Danone se félicite de ses bénéfices obtenus par délocalisation et n’a pas honte
« La forte amélioration globale des marges est principalement liée à une amélioration significative de la marge brute grâce à la baisse du prix des matières premières, au mix, ainsi qu’à des gains d’efficacité et de productivité »
Cet extrait du communiqué de presse de Danone pour le résultat 2009 est éloquent (documents Danone). Sans remords, la compagnie explique fièrement à ses actionnaires pourquoi ils gagnent toujours plus d’argent. Ce qui me choque n’est pas tant que l’entreprise gagne de l’argent, mais plutôt comment et au détriment de qui.
Si cette entreprise est encore quelque peu française, c’est d’avantage un inconvénient qu’un avantage. En effet le coût (humain, social et économique) est bien supérieur à ce que cela peut rapporter en termes d’impôts. Danone délocalise ou s’externalise (peu importe). Il produit à l’étranger (Brésil, Russie, Chine) ce que nous consommons (lire ici les articles de Phaski et d’achetons-français.net). Danone provoque du chômage en France, paie moins d’impôts en France, réduit les coûts de main d’œuvre pour que ces yaourts moins coûteux soient toujours aussi chers pour une société française appauvrie par le chômage. Les actionnaires sont très heureux, mais les français qui aident Danone (dumping,…) sont perdants doublement.
Danone prétend que ses usines brésiliennes ne produisent pas pour le marché français, c’est faux puisque le Brésil produit des éléments qui seront assemblés en France pour y être vendus. Mais peu importe, en admettant que ce soit vrai, Danone sur le marché intérieur n’est toujours pas bénéfique et créateur d’emplois. Ainsi, Danone, premier « producteur » mondial de lait est, au moins en partie, responsable du malheurs des agriculteurs producteurs laitiers, qui déversent partout leur, pourtant précieux, fruit du labeur. (l’analyse d’Iteco)
En ces temps difficiles où les français aident des banques en « difficultés », où les scandaleuses rémunérations de courtiers et de patrons se dénoncent ; Danone ne devrait-il pas participer à la gestion de la crise ? Comment ? Il suffit d’une politique de maintien de l’emploi sur le sol français (ou européen). Cela aurait un effet positif sur les chiffres du chômage, donc sur les finances mais aussi un apport de taxes non négligeable. Mais pour cela, il faudrait que le système soit différent, où les entreprises ne dicteraient plus la loi des états (les lobbies européens font les lois du parlement), mais où les états obligeraient ces entreprises à agir « pour » la société qui les nourrit. Cela passe de la lutte contre le chômage à la protection d’un environnement mutilé par ses entreprises. (rapports Danone)
Comme me le fait remarquer judicieusement Dan, il est important de proposer des solutions lorsque l’on dénonce. Spécialement ici puisqu’il s’agit d’une entreprise française et que vous, comme moi, nous ne voulons pas abandonner Danone pour mieux embrasser Nestlé ! La solution consiste à remettre en cause le système libéral actuel. J’ai encore confiance dans nos institutions et j’aime à croire qu’il est encore possible de faire en sorte que nos dirigeants contraignent les entreprises à respecter nos lois pour notre bien, et non l’inverse où les lois protègent ces entreprises à notre détriment. Mais cela est long et aléatoire, les solutions doivent être pratiques et accessibles.
Est-ce bon que le monde entier mange les même yaourts ?
Je ne pense pas que l’humanité y gagne quoi que ce soit, seul Danone profite de cette uniformisation. Les alternatives sont pourtant simples et accessibles ?
Faites vous-même vos yaourts !
Il n’y a rien de plus simple : Mélangez un yaourt avec un litre de lait puis laisser monter dans un espace à 20°, environs 4 heures ; vous aurez alors un yaourt de qualité (selon le lait et le yaourt utilisé) avec une emprunte carbone presque nulle. Pour les autres, il y a des yaourtières abordables dans tout les commerces. Dans notre région riche en lait il est incompréhensible d’acheter des produits mondialisés alors que nos agriculteurs proposent de vrais yaourts sur les marchés. Bien sûr le prix est différent, mais justifié : Entre un yaourt au lait entier qui vient de la ferme d’à côté et celui au lait en poudre fabriqué en Afrique du nord, on ne peut pas vraiment comparer ces deux produits qui n’ont rien en commun.
Cet exemple des yaourts s’applique à tout les produits de consommation, nous ne gagnons rien à manger la même chose que tout le monde, fabriqué en commun. La planète et l’homme y perdent plus qu’ils n’y gagnent. Le système libéral mondialisé ne profite qu’aux entreprises. Consommer local, tel est notre salut, et en toute logique la seule méthode viable.
Quel est l’intérêt de manger du boeuf argentin tout en conduisant des voitures américaines ?
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