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Accueil du site > Tribune Libre > La peur et la soumission !

La peur et la soumission !

La peur est une émotion que nous connaissons tous et qui nous envahie lorsque nous avons l'impression à tort ou raison d'être en présence d'un danger. La peur qui nous paralyse, bloque nos muscles et notre respiration, mais qui déclenche aussi un réflexe spontanée et salutaire de fuite ou de défense. La société moderne actuelle cultive la peur, nous avons peur de tout. Nous avons peur du nucléaire, du réchauffement climatique, d'une invasion d'étrangers, de la sécheresse ou des inondations, de perdre son emploi, de faire l'amour sans préservatif, et même de la neige. "La peur rend faible" et dans ce monde d'apeurés certains savent profiter de la faiblesse des autres. Si Jean de la Fontaine vivait encore il pourrait écrire, plutôt que "Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute", tout décideur vit aux dépens de celui qui a peur !

Celui qui détient où qui veut le pouvoir sait que la peur est un outil indispensable car elle fait perdre le sens des réalités, il cherche donc à la provoquer à son avantage. Marine le Pen lorsqu'elle désigne d'un doigt accusateur l'étranger est le parfait exemple de ce genre de personnage. Mais Sarkozy n'a pas de leçon à recevoir il est plutôt doué lui aussi dans cet exercice. Car sans nier les difficultés liées à l'immigration c'est bien l'emploi le problème majeur et là personne n'a la solution. En attendant il faut faire diversion et souffler sur les braises sans jamais avouer son impuissance, et tous les jours entretenir la peur. Car pour régner il faut diviser un peuple qui lorsqu'il est rassemblé fait peur au pouvoir. 

Dans un pays qui compte plusieurs millions de chômeurs et de travailleurs précaires, le pouvoir impose la retraite à 62 ans et par conséquent complique l'entrée sur le marché du travail des jeunes. Comment une réforme aussi impopulaire et injuste a-t-elle pu passer. L'argumentation des élites a été soigneusement préparée, il a suffi pour piéger la masse laborieuse, d'annoncer l'écroulement du système par répartition et le non payement des pensions dans un avenir proche sans une réforme. Pour beaucoup de retraités ces nouvelles dispositions entraîneront une amputation de la pension, ils survivront plus longtemps avec moins d'argent. Pourtant la réaction n'a pas été à la hauteur du hold-up, même s'il faut bien reconnaître que dans cette tartuferie ce n'est pas la peur qui est prépondérante, mais l'égoïsme des uns et l'indifférence des autres.

Comme le politique l'employeur est également un adepte de la gestion des ressources humaines par la peur. Rien n'est plus efficace que la menace d'un plan social ou d'une délocalisation pour contrôler son personnel. Que faire face à une décision injuste d'un patron dictateur qui détient tous les pouvoirs et qui peut par une de ses décisions bouleverser durablement la vie de son salarié. Résister au maître et s'opposer c'est prendre le risque d'une sanction. Le travailleur a des crédits à rembourser, un loyer à régler tous les mois, une famille à sa charge. Alors le plus souvent il cède et reste passif, il se soumet.

C'est comme cela depuis que le monde est monde, pourtant la soumission est une mauvaise option car elle ne met pas à l'abri, elle permet juste une illusoire tranquillité d'esprit, et tant pis pour l'amour propre. Le mouton enragé est abattu alors que la bête docile est tondue et mérite le droit de brouter la mauvaise herbe. C'est un choix entre s'exprimer ou se taire qui n'est pas si facile. Mais comme le dit Misha Defonseca "La peur n'évite pas le danger, le courage non plus. Mais la peur rend faible, et le courage rend fort".


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18 réactions à cet article    


  • jpm jpm 27 avril 2011 10:45

    Bravo pour cet article. La peur est effectivement la plus mauvaise conseillere et la meilleure arme de ceux qui veulent nous imposer leur choix.

    En ce qui concerne l´emploi, il est temps d´imaginer un autre monde ou chacun serait libre d´accepter ou pas un contrat qu´il juge indigne. Pour cela il faut un revenu de base garanti a chaque etre humain, cumulable avec les revenus du travail. Ainsi un salarie, garanti de toucher son allocation universelle chaque mois quoi qu´il arrive, sera moins tributaire de son travail. Il aura donc moins peur de perdre son emploi et n´hesitera pas a en changer.


    • pissefroid pissefroid 27 avril 2011 10:51

      Quand nous sommes entrés dans la société de consommation, nous ne nous sommes pas aperçus que se serait au détriment de nos libertés.

      Actuellement la majorité de la population laborieuse survit dans une situation de plus en plus précaire et dans ces conditions il ne lui est pas possible de se révolter.

      L’exemple de la retraite à 62 ans a montré que la peur rend aveugle.


      • antonio 27 avril 2011 11:21

        Entièrement d’accord avec vous : la peur couplée avec l’éxacerbation de l’individualisme règne en maîtresse dans notre société et se révèle un « excellent » mode d’asservissement.
        La peur qui asservit, rend malade : France-Télécom ne va-t-il pas bientôt « fêter » son cinquantième suicidé ? ( presqu’autant que le nombre de soldats français tués en Aphganistan !)


        • iris 27 avril 2011 12:25

          la répression en tunisie -egypte -syrie-cote d’ivoire nous donne un aperçu de ce que ferai nos gouvernants et dominants si le peuple s’attaquait à leurs privièges et fortunes-ici ils ne sont pas si différents de là ba
           
          ça fait peur


          • Lefumiste Lefumiste 27 avril 2011 12:35

            La peur n’est peut être pas la seul explication... la servitude, voir le besoin de servitude en est une autre !

            A lire : les discours de la servitude volontaire
            Étienne de La Boétie, 1549

            Étonnant !! Il n’a pas prit une ride....


            • gruni gruni 27 avril 2011 13:07

              Bien vu Lefumiste, j’ai oublié de parler du besoin de servitude qu’il ne faut pas généraliser mais qui cependant existe.


            • noop noop 27 avril 2011 12:57

              La peur.. la colère aussi. Voilà se que sucite nos hommes et nos femmes politiques.

              Concernant l’emploi, vous ne semblez pas vous rendre compte que votre dénonciation de la retraite à 62 ans, tombe dans le même piège que les géniales 35 heures...

              En vous plaçant dans cette logique vous enterrinez celle du Fn qui voit dans le Travail un gateau fini qui est à partager. D’où la logique comptable, tant d’immigrés tant de chomeurs. Vous validez cette logique...



              • gruni gruni 27 avril 2011 13:35

                Si les 35 heures étaient un partage du travail, la retraite à 62 ans va exactement dans le sens inverse. Je dénonce avant tout une diminution inévitable et voulue des pensions. J’ai du mal à trouver une logique chez le FN si ce n’est comme je l’écris, faire peur pour conquérir une partie de l’électorat.


              • noop noop 27 avril 2011 14:01

                Le refus 62 ans vont le même sens que les 35 heures... dans la même logique d’un Travail ensemble fini à partager.

                La logique du Fn est surtout celle de Marine Le Pen... accéder au pouvoir et pour ça donner des gages de bonnes conduites, sur lesquels personnellement je ne me fais aucune illusion.
                Il faudra plus d’un printemps pour que les fachos quittent ce parti.

                La gauche n’arrête pas de parler de la « peur » ou du « sentiment de peur » sur lequel jouerait le Fn, mais ça n’est une fois de plus que de la comm destiner à faire croire que l’electorat du Fn est recroquevillé dans son coin apeuré par des phantasmes. Non le moteur du vote Fn ce n’est pas la peur, c’est la colère je pense.


              • olaf_le_preux 27 avril 2011 20:18

                Actuellement, il me semble que la peur est avant tout inhérente à la situation générale de la planète.
                Certes, le caractère impulsif, libéral et pro-riches de la politique du gouvernement Sarko en rajoute une couche.
                Mais la confrontation des disparités énormes des niveaux de vie dans la compétition mondialisée, la terrible main-mise de certaines multinationales sur des décisions engageant jusqu’à la survie à court-terme de nos écosystèmes et de notre espèce, font qu’on ne peut qu’être pessimistes sans une révolution structurelle mondiale.
                D’où une angoisse de fonds incontournable.
                Objectivement, il me semble que seul une révolution remplaçant enfin concrètement l’esprit de concurrence individualiste et national par la passion du bien collectif et de la fraternité peut nous empêcher de nous détruire.
                Le problème est que cette transformation concerne un changement impliquant les individus ET les sociétés.
                Si les individus parvenaient à opter significativement pour ces valeurs, des outils comme internet et Avaaz.org sont là pour permettre de les IMPOSER à nos dirigeants.
                Donc, de mon point de vue, le problème est d’ordre spirituel : comment faire que les individus optent pour les valeurs non matérialistes, humaines garantissant une préférence déterminée pour ce qui favorise la vie au détriment de ce qui peut apparaître comme notre intérêt à court terme ?


                • gruni gruni 27 avril 2011 22:01

                  « Comment faire que les individus optent pour des valeurs non matérialistes », certains nont pas le choix car ils n’ont rien. Pour changer la mentalité des autres, il va falloir beaucoup de temps et de pédagogie, il y a peu d’espoir à mon avis.


                • wolver wolver 27 avril 2011 21:41

                  « Résister au maître et s’opposer c’est prendre le risque d’une sanction. »

                  Dans Manderlay le film, Grâce, l’héroïne, apprend à son grand étonnement qu’un esclave n’est pas forcément un anti-esclavagiste pas pour les raisons évoqués par la boétie dans son discours mais parce que la liberté implique de choisir et d’assumer les responsabilités de ses choix, de faire face non seulement à ses réussites (facile) mais aussi à ses erreurs (compliqué). Alors beaucoup préfèrent largement être asservis à un maître qui prend des décisions à leur place que de se prendre longuement la tête, et comme chacun est spécialisé comme des fourmis alors il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas pour le pouvoir, et comme pour connaître les tenants et les aboutissants d‘un problème avant de se prononcer demande beaucoup de temps,et ça c‘est plus chiant que de se divertir l’esprit en cherchant à savoir qui survivra aux épreuves de kohlanta après une laborieuse journée de taff lol, du coup c’est une aubaine pour les riches et les assoiffés de pouvoir.


                  • gruni gruni 27 avril 2011 21:54

                    Nous sommes d’accord wolver, éviter de prendre des responsabilités et se laisser mener par le bout du nez , c’est tellement plus confortable, mais cette posture n’évite pas à mon avis la peur.


                    • wolver wolver 27 avril 2011 22:20

                      toutafé, je dirai que la peur survient quand son confort est menacé. mais beaucoup tolère l’état de servitude tant que ce confort est assuré. Un peu comme le chien d’une des fables de la Fontaine qui ne se plaint nullement de sa condition tant qu’il reçoit caresses et nonosses.


                      • RICAURET 28 avril 2011 01:15

                        BONJOUR

                        Le compte rendu est que tant que nous serons 1 français sur trois a voter alors c’est nous qui aurons peur mais si nous sommes 3 sur trois a voter alors c’est eux qui auront peur
                         
                        pour ce qui est de la retraite a 62 ans c’est une réponse de notre président a wall street et qui plus est nos fonds de pension retraite étaient a zéro puis que les syndicats le patronat et l’état ont mal investit notre argent les caisses étaient vide et comme toujours aucune sanction sur les responsables
                        de plus ils ont piqués les 36 millions d’euros de fond de réserve créer par JOSPIN un hold-up- légal
                        en 2012 ils nous la remettront a 65 ans et comme toujours tu courberas l’échine car tu regardera midi a ta porte.
                        on devrait dire
                         chacun pour tous et dieu pour soit
                         et non le contraire que le voisin meure de chaud ou de froid tu ne veux pas savoir ni voir
                        tant que tu as de la bière au frigo des chips et ta télé réalité
                        un jour ce sera ton tour et tu demandera pourquoi personne ne m’aide

                        Réfléchi tout a commencé par ton indifférence lors d’un vote un petit geste lourd de conséquence pour ton avenir et celui de tes enfants   

                         


                        • ourston 28 avril 2011 04:04

                          Est-ce que la peur du chomage, de la précarité, du réchauffement climatique sont illégitimes ?
                          Est-ce que ceux que le nucléaire inquiète sont sont des moutons bêlants ? Non, ce sont ceux qui , par inconscience, n’ont pas peur du nucléaire, qui se révèlent soumis à l’ordre établi.
                          Le pouvoir, quelle que soit sa couleur politique, s’appuie parfois sur la peur, et parfois cherche à rassurer au delà de toute vraisemblance.
                          La réalité n’est pas aussi schématique que cet article voudrait démontrer.


                          • Micka FRENCH Micka FRENCH 28 avril 2011 05:58

                            De l’Ecossaise...

                            « ...qui nous envahiT » ????

                            Micka FRENCH


                            • Blé 28 avril 2011 07:32

                              Une simple remarque, la peur chez l’être humain est une question de survie qui dépend de quelque chose d’irrationnelle. On pourrait appeler cet irrationnel « insécurité », cette petite musique qui dit à l’intérieur de l’ individu « attention danger ». Suivant la trajectoire particulière de l’ individu, cette insécurité plus ou moins intériorisée et rationalisée lui permettra de développer du courage ou son contraire, une peur inconsidérée ou la crainte.

                              Quand l’ individualisme n’était pas autant valorisé par la classe dominante, il était plus facile de lutter « tous ensemble », c’est ce « tous ensemble » que la finance a cassé aujourd’hui.

                              La soumission en soi n’ a rien de honteux puisque c’est notre condition humaine durant l’ enfance et jusqu’à notre complète autonomie, autonomie que les finances font tout ce qu’ils peuvent pour l’interdire en rendant l’individu isolé, in-sécurisé et « dépendant » de tout ce qui est possible : revenu salarial, machines, loisirs, matière première, transports,etc...

                              Il faut se réapproprier cette vielle devise : « l ’union des dominés fait la force et peut faire changer de camp la peur ».

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