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Copenhague : dernière ligne droite

Encore une petite semaine pour tenter de concilier le Nord et le Sud sur des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et d’engagements financiers qui paraissent à ce stade, inconciliables. Et si on changeait de système, plutôt que de climat ?

Depuis le 7 décembre et jusqu’au 18, près de deux semaines, officiels et ONG multiplient les rencontres, les négociations, les déclarations, les manifestations, tandis que les médias de tous les pays relaient et commentent les informations et les à-côtés de cet immense réunion au sommet à laquelle les chefs d’Etat doivent participer le dernier jour.

Dès l’ouverture, un texte rédigé par le gouvernement danois avait semé le trouble, provoquant une très vive réaction du groupe des pays en développement, le G77 plus la Chine, texte élaboré avant la conférence, sous la forme d’un projet de déclaration finale qui prévoyait des engagements contraignants pour les pays en développement, subdivisés en une nouvelle catégorie, celle « des plus vulnérables », le financement de l’aide en provenance des pays industrialisés étant confié à une succursale de la Banque mondiale et n’allant pas au-delà de…3 ans pour un montant dérisoire de 10 milliards de dollars par an, jusqu’en 2012 !

Dix fois moins que l’estimation des pays africains qui demandaient à leurs négociateurs de ne pas se laisser diviser par les propositions danoises.

Ainsi, riches et pauvres devraient être logés à la même enseigne, contrairement à ce que contient le protocole de Kyoto, toujours en vigueur mais que les Etats-Unis n’ont pas signé ! Il a fallu rattraper le coup pour éviter le clash mais l’ambiance en avait pris un coup.

Un deuxième projet d’accord, officiel celui-là, était proposé le 11 décembre. Aussitôt les Etats-Unis faisaient savoir qu’ils le rejetaient car, toujours sur le même fond, il n’était pas contraignant pour les pays en développement « qui doivent jouer un vrai rôle » selon l’envoyé spécial des E-U, Todd Stern qui ne veut pas entendre parler de « réparations du préjudice causé à l’atmosphère par l’industrialisation des pays riches. »

La Chine, quant à elle, refuse catégoriquement tout mécanisme de contrôle international, selon le vice-ministre des affaires étrangères, He Hafei, se référant à la feuille de route de Bali en 2007, tout en indiquant que la Chine fera ce qu’elle a promis mais c’est elle qui en assurera le contrôle. On n’est jamais si bien servi…

La Chine plus gros pollueur avec les Etats-Unis, près de la moitié des émissions à eux deux, à ceci près que, divisées par le nombre d’habitants, les émissions d’un Chinois sont quatre fois moindres. Et leurs engagements de réduction plus sérieux que ceux des E-U à seulement -4%, si rien ne change.

Pour le représentant du G77 (130 pays pauvres et en développement), le Soudanais, Lumumba Stanislas Dia-Ping, « les 7,2 milliards d’euros (2,4 x 3) d’ici 2012 annoncés par l’UE pour aider les plus pauvres…c’est insignifiant et cela nourrit encore plus la défiance sur les intentions des leaders de l’UE à l’égard du changement climatique. »

 Mais pour Sarkozy, toujours aussi content de lui, « l’Europe est en position de leadership… ». Puisqu’il le dit. On peut se demander à quoi rime une aide sur trois ans, s’agissant de permettre à des pays de se développer économiquement et, si possible, plus proprement que ne l’ont fait les pays riches ? Comment les convaincre qu’ils vont pouvoir y arriver avec des aides et des délais aussi ridicules ? Eux qui ne se sentent responsables ni de leur sous-développement, ni des dérèglements climatiques dont on les a convaincus alors qu’ils n’émettent que très peu de g.e.s pour la très grande majorité d’entre eux (4% du total mondial pour l’Afrique !)

L’ONU estimait à 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020, l’aide à apporter par les pays les plus riches aux pays les plus pauvres. Soit 6,6% des dépenses d’armement qui sont de l’ordre de 1 500 milliards de dollars dans le monde chaque année. Et que dire des milliers de milliards rapidement trouvés pour sauver les banques ? En France, en octobre 2008, en quelques jours, 10,5 milliards d’euros apportés à six grandes banques, sans le moindre pouvoir d’intervention de l’Etat dans la gestion de ces banques !

Il y a 6 mois, du 24 au 26 mai à Copenhague, s’est tenu le sommet mondial des affaires et du changement climatique, en présence de Ban-ki Moon et d’Al Gore, avec de très grandes entreprises acquises à l’argument selon lequel « il est moins coûteux de réduire les g.e.s aujourd’hui que plus tard » et à celui, encore plus fort, affirmant que « le marché du carbone pourrait devenir deux fois plus important que celui du pétrole. »

Un sommet préparatoire peu médiatisé, ne s’adressant qu’aux multinationales et à la haute finance soucieuses de se parer de vert tout en passant par pertes et profits les pollutions que l’on sait, afin de ne pas réveiller l’esprit critique.

Une partie des manifestants du week-end à Copenhague scandait un slogan qui ne manquait pas de trancher avec le consensus ambiant sur le réchauffement anthropique : « Changez le système, pas le climat » qui rejoint l’idée que pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, pour paraphraser le livre d’Hervé Kempf.

Car il y a bien une urgence écologique -que l’on croit ou non à la thèse du réchauffement climatique dû à l’homme- indissociable de l’urgence sociale qui nous saute aujourd’hui à la figure, pas dans cent ans. Mais il n’y a pas de solution purement écologique sans transformation radicale de l’ordre social, sans remise en cause du capitalisme.

Le bras de fer désormais engagé entre le Nord et le Sud est aussi l’une des expressions de cette problématique.

René Fredon


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1 réactions à cet article    


  • franck2013 14 décembre 2009 21:29

    Mon pseudo franck2012 est tricard sur le site Agoravox sans raisons aucunes. On efface systématiquement mes interventions depuis l’article sur Cécile Duflot .

    Je me suis ré-inscris grâce à un logiciel de changement d’IP : Ultra surf 98

    Et un mail fictif via : yopmail.com

    Franck2013

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