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La folie de l’exotisme

Ah, le printemps, l’été ! Périodes de l’année les plus appréciés, par leur chaleur, leurs longues journées, leur douceur, la vie qui se multiplie… Et bien souvent, pour participer à la fête, nous voyons alors bien des hommes et des femmes se mettre au jardinage, sous quel que forme que ce soit. Bien sûr, on pourrait parler des travers de la tonde frénétique qui s’y réalise alors, mais j’en ai déjà parlé auparavant, alors, cette fois, concentrons nous sur ce que font pousser nos jardiniers en herbe.

Car je l’avais passé sous silence dans mon dernier article, mais l’une des raison pour laquelle on coupe un maximum, c’est pour pouvoir planter ce qu’on veut. Et, à ce moment, bien obligé d’avouer qu’il devient vite indispensable de couper si l’on veut que ses graines poussent comme il faut, sans que ce soit un impératif cependant, si l’on connaît les techniques alternatives, bien plus censées écologiquement et moins bien pénibles.

Dans les jardins, donc, nous allons fréquemment trouver des fruits et légumes, tomates, fraises, concombres, haricots, salades, et bien d’autres, ultra classique, laissant de côté des milliers de variétés tout aussi bonnes, voir meilleures, moins pénibles à cultiver et mieux adaptées à nos sols. Mais totalement méconnues par une sélection des plus aléatoires… Pardon, qui ne se soucie que de l’aspect rentable de la chose, avec des fruits et légumes facile à entreposer, à emballer et ayant le meilleur rapport qualité/prix, c’est à dire, le plus optimal possible, pour les vendeurs notamment, mais sans que le rapport qualité nutritionnel ne soit pris en compte.

Et cela, sans compter sur l’aspect systématiquement exotique de nos fruits et légumes… Mais aussi et surtout des plantes cultivées ! La frénésie des géranium et des plantes à fleurs colorées en est presque maladif tant tout le monde s’y est mis, délaissant totalement les espèces locales et celles poussant spontanément, pourtant tout aussi jolies, comme les pissenlits, bleuets, coquelicots, lavandes, pâquerettes… La liste est longue ! Et pourtant, on va préférer les tondre et faire pousser, à côté, nos fleurs qui ne dureront qu’une saison, et dont il faudra maintes attentions pour qu’ils poussent correctement sans flétrir prématurément…

Pourquoi tant d’acharnement à faire pousser « ses » fleurs que l’on doit acheter, au détriment des autres qui poussent sans aucun effort ?

Au jardin, c’est pire encore, rares sont les personnes qui n’achètent pas annuellement leurs graines et ne font pas des efforts démesurés pour une production souvent bien faibles, alors qu’il serait si simple de planter une bonne fois pour toutes des plantes adaptées à nos sols, comme certaines variétés de pomme de terre, les framboisiers, marronniers, pommiers, j’en passe et des meilleurs : des sites de semences existent, d’autres sites vous expliquant les avantages des variétés locales aussi, alors pourquoi continuer à se borner à acheter des variétés non adaptées à nos sols ? Pourquoi vouloir à tout prix l’exotisme aux dépends de nos variétés locales ? Pourquoi préférer le café, le chocolat ou les bananes aux pommes, baies et framboises ? L’exotisme, c’est bien, c’est goûter de nouvelles variétés, c’est innover, mais ne faire plus que ça, c’est ignorer les caractéristiques naturels du milieux : chacun à un climat (méditerranéen, breton, alsacien, parisien, etc) et une terre (acide, glaise, calcaire, etc) précis, alors, plutôt que de vouloir modifier le milieu, pourquoi ne pas en tirer parti ? Au lieu de se plaindre de leurs défauts, pourquoi ne pas voir leurs qualités, et s’y adapter ?

Amis jardiniers, botanistes et amoureux de la nature sous toutes leurs formes, réduisez donc votre part d’exotisme, ou déménager : les si nombreuses plantes que vous cultiver avec amour ne sont pas faites pour nos terres, arrêtez donc de perdre de votre temps et de votre argent pour une cause perdue ; arrêtez de vouloir obsessionnellement être contre nature ; la nature ne se dompte pas, elle ne se combat pas, elle ne se domestique pas. Elle se vit, tout simplement. Vivre en contradiction avec elle n’est que peine perdue, et même si vous y passez votre vie, vos fruits et légumes dépériront à votre mort, car non adapté au terrain, malgré tout vos efforts.

Et ceci concerne bien évidemment les nombreux paysans qui s’obstinent à cultiver des cultures qui n’ont rien à faire ici : je pense, en premier lieu, au maïs, plante tropicale, qui a un énorme besoin de chaleur (ce qu’on n’a pas dans le nord de la France) et d’eau (ce que le sud manque en été), ou même, aux tomates ou aux fraises, qui s’adaptent à nos sols… Mais uniquement en été, et non pas en hiver en hors sol  !

Bref, redevons cohérents au niveau des plantes, prenons en compte le climat et les terres ou nous cultivons, et cessons de nous en tenir qu’aux plantes les plus productives, mais uniquement dans le cas ou nous devons les aider avec moult pesticides, fongicides, herbicides, biocides, arrosage et nombreux autres soin… Avec tout ce travail, est ce aussi rentable qu’on veut bien nous le faire croire ? Assurément, non. Et ceci évitera les articles qui fleurissent tout les ans sur le trop de pluie ou pas assez de pluie… Et oui, point de calendrier figé dans la nature, on vit les choses au jour le jour !


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3 réactions à cet article    


  • Vipère Vipère 27 mai 2013 17:27

    Polivier


    En phase avec vous ! 

    les coquelicots, les bleuets, et vous oubliez les marguerites des prés poussent spontanément dans les zones non traitées aux pesticides, ce qui est rare, je vous l’accorde !

    Lorsque je vois non loin de chez moi, une région tempérée et froide en hiver, des jardiniers faire pousser un bananier pour satisfaire à une mode exotique, je trouve cela totalement grotesque, d’autant que l’environnement ne s’y prