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Accueil du site > Actualités > Economie > Aides à l’Export : la pétaudière française

Aides à l’Export : la pétaudière française

J’ai eu l’occasion, dans un message du 7 juillet 2006, de vous signaler le peu de cas que les PME faisaient des efforts de l’administration française pour les aider à exporter. Une série d’article de presse sur ce sujet vient faire ressortir le nombre d’organismes qui existent pour "aider" les entreprises, voire leur duplication. Suite à ce constat (et à son impécuniosité), l’Etat envisage de réformer ses propres services pour les rendre plus efficaces.

Le réseau "d’Etat", tout d’abord, qui est sous la responsabilité d’Ubifrance, comporte des dispositifs d’édition de documentation économique sur les différents pays. Une organisation, pour "monter" au frais des participants des expositions partout dans le monde, supervise les missions économiques dans les ambassades, et essaye de promouvoir le dispositif des VIE, jeunes diplômés frais émoulus des universités et des Ecoles qui souhaitent aller travailler à l’étranger. C’est tout ce réseau et ces aides que les PME rejetaient massivement dans le sondage d’Altares dont les résultats faisaient l’objet du message du 7 juillet. La mutation en cours vise à faire fonctionner ces organismes comme une entreprise, c’est à dire avec des objectifs de "ventes". J’y vois davantage un soucis d’équilibrer les comptes que d’apporter un meilleur service aux PME dont on oublie qu’elles n’ont pas les moyens de s’offrir participation à des salons internationaux lointains, études approfondies et VIE mal adaptés.

Le deuxième réseau est l’AFII, Agence Française pour les Investissements Internationaux, dirigée par Madame Clara Gaymard, la femme de notre temporaire Ministre de Finances du même nom. Il a justement été suggéré récemment que Ubifrance et l’Afii se rapprochent pour s’aider mutuellement. Signalons néanmoins que le rôle de l’Afii est un peu différent de celui d’Ubifrance puisqu’elle a pour but de promouvoir et d’accueillir les investissements en France.

Pas de chance ! C’est le moment que choisi le Sénat pour se demander "A qui sert l’Afii ?" ! Il est vrai que l’agence emploie 140 personnes dont 80 dans 22 bureaux à l’étranger, le tout pour un budget de 26 millions d’euros. Le reproche principal que fait le Sénat à l’Afii est le manque de possibilité de quantifier les résultats de son action et le choix discutable pour une coûteuse campagne de communication vers des pays européens proches, dont l’Allemagne et la Grande Bretagne. D’où la suggestion de marier Ubifance et l’Afii .

Si maintenant on se penche vers les régions et leur action d’aide à l’export, on tombe sur d’autres organismes dont les domaines d’action se chevauchent, aidés en cela par la superposition des villes, départements et maintenant régions. Un exemple récent qui vient d’être épinglé par la Chambre Régionale des Comptes concerne la région Rhône-Alpes. C’est l’Aderly dans ce cas qui est sur la sellette, un organisme qui dépend de la Chambre de Commerce et d’Industrie et dont les juges de la Chambre des Comptes ont constaté qu’elle suivait très peu les résultats éventuels de ses actions, et qu’elle entretenait des délégations dans des villes prestigieuses et coûteuses du monde en parallèle avec d’autres associations de la région qui, elles, émanent du Conseil Régional comme l’Erai, en plus des missions économiques de nos ambassades..

Tout ceci pour montrer comment l’Etat et les Régions empilent des organismes coûteux ( pour les contribuables s’entend) avec des profils très proches et, à l’opposé, des résultats peu suivis, voire inconsistants. Comme si notre personnel politique était plus intéressé par la perspective de voyages lointains agréables, et le personnel des organismes par une expatriation, que par être vraiment au service de nos pauvres PME qui n’en peuvent plus, mais...

...Ca ne veut pas dire que les activités de ces organismes sont inutile mais simplement qu’ il y a un fort besoin de contrôle des activités et de leurs résultats, de coordination, voire de fusion, entre eux, et surtout que nos hommes politiques arrêtent d’en créer de nouveaux pour la plus grande gloire de leur ego, à nos frais bien entendu.


