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Accueil du site > Actualités > Environnement > Après la tempête : faire « feu » de tout bois !

Après la tempête : faire « feu » de tout bois !

Avant que le vent couche une proportion importante des arbres du Sud Ouest en cette fin Janvier 2009 la filière bois était déjà déprimée, affectée par "la crise" économique et financière.

Désormais elle ne s’imagine pas un proche avenir rose et facile : il va falloir déblayer, récolter tout ce qui peut l’être et préparer les récoltes d’après demain.

La sylviculture du Sud Ouest de la France est malade pour longtemps, de nombreux exploitants n’auront pas les moyens de faire face aux frais qui leur permettraient de rebondir, même si des aides et diverses facilités leur sont consenties.

Car le travail à réaliser est aussi énorme que coûteux.

C’est maintenant qu’il serait plus qu’opportun d’envisager les suites à donner à cette tempête sous un angle plus ouvert que celui des seules secours qu’il faut apporter à une région et à ses habitants, et les motivations à élargir nos champs de vision ne manquent pas.

Etat des lieux : des monceaux de bois, de toutes essences, de tous calibres et de toutes qualités sont au sol, qu’il n’est pas souhaitable de laisser perdre.

Mais les "lois naturelles du marché" ne semblent pas favorables à ce que ces énormes quantités puissent être correctement traitées avec la célérité indispensable au maintien de la qualité des matières disponibles.

En effet le bois, s’il reste au sol enchevêtré, se dégradera assez vite.

En somme il n’y aura pas preneur pour tout ce qui pourrait être disponible.

La solution qui semblerait la plus élégante serait que la clientèle se pressât face à l’abondance et que "tout disparaisse" en de brefs délais, générant les revenus qui permettraient à "la filière bois" de se relever sans trop de douleurs.

J’écrivais il y a quelques jours "Rebondir sur la tempête" en présentant une utilisation possible des ramures pour l’amendement des terres par du bois raméal fragmenté.

Il faudrait évidemment que des financements, dont il reste à déterminer les sources, soient trouvés pour utiliser cette ressource sans trop attendre.

Faut-il imaginer des incitations à l’adresse des agriculteurs ?

Faisons vite alors !

Cela ne résout pas la question pour tout le bois d’un diamètre supérieur à 7 centimètres qui ne peut être une source de BRF.

Une fraction non négligeable de troncs délignés ne pourra servir autrement qu’à la fabrication de pâte à papier ou à la combustion.

Mais il restera une proportion considérable de bois qui, s’il est récolté à temps, serait apte à des utilisation "nobles".

Mais la demande "naturelle" ne suffira pas à ce que chacun trouve son compte.

Il sera donc intéressant de savoir dynamiser cette demande : n’oublions donc pas que nous sommes dans une époque charnière de l’humanité et de la planète, cette époque où il nous reste peu de temps pour réagir de façon décidée et massive pour que les évolutions du climat n’atteignent pas des seuils qui pourraient être d’un extrême danger pour nos civilisations.

Si nous ouvrons les yeux nous constatons qu’un des problèmes majeurs à divers titre, aujourd’hui, est celui de l’habitat.

Le prix de l’habitat, sa disponibilité, mais aussi son niveau de qualité "environnementale".

Sous ce vocable on trouvera son coût de réalisation, en carbone et en matières premières, selon la nature de la construction, et son coût d’utilisation, qui est la quantité d’énergie qu’il sera nécessaire de dépenser pour une utilisation normale de cet habitat.

Or il est bien connu que le ciment est un produit au coût énergétique très élevé : il résulte du chauffage à de très hautes températures de très grandes quantités de matières minérales.

A l’heure où l’on critique les consommations énergétiques d’une requête sur un moteur de recherche, évaluées de façons souvent fantaisiste, j’entends peu de voix pour dénoncer assez fort l’ineptie qui consiste à entourer son pavillon d’un mur de parpaings, essentiellement constitué de granulats et de ciment.

Et de plus nous sommes en voie d’atteindre une quasi pénurie de granulats, en France : sable et gravier ont été extraits en d’énormes quantités et les gisements s’épuisent...

Mais on pourrait aussi juger inepte le fait de tenir absolument à construire des maisons en ciment et parpaings, qui seront d’ailleurs souvent fort mal isolées et auront un coût d’utilisation que l’on ne devrait plus admettre (mais si, puisque l’on chauffera avec une électricité peu chère, EPR oblige...).

