La France immobile
Depuis le début de la crise de 2008 mais encore plus évidemment depuis la dernière élection présidentielle, la France entière semble à l'arrêt.
Les entreprises comme les individus ne semblent plus avoir pour seul projet que de durer, de survivre mais certainement pas de changer, de s'adapter à un monde nouveau ou d'inventer le XXIème siècle.
Tout l'art de notre pays pourrait désormais tenir en son immobilisme. Depuis la fin de la révolution industrielle (qui vit ce grand mouvement au XIX ème siècle de dépeuplement des campagnes au profit des villes puis des banlieues) les français ont pris l'habitude de l'extrême stabilité :
- Stabilité professionnelle puisque la flexibilité, les temps partiels et la précarité reposent sur une frange (qui s'élargit) des malheureuses personnes qui ne bénéficient pas d'un statut (fonctionnaire, salarié en CDI d'une entreprise publique...). Cette extrême stabilité étant évidemment encouragée par les mécanismes d'avancement à l'ancienneté et de récompensew quand rien ne change (la médaille du travail pour 40 ans dans le même service)
- Stabilité géographique : non seulement les français n'aiment pas changer de ville ou de région (ne parlons pas de s'expatrier pour trouver du travail ailleurs) mais ils sont de plus en plus casaniers (sauf pour les vacances où l'on bouge avec des millions de congénères le temps d'un séjour au bord de la mer) et préfèrent parfois pointer chez Pôle emploi plutôt que de changer de région pour trouver ou créer un travail
- stabilité du logement : que ce soit en HLM (pour la vie) ou dans un pavillon de banlieue, une fois qu'on a trouvé son "home" on n''en bouge guère en France (sauf rares exceptions). La France de propriétaires est une France immobilisée.
- stabilité politique : les camps sont tranchés : on est de Droite (un exploiteur de la classe laborieuse ou un retraité) ou de Gauche (un fonctionnaire ou un généreux altruiste) mais il est difficile d'abandonner son camp sous peine de crime de trahison (on l'a vu jadis sous Sarkozy)
- stabilité éducative : le diplôme acquis (plus ou moins aisément, parfois à l'ancienneté) représente une assurance emploi et jamais il ne viendrait à l'idée qu'un autodidacte de 40 ou 50 ans a parfois plus de compétences ou d'intelligence qu'un diplômé
- Stabilité institutionnelle. La cinquième République fut taillée pour la carrure de De Gaulle, nombre de président depuis les années 80 n'ont plus été à la hauteur du costume et de toute manière le clivage Gauche-Droite devient caduque dès lors que le communisme n'existe plus qu'à l'état de trace dans le monde (y compris dans le plus grand pays du monde qui n'a plus rien de communiste sauf son Parti)
- Stabilité sociale avec des institutions percluses de défauts, souvent dépassées et inadaptées comme le syndicalisme français, la sécurité sociale ou la retraite par répartition, mais institutions qu’il semble impossible de réformer tant les situations acquises et les lobbies sont puissants et influents (les taxis, les pharmaciens, les profs, les commissaires aux comptes…)
En gros la France est un pays immobile dans une vieille Europe qui n’a guère connu depuis 60 ans que la chute du Communisme et la naissance de l’Union Européenne alors que la planète passait dans le même temps de 2 à 7 milliards d’habitants et que des puissances nouvelles émergeaient sans que nous en prenions réellement conscience (La Chine, la planète financière, le village planétaire relié par Internet, la globalisation et la mondialisation).
Dans un monde qui change à toute allure le souhait de nombre de nos concitoyens est que rien ne change, que les pensions, allocations et divers revenus de la solidarité soient éternellement versés.
Comme nous l’a dit Lampedusa « il faut que tout change pour que rien ne change ». Dès lors notre culture des avantages acquis, de l’immobilisme social et notre allergie au risque économique pourraient nous précipiter dans le chaos économique et social.
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