Woke mit uns
La culture ‘Woke’ se répand contre une traînée de poudre dans les campus aux Etats-Unis. Elle prône le fait qu’il faut être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l'égalité raciale. Nous avons rencontré Bill, de son vrai nom Achard de Leluardière Jr, à la Cité Universitaire de Neuilly/Seine où il réside. Il a créé la première cellule Woke dans les Hauts-de-Seine.
- « Merci de me recevoir Bill. Pourriez-vous me donner le cadre idéologique de la culture Woke, si elle existe. Est-ce une approche libérale, socialisante, marxiste ? »
- « Il n’est pas possible de faire une page blanche avec de vieux papiers. Tout est neuf dans Woke. La Justice est un concept universel qui existe indépendamment de toute théorisation. Le bébé veut la même chose que son grand-frère bien qu’il n’ait encore pas ouvert un livre. Mais il faut concrétiser ce sentiment de justice. »
- « Par la lutte des classes ? Le degré de fortune est-il le principal déterminant du pouvoir ? »
- « Certes, l’argent achète tout et rend tout possible mais il faut diversifier les origines ethno-sociales des gens fortunés ! Le bolchevisme voulait rendre tous les gens identiques, nous nous souhaitons au contraire qu’ils restent différents, marrons, évangéliques, musulmans, hommes, femmes, transgenres… et que dans chaque communauté une véritable compétition puisse s’instituer pour s’enrichir entre des gens qui possèdent les mêmes codes sociaux. »
- « L’État doit alors réserver la place qui lui revient à chaque communauté, la liberté d’entreprendre impose ensuite sa propre hiérarchisation indépendamment d’une autorité centrale. »
- « C’est tout à fait cela. Bien entendu, dans un monde futur, à une échéance peu ou pas prévisible, l’union de toutes les races… pardon de toutes les ethnies… de tous les genres, de toutes les croyances pourra régner. »
- « Mais la vie n’est qu’un combat ! Quelles armes avez-vous à votre disposition ? »
- « ‘La cancel culture’ ! On accuse gratuitement ou non, on dénonce publiquement les individus ou les institutions qui ne se conforment pas à nos recommandations. On organise un rejet social total grâce, en particulier, aux réseaux sociaux. On utilise également des harcèlements, des intimidations, des provocations sexuelles si la personne concernée est un homme, mais cela fonctionne de mieux en mieux aussi avec des femmes. Ensuite, la vox populi fait place aux tribunaux ordinaires. »
- « Je comprends mieux vos motivations. Puis-je évoquer quelques unes de vos actions pour illustrer vos façons de faire ? »
- « Oui-da… je sais c’est à la fois populaire et désuet, il faut s’adapter, personne ne doit se sentir exclu. »
- « Par exemple, deux journalistes d’un journal numérique californien ont décelé dans l'histoire de Blanche Neige, cette malheureuse princesse victime de la jalousie d'une reine démoniaque, ‘un problème majeur’. Dans la scène finale, le geste d'amour que lui donne le prince charmant ne serait pas autre chose qu'un vulgaire ‘baiser non consenti’ et donc punissable. »
- « Votre exemple est bien choisi. Certes la tentative de viol n’est pas complètement établie, mais l’important n’est pas là. Pour exister, il faut être vu. Et pour être vu il faut s’attaquer à des célébrités, des gloires, des textes quasiment sacrés, et les enfants sont des cibles privilégiées. L’émoi sera tel que les journaux, les médias, les réseaux relaieront notre cause, ‘la’ cause et nous serons entendus, nous serons vu, nous serons écouté et la puissance allant à la puissance, nous serons les plus forts. »
- « Je vous comprends bien, mais les frères Grimm seraient peut-être étonnés de l’interprétation faite de son texte. C’est peut-être plus compréhensible de s’attaquer à Colbert, certes fondateur sous Louis XIV de l’administration moderne, mais également organisateur du négoce des esclaves entre les ports français et les Antilles. »
- « Bien entendu, ce point est incontestable. Mais le bien fondé du réel est accessoire par rapport à sa portée médiatique. Toutes les grandes pensées, toutes les civilisations ont été portées par un imaginaire. Le chrétien vivait aussi bien lorsqu’il était barbare et qu’il ne souhaitait qu’exterminer les Romains, que devenu chrétien. Mais il devint heureux, il avait un but, une espérance, une transcendance à portée d’esprit. Il souffrait pareillement de misère mais il était habité par l’espoir. Le Woke sera la transcendance du siècle qui s’annonce. »
- « Vous souhaitez remplacer le Christ, Dieu, Bouddha, la fée Carabosse… et tant d’autres. »
- « Il faut savoir être de son temps. Je vous fais remarquer que tous les mouvement dits de gauche ont toujours été aux avant-gardes des progrès sociaux, des explorations sociétales, des nouveaux schémas de vivre-ensemble. »
- « N’ont-ils pas échoué ? Non seulement économiquement, ce qui peut se comprendre, mais aussi socialement. Ils ont quelque peu survécu en prêchant la licence et en la transmutant en droits. Il n’y a aucune raison de penser que cette fois encore ils ne conduiront pas nos sociétés à une déliquescence irréversible. »
- « C’est exactement ce que me dit Père ! Il ne fait rien que me contrarier avec sa piscine à vague, sa femme ex-mannequin squelettique, sa Ferrari à boîte automatique… Il ne sait pas passer les vitesses cet endormi. »
- « Alors pourquoi militez-vous ? »
- « Je me suis démis une vertèbre, je ne peux pas faire de cheval, Père s’est moqué de moi, il a pouffé, je me suis révolté. Assez des conventions bourgeoises, je veux le grand air. De plus, je n’aime pas les jeux vidéos. Le rugby est trop brutal pour moi. Je suis hydrophobe, je n’aime pas l’eau, alors pas de piscine, pas de bains de mer, pas de yacht, pas même de pédalo. Il faut bien que je m’occupe, je ne vais quand même pas travailler ! Question conquête, ça traîne aussi. Les filles rient aux éclats dès que je retire mon tee-shirt… Oui, les hommes aussi, comment vous le savez... Père m’a réservé malgré tout un petit job dans une de ses usines… Non pas en France, en Thaïlande, il m’a dit que pour compter fleurette…
- « conter ! »
- « Non, compter m’a-t-il précisé… ce sera plus facile pour moi de compter fleurette et il m’a donné une carte Premium. Mais il ne m’achètera pas. Même si je prends des risques, je veux pouvoir exprimer mes convictions profondes et non pas mes intérêts de classe. ! »
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON