuple doit être supprimée, interdisons les manifestations d’antiaméricanisme. Car, rappelons-le, ce dernier est un sentiment et un discours de haine vis-à-vis des Etats-Unis. Traînons en justice Le Monde diplomatique ou Télérama, revues dont l’antiaméricanisme est connu. Un hors série de Télérama, publié en 2002 [7], est à ce titre très significatif. Entre autres âneries, il était écrit que l’Amérique était « dévastée économiquement, humainement, socialement » : on croirait un état des lieux de la Corée du Nord... Les Etats-Unis sont un enfer ? La preuve : chaque année des millions de migrants tentent d’y trouver une vie meilleure. Ce numéro de Télérama affirmait aussi que le « nationalisme » renaissait après le 11 Septembre : André Kaspi, spécialiste des Etats-Unis, soulignait qu’il s’agissait en réalité de patriotisme, mais aux yeux de Télérama il doit être incompétent puisqu’il est historien. Enfin, un article rappelait que les Américains avaient formé Ben Laden : c’est bien connu, chacun le sait, l’URSS fut toujours une puissance pacifique et respectueuse des droits de l’homme.
Au fond, tout propos de haine devrait être interdit. Logiquement, par exemple, on devrait harceler les personnes qui tiennent des propos de haine à l’égard des pauvres. Cela s’inscrirait dans la continuité de l’article 21 de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne qui stipule : « Est interdite toute discrimination fondée notamment sur [...] la fortune » Mais alors, François Hollande, qui a déclaré « Je n’aime pas les riches ! », ainsi que tous ceux qui pestent contre les patrons, les actionnaires et autres capitalistes, ces gens-là devraient aussi figurer sur la liste des personnes à persécuter de la Ligue des Droits de l’Homme ou du MRAP...
Il faudrait attaquer en justice tous ceux qui vomissent leur haine du nazisme, de l’islamisme, du racisme... Il faudrait attaquer en justice ceux qui se lancent dans de violentes diatribes contre Brigitte Bardot, Robert Faurisson ou Bruno Gollnisch. On ne le fait pas. Deux poids, deux mesures.
À travers tous ces exemples, nous avons voulu montrer que la liberté d’expression doit s’appliquer à tous... ou à personne. La proposition de loi sur le génocide arménien est donc d’abord une atteinte grave aux deux principes constitutionnels que nous avons évoqués plus haut, à savoir la liberté d’expression et l’égalité des droits.
Une autre lecture doit être faite de cette proposition de loi, avec le regard de l’historien cette fois. Elle s’inscrit en effet dans la continuité des autres lois « mémorielles » qui visent à l’instauration d’une histoire officielle.
Quelles sont ces lois ? C’est d’abord celle du 13 juillet 1990 qui sanctionne ceux qui contestent l’ampleur ou l’existence du génocide des Juifs commis par les nazis. C’est ensuite la loi du 29 janvier 2001 qui reconnaît le génocide arménien. C’est encore la loi Taubira du 23 mai 2001 qui qualifie de « crime contre l’humanité » la traite atlantique - et elle seule, bizarrement, ce qui reflète la vision extrêmement étriquée de l’Histoire de madame Taubira. C’est enfin la loi du 23 février 2005 qui ose ordonner aux historiens d’enseigner le rôle « positif » de la colonisation française.
Nous le redisons : la France est en train d’instaurer une histoire officielle, ce qui est absolument intolérable [8]. L’histoire officielle concerne les régimes totalitaires. La recherche historique ne progresse pas à coups de décrets. La vérité historique ne se décrète pas au Parlement. En fixant une vérité étatique, les lois mémorielles empêchent tout débat et tout progrès de la recherche en histoire. Comme le dit très bien Michel Winock : « C’est par le débat qu’on se rapproche de la vérité, et non par une vérité que le législateur nous assène d’en haut. » [9]
Comme le montre le cas d’Olivier Pétré-Grenouilleau, injustement attaqué en justice par un collectif d’Antillais-Guyanais-Réunionnais, les lois mémorielles peuvent susciter la crainte d’aborder tel ou tel sujet en histoire et provoquer ainsi une autocensure. Des vides resteront et ils seront comblés par des vérités étatiques, des vérités officielles.
Ces mesures liberticides ont été prises par des députés qui ont cédé à la pression de lobbies qui n’ont rien à voir avec l’histoire. Ces lois ne concernent que des mémoires. Or, la mémoire n’est pas l’histoire. À force de sacraliser des mémoires si différentes, la société française court ni plus ni moins à son éclatement. Les lois mémorielles violent le principe d’universalité des lois : ces dernières doivent s’appliquer à des individus en tant que tels : un musulman, un Arménien ou un Juif, sont d’abord et avant tout, des êtres humains avant d’être musulman, arménien ou juif. Il n’y a pas à faire des lois pour satisfaire de petits intérêts catégoriels. Les mémoires divisent, l’Histoire rassemble disait Pierre Nora. Les mémoires - individuelles ou collectives - sont toujours singulières, tandis que l’Histoire est universelle dans la mesure où elle concerne tout le monde. L’histoire du génocide arménien concerne l’ensemble des citoyens, et pas seulement les Arméniens, loin de là.