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8 réactions à cet article    


  • jako (---.---.21.70) 25 juillet 2006 14:45

    bonjour, mais que fera clara si AFII fusionne ? Plus sérieux j’imagine qu’au niveau « organisation des régions » il y aurait à revoir aussi non ?


    • Guilhem (---.---.231.160) 25 juillet 2006 15:10

      Elle s’est déja planquée à la Général Electric, en gros elle s’est fait payer par l’état pour faire sa propre promo.


      • jako (---.---.231.94) 25 juillet 2006 22:42

        re bonsoir j’aimerais bien qu’un des « tronchu » comme vous puisse faire un document sur les régions, cela devrait être très interessant (alternatives : les prefets et leurs pouvoirs, les ambassades et meur train de vie etc....)


        • Bulgroz (---.---.17.122) 25 juillet 2006 23:01

          Clara Gaymard va prendre la Direction de General Electric France.

          Ce poste est vacant car Clara a pris soin de nommer auparavant l’ex directeur de General Electric en tant qu’administrateur de l’AFii.

          On ne sort pas de l’Ena pour rien, il faut bien assurer la marmite, avoir une once de dignité serait une erreur.


          • jako (---.---.231.94) 25 juillet 2006 23:20

            pour une fois j’apprécie votre commentaire éclairé merci


          • Vilain petit canard Vilain petit canard 27 juillet 2006 10:08

            De tous ces « machins » destinés à aider nos Hentreprises à Hexporter, je serais curieux de savoir combien de leurs membres savent ce que c’est que d’aller voir des prospects à l’étranger (et pas toujours tout près), avec le carnet de commandes à remplir, de défendre son bout de gras, de connaître les subtilités des barrières aux frontières (les fameuses normes), de gérer une expédition en temps convenable, d’assurer le recouvrement de la facture avec un client lointain, etc.

            Trouvez-vous cette idée intéressante ? A mon avis, aucun.

            Je ne nie pas les services rendus par ces organismes (l’information est en général très bien faite), mais on est loin du compte si on veut vraiment aider les exportateurs. Pour ce qui est de la décorative et prolifique Mme Gaymard, c’est autre chose : elle avait pour but de favoriser l’investissement étranger en France, c’est-à-dire (en gros) de faire embaucher des chômeurs français par de l’argent étranger, ça n’a rien à voir.

            L’Etat perdrait peut-être moins de temps à embaucher des commerciaux internationaux confirmés et à proposer un service de vente aux entreprises ayant des difficultés à exporter par méconnaissance de l’export : l’entreprise sous-traiterait en quelque sorte ses ventes export à cette force de vente « mercenaire publique ». La rétribution serait calquée sur celle du privé : fixe + intéressement au chiffre d’affaires.

            C’est simple, faisable et intéressant. Et les entreprises françaises de taille moyenne qui se retrouvent coincées sur le marché national par simple méconnaissance (peur ?) de l’export sont légion, croyez-moi.


            • Vilain petit canard Vilain petit canard 27 juillet 2006 10:17

              Excusez-moi, erreur de frappe : la phrase « trouvez-vous cette idée intéressante ? » aurait dû conclure l’article !


            • l’exportateur 25 janvier 2012 17:51

              L’article n’est pas tout jeune mais garde en partie sa pertinence en terme de réorganisation. Nous sommes en 2012, le remaniement qui à fait suite à la création de l’équipe de France de l’export en 2008, attend encore de porter ses fruits. C’est la raison pour laquelle le sujet est plus que jamais d’actualité, les moyens, n’en déplaisent à certains sont présents. qu’il s’agisse du banquier Oséo, de l’assureur Coface, du chef Ubifrance et des soldats, les conseillers du commerce extérieur, etc...Néanmoins ce qui fait toujours défaut c’est la convergence des efforts et la lisibilité des moyens offerts. Enfin, si des acteurs privés ont bien évidemment leur place aux côtés des pouvoirs publics (type classe-export), il n’en reste pas moins qu’un réseau efficace peut être aussi altruiste. Nos ambassades et les CCI à l’étranger conjuguent déjà leurs efforts.

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