D’autant plus inepte que l’on sait (ou devrait savoir) qu’une maison en bois correctement construite peut s’avérer d’un très grand confort thermique, acoustique, hygrométrique, économique et... financier car elle ne sera pas nécessairement plus coûteuse (éventuellement moins) que son homologue en béton (avantage économique direct et financier par un emprunt moindre) lors de la construction, et sera plus économique à l’utilisation.

De plus il ne sera pas toujours indispensable d’utiliser un bois bien équarri pour construire une superbe maison : la technique du bois cordé s’accommodera très bien de bois déligné, dont le stock sera de toutes façon difficile à éliminer à un bon prix.

Nous avons donc aujourd’hui une regrettable mais excellente occasion de changer la donne du point de vue des débouchés d’un bois surabondant par rapport à la demande, de permettre à notre pays de s’équiper massivement d’habitats très confortables à des coûts abordables, d’offrir l’occasion à la filière bois de renaître sans trop de douleurs, d’agir pour un avenir dans lequel moins d’énergie serait consommée, moins de gaz à effet de serre émis...

Mais rien de tout cela ne se fera si des décisions appropriées ne sont prises par nos gouvernants.

Que feront-ils ?

Saisiront-ils cette occasion qui pourrait devenir un formidable ressort économique et social ?

Profitons de cette occasion pour mentionner que la France génère, bon an mal an, un excédent de paille d’environ 4,5 millions de tonnes.

Une part non négligeable de cette paille devrait bientôt finir dans ces "centrales à biomasse" que notre ministre de l’environnement veut lancer dans toutes les régions.

Je pense qu’il pourrait y avoir là aussi une certaine ineptie à gaspiller ce matériau qui produirait, certes, une "énergie renouvelable" mais une seule fois par kilo, à la hauteur de la puissance calorifique de ce kilo, au maximum, si le rendement de la combustion atteignait son maximum et si la récupération de l’énergie libérée était totale.

Ce ne sera jamais le cas.

Par contre il me semble bien qu’un kilo de paille pourrait préserver beaucoup plus d’énergie que ne vaut son pouvoir calorifique s’il était utilisé comme isolant.

Avec une paille abondante et un bois pléthorique nous avons de quoi construire de fort belles maisons, très peu coûteuses et d’un excellent confort...

Nous ne devrions JAMAIS pardonner à nos gouvernants de laisser passer une si belle occasion !


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6 réactions à cet article    


  • geko 2 février 2009 15:17

    Peut-on ramasser ce bois librement pour son bois de chauffe comme on peut le faire du bois d’avalanche en montagne ?

    En passant un grand merci aux gars d’ERDF qui "envoient du bois" pour remettre le réseau électrique en état ! La solidarité dans le sud ouest n’est pas un mythe !


    • Sébastien Galliot Sébastien Galliot 2 février 2009 22:54

      Bonjour,
      je me permets de vous faire profiter de ma petite expérience régionale. J’habite la Franche-comté, et en 99 d’énormes quantités de bois (résineux notamment) avaient été mis à bas. 

      Les solutions immédiates avaient été le stockage des grumes sur d’énormes plateformes. Pour donner le temps aux scieries locales de débiter en planche et autre bois d’oeuvre tout ce matériau, les grumes étaient arrosées en permanence par des arroseurs de jardin. Certains lacs (sablieres de Pontarlier par exemple) avaient servi de réservoir dans lesquels on faisait flotter le bois. Ceci évitait (je crois, a confirmer) au bois de pourrir, fendre ou d’être infesté d’insectes xylophages. Les montagnes de bois ont mis des années a disparaitre. (je dirais en avoir vu jusqu’en 2005 ?). De plus, de grandes quantités de bois n’ont jamais été ramassées et ont pourries en foret.

      Depuis, la région (industriels, collectivités) a fait de gros efforts pour stabiliser la filiere bois : développement des filieres de granulés de bois (pellets), mise en place de ’chaufferie bois’ pour produire électricité et chauffage urbain, construction d’espaces de stockage pour absorber les pics de production.
      (exemple à besancon, chaufferie bois de 8MW)

      Le cout du fioul aidant, de nombreux particuliers ont eux aussi opté pour le chauffage bois. Le stère de bois reste chez nous très peu couteux (et pourtant il fait souvent froid ! ) de l’ordre de 50 euros en bout de 30cm, livré en vrac.

      La construction bois, traditionnelle sur les parties hautes du massif jurassien, se porte bien. De très nombreuses maisons neuves sont construites sur ce principe : un sous sol semi enterrré en dur (plots, béton, pierre), une ossature bois, puis soit un bardage bois, soit du bois massif. Cela donne de très belles maisons, agréables et esthétiques.
      On voit également revenir la mode du tavaillon (tuile de bois), qui est un mode de couverture splendide.
      Le département a même construit un pont routier en bois, histoire de montrer son savoir-faire.
      De nombreux hangars ou magasins sont construits sur des armatures bois en ’lamellé-collé’, armatures qui permettent des portées incroyables et des constructions innovantes. Citons aussi une maison ’ronde’ tout en bois, splendide à mon avis (DOMESPACE)

      Cela dit, le cubage de bois utilisé pour la construction est sans doute peu significatif rapporté aux autres utilisation : bois d’oeuvre ’classique’, bois de chauffage, pellets, pate à papier...

      Ces derniers mois, on commence aussi a entendre parler d’une utilisation énergétique des rémanents forestiers (les toutes petites branches, petits bois, déchets de bois) dans des applications ’biomasse’. Une papeterie de Novillars lance ce projet avec Poweo (de tete, à confirmer) : utiliser ce bois de basse qualité pour le chauffage de la pate à papier (l’usine produit du papier recyclé) et le chauffage de bâtiments communaux.

      Enfin, je ne pense pas que la filiere bois franc comtoise soit en excellente forme, mais elle tient le choc. C’est déja bien 10 ans apres une telle catastrophe. 

      En tout cas, bon courage à vous du Sud ouest, ce sera dur. 
      N’oubliez pas qu’un homme qui plante un arbre n’a pas vécu pour rien. 
      Après la tronçonneuse n’oubliez pas de manier le semoir ! 




      • titi titi 3 février 2009 08:32

        Je rebondis sur votre exemple Franc Comtois...

        La richesse de la Franche Comté a longtemps été liée à l’extraction de sel à Salins les Bains.
        La saumure était chauffée dans d’immenses fours pour que l’eau s’évapore et restitue le sel.

        Or au bout de plusieurs siècles il a fallut déplacer les salines de Salins vers Arc et Senans et construire un "saumoduc" de Salins à Arc.
        Et pourquoi ? Parce que tout les bois des alentours de Salins avaient été consommés...

        Attention donc à ne pas vouloir faire tout trop vite avec le bois.

        Il est d’ailleurs remarquable que ceux là même qui critique le bio-carburant promeuvent le bois.
        Or le bois est un "biocarburant" comme les autres.


      • titi titi 3 février 2009 08:37

        Attention il y a bois et bois...

        Concernant le Sud Ouest, l’essentiel des bois couchés étant du pin, à part faire fonctionner les usines d’un célèbre marchant de meubles suèdois, il ne se passera pas grand chose.

        Tous les bois ne peuvent servir au chauffage !!! Tous les bois ne peuvent servir à la construction !!!


        • Emile Red Emile Red 3 février 2009 10:16

          Le bois de pin est un très bon constitutif de construction, énormément utilisé dans le Sd-Ouest en charpente et en menuiserie.

          Le problème fondamental de la forêt des Landes est sa taille et le manque de moyen mécanique.
          Il faut pouvoir dégrouper les arbres en forêt, les transporter sur des lieux de stockage partiellement inexistant à cette heure, et ensuite il faut pouvoir le débiter ou le scier. Comme je l’ai dit ailleurs, seule l’armée a les capacités pour sortir le bois et le transporter, mais aucun responsable politique ne le comprend, on préfère nous envoyer quelques bidasses avec balai et beaucoup de médias autour.

          En ce qui concerne le stockage, depuis 1999 nous savions qu’il fallait augmenter les aires, rien n’a été fait, coût trop important et immobilisation de surface inacceptables pour des politique qui cherchent la rentabilité immédiate. résultat, le bois de la première tempête est à peine résorbé, celui d’aujourd’hui sera en grande partie perdu créant un risque écologique énorme.

          Le gouvernement a les cartes en mains, pour le transport, pour le stockage, pour la répartition sur le territoire national à fin de sciage, enfin pour le logement dont le pays a besoin d’urgence, seuls manquent la volonté politique, la constitution d’une cellule et un plan d’exploitation agressif.

          Encore une fois on voit l’inaptitude politique au pied du mur lorsqu’on entend parler des mesures pour résorber la crise, aucune action, aucun investissement dans ce qui pourrait sauver une région, créer de l’emploi et loger la population en attente.


        • carlos2b 3 février 2009 09:53

           Je ne suis pas compétent pour suggerer des solutions, cependant a l’occasion de promenades dans les bois dans ma région (midi) j’ai été surpris par le mauvais état des sous-bois, notamment aprés la neige de janvier, et j’approuve les articles et commentaires qui vont dans le sens d’une valorisation de la filiere "bois". 

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