La proposition de loi sur la négation du génocide arménien semble montrer que les « historiens » autoproclamés qui nous gouvernent n’ont pas fini d’étendre la mainmise de l’Etat sur l’histoire. Eh bien allons-y ! Nous suggérons donc aux députés de renforcer le carcan législatif dans ce domaine en reconnaissant comme « crime contre l’humanité » le massacre de la Saint-Barthélémy de 1572, à charge pour eux d’assumer les éventuelles conséquences néfastes sur les relations entre catholiques et protestants dans notre pays. Nous invitons aussi nos députés à reconnaître le « génocide » franco-français de 1793, le prétendu « génocide » vendéen, et à nous pondre une loi reconnaissant la Terreur comme un « crime contre l’humanité » également. Comme nos « députés-historiens » ont une immense compétence à déceler des conséquences heureuses de certains événements passés, nous leur suggérons aussi de voter une loi sur le « rôle positif » des croisades. Quant à la Ligue des Droits de l’Homme, qui porte très mal son nom, pourquoi ne pas concocter une loi rien que pour elle, la condamnant moralement pour sa complicité dans certains crimes commis par Staline ? [10]
Mais la France ne prétend pas seulement décréter sa propre histoire, mais aussi celle des autres pays, à commencer par la Turquie, comme nous l’avons vu. Par conséquent, en complément de la loi Taubira, nous préconisons à nos députés de reconnaître la traite négrière musulmane comme un « crime contre l’humanité ». Pourquoi les musulmans seraient-ils exemptés de cette assignation devant le Tribunal de l’histoire ? Après tout, ils ont fait pire que les Occidentaux en matière de traite et d’esclavage. Condamnons la Suède ! Un député devrait soumettre l’idée de condamner le « crime contre l’humanité » commis par le gouvernement social-démocrate suédois qui avait entamé, à partir de 1935, un programme préconisant la stérilisation des Tsiganes, des débiles mentaux et des handicapés profonds, programme qui s’est poursuivi bien au-delà de la guerre. Pourquoi nos députés ne condamnent-ils pas l’Allemagne pour le génocide commis contre les Herero en Namibie au début du XXe siècle ? [11] Pourquoi s’arrêter aux frontières de l’Europe ? Continuons ! Adoptons une loi condamnant le Canada, les Etats-Unis, le Mexique, le Panama, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, le Brésil, le Chili, l’Argentine... pour l’anéantissement des Amérindiens, anéantissement que certains intellectuels ignorants qualifient à tort de génocide.
Les parlementaires de la Patrie des Droits de l’Homme savent mieux que les historiens ce qu’est l’histoire et se permettent de l’écrire à leur sauce : voilà l’image que l’on peut se faire de notre pays. L’arrogance de la France qui prétend écrire l’histoire à coups de lois et dicter la leur aux autres pays du monde semble donc avérée. Parlons de l’arrogance des Etats-Unis après cela...
Voilà les problèmes que posent la deuxième loi sur le génocide arménien en particulier, et les lois mémorielles en général : elles bafouent l’égalité des droits en plaçant des barrières dans la liberté d’expression, en ôtant à des citoyens la possibilité d’exprimer leurs opinions ; et elles contribuent à l’établissement progressif d’une histoire officielle. Et cela sous couvert de bonnes intentions ! Les bonnes intentions... L’enfer en est pavé. Et c’est au nom des bons sentiments que la France s’oriente insensiblement dans une dérive totalitaire.
Notes
[1] Les éditions EPO - présentation du livre Un autre regard sur Staline de Ludo Martens à l’adresse suivante : http://www.epo.be/editions/presentation_livre.php ?isbn=9782872622054
[2] Publié en mai 2002.
[3] TAGUIEFF, Pierre-André (entretien), « Une menace planétaire », in L’Histoire, octobre 2002, n° 269, pp. 70-75.
[4] ASKOLOVITCH, Claude, « Mahomet, Darwin, la Shoah... Y a-t-il des sujets tabous à l’école ? », in L’Histoire, septembre 2005, n° 301, pp. 77-85.
[5] Le Parisien-Aujourd’hui, 12 septembre 2001.
[6] Marx, Engels, Correspondance, Éditions sociales, cite par VILLIERS, Bernard, « Florilège Marx-Engels », in Histoire & Liberté, printemps-été 2006, n° 27, pp. 31-36.
[7] « 11 Septembre  », Télérama, hors série, septembre 2002, n° 109.
[8] Nous avions déjà traité de ce problème dans notre éditorial intitulé « Non à une histoire officielle ».

[9] WINOCK, Michel (entretien), in Télérama, 1er novembre 2006,n° 2964, page 18.
[10] Voir notre article « La Ligue des Droits de l’Homme ».

[11] Voir notre article « Le génocide des Herero ».

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38 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 13 février 2007 11:31

    Excellent article très complet sur ce thème incroyable : en France, au XXIe siècle, la Loi fait l’Histoire, et pas seulement l’histoire de France !!! J’ai bien aimé le concept d’hyperconscience, qui sonne assez juste. On est vraiment devant une espèce de fascisme mou, bien-pensant, qui nous laisse présager les pires horreurs.

    Il est piquant de voir qu’en France, tout est censé se régler par des lois. Pour un oui ou pour un non, on pond une loi. Les Ministres passent leur temps à écrire des lois (alors qu’ils sont payés pour rédiger des décrets et des arrêtés, en vue de les appliquer, au passage). Près d’un tiers de nos lois n’est jamais appliqué, faute de décrets (voir parenthèse précédente).

    Le pompon, c’est Sarkozy, bien dans l’air du temps, qui en crée tellement qu’il a été surnommé par certains Serial Legislateur.

    Encore merci pour votre article, et bon courage dans la poursuite de vos études qui apparaisent de plus en plus difficiles dans ce contexte. A quand les sujets de thèses imposés sur le génocide arménien, par exemple ?


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 13 février 2007 12:11

      En 1990, le Sénat avait voté contre la loi Gayssot.

      Espérons qu’il maintiendra son attitude sur la loi « génocide arménien ».

      Si la loi devait malgré tout passer, il faudrait qu’elle soit contrôlée par le Conseil constitutionnel, qui jusqu’ici n’a jamais eu son mot à dire sur les lois mémorielles.


    • Depi Depi 13 février 2007 11:44

      Y a que chez moi que c’est tout en gros sans espace l’article ? Assez indigeste à lire, si quelqu’un pouvait y remédier merci..


      • Vilain petit canard Vilain petit canard 13 février 2007 15:23

        Non j’ai l’impression que c’est pareil pour tout le monde ! Modérateur ! Au secours !


      • Jimmie Danger (---.---.164.192) 13 février 2007 12:25

        « négation du génocide arménien.. »

        - Hrant Dink, assassiné récemment par un fanatique ülkücü pour avoir affirmé en Turquie l’existence d’un génocide arménien s’était prononcé contre l’adoption par la France d’une loi punissant la négation du génocide..

        - Il n’y a ici aucun paradoxe. La position d’Hrant Dink, et c’est tout à son honneur était que du dialogue entre les historiens apparaitrait la vérité. De mon point de vue, je pense que tout doit être fait pour permettre le dialogue et ce lois ne peuvent que constituer des freins.

        - Cependant, je ne partage pas les vues de l’auteur concernant le racisme qui lui, ne permet pas le dialogue puisqu’il est rejet de valeur de la parole de l’Autre puisque nécessairement inférieur.. et constitue un frein au dialogue.

        Jimmie Danger


        • Senatus populusque (Courouve) Courouve 13 février 2007 12:36

          Est-ce que considérer le racisme comme un délit, et non une opinion, cela encourage le dialogue et l’élimination des préjugés ?

          « Interdire l’expression du racisme, c’est tout simplement militer pour le refoulement, pour le secret, le renfermement et la conspiration. Et à terme, pour plus d’attentats, plus de meurtres. » Serge July, « La liberté d’expression des racistes », Libération, 24 novembre 1978.


        • Jimmie Danger (---.---.164.192) 13 février 2007 13:30

          « Considérer le racisme comme une opinion.. »

          - Cela reviendrait donc à supprimer le délit de crimes contre l’humanité et à détruire les bases du pacte social qui nous lie actuellement.

          - Je comprends votre position car i est vrai que des tenants d’idéologies racistes opposées peuvent très bien s’entendre. Cela a été le cas lorsque Louis Farrakhan et le Ku Klux Klan s’était prononcé pour un partage des Etats-Unis entre Etats du sud pour les Noirs, Middle West pour les Blancs et New York pour les Juifs.

          - Personnellement, ce n’est pas le monde dans lequel je souhaiterais vivre et je ne pense qu’ainsi pourrait être bâtie une société harmonieuse.

          Jimmie Danger


        • Senatus populusque (Courouve) Courouve 13 février 2007 13:35

          Renoncer à la police de la parole ne signifie pas renoncer à l’éducation, au contraire.

          L’éducation est un bien meilleur moyen que la loi pénale pour éliminer le racisme (à la fois préjugé et injustice).

          Même chose pour l’homophobie, le sexisme et l’handiphobie.


        • (---.---.100.34) 13 février 2007 12:32

          Bonjour Syd,

          excellent article, merci.

          D’autant plus que, quand on étudie le contexte du génocide arménien, on se rend compte que les coupables principaux en ont été les Etats-nations européens de l’époque, à travers leurs maneuvres politiques autour de ce qui restait de l’empire Turc, comme celles des voisins du Liban ont provoqué la longue guerre civile dans ce pays.

          Dites-moi, cher étudiant, à quand des assurances professionnelles pour les historiens comme pour les médecins ?

          Cordialement Thierry


          • Thib (---.---.215.50) 13 février 2007 13:33

            « Une proposition de loi visant à punir la négation du génocide arménien est en discussion au Parlement. Encore une fois, l’Etat se permet d’écrire l’Histoire. En bafouant les droits de l’homme. La France est en train de glisser insensiblement vers une certaine forme de totalitarisme. »

            C’est bien intéressant cette défense de la liberté de l’histoire face au pouvoir et aux lois. Je partage l’avis que ce genre de législation dont il est question apporte souvent un remède pire que le mal qu’elle était censée combattre. Mais de quoi s’agit-il derrière le thème apparent de cet article ?

            Au passage Marx est réduit à un raciste primaire ; Meyssan est traité de négationniste alors que la version officielle est remise en cause jusqu’à la bbc. L’ « antiaméricanisme » est montré du doigt. Télérama et le monde diplo se voient réunis sous la même étiquette (ce qui ne manquera pas de les faire rire). Et de petites phrases comme celles-ci nous titillent :

            « Enfin, un article rappelait que les Américains avaient formé Ben Laden : c’est bien connu, chacun le sait, l’URSS fut toujours une puissance pacifique et respectueuse des droits de l’homme. » ; (ça c’est un argument !)

            Thierry Meyssan publia en 2002 son fameux torchon antiaméricain intitulé L’effroyable imposture et sous-titré « Aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone ! » Il a obtenu un succès dans le monde entier, et en particulier en France. Meyssan aurait pu être poursuivi pour propos négationnistes. Mais non." ;

            « Pourquoi n’interdit-on pas le Coran qui fourmille d’appels au meurtre contre les infidèles ? » ;

            « Nos pseudo-défenseurs des droits de l’homme devraient ajouter à leur tableau de chasse les œuvres marxistes. Depuis « La question juive » de Karl Marx jusqu’à la correspondance entre Engels et ce dernier, les propos racistes et antisémites ne manquent pas.(...) De quel droit, alors, interdit-on Mein Kampf ou les Protocoles des Sages de Sion en France ? Deux poids, deux mesures. » ;(voilà Marx mis au niveau de Hitler).

            « Maintenant, considérons les manifestations islamistes, pseudo pro-palestiniennes, qui eurent lieu en France en 2002 les 2 mars, 19 et 28 avril, ainsi que les 18 et 28 mai. Lors de ces manifestations, des personnes brandissaient le drapeau du Hezbollah, appelaient au jihad contre les Juifs, braillaient « Allah Akbar ! » et vociféraient « Mort aux Juifs ! » et « À mort Israël ! » Il se trouve que des organisations de gauche côtoyèrent parfois ces islamistes, notamment les « altermondialistes » d’ATTAC, le PCF, la LCR et les Verts. En outre, figuraient aussi la Ligue des Droits de l’Homme et le MRAP - Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples - : ces « antiracistes » déclarés ne paraissaient pas gênés par les appels au meurtre de certains manifestants. [3] Les islamistes qui se sont illustrés lors de ces défilés antisémites ne furent pas persécutés. Deux poids, deux mesures. »

            (on ne doute plus de l’avis de l’auteur sur ces questions)

            En bref ce courrier me semble assez clair sur les orientations idéologiques de leur auteur. Mais pourquoi pas. Mais alors, pourquoi ne pas annoncer plus clairement la couleur...

            Mais Voltaire a bien sûr tout à fait raison.


            • Jimmie Danger (---.---.164.192) 13 février 2007 13:58

              « Orientations.. »

              - Vous mettez le doigt sur l’ambigüité de l’article. Partant des principes « toute opinion est recevable » et « tout débat est légitime », l’auteur aurait dü garder une certaine neutralité.

              - Par les exemples qu’il cite et surtout les raccourcis qu’il opère, il se positionne clairement dans un camp cependant, le sujet général peut faire l’objet d’un débat et abstraction de ces opinions (aux antipodes des miennes).

              Jimmie Danger


            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 13 février 2007 13:45

              « De quel droit, alors, interdit-on Mein Kampf ou les Protocoles des Sages de Sion en France ? Deux poids, deux mesures. »

              Précisions : Mein Kampf n’est pas interdit à la vente, on peut par ailleurs le trouver facilement sur Internet.

              Pierre-André Taguieff a publié une édition critique des Protocoles.

              Pour le reste il est certain que notre police de la parole est orientée, et surtout maladroite.


              • josé (---.---.53.193) 13 février 2007 13:45

                Portugais n’habitant pas en France, je me refuse à accepter que vous autres, français, croyez qu’il n’y a point de censure pour ce qu’on écrit en France. Il y a en France des sujets tabous. Et la CNL qu’est qu’elle fait avec les éditeurs ???? Mais ne vous en faites pas car les autres pays n’ont pas les mêmes habitudes que vous.


                • Bill Bill 13 février 2007 13:53

                  Je suis très heureux de lire votre article, qui va dans le sens de ce que j’exprimais dans un commentaire il y a peu. Notre liberté d’expression est borné par l’Etat, et tout comme vous je crois que nous tombons dans un totalitarisme mou...

                  Bien cordialement.

                  Bill


                  • Nono Nono 13 février 2007 19:32

                    @ Courouve,

                    « Pour le reste il est certain que notre police de la parole est orientée, et surtout maladroite. »

                    Tout à fait d’accord.

                    Ne pensez-vous pas que cette police de la parole, orientée ou maladroite, finira par se bouffer la queue en produisant des réactions contraires à ce qu’elle souhaitait.

                    P.S. Belle citation de Montaigne !

                    ///

                    @ Bill,

                    « ...tout comme vous je crois que nous tombons dans un totalitarisme mou... »

                    J’adhère à votre avis, cher Bill.

                    Maintenant que « tout » le monde ou presque, sur ce fil, est d’accord sur le fait de l’existence d’une police de la parole et sur le son des clochettes d’un totalitarisme qui se pointe insidieusement... :

                    Quelle sera la bonne attitude citoyenne à adopter ? Les actions à entreprendre ?

                    Sont-elles encore possibles vu la concentration de certains organes de l’information ?

                    Et pour finir, est-ce un phénomène spécifique à la France ?

                    Bien cordialement à vous

                    Nono


                  • Bill Bill 14 février 2007 09:49

                    Bonjour Nono,

                    Difficile de sortir de ce carcan ! Je crois que nous sommes aussi influencés par les média malgré nous !

                    Je ne vois pas de vraie solution dans l’instant, mais peut-être pouvons nous nous garantir de cette influence par des gestes simples : ne pas trop regarder la télé ! Ne pas utiliser les mots creux que nos politiciens « inventent » tels que le « vivre ensemble » et autres fadaises, soyons des puristes de la langue, elle nous le rendra, et nous pourrons penser plus librement. Se plonger dans les livres d’Histoire et réfléchir sur l’Histoire, tout ce qu’on nous en raconte est bien trop mensonger et bien gros, c’est par ignorance que nous gobons parfois tout, et toujours vérifier. Fréquentons certains auteurs comme La Boëtie et son merveilleux « Discours de la servitude volontaire » consultable ici et qu’il est possible de télécharger, rien de plus actuel : « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »

                    Et puis personnellement j’écoute une radio très libre de ton, tout ne m’y intéresse pas, mais je me régale de cette liberté de parler de tout, qui plus est en bon français ! Attention, cette radio est très à droite, radio-courtoisie, qui se dit être la radio du « pays réel et de la francophonie », il est possible de l’écouter sur internet ici . Personnellement je l’écoute volontiers le mercredi soir, à partir de 18h00, Serge de Beketch m’a toujours interpellé par son discours plutôt décalé.

                    Bref, voila quelques solutions pour sortir du « discours officiel », quand nous aurons tous appris à penser par nous même, alors Big Brother s’écroulera de lui même !

                    Bien cordialement Nono.

                    Bill


                  • Nono Nono 14 février 2007 11:38

                    @ Bill,

                    Merci cher Bill pour cette intéressante réponse ainsi que pour votre courtoisie.

                    En effet, c’est à peu près ce que je m’efforce de faire depuis presque une dizaine d’années (Sauf pour Radio Courtoisie...).

                    Espérant qu’un jour le « Big Brother » puisse s’écrouler de lui-même car les moyens dont il dispose sont gigantesques !

                    Bien cordialement à vous.

                    Nono


                  • michel (---.---.20.138) 13 février 2007 14:18

                    Le moule de la bienpensance se durcit chaque jour. A chaque jour son interdiction ou son obligation, et bientôt tout ce qui ne sera pas interdit sera obligatoire et tout ce qui ne sera pas obligatoire sera interdit.

                    La discussion, le débat seront proscrits. Une thèse officiellle sera imposée à tous et interdiction de penser, de croire, de mettre en doute.

                    Les mots Juif, Arabe, Homosexuel, catholique, musulman sont devenus des insultes. Interdiction de les utiliser dans une conversation même banal sinon la suspicion de racisme, antisémitisme, d’antéchrist, d’islamophobie, d’homophobie vous ostracise aussi vite que Simon de Montfort estrapadait un Cathare.

                    Alors tant qu’il est encore possible de le faire en ne risquant qu’une convocation à un procès d’un autre âge, j’en profite pour conchier les cathos, les bouddhistes, les musulmans, les protestants et autres évangélistes et mormons, pour dire aux juifs que si la shoah a été une des pires périodes de notre histoire récente ils tirent un peu trop sur la ficelle de la victimisation et ont tendance à en faire un fond de commerce, pour dire aux homos qu’ils me font chier à longueur d’émission radio ou télé à pleurnicher sur leur condition de minorité opprimée, aux imams qui viennent ici nous donner des leçons de démocratie quand dans les pays où règne l’islam la femme est plus maltraitée qu’un âne et que les enfants servent à faire sauter les mines et au repos du guerrier, pour dénoncer le retour de l’intégrisme catholique en particulier par une recrudescence des manifestations anti IVG, pour envoyer se faire empapaouter par le FLN des pseudo-repentis tels Lang allé lécher les babouches de Bouteflicka et cracher sur la France.

                    Je dénonce aussi ces politiques démagos et veules, prêts à tous les renoncements, à toutes les courbettes aux minorités agissantes, qui pondent des lois irresponsables et sont en train de transformer notre République en état répressif de la moindre vélléité de pensée et à fortiori de parole.

                    Ils n’obtiendront que l’effet inverse, et les acrimonités baillonnées se transformeront en haines cachées.


                    • Rocla (---.---.123.68) 13 février 2007 14:22

                      @ Michel ,

                      Le masculin du début de votre commentaire sied comme entrée en matière .

                      Rocla


                      • michel (---.---.20.138) 13 février 2007 14:28

                        J’oubliais, jusqu’ici fervant défenseur de la cause Arménienne et farouche opposant à l’entré de la Turquie dans l’Europe, je vais devoir réviser (hé oui tant que possible) mes positions. Toujours décidé à inciter les turcs à sucer leurs sucreries au bord du Bosphore, mais beaucoup plus circonspect sur la question génocidaire, après tout, faut voir. D’ailleurs si on veut m’obliger à convenir du génocide c’est que ça doit pas être certain, sinon pourquoi m’obliger ?


                        • Senatus populusque (Courouve) Courouve 13 février 2007 14:44

                          « Je vois bien qu’on se courrouce, et me défend-on d’en douter, sur peine d’injures exécrables. Nouvelle façon de persuader. Pour Dieu merci, ma croyance ne se manie pas à coups de poing. [...] Qui établit son discours par braverie et commandement montre que la raison y est faible. »

                          Montaigne, Essais, III, 11.


                        • Jimmie Danger (---.---.164.192) 13 février 2007 15:11

                          « Le génocide arménien n’est pas certain.. »

                          - Pour Hrant DINK, le certitude du génocide était acquise. Mais la pénalisation de l’opinion contraire ne lui convenait pas et je comprends sa position.

                          La reconnaissance du génocide, si elle est possible pour la république turque car datant du régime antérieur, mettrait à mal bien des héros du mythe fondateur de la Turquie moderne : la période de la guerre d’indépendance.

                          Si Mustafa Kemal n’a pas été impliqué dans le génocide arménien, certains de ses compagnos d’armes et parmi eux beaucoup de membres des milices populaires qui luttèrent contre l’invasion grecque l’ont été. De plus, la fortune de certains de ses proches doit son origine à la récupération de biens arméniens. L’effet aurait semblable à la découverte dans la France des années 60 de malversations financières perpétrées par Jean Moulin.

                          - Quant à l’opinion que vous exprimez sur l’entrée de la Turquie en Europe, une question peut se poser : « La Turquie a-t-elle réellement intérêt à y entrer ? »

                          Jimmie Danger


                        • michel (---.---.20.138) 13 février 2007 16:35

                          Le propos ici n’est pas de débattre sur la réalité ou non du génocide Arménien, mais de l’obligation de penser et dire qu’il fut.

                          Non seulement je n’en ai jamais douté mais l’ai dénoncé. Cependant de faire de cette certitude une obligation légale me révulse et me poussera par réaction à prétendre le contraire ne serait ce que pour contester une législation que je juge scélérate.

                          La prise de conscience ne se décrète ni ne s’impose. Seules l’explication, la démonstration, la pédagogie peuvent emporter la compréhension et l’adhésion. Aujourd’hui je dis que le génocide Arménien fut une des horreurs du début du XX° siècle, et j’ajoute que les persécutions des Arméniens n’ont pas cessé bien que sous d’autres formes. Mais dès le décret d’application de cette loi, je serai des négationnistes, uniquement par résistance à ce courant qui veut depuis quelques années nous imposer une vision du monde, une vision de l’histoire et un mode unique de pensée.


                        • Jimmie Danger (---.---.164.192) 14 février 2007 07:47

                          « ..Les persécutions contre les Arméniens n’ont pas cessé.. »

                          - On peut le penser et l’assassinat récent d’Hrant Dink va dans ce sens. La pénalisation de la négation du génocide ne résoudra en rien cette situation et conviendra particulièrement à ceux qui exploitent le nationalisme turc comme dérivatif aux impasses économiques que connait le pays.

                          - D’autres feraient aussi le parallèle avec la situation actuelle des descendants de nos ex-colonies vivants sur notre sol et la tentative d’instaurer une loi encadrant le discours attendu sur l’époque qu’a vécu leurs parents.

                          Qu’apporterait de positif une loi de ce type pour l’ensemble de la population française ? Ne risquerait-t-elle pas d’apporter de l’eau au moulin des communautarisme comme le ferait la loi citée plus haut pour le nationalisme obtus ?

                          - Tous ces textes dictant la « bonne » interprétation d’évènements passés ne peuvent constituer que des bombes à retardement.

                          Jimmie Danger


                        • Sylvio (---.---.253.38) 13 février 2007 14:40

                          Je suis tout à fais d’accord avec cet article sur le fond mais comme l’ont dit certains l’auteur aurait vraiment du rester neutre sur un sujet aussi sensible.

                          Vous semblez oublier qui a délivrer la majeure partie des prisonnier des camps de concentration. Ce ne sont pas les américains comme on peut le voir dans la vie est belle mais bien les russes.

                          Vous écrivez par exemple : « Thierry Meyssan publia en 2002 son fameux torchon antiaméricain intitulé L’effroyable imposture et sous-titré « Aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone ! » Il a obtenu un succès dans le monde entier, et en particulier en France. Meyssan aurait pu être poursuivi pour propos négationnistes. Mais non. » ;«  »fameux torchon« => opinion personnelle, stigmatisation  »anti-américain« => Pas du tout, les arguments qu’a apporté Thierry Meyssan sont tout à fait juste. D’autre part, cela n’a rien d’anti-américain que de contester la thèse officielle sur le 11 septembre. Grave amalgame.  »Meyssan aurait pu être poursuivi pour propos négationnistes« => Non ! Vous ne semblez pas connaître la définition du terme »negationnisme" (et vous êtes étudiant en histoire) qui relève seulement de la négation de la Shoah et non de toute les vérité officielle.

                          Il faut espérer qu’une loi ne voit pas le jour pour imposer la thèse officielle des attentats du 11 septembre comme étant la vérité absolue et incontestable.

                          « Il y a 2 histoires : l’histoire officielle, mensongère, qui nous est enseignée et l’histoire secrète où se trouvent les vraies causes des événements, une histoire honteuse. » (Honoré de Balzac)


                          • LE CHAT LE CHAT 13 février 2007 15:10

                            N’ont -ils rien d’autre à faire , nos absenteistes chroniques ? c’est aux individus de se faire une opinion et pas aux états à imposer leur point de vue , l’histoire n’est pas matière à légiférer !


                            • Stéphane (---.---.0.8) 13 février 2007 15:19

                              Effectivement, très orienté, même si je partage le constat de départ. J’ai trouvé la loi Gayssot normale quand elle a été adoptée et maintenant, ses effets pervers me convainquent que ce n’était pas approprié. Laissons travailler les historiens, les politiques n’ont pas à faire l’histoire à leur place. Donnons leur simplement l’espace médiatique pour démonter les « rigolos » négationnistes preuves à l’appui, les négationnistes du génocide arménien, les négationnistes du 11 septembre, etc... Et pour lever toute suspicion de parti pris, vous auriez pu mettre en parallèle la loi sur le rôle soi-disant positif de la colonisation qui participe du même défaut de la part du législateur, à savoir vouloir réécrire l’histoire.


                              • (---.---.132.252) 13 février 2007 15:46

                                Sur un sujet similaire, qqun pourrait il m’expliquer pourquoi il est sage de soutenir Charlie Hebdo dans sa lutte pour la liberté de penser et de s’exprimer et pourquoi il est bon de fustiger le député Vanneste dans sa lutte pour la liberté de penser et de s’exprimer.

                                A quel endroit se situe la limite ?


                                • Courouve (---.---.153.21) 13 février 2007 16:04

                                  La limite ainsi traçée est celle d’un privilège.

                                  La liberté de communiquer les idées et les opinions doit valoir pour tous et pour tous les sujets.

                                  Hélas, ce que promettait Robert Badinter en 1982,

                                  « Chacun de nous est libre de critiquer ou d’approuver l’homosexualité. » Sénat, séance du 5 mai 1982.

                                  n’est plus garanti en 2007.

                                  Il s’instaure une police de la parole qui n’a rien de plaisant.

                                  La prochaine étape sera de juger les délinquants sans leur permettre de s’expliquer, puisque leurs explications seraient l’occasion de commettre à nouveau le délit.

                                  Cela peut paraître tiré par les cheveux, mais lors d’un procès de Faurisson (années 1980) un avocat de la partie adverse demanda à ce que Faurisson ne soit pas autorisé à se défendre pour cette raison.

                                  Le président de la XVIIe chambre correctionnelle n’accéda pas cette demande, et ajouta même : Si vous ne vouliez pas qu’il s’explique, il ne fallait pas le poursuivre.

                                  Mais on peut craindre, à la façon dont les choses évoluent, que la justice « associative » obtienne ce nouveau droit de faire taire, même au tribunal, ceux qu’elle poursuit.

                                  Voir le site Observatoire du communautarisme pour la critique du pouvoir exhorbitant donné aux associations d’engager des poursuites.


                                • jc (---.---.14.88) 13 février 2007 21:10

                                  • michel (---.---.20.138) 13 février 2007 22:08

                                    Dernier exemple de la tyrannie des minorités influentes

                                    http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=8253&returnto=accueil/main&artyd=9

                                    Ils sont tous allé brosser la kippa du crif

                                    Bientôt les partisans de la paix seront poursuivis pour antisémitisme


                                    • (---.---.144.164) 14 février 2007 00:52

                                      Ils ont bien raison de défendre ce qu’ils ne peuvent pas prouver. De toutes façon, le peuple se fiche de ces histoires : le 13 juillet 1789, il n’y avait aussi officielement que des monarchistes...


                                      • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 14 février 2007 02:26

                                        Voltaire à Diderot, en substance : ce ne sont pas les grandes encyclopédies en 20 volumes qui font les révolutions, mais les petits ouvrages à 20 sous.

                                        Et les articles trop longs ?

                                        N’est pas Voltaire qui veut.


                                        • Pinson, (---.---.13.90) 14 février 2007 18:35

                                          Jouons à un petit jeu :

                                          Qui est coupable du masacre des officiers polonais à Katyn ?

                                          Les soviets ?

                                          Les nazis ?

                                          ... Si vous avez répondu « les soviets », vous êtes passible des foudres de la Loi Gayssot qui interdit de remettre en cause les conclusions du procès de Nuremberg. A Nuremberg on a mis ce massacre sur le dos des nazis.

                                          Analyse confirmée par la récente condamnation de Bruno Golnish pour avoir dit notamment « qu’il n’existe plus un historien sérieux qui accepte en bloc les conclusions du procès de Nuremberg ».


                                          • Jimmie Danger (---.---.164.192) 15 février 2007 15:43

                                            « Katyn »

                                            Peut-être y-avait-il plusieurs couches à Katyn..

                                            La Pologne, entre Russie et Allemagne, a toujours eu le tort d’être très mal située..

                                            Jimmie Danger


                                          • (---.---.98.171) 15 février 2007 20:34

                                            Grand meeting à la Mutualité : http://www.blogtrotters.fr/2007/01/19/meeting-contre-la-negation-du-genocide-armenien-a-paris-bernard-henri-levy-3/ (voir les autres pages aussi).

                                            sur les enjeux, les objectifs, et la nécessité d’une telle loi. je crois qu’ici, beaucoup de monde a besoin qu’on leur remette les idées au clair. Vous ne vous y retrouvez pas.


                                            • webclips (---.---.131.19) 19 février 2007 14:36

                                              Un article intéressant sur AgoraVox concernant la liberté d’expression et la place qui lui est réservée dans la société européenne actuelle… A méditer ! ...


                                              • Senatus populusque (Courouve) Courouve 2 mars 2007 21:19

                                                Raymond Barre défend Papon et Gollnisch, le CRIF s’indigne :

                                                Le Conseil représentatif des institutions juives de France se dit « scandalisé », vendredi 2 mars, par les propos de l’ancien premier ministre Raymond Barre, qui, dans une interview sur France-Culture, a défendu Maurice Papon et Bruno Gollnisch, et parlé de « lobby juif capable de monter des opérations indignes ».

                                                Raymond Barre était invité pour parler de son livre L’Expérience du pouvoir, dans l’émission « Le rendez-vous des politiques » enregistrée le 20 février et diffusée jeudi. A la question de savoir si Maurice Papon (qui fut son ministre du Budget) aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde, Raymond Barre répond : « Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur. (...) Ce n’était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France. » L’ancien premier ministre estime que Maurice Papon a été « un bouc émissaire ».

                                                Sur les propos qu’il avait tenus après l’attentat de la rue Copernic en 1980 - « un attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic » -, Raymond Barre rappelle que « dans la même déclaration », il a dit que « la communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté française ».

                                                Il a parlé de « Français innocents », parce que « les Français n’étaient pas du tout liés à cette affaire ». Et il ajoute qu’il y a eu à ce moment « une campagne (...) faite par le lobby juif le plus lié à la gauche ». « Je considère que le lobby juif - pas seulement en ce qui me concerne - est capable de monter des opérations indignes, et je tiens à le dire publiquement », a-t-il insisté.

                                                A propos de Bruno Gollnisch, élu FN au conseil municipal de Lyon, condamné pour propos négationnistes, Raymond Barre a maintenu sa position : « J’ai dit en parlant de Bruno Gollnisch que je blâmais ce qu’il avait dit mais que pour le reste, je l’avais connu et que c’était un homme bien. » (Raymond Barre défend Papon et Gollnisch, le CRIF s’indigne LEMONDE.FR avec AFP | 02.03.07 | 20h03 • Mis à jour le 02.03.07 | 20h37

                                                e Conseil représentatif des institutions juives de France se dit « scandalisé », vendredi 2 mars, par les propos de l’ancien premier ministre Raymond Barre, qui, dans une interview sur France-Culture, a défendu Maurice Papon et Bruno Gollnisch, et parlé de « lobby juif capable de monter des opérations indignes ».

                                                Raymond Barre était invité pour parler de son livre L’Expérience du pouvoir, dans l’émission « Le rendez-vous des politiques » enregistrée le 20 février et diffusée jeudi. Après les questions sur son arrivée au gouvernement, la campagne électorale en cours, il a été interrogé sur Maurice Papon, qui fut son ministre du budget de 1978 à 1981. A la question de savoir si Maurice Papon aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde, Raymond Barre répond : « Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur. (...) Ce n’était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France. » L’ancien premier ministre estime que Maurice Papon a été « un bouc émissaire ».

                                                « LE LOBBY JUIF EST CAPABLE DE MONTER DES OPÉRATIONS INDIGNES »

                                                Concernant les propos qu’il a tenus après l’attentat de la rue Copernic en 1980 - « un attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic » -, Raymond Barre rappelle que « dans la même déclaration », il a dit que « la communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté française ».

                                                Il a parlé de « Français innocents », parce que « les Français n’étaient pas du tout liés à cette affaire ». Et il ajoute qu’il y a eu à ce moment « une campagne (...) faite par le lobby juif le plus lié à la gauche ». « Je considère que le lobby juif - pas seulement en ce qui me concerne - est capable de monter des opérations indignes, et je tiens à le dire publiquement », a-t-il insisté.

                                                A propos de Bruno Gollnisch, élu FN au conseil municipal de Lyon, condamné pour propos négationnistes, Raymond Barre a maintenu sa position : « J’ai dit en parlant de Bruno Gollnisch que je blâmais ce qu’il avait dit mais que pour le reste, je l’avais connu et que c’était un homme bien. » (Le Monde avec AFP)

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