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Ignorance ou cynisme ?

Le 22 mai 2010, Frat’ Mat’ publie une déclaration de Laurent Gbagbo revenant du Cameroun, selon laquelle le développement nécessite une armée forte.

John Maynard Keynes a bien montré, en 1939, les avantages que le Royaume Uni tirait de la préparation de la guerre. À cette époque, la plupart des conservateurs étaient convaincus que l’Allemagne, en vertu de la hargne du parti national-socialiste et du pacte anti-Komintern2 signé avec les Japonais et les Italiens, se lancerait à l’assaut de l’empire russe. La guerre ne viendrait donc pas perturber la vue britannique dont le rôle se bornerait à compléter les équipements de l’allier capitaliste contre le bolchevisme exécré1. L’avantage résultait des commandes d’armement traitées par la puissante industrie militaire britannique dont les ouvriers travaillaient à plein rendement et percevaient des paies rapidement dépensées dans la consommation de produits courants pour la plus grande satisfaction du commerce et des industries de consommations britanniques. Roosevelt, à partir de la fin de 1942 (déclaration de guerre allemande et entrée en guerre des Japonais) trouva une issue à la crise que son New Deal n’avait pas su éradiquer : le lancement d’une puissante industrie d’armement par reconversion d’industries amoindries voire anéanties par la grande crise : chantiers navals (construction des Liberty Ship lancés à raison d’un par semaine), industrie automobile (construction de chars Sherman et dérivés à la cadence où précédemment sortaient les limousines), industrie aéronautique (constructions des B17 et B26 Superfortress et celui d’avions de chasse de divers modèles), etc. Aujourd’hui encore, l’industrie américaine est lourdement soutenue par une continuité de guerres depuis cette époque (Corée, guerre froide, Vietnam, Afghanistan contre les Soviétiques par Moudjahiddin interposés, Afghanistan, Irak, etc) justifiant des budgets militaires qui alimentent les industries et, indirectement, le marché général sur lequel les familles des ouvriers et cadres de ces industries, les militaires de tout grade consomment.

L’équipement d’une armée favorise le redressement économique, donc le développement économique sous deux conditions :

- la guerre a lieu ailleurs (ou n’a jamais lieu, telle la guerre froide) et

- les industries nationales alimentent l’armée nationale, voire exporte une partie de sa production.

Au contraire, lorsque l’État doit importer les matériels nécessaires à son armée, il appauvrit son pays puisqu’il ouvre une « fuite » dans son circuit financier.

La Côte d’Ivoire ne produisant rien de plus offensif que des machettes, doit importer ta totalité de ses matériels militaires, ce que Laurent Gbagbo fait clandestinement pou ostensiblement depuis son accession au pouvoir.

Il donne aux ex-militaires français la satisfaction morose de voir de près ce que pendant un demi-siècle ils n’ont vu que sur les carnets de silhouettes inclus dans les manuels de chef de section, BRB, transports de troupes blindés à roues ; mitrailleuses de 14,5 mm Douchka montées sur des pick-up qui traversent la ville à pleine vitesse, le mitrailleur cramponné aux poignées de son arme, bande engagée pour la plus grande frayeurs de la population.

À quel ennemi pense Laurent Gbagbo alors que dans le cœur et l’esprit de tous, l’aboutissement de l’improbable liste électorale signifie la fin de la tension ? Songerait-il à reprendre la main par la force de la terreur d’État et à prolonger son séjour sur le trône ? Imagine-t-il balayer le facilitateur, Compaoré et venger l’aide que ce dernier avait apportée jusqu’en septembre 2002 à l’entraînement des futurs « rebelles » ? Suppose-t-il que Paris, trop préoccupé par l’affaire grecque, le laissera remettre en route ses T54 contre un quelconque ennemi, laissant Licorne au repos ?

____________________________________________

1 Le 24 juin 1941, le sénateur Harry Truman expose au Congrès : « Si nous voyons l’Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et si la Russie gagne, nous devrions aider l’Allemagne, pour que le plus grand nombre possible périsse des deux cotés. »

2 Souscrit entre Berlin et Tokyo en novembre 1936, auquel adhère l’Italie de Mussolini en 1937.


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1 réactions à cet article    


  • Tzecoatl Tzecoatl 30 mai 2010 12:07

    Bien pour un premier article.

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Auteur de l'article

GARRIER Claude


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