L’économiste Martin Feldstein recevra le prix Irving Kristol
Professeur à Harvard, l'économiste Martin Feldstein est ainsi récompensé pour ses contributions à la science économique par l'AEI, un des think tanks les plus en vue à Washington.
Après le Général David Petraeus, c'est au tour de l'économiste Martin Feldstein de se voir honoré du prix Irving Kristol, du Conseil académique de l'American Enterprise Institute, le think tank washingtonien présidé par Arthur C. Brooks. Ce prix, du nom de l'intellectuel qui lança le Néoconservatisme, reconnaît "les individus qui ont réalisé une contribution intellectuelle ou pratique extraordinaire à l'amélioration des politiques gouvernementales ou sociales". Il lui sera remis le 3 mai prochain.
Né en 1939 à New-York, Martin Feldstein est Professeur d'économie à Harvard et Président émérite du Bureau national de recherche en économie (National Bureau of Economic Research — NBER), spécialisé dans l'étude de l'économie américaine. Diplômé d'un BA de Harvard et d'un PhD à Oxford, il a été Président et CEO de ce think tank de 1977-82 et 1984-08. Il est aujourd'hui l'un des économistes américains les plus influents et pourrait se voir récompensé d'un prix Nobel.
Un "faucon du déficit"
Feldstein a servi entre 1982 et 1984 comme Président de l'équipe de conseillers économiques du Président Reagan. Conservateur fiscal opposé aux dépenses de l'Etat fédéral, il était alors considéré comme un "faucon du déficit" ["a deficit hawk"], plaidant inlassablement pour conserver le budget fédéral sous contrôle, dans un contexte difficile. Il fut ensuite Président de l'American Economic Association en 2004 et nommé par le Président Bush Membre du Foreign Intelligence advisory Board. Il tenta d'influencer ce dernier dans sa réforme de privatisation partielle de la sécurité sociale. Il aurait aussi été . Rival de Ben Bernanke lorsqu'il fut nécessaire de trouver un successeur à Alan Greenspan, on lui préféra ce dernier, du fait de la présence de Feldstein au board d'AIG — bien que celui-ci n'ait pas été directement impliqué dans les pratiques de la Division des produits financiers. Il a été nommé en 2009 membre du Conseil pour la reprise par le Président Obama.
En 1977, Martin Feldstein avait reçu la médaille John Bates Clark de l'American Economic Association, qui reconnaît tous les deux ans l'économiste de moins de 40 ans ayant le plus contribué à la science économique. Auteur de plus de 300 articles de recherche et de nombreux ouvrages. Un de ses papiers les plus importants, écrit en 1980, est connu sous le nom de "Feldstein-Horioka puzzle" : selon les deux auteurs, le capital aurait tendance, sur le long terme, à rester dans son propre pays d'origine. L'épargne d'une Nation serait ainsi utilisée pour financer ses propres opportunités.
Il a aussi dirigé de nombreuses compagnies publiques et privées. Dans ses dernières contributions au WSJ, Feldstein a déclaré "Je continue de croire que la création de l'euro était une erreur économique. Il était clair depuis le commencement qu'imposer une seule politique monétaire et un taux de change fixe à un groupe hétérogène de pays créerait davantage de chômage et une balance commerciale continuellement déséquilibrée" (7 mars 2011). Plaidant pour une diminution de l'impôt sur les sociétés, il envisageait que "notre taux élevé d'impôt sur les sociétés rend aussi le coût du capital plus élevé pour les firmes américaines que pour leurs concurrentes étrangères, les forçant à élever le prix de produits américains. Cela rend les producteurs US moins capables d'être compétitifs dans les marchés globaux ou face aux importations de l'étranger" (15 février 2011).
Aujourd'hui, alors que le débat autour du déficit américain fait rage à Washington, Feldstein a signé, le 24 mars dans Politico, un éditorial avec neuf autres anciens Présidents du Conseil des économistes de la Maison-Blanche (quatre démocrates et six républicains) :
"Alors que le déficit réel pourrait diminuer dans les prochaines années, alors que l'économie continue de se redresser ; le vieillissement de la génération du baby-boom et l'augmentation rapide des coûts des soins de santé sont susceptibles de créer un écart important et croissant entre les dépenses et les recettes. Ces déficits seront une barrière à l'investissement privé et à la croissance économique. À un certain moment, les marchés obligataires sont susceptibles de se retourner contre les États-Unis — conduisant à une crise qui pourrait faire passer celle de 2008 comme mineure." (Source : Politico)
Le prix Irving Kristol
Le prix Irving Kristol a remplacé en 2002 le prix Francis Boyer. Depuis 9 ans, l'AEI a ainsi récompensé l'éditorialiste et prix Pulitzer Charles Krauthammer (2004), l'écrivain et Prix Nobel de littérature 2010 Mario Vargas Llosa (2005), l'Islamologue Bernard Lewis (2007) ou encore le journaliste Charles Murray (2009). Le prix Francis Boyer avait récompensé, entre autres, Henry Kissinger (1981), le juge nominé à la Cour Suprême Robert Bork (1984), le Président Ronald Reagan (1988), l'économiste Thomas Sowell (1990), Irving Kristol (1991), le Vice-Président et alors Secrétaire à la Défense Dick Cheney (1993), le Président de la Fed Alan Greenspan (1996), le théologien Michael Novak (1999), l'essayiste et critique littéraire Norman Podhoretz (2002).
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