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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Quel enthousiasme pour la société française ?

Quel enthousiasme pour la société française ?

Alors que des chiffres laisseraient penser à une amélioration de la situation de l’emploi, l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE révèle une chute préoccupante du moral des ménages français. Ce pessimisme se ressent maintenant sur la consommation et touche la production industrielle. Au delà des faits objectifs, pouvoir d’achat notamment, qui justifient cette chute de confiance, est-il possible de donner de l’enthousiasme à la société française ? Sur quelles bases et avec quel discours ?

L’enthousiasme est l’expression du sentiment d’un commencement possible, rarement d’une peur ou d’une crainte. Comment, alors qu’il baisse selon les derniers chiffres publiés, le chômage peut-il atteindre ainsi le moral des ménages français ? Celui-ci a encore chuté de trois points en mai, l’indicateur qui le mesure s’établissant à -41 contre -38 (révisé) en avril, son niveau le plus bas depuis 1987 à données comparables, a annoncé l’Insee ce mercredi. Il s’agit de la onzième baisse consécutive de cet indicateur, qui existe sous cette forme depuis 1987. Pourtant, la croissance aura finalement été meilleure que prévue en 2007, avec 2,2% et le chômage n’a jamais été aussi bas depuis 1983. Le départ à la retraite des babyboomers devrait améliorer encore la situation de l’emploi et les réformes structurelles engagées par le gouvernement devraient, selon lui, limiter le poids des déficits publics. Ce n’est donc pas la perception qu’en ont les Français. La France bénéficie pourtant d’atouts considérables, y compris dans ses banlieues. L’INSEE vient de réviser ses projections démographiques pour la France de 2050 à la hausse, de 64 millions d’habitants à 70 millions, tenant ainsi compte d’une fécondité plus élevée que prévu. Espérance de vie au top, modèle social envié, bonne productivité, démographie dynamique…

Le pays a bien les symptômes d’une dépression psychique. Les chiffres ne sont pas catastrophiques et l’actif des ménages et des entreprises a été multiplié par quatre depuis 1980. Mais particuliers et entreprises sont moroses et virent même au pessimisme durable. Conséquence, ils consomment peu et n’investissent pas assez. Selon l’INSEE, d’après les chefs d’entreprise interrogés en mai 2008, le fléchissement de la conjoncture industrielle entamé le mois dernier s’est accentué : l’indicateur synthétique du climat des affaires diminue de quatre points. Même baisse chez les consommateurs : Au mois d’avril 2008, les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés ont reculé de 0,8 %, après une baisse de 1,0 % en mars. Dans le champ « commerce », les dépenses ont baissé de 0,6 % en avril après -1,4 % en mars. Les entreprises sentent désormais l’effet de ces ralentissements sur leur activité propre : en mai, elles ont jugé que leurs perspectives personnelles de production s’étaient très nettement détériorées. Dans l’automobile, la crise semble même inévitable. Car les Français ont de moins en moins envie d’acheter des voitures. La flambée du pétrole et de l’essence (+25% en euro depuis janvier) pèse lourd dans les budgets. L’embellie du premier trimestre, avec une croissance de 0,6%, .semble donc compromise. Les dernières publications statistiques, de la consommation aux prévisions des industriels, en passant par le marché de la construction et des logements, le nombre de défaillances d’entreprise, ou le niveau des accidents de paiement, tout inquiète .Alors d’où vient cette névrose ?

Alors que près des trois quarts des personnes de 20 à 59 exercent une activité professionnelle, les employés comme les cadres et les fonctionnaires, redoutent le déclassement. Selon les premières estimations de l’Insee, Les salaires nominaux ont augmenté de 2,7% d’une année sur l’autre au premier trimestre 2008, alors que les prix ont progressé de 2,9% sur la même période, les salaires réels diminuent donc. Retraite-pouvoir d’achat et santé, le triangle forme un miroir négatif qui fédère les mécontentements. Le mouvement des pécheurs contre la hausse des prix du gaz oïl a cristallisé dans la colère un ras-le-bol général contre l’augmentation du pétrole et du gaz qui n’a d’égal que la peur de l’avenir qu’il exprime. Du milieu enseignant aux employés du commerce, les corporations se serrent les coudes. Réfractaires au risque, mutualisant les incertitudes, cette France solidaire multiplie les résistances Et le président de la république s’installe depuis des mois dans l’impopularité. De fait, un an après avoir appelé à la « rupture » et l’élan de son élection passé, le discours de Nicolas Sarkozy révèle que la marge de manœuvre de l’Etat est faible. Pour 2008, 70% des sondés estimaient que les premières mesure de Nicolas Sarkozy sur le pouvoir d’achat, les déductions sur les intérêts d’emprunt, les heures supplémentaires sans impôts ne devraient rien changer à leur situation, les ménages se sentent coincés par leur dépenses contraintes, loyers, remboursements de prêt, impôts, assurances, ce qui représente jusqu’à 60% du budget des foyers les plus modestes. (Sofres, décembre 2007) Les Français disent de plus en plus qu’ils ne vont pas bien, et même qu’ils vont mal, et comprennent que rien ne les empêchera désormais d’y aller ! Il est vrai que trop de jeunes de 20 à 30 ans ne trouvent ni logement, ni débouchés professionnels à leurs études et n’ont plus le goût de rire. Stressés, les cadres pensent davantage à leur santé ou à s’amuser qu’à gagner de l’argent ou à progresser sur le plan professionnel. Il y a moins de deux ans, un sondage (BVA, novembre 2006) avait même révélé que 48% des Français pensaient être dans la position de risquer de se retrouver un jour sans domicile fixe. Le grand âge inquiète aussi. Le plan dépendance du gouvernement, indispensable, a été soumis au débat sans un financement public à la hauteur des besoins, réveillant une inquiétude sérieuse sur le financement des retraites. Alors que la non revalorisation des salaires et des retraites entraîne une perte de pouvoir d’achat, une augmentation des cotisations vieillesse est redoutée. Et le lendemain, L’INSEE annonçait que, en 2050, un Français sur trois aurait plus de 50 ans…

D’où un premier diagnostic : Cette crise de confiance de la société française serait-elle une crise de maturité ? Une crise de lucidité plus qu’une crise de croissance, une crise de vieillesse plus qu’une crise de jeunesse ? Mais ce climat dessine aussi les contours d’une nouvelle société, coincée entre un monde globalisé et une vie quotidienne plus insécurisante sur le plan professionnel et plus fluide sur le plan de la vie quotidienne et personnelle. Hier, la condition ouvrière a produit une société du travail et du mérite. On entrait dans une entreprise pour l’ensemble de sa vie professionnelle et l’entreprise se chargeait de votre formation, de votre promotion et souvent de votre logement et de l’emploi de vos enfants. Aujourd’hui, vous devez vous préparer à changer de métier et de région dans votre vie. Après l’agriculture, l’industrie perd des emplois. Alors que le nombre de cadres a doublé entre entra 1970 et 1990 et que trois actifs sur quatre travaillent dans les services, les mutations technologiques et la productivité transforment toute notion d’activité et remettent en question les statuts. Désormais, la question du sens touche les entreprises.

Les métamorphoses de la famille ont fragilisé les couples et placé l’enfant plus que jamais au centre des foyers. L’inquiétude ressentie l’est aussi pour leur avenir. Le repli vers la sphère privée répond à un monde professionnel qui a trop longtemps privilégié la performance tout de suite et à tout prix et qui a du mal à retrouver le sens de la qualité et de la durée. Dans une société des individus, où le lien compte désormais plus que la norme, le volontariat davantage que tous les automatismes, il revient à chacun de créer son propre réseau de subsistance et d’existence. Les nouvelles solitudes actent ce nouvel ordre, comme le besoin de se ressourcer en famille, avec ses proches et ses amis, comme pour prendre de la force pour repartir au combat. La France de l’audace, celle dont les innovations préparent la prospérité de tous, doit désormais tenir compte d’une France prête à jeter l’éponge. Non, le monde n’est pas pourri et il n’est pas inutile de tenter le moindre effort pour changer les choses. Mais il faut d’abord s’appuyer sur un constat lucide du présent, seule voie vers un espoir à reconstruire.

La France ouvre les yeux, se sent vieillir mais ne se voit pas vieillir dans un avenir embrumé. De fait, nous sommes face à un pessimisme collectif qui révèle aussi une prise de conscience. . Le consommateur décrypte la hausse des prix Les sources d’informations sont démultipliées par Internet. En janvier, 58,3 % de la population, près de 31 millions de personnes, était internaute, selon Médiamétrie, soit une progression de 12 % sur un an. . Par exemple, 1 Français sur 2 déclare avoir entendu parler de la crise des subprimes, un score nettement plus élevé auprès des cadres / professions libérales (76%) et des « hauts revenus » (73%) (Sofres, février2008). Même les émeutes de la faim semblent avoir marqué l’opinion : « la mondialisation de l’économie et des échanges commerciaux » inquiètent 22% des Français (+6 points), niveau jamais atteint auparavant (Sofres, avril 2008) Sécurité alimentaire, santé, technologies, de plus en plus d’internautes se découvrent experts. Rétifs à la publicité, ils comparent, évaluent, décodent de chez eux, devant leur ordinateur. La démocratie découvre de nouveaux circuits, transversaux, indépendant des pouvoirs centraux. Avec la société de l’information, les individus sont plus curieux, s’informent, réagissent, créent des blogs, se créent des mondes virtuels.

Une crise de maturité peut aussi déboucher sur un nouvel état d’esprit. Alors comment retrouver une expression positive des besoins, désirs et souhaits pour soi même, ses proches et la société ? Nous constatons déjà que, si les Français sont très pessimistes par rapport à l’avenir de la société, ils sont davantage optimistes pour eux-mêmes et plutôt heureux dans leur environnement privé. Et si le carburant de la reprise était aussi le fait que les Français veulent prendre soin de leur santé et s’amuser, à tout âge ? Inviter chez soi est un plaisir toujours très en vogue, la convivialité est plus importante que le décorum et les Français aiment toujours sortir de l’ordinaire. L’harmonie privée, le goût des arts de la table restent bien ancrés dans nos traditions alors que toutes les études indiquent un plus grand dynamisme de la population. La pratique sportive des plus de 60 ans a ainsi été multipliée par sept en quinze ans (2004) C’est bien le signe d’une société qui, si elle est en attente, est montée sur des ressorts, des ressorts qui partent de besoins non satisfaits, mais aussi d’une aptitude à se mettre en mouvement, d’abord soi-même, et peut-être collectivement. Avec l’allongement de la vie en bonne santé, ces trente années gagnées au cours du siècle, une nouvelle jeunesse s’invite pour toutes et tous. Saurons-nous colorer nos vies, les rendre plus vives, plus attentives, plus gaies, plus vraies ?

C’est peut-être la question de cet été 2008. L’individu a conscience de son besoin d’équilibre physique, psychique et social. Etre bien dans son corps, bien dans sa peau, bien avec les autres. Eveillons nos sens, réveillons nos émotions, écoutons notre âme, aiguisons notre conscience, agissons selon nos convictions. C’est le moment ou jamais. Nous entrons dans une époque clé pour comprendre comment provoquer en soi, instantanément une sensation de bien-être et de bonne humeur, sans avoir le temps d’être déçu. A force de se dire qu’il fait mauvais, on n’ose plus mettre le nez dehors. A force de se croire malade, on risque de le devenir vraiment. Comme Noah dans sa chanson « Ose » de plus en plus de jeunes et moins jeunes veulent arrêter de se regarder le nombril et de le trouver moche. Oui, des peurs existent, l’angoisse et l’anxiété gagnent du terrain chez les femmes, les chômeurs et les célibataires notamment, mais chacun sait que ce n’est pas en attendant des jours meilleurs derrière une porte blindée que l’on va les faire venir. Il y a trop d’envies, d’idées, de dynamisme dans les placards. Il est possible de trouver le point de croissance manquant en levant les freins qui ralentissent l’économie, inhibent les énergies et cassent les dynamiques en misant sur une économie qui est là, présente mais mal appréhendée : l’économie de l’immatériel, c’est-à-dire le capital des talents, de la connaissance, des savoirs. Une économie toujours en avance dans la société de l’information, des logiciels de communication et des semi-conducteurs.

Il est donc possible de parler d’optimisme ! Un optimisme généreux, pointu et diffus, qui incite au risque en le récompensant. Pour cela, il faut aussi un Etat qui protège au nom d’un service humain, comme il existe un service public. En misant sur l’éducation et la formation, sur l’activité et les échanges sociaux, mais aussi sur la rémunération des salariés, le pouvoir d’achat et les droits des consommateurs. Une société du temps choisi, pour élever son enfant si on le désire, mais aussi pour prendre une année sabbatique, suivre une formation, voyager. Une société avec des emplois proposés aux séniors, des tutorats, des micros crédits pour des micros projets qui redonnent de la couleur à la vie. Une société ou tout le monde aura de quoi manger, vivre, être digne. Avec un RMI accordé si besoin dès 18 ans – contre 25 ans aujourd’hui, ce qui pousse trop de jeunes dans la rue et dans la délinquance. Avec une allocation et des actions pour qu’il n’y ait plus d’enfants pauvres – un million aujourd’hui -. Le RSA, - revenu de solidarité active – donnant le droit de cumuler une indemnité de chômage ou un RMI avec un revenu du travail, sans toucher à la prime pour l’emploi. Il faut aussi réformer et préserver l’Etat providence et garantir une vraie solidarité nationale avec les plus âgés.

Alors, utopie ? Peut-être au titre d’une « utopie mobilisatrice » pour mettre en mouvement la société en lançant des défis sans nier les contraintes surmontables et même insurmontables. Car c’est bien en poussant les contraintes dans les cordes que l’on trace le meilleur chemin et c’est même en créant une dynamique des conflits que l’on obtient le carburant pour avancer ! La conjoncture ne suffit même pas, seule la volonté et l’enthousiasme font bouger les lignes, et c’est le désir qui transforme. Nous avons besoin de construire une société de la dynamique collective et de l’initiative individuelle dans laquelle les handicaps et les circonstances de la vie ne sont pas des facteurs qui disqualifient mais qui stimulent. Une société qui revendique sa féminisation, son métissage et son vieillissement et qui en tire une nouvelle approche du soin de l’autre, du temps et de la qualité de la vie.

Comment financer ces projets ? D’abord en faisant le choix de l’expérience d’une société non pas partagée mais mélangée. Le choix d’une dynamique d’essor économique et de progrès social, une société du peps ! En finançant ce modèle par des prélèvements acceptés et tolérés, par une économie renforcée et modernisée. Ce qui place l’économie en priorité, y compris pour faire davantage pour la famille et l’individu. Il et temps d’abattre, dans une logique de conquête, la barrière si abstraite entre le privé et le public, qui sont pourtant les deux sources indissociables de la richesse de la nation. Il est juste de ne pas traiter les grandes entreprises comme les petites, ni les entreprises qui investissent et embauchent comme celles qui ne réinvestissent pas leurs profits. En misant réellement et concrètement sur les très petites entreprises, les commerces, les agriculteurs et les artisans, qu’il faut encourager à embaucher, et dont il faut déverrouiller le contexte bancaire, fiscal et social. En ayant un nouveau regard sur l’industrie et sur les savoir-faire, sur le made in France et le conçu en France. Mais aussi dans une logique locale et globale, en soutenant les services à la personne, l’économie locale et solidaire et par une programme de grands travaux de niveau européen, comme la tour Signal de jean Nouvel à la Défense…

Il faudrait lancer des chantiers du « mieux vivre », logements, aménagements urbains, réhabilitation et entretien du patrimoine sauvage, végétal et bâti. En misant sur la culture et le tourisme. En incitant les investissements productifs, en relançant l’aménagement dynamique de territoires, notamment par des infrastructures et des initiatives leur permettant de toujours mieux connecter entre eux, y compris dans une Europe des régions. Une société des savoirs forte de toutes les imaginations, de toutes les intelligences et de toutes les audaces, sédentaires et nomades, engagées et désengagées, publiques et privées, traditionnelles et révolutionnaires. Déposant des brevets, misant sur les savoir-faire, la recherche fondamentale, l’innovation sans limite, les sciences de la vie, de l’environnement, les biotechnologies et les nanotechnologies, la physique quantique. Une société ouverte sur le monde, diffusant sur les cinq continents une culture Française éternelle et en perpétuelle création.

Eric Donfu


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19 réactions à cet article    


  • faxtronic faxtronic 31 mai 2008 12:12

    avec quelle argent ?

     


    • Eric Donfu eric donfu 31 mai 2008 13:38

      Cher Faxtronic,

      Le financement de mesures n’est pas et ne peut pas être mon sujet, même si cette question se poserait naturellement dans le cas d’une mise en oeuvre... Mon propos est plus large. Je recherche davantage une disposition d’esprit, un regard sur la société, une mise en perspective. Comme l’avait déjà exprimé le socilogue Roger Sue dans Renouer le lien social, Liberté, égalité, associations (Odile Jacob, Paris, 2001) La politique est en effet plutôt stigmatisée pour son incapacité à jouer le rôle qui est le sien : faire vivre la démocratie, entendre, comprendre et représenter le société civile, provoquer et organiser le débat social, lui donner du sens, construire des alternatives, ouvrir des perspectives, proposer des solutions nouvelles, etc..." Voilà le coeur de mon sujet. J’ai d’abord voulu dire que l’optimisme necessaire ne pouvait oublier la réalité des problèmes, les aspiration, le potentiel et le rôle des différents acteurs de la société civile, individus, entreprises, associations... Car s’ils sont soucieux de leur autonomie et zappeur sur le plan de leurs opinions, ils sont surtout lucides. Je pense qu’ils sont prêts à construire une démocratie permanente, dès lors que l’on comprendra que la crise de confiance alimentée par le vécu de la perte de pouvoir d’achat, l’augmentation de tous les prix, la peur du déclasement, ne peut être dissociée de deux autres crises : celle du lien social et celle du sens.

      Comme le soulignaient aussi Jean Baptiste de Foucauld et Denis Pivetau dans Une société en quête de sens Poche, Odile Jacob, Paris, 2000, Pour y remédier, une bonne conjoncture ou des mesures purement techniques ne suffisent pas. Davantage de coopération, plus d’initiative : il faut que la société s’anime, il faut qu’elle accepte de nouvelles contraintes et organise une meilleure expression des conflits.

      Je ne veux pas me résigner à une société assiégée, car ce que je connais de cette société, dans mes travaux notamment, ne ressemble pas à cette déprime traduite par les enqêtes de l’Insee. En réalité, nous vivons une profonde transformation de la vie en société, et nous participons à la création d’un nouveau monde pour le XXIe siècle. Une société hyperformatée ne peux aborder des défis qui sont des ruptures, comme l’après pétrole, la fin du travail posté, le grand âge, les guerres de l’eau et de la faim dans le monde. Les révolutions scientifiques et technologiques en cours portent aussi en elles des conflits nés de la multiplicité.. Les valeurs de l’idéologie dominante sont présentée à tord comme désirables par tous. Il faut admettre la fin des modèles formatés. Est-il temps d’ouvrir les fenêtres de lancer des débats, d’accepter les initiatives, et même les conflits dont la reconnaissance fait société ? Il me semble que nous n’avons plus le choix, tant la souveraineté et le pouvoir s’échappent de plus en plus des politiques de l’Etat-nation, sans pour autant être relayés par la société elle-même, Tout phénomène de groupe est lié à un devenir révélé par la force d’un projet de vie, capable de fédérer la pluralité des individus, et ne craignant pas de se construire par le conflit, accepté comme le noeud du changement.

      On ne peux pas nier le poids du concrêt, des mesures partiques et quotidienne, des actes et des faits concrets. Mais la clé d’une reprise durable est aussi une question de psychologie de la société. Car si la confiance revient aussi sous la forme d’un nouvel optimisme et même d’un enthousiasme, l’activité, la consommation, le carnet de commande des entreprises, et donc les ressources fiscales en seront dopés. 

      C’est aussi une nouvel orientation des économistes, comme l’exprime cette note du Conseil d’analyse stratégique, qui remplace, au coeur de l’Etat, l’ancien commissariat général au plan, Lieu de veille et laboratoire d’idées, le Centre s’attache à identifier les perspectives de long terme pour notre pays, au-delà des contingences de la gestion quotidienne. Son équipe permanente d’une cinquantaine de chargés de mission et de conseillers scientifiques peut mobiliser les meilleurs experts français ou étrangers, où qu’ils se trouvent.

      Même si je trouve cette note timide et sans véritable audace dans les recommandations, son exposé des motif est clair : « Après tout, l’étymologie de l’adjectif « fiduciaire » (fiducia = confiance) indique bien à quel point la monnaie, et donc l’échange, reposent in fine sur la confiance. La monnaie fiduciaire ne peut exister que parce que les personnes qui l’utilisent ont confiance dans la capacité des autorités émettrices à garantir sa valeur. La confiance sur laquelle repose la monnaie est une confiance partagée dans une autorité plus ou moins centralisée. Celle à laquelle Arrow fait référence est plus diffuse et générale, elle est mutuelle et interpersonnelle.On retrouve aujourd’hui dans de nombreux travaux l’idée selon laquelle la confiance interpersonnelle est un facteur déterminant du développement. »

      Mieux qu’une victoire de la France en coupe du monde de football (qui n’est pas évoquée dans cette note très sérieuse), Crédibiliser Une société ouverte sur le monde, diffusant sur les cinq continents une culture Française éternelle et en perpétuelle création., comme je l’évoque en conclusion, est bien à notre portée, tant les atouts de notre Pays sont nombreux.

      Cordialement,

      Eric Donfu

       


    • faxtronic faxtronic 31 mai 2008 18:48

      Bien sur que l’economie c’est d’abord le moral ; mais pour les francais, il faut des puissants psychotropes, de la coke (et encore la moitie de la popultion en prend deja)

      On est deja mort (comme dirais Ken).

      Et l’effet foot coupe du monde, c’est des billevesées. Leclaircie econmique a duré jusqu’en avril 2000, et cela n’a rien a voir avec la coupe du monde, c’est la bulle Internet


    • dom y loulou dom 1er juin 2008 01:09

      "on est déjà mort..." on vous priera de parler pour vous-même et non de croire que vous pouvez ainsi nous déclarer tous morts, c’est loin d’être le cas, quand on me pince, rassurez-vous, je le sens encore.

      Et si vous êtes mort alors renaissez pardi ! 

       

      ...

      bravo à ce magnifique article, j’en enlève mon chapeau... chapeau-bas monsieur, des remerciements aussi, un article brillant parce que encourageant, quelque fois cette simplicité retrouvée-là apparait comme un vrais miracle, comme la bonté elle-même dans un monde de souffrances.

       

      je penses que vous allez aimer le ludus, le jeu de perles de verre qui vous rappellera sûrement de bons souvenirs.

      http://www.membres.lycos.fr/lusor/

       


    • DFLO 31 mai 2008 15:40

      Je voudrais juste revenir sur l’aspect morosité ambiante :

      Employés Kleenex, devenu sans valeur, que l’on jette à tous âges et dans toutes circonstances + perspectives d’une retraite dont le rétrécissement ne pourra être que croissant + anticipation qu’il faudra travailler plus longtemps, sans être en mesure de trouver un travail

      +

      Citoyen pantin que l’on promène de-ci delà aux grés du moment et des humeurs politiciennes

      +

      Restrictions de marges de manœuvre dans la sphère privée, notamment celle de la convivialité

       

      Le tout relayé par le prisme grossissant des médias, amis des nouvelles catastrophes

       

      Pour moi, tout cela, notamment, n’incite pas à la joie, alors même que tout ne va pas si mal et même beaucoup mieux, qu’à certaines autres époques de l’histoire de France

       

      Il serait temps de positiver, de réintroduire et de respecter aussi de vraies valeurs : respect, équité, reconnaissance, humanité…

       


      • millesime 31 mai 2008 19:35

        respecter les vraies valeurs ....est-ce le cas actuellement ?


      • millesime 31 mai 2008 17:54

        tout va bien dormez braves gens !

        Les objectifs du gouvernement vont être atteints, nous approchons du plein emploi, le pouvoir d’achat monte en flèche, la croissance bat des records, la justice sociale et l’égalité progressent de jour en jour.

        Les services publics se voient renforcés, la France est, et reste cette terre d’asile ce havre d’hospitalité qu’elle a toujours été.

        Les députés ont tous oublié ces divisions qui ont tant nuit à la France et votent comme un seul homme les excellentes lois proposées par le gouvernement.

        Notre bien aimé Président attire les foules enthousiastes à chacun de ses déplacements, sa côte de popularité est telle qu’il pourrait se proclamer Président à vie sans la moindre opposition.

        Non mon pessimisme ne brisera pas ce remarquable élan...tout va bien dormez braves gens... !


        • gnarf 31 mai 2008 18:32

          On observe la meme baisse de moral que dans tous les pays ou c’est l’Etat qui s’occupe (mal) de la solidarite, du bien etre, de la culture, de la vie du berceau a la tombe, ne laissant que bien peu de chances a un Francais de trouver par lui-meme ce qui lui plait dans la vie (il a ete oriente d’office durant son adolescence sur une des voies cloisonnees par des diplomes).

          Et si on rajoute a cela la depression profonde vehiculee par les nouveaux cures....gauchistes, ecologistes, qui repetent a longueur de journee que tout va mal, que l’homme est fondamentalement mauvais, que la terre serait mieux debarassee de nous, que la science est fondamentalement mauvaise, que le prive est fondamentalement mauvais, que la bouffe est mauvaise, que l’air est mauvais, que le soleil est mauvais, l’argent c’est mauvais, la reussite c’est mauvais, qu’il faut etre fonctionnaire ou exploite par l’inhumaine mondialisation....vous voyez un peu le topo.

          Je trouve que les Francais ont un moral insolent, quand on sait dans quelle atmosphere fetide ils baignent.


          • sisyphe sisyphe 31 mai 2008 19:34

            par gnarf (IP:xxx.x88.8.50) le 31 mai 2008 à 18H32

             
            On observe la meme baisse de moral que dans tous les pays ou c’est l’Etat qui s’occupe (mal) de la solidarite, du bien etre, de la culture, de la vie du berceau a la tombe, ne laissant que bien peu de chances a un Francais de trouver par lui-meme ce qui lui plait dans la vie (il a ete oriente d’office durant son adolescence sur une des voies cloisonnees par des diplomes).

            Et si on rajoute a cela la depression profonde vehiculee par les nouveaux cures....gauchistes, ecologistes,

             

            Notre bon ami gnarf a trouvé les responsables : l’Etat,les gauchistes, les écologistes !

            Supprimons les, et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes !

            Elle est pas belle, la vie selon gnarf ?


          • dom y loulou dom 1er juin 2008 01:31

            commentaire tellement pertinent... donc merci, je n’aurais su mieux dire, sauf que dans mon cas j’attribuais ces complexes négativistes aux gens de droite... qui versent du coup dans la réformité aigue, mais pris vite par leurs habitudes de déstructuration des bases sociales. Ce qui nous montre un fonctionnement de nos alignements cervicaux... et la preuve que nous avons tendance à projeter sur notre extrême opposé nos propres manquements... moi aussi ça m’arrive plus d’une fois et je fais mon possible pour ne pas sombrer dans ces pièges de la perception, je le confesse sans autre.

            Mais quoiqu’en en disent les entrepreneurs, la vie n’est pas faite que d’industrie même si tant en font une occupaton à 100% de leur vie, ne serait-ce que pour survivre.

            Il y a d’autres options, on dit bien qu’il faut de tout pour faire un monde.

            Et l’humanité est d’une richesse inouïe.

             


          • Hal. Hal. 1er juin 2008 05:23

            Les gens feraient mieux de lire Bourdieu. On perd vraiment notre temps avec ce gouvernement. 

            http://video.google.com/videoplay?docid=-9084835922398472214&hl=fr


          • tvargentine.com lerma 31 mai 2008 18:37

            Rappelons que le moral des français ne fait la croissance économique mondial.

            En début 1997,la France était aussi dans une vision sombre vendue par les médias ,alors que la réalité était déjà au démarrage de la croissance économique en France !

            Donc,arrêtons avec ses statistiques dignes d’une autre époque


            • Hal. Hal. 1er juin 2008 05:06

              Quel super héro ce Nicolas !! Qu’est ce qu’on ne ferai pas sans lui !! Sans parler de sa crédibilité !! Lui qui a si peu d’égo... Quel dommage qu’il soit incompris ! 

               

               

               

               


            • orange orange 1er juin 2008 09:44

              Très long article mais intérêssant. Je ne sais pas écrire d’article aussi long que tout les rédacteurs sur ce site. Pour moi je rajouterai sur la question Quel enthousiasme pour la société française ?

              Une chose qui ne coûte pas un centime d’euros, et qui peut faire changer le moral de ceux qui se plaignent ou qui vivent des situations inacceptable, c’est changer notre regard sur l’autre.

              C’est peut être pas si simple que ca à faire, mais si nous le voulons pour l’humanité, nous pouvons le faire.

              Qu’en pensez vous ?


              • vincent p 1er juin 2008 10:33

                 

                L’opinion finira peut-être aussi par comprendre que trop de réformes peut aussi paradoxalement tuer l’esprit de réforme et briser carrément en deux l’équilibre et le moral d’une société à la fois...

                Piètre réformateur, commence déjà par te réformer toi-même sans toutes tes caméras à tes cotés.

                J’attends d’ailleurs la vaine réforme de trop, c’est-à-dire celle des donneurs de leçons, je suis certain que vous en connaissez tous ! Ces gens qui savent un peu tout sur tout et surtout mieux que vous...

                Car la France qui dirige bêtement, qui bafoue, qui méprise, qui insulte, qui offense, qui indigne n’est pas bien sur celle qui travaille le mieux à l’égard de l’homme, d’une société, peut-être bien hélas, uniquement pour gagner plus, en étant nourri, blanchi, logé à l’oeil, et plus encore, et ça donne encore vainement dans les médias des leçons de morale, de civisme, d’économie ou de réforme aux autres !

                Et les donneurs de leçons méritez-vous vraiment le salaire que vous vous versez au bout d’un an ?
                http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=31016

                 

                 

                 


                • Tristan Valmour 1er juin 2008 11:42

                   

                  Article sympathique, intéressant et profond. Permettez-moi néanmoins quelques remarques :

                   

                  1. L’emploi des indicateurs

                   

                   Les indicateurs sont naturellement utiles au management politique et économique. Seulement, l’automobiliste aux yeux rivés sur les indicateurs ne voit plus la route. C’est ce qui se passe aujourd’hui tant les indicateurs sont nombreux. On traduit tout par des nombres, y compris le moral des Français. Au final, cela conduit les managers à décider mécaniquement sur la base d’outils justes mais dont la perception initiale est fausse. Une voiture qui roule à 130 km/h est-elle rapide ou lente : tout est affaire de perception, on est uniquement sûr qu’elle roule à 130 km/h. Une mauvaise perception du réel associée à l’absence d’intuition (l’intuition étant une anticipation inexpliquée du réel) conduit les décideurs à ne plus emprunter la même route que les autres. D’où le fossé qui se creuse entre eux et les autres, entre la réalité et sa perception. Ajoutons à cela que les rédacteurs de l’Insée doivent revoir leur copie sous la pression des politiques ou des syndicats professionnels lorsque celle-ci présente une situation trop favorable. On verrait ainsi mal comment les syndicats d’agriculteurs pourraient quémander une augmentation des subventions si les rapports de l’Insée présentaient leur situation sous de trop bons auspices. Voilà ce qui se passe et ce qu’ignorent les Français. Les nombres sont justes, les lettres sont fausses. Disreali avait dit lui-même que les statistiques étaient un outil au service du mensonge et de la manipulation.

                   

                  2. La France, un pays béni des dieux

                   

                  Les allemands ont un dicton pour qualifier notre pays « Leben wie Gott in Frankreich », et les anglais disent que la France serait le paradis sans les Français. L’immense majorité des étrangers qui visitent notre pays en tombent amoureux, tant il est effectivement exceptionnel par bien des aspects.

                   

                  Une situation géographique unique qui nous met à l’abri – comparé aux autres pays – de nombreuses catastrophes naturelles. Des paysages variés qui ont été valorisés, des ressources en eau extraordinaire, un climat clément. Rien que cela suffirait, et cette géographie ne changera sans doute pas.

                   

                  Mais le mode de vie des Français est également envié, et on le remarque d’autant mieux que l’on vit à l’Etranger. Les Français ont effectivement assez bien résisté au changement de conception de l’homme qui se manifeste dans les autres pays occidentaux et non-occidentaux, à savoir réduire l’individu à sa capacité à produire et consommer, il n’a aucune valeur entre les deux. Cette résistance est sans doute le fruit d’une mentalité de frondeur et gouailleur anciennement ancrée aussi bien que l’exercice d’une pensée dialectique apprise sur les bancs du lycée, notamment en cours de philosophie, situation unique. Cette résistance française au changement est malheureusement en voie d’extinction et la France rejoint petit à petit le « concert des Nations ».

                   

                  3. Le mal être français

                   

                  Avoir 20 ans en France ne vieillit pas plus que d’avoir 20 ans en Corée ou aux US, même si la France est un vieux pays. Je ne vous suis donc pas en ce qui concerne la maturité, c’est un cliché.

                   

                  Lorsqu’on a une éruption cutanée, on peut aller voir son médecin dans l’optique qu’il nous donne un traitement. On peut aussi être surpris lorsque le praticien nous annonce que cette éruption est la conséquence d’un trouble psychologique. Un train peut en cacher un autre. Cela permet de comprendre que même si les indicateurs ne sont pas objectivement mauvais, on peut être effectivement sujet à une baisse de moral. Deux raisons majeures à cela : les indicateurs n’indiquent pas grand chose en fait, ils livrent une situation globale sans rien dire des particularités. Une moyenne ou une médiane n’expliquent pas grand chose. Si on dit que le revenu moyen des habitants est de 100 €/an, on peut trouver un habitant a 90€ et les autres à 1 €. Ces derniers auront donc une analyse différente de la situation du pays que le premier. Seconde raison : la perception initiale déjà abordée. Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ? Que penser des 4x4 rutilants qui côtoient les tentes sur les bords de Seine ? Là se situe un problème essentiel. C’est la perception de sa condition en rapport avec celle d’autrui qui fait le lit des névroses, pas sa propre condition prise objectivement et pour elle-même. A chaque fois que j’ai expliqué cela aux entrepreneurs qui avaient des soucis avec leur personnel, et à chaque fois que les premiers ont compris la perception et le point de vue des seconds, les choses se sont améliorées.

                   

                  4. Pour conclure

                   

                  J’aimerai continuer, mais je n’en ai pas le temps, il faut conclure. Vous voulez que les choses s’améliorent, débarrasser les Français de leur névrose ? Facile : il suffit de plafonner les revenus, les bénéfices des entreprises, de limiter la taille de ces derniers (pour éviter l’hégémonie), leur activité à un ou 2 codes APE. Il suffit de redévelopper une société de petits commerçants, artisans et entrepreneurs, de valoriser la proximité. « Small is beautiful”. Liste non exhaustive, mais je n’ai pas le temps de développer.

                   

                  Meilleures salutations.

                   


                  • orange orange 1er juin 2008 12:06

                    Et les donneurs de leçons méritez vous vraiment le salaire que vous versez,

                    j’aimerais savoir à qui vous pensez.Vu votre profession, je pense que vous faîtes allusion aux personnes en difficultés, si je ne me trompe pas.

                    Si c’est le cas, les donneurs de leçons, j’en ferai parti, car je sais de quoi je parle lorsqu’il s’agit de parler de l’exclusion et d’autres sujets qui se rapporte à la vie quotidienne.

                    Mais voilà peu de ses personnes n’affronte le pas pour se mettre en avant pour donner les leçons de moral et de faire prendre conscience à la dite société recommendé ( ceux qui ont tous pour réussir )

                     


                    • Parpaillot Parpaillot 1er juin 2008 23:43

                       

                      Article bien écrit, agréable à lire, qui aborde de nombreux problèmes, constate, mais ne suggère aucune solution réaliste …

                      C’est une dose de méthode Coué, accompagnée d’un zeste de prose écrite en Braille auxquelles on ajoute une pincée de gesticulations en langages des signes …

                      En résumé c’est :

                      http://colleges.ac-rouen.fr/ndgravenchon/sorties/italie%202007/Echange%202007%20Web/PRPE0878.gif

                      Pourtant à lire l’auteur et connaissant bien ce pays, on sait bien que la France n’est pas handicapée. On dira alors qu’elle se complait dans sa bulle, figée tel un fossile depuis l’époque de Colbert où l’Etat est omniprésent dans l’économie, investi d’un rôle protecteur autant qu’interventionniste. L’Etat est partout et on attend tout de lui. Ce rôle paternel de l’Etat infantilise le citoyen autant qu’il le déresponsabilise.

                      Déni de réalité, nostalgie d’une époque où la France irradiait encore le monde de sa culture, de sa pensée, de ses Lumières, on ressert au bon peuple ces clichés désormais révolus pour lui masquer la dure réalité, celle des difficultés de la vie quotidienne et des fins de mois difficiles. Pourquoi, alors que le monde avance, que la plupart des autres pays se réforment, s’adaptent aux changements, à la mondialisation des échanges, pourquoi la France recule-t-elle devant l’obstacle comme une vieille jument capricieuse et rétive alors qu’on souhaiterait la voir plus alerte comme « Idéal du Gazeau » sur les champs de courses de jadis ?

                      Lors de la dernière campagne des élections présidentielles, alors la situation appelait des réformes et qu’il eût été plus honnête de promettre aux français du sang et des larmes à des lendemains qui chantent, on a assisté à une escalade de promesses et de surenchères totalement irréalistes, mais très démagogiques, tant il est vrai qu’avant de songer à distribuer les richesses, il s’agit de les produire.

                      Alors quand l’auteur écrit : 

                      « Il est donc possible de parler d’optimisme ! Un optimisme généreux, pointu et diffus, qui incite au risque en le récompensant. Pour cela, il faut aussi un Etat qui protège au nom d’un service humain, comme il existe un service public. En misant sur l’éducation et la formation, sur l’activité et les échanges sociaux, mais aussi sur la rémunération des salariés, le pouvoir d’achat et les droits des consommateurs. Une société du temps choisi, pour élever son enfant si on le désire, mais aussi pour prendre une année sabbatique, suivre une formation, voyager. Une société avec des emplois proposés aux séniors, des tutorats, des micros crédits pour des micros projets qui redonnent de la couleur à la vie. Une société ou tout le monde aura de quoi manger, vivre, être digne. Avec un RMI accordé si besoin dès 18 ans – contre 25 ans aujourd’hui, ce qui pousse trop de jeunes dans la rue et dans la délinquance. Avec une allocation et des actions pour qu’il n’y ait plus d’enfants pauvres – un million aujourd’hui -. Le RSA, - revenu de solidarité active – donnant le droit de cumuler une indemnité de chômage ou un RMI avec un revenu du travail, sans toucher à la prime pour l’emploi. Il faut aussi réformer et préserver l’Etat providence et garantir une vraie solidarité nationale avec les plus âgés. »

                      « Comment financer ces projets ? D’abord en faisant le choix de l’expérience d’une société non pas partagée mais mélangée. Le choix d’une dynamique d’essor économique et de progrès social, une société du peps ! En finançant ce modèle par des prélèvements acceptés et tolérés, par une économie renforcée et modernisée. »

                      Qui pourrait freiner ce bel enthousiasme ? Quant au financement de cette utopie et vu les difficultés budgétaires actuelles, on se permettra tout de même d’éprouver quelques doutes …

                      En complément, un article publié dans la chronique économique de la « Tribune de Genève » du lundi 19 mai dernier, intitulé « Mal-être français » :

                      http://www.tdg.ch/layout/set/print/(contenu)/227978

                       

                      Cordialement, sans rancune, et vive la France tout de même !


                      • Eric Donfu eric donfu 3 juin 2008 10:10

                        Quelle richesse dans le débat difficile ! En Europe, tout le monde s’accorde sur le fait que le moral est la clé de la croissance. En vous remerciant  de vos encouragements et sans entrer dans les polémiques, je retiens plusieurs contributions :

                         

                        1°) Tout d’abord, sur la prise en compte des indicateurs.

                         

                        C’est vrai qu’il faut être prudent avec les statistiques. Vous connaissez cette boutade « si vous mettez vos pieds dans le four et votre tête dans le frigo, en moyenne, vous êtes à la bonne température »… J’ai pris comme référence l’indicateur de l’Insee, qui me semble intéressant, car c’est aussi cet organisme public qui mesure le taux d’activité qui est, comme chacun le reconnait, lié au moral des ménages comme de entreprises.

                         

                        L’indicateur de synthèse de l’Insee a donc été mesuré en avril a -41. Du jamais vu qui justifie aussi cet article. Même si comparaison n’est pas raison, il faut se souvenir qu’il a effectivement rarement été positif, son pic « d’optimisme »ayant été le mois de janvier 2001 avec + 10. Mais cet indice n’existe que depuis 1987.

                         

                        Il existe un autre indicateur de référence, réalisé chaque mois depuis 1972  par sondage par la Sofres pour Le figaro Magazine  Réalisé auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 personnes, ce baromètre vient de livrer son étude daté de mai 2008, réalisée les 23 et 24 avril 2008.

                         

                        http://www.tns-sofres.com

                         

                        S’il est vrai que, depuis mai 1973, ce baromètre n’a jamais enregistré plus de 40% d’optimistes, les chiffres rejoignent, en plus sombre encore, ceux de l’Insee. A la question Quand vous regardez la manière dont évoluent la France et les Français, avez-vous l’impression que les choses vont en s’améliorant ou au contraire qu’elles ont tendance à aller plus mal ? Les personnes répondant Les choses vont en s’améliorant sont passées de 11 % en avril à 9 % en mai. Un autre baromètre sur les préoccupations du citoyen consommateur réalisé par la Sofres pour le groupe Casino et le magazine l’Hémicycle révèle, dans sa dernière vague, réalisée le 29 avril dernier, que 59% des Français sont préoccupés par leur pouvoir d’achat, passant ainsi par la même occasion pour la première fois devant la préoccupation pour le chômage (58%).

                         

                        2°) En ce qui concerne les solutions

                         

                        Il serait présomptueux d’affirmer détenir des solutions face à un problème irrationnel. J’ai retenu le principe d’un état d’esprit, d’une philosophie de la vie. Bien-sûr, le débat politique a sa place, mais il contredit de plus en plus, aussi vite qu’il s’impose, comme l’illustre les courses de pouvoir fratricides propres à la différente formation. La politique des Etats est de plus en plus  l’art de répondre aux urgences, de  gérer des contraintes et des crises  que d’impulser des changements positifs dans la vie quotidienne des gens. Jamais des lois nouvelles n’ont fait de mœurs nouvelles. Il est vrai que l’on ne gouverne plus par décret mais par contrat. Il faut donc pouvoir échanger avec la société civile, des représentations élues et autonome, en sachant que la politique n’intègre généralement les changements qu’à postériori, et non à priori des attentes d’une société.  Dans ce contexte, les dirigeants qui souhaitent être réélus sont souvent tenté de promettre, au pire, comme aujourd’hui, et, au mieux, comme hier. En tenant compte des déficits, celui de l’Etat, de l’assurance maladie et de la dette de l’Etat notamment, qui absorbent chaque année 40% des dépenses budgétaires.  Avec le changement de monnaie, du Franc à l’Euro, la dernière grande réforme a  été, sans la juger,  la réduction, par la loi, de la durée légale du travail de 39 à 35 heures. On voit aujourd’hui que cette loi ne survivra pas à l’alternance politique.  Une série de petites mesures touchent bien le quotidien, comme l’interdiction de fumer dans les lieux public, mais, comme les petites mesures fiscales, ou les heures complémentaires défiscalisées,  elles sont intégrées au quotidien aussitôt appliquées, en se partageant d’abord entre favorables et défavorables, mais en laissant la majorité des gens indifférents. Ne pouvant ni laisser filer les dépenses de l’Etat, ni jouer de l’arme fiscale, mis en demeure par Bruxelles, l’Etat semble impuissant à lancer une dynamique de croissance.

                         

                        En fait, le rôle des Etats est bien celui d’être maitres des horloges. Et de réduire incertitude du futur.  

                        Garantir l’emploi des enfants, le niveau de vie, de protection sociale et le paiement des retraites, tel est leur feuille de route.  Un travail de bon « père de la nation » en quelque sorte. Mais l’époque, et la situation mondiale, porte en elle de nouveaux défis qui agissent directement sur la vie quotidienne de tous les citoyens. Aujourd’hui, la façon avec laquelle les pays de l’union européenne vont gérer la crise pétrolière agira directement sur le moral. Le refus, hier soir, par l’Union Européenne, de la proposition française de plafonner la TVA démontre qu’il n’existe pas de miracle.  La capacité de la société d’aborder une révolution culturelle, dont le prix du baril n’est que le déclencheur est plus importante  que toutes les décisions conjoncturelles. Cette crise incitera –elle les Français à se prendre aussi en charge sans tout attendre de l’Etat ? Il faut que la solidarité nationale joue bien-sûr, mais nous savons bien que les transports et la pétrochimie ne pourrons plus suivre au même rythme de production, et ce, dans le monde.

                         

                        Alors, oui, ce constat fait, il peut paraître dérisoire de dire aux gens « Lancez-vous ! », réalisez vos rêves, changez de vie, amusez vous ! Et bien paradoxalement, dans l’histoire, les périodes de crises économique ont toujours été plus créatives que les périodes d’expansion. La qualité architecturale, par exemple, s’en est ressentie. Alors, il ne s’agit pas de dire, comme dans les années 80 « Vive la Crise ! » et j’ai rappelé dans mon article que la situation de notre pays, préoccupante pour beaucoup, n’avait rien de catastrophique. Mais la déprime de l’opinion, si elle a presque toujours existé, atteint aujourd’hui un niveau  qui agit sur la consommation et l’activité.

                         

                        Tout n’est pas lié à la politique, à la conjoncture, ou au gouvernement. Comme le souligne justement une internaute, la logique de la gestion du personnel et de l’encadrement par des entreprises qui confondent leurs collaborateurs avec des « kleenex » est bien un élément qui pèse sur le moral. Aux profits-records des grandes entreprises, alors que les richesses se partagent mal, s’ajoute le stress au travail. L’autoritarisme dans l’entreprise ne passe plus, et brise tout plaisir et tout désir de changer.

                         

                        Qui sait ? Peut-être que les Etats Unis seront, demain, moins égoïste ? La nouvelle génération, les 20 / 30 ans semblent aussi prêts aux changements inéluctables de la société. En tous cas, et nos échanges le prouvent, la société de l’information, cette « économie immatérielle » que j’évoque dans mon article. Un groupe d’expert, animé par le président de Publicis, Maurice Levy, a consacré un rapport  - peut-être même  plus réaliste que celui de Jacques Attali sur la « libéralisation de la croissance Française -  que je vous conseille de lire, comme je vous conseille aussi de lire le rapport Attali.

                         

                        http://www.minefi.gouv.fr/directions_services/sircom/technologies_info/imma teriel/immateriel.pdf

                         

                        http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr

                         

                        En tous cas, l’économie de l’immatériel a le vent porteur. En avril 2008,  33.2 millions de personnes se sont connectées au moins une fois à Internet soit 62.8% de la population 11+. Un chiffre en hausse de +2.2% par rapport au mois précédent.  Aujourd’hui,  plus d’un foyer sur deux (52%) a aujourd’hui accès à Internet avec près de 13.5 millions de foyers équipés au 1er trimestre 2008. Côté connexion à domicile, le haut débit continue en avril sa progression avec une hausse de 5% par rapport à mars.

                        J’aimerais poursuivre ce débat, secteur par secteur, mais je suis déjà très satisfait de constater que une spécificité française est bien la capacité critique, la liberté de débat, et le goût de la connaissance. Il reste à construire l’audace, en libérant des minorités actives,  en n’ayant pas peur du débat et du conflit constructeur, en retrouvant le sentiment d’un possible pour tous susceptible  d’amplifier le  bien-être personnel.

                         

                        Eric Donfu

                         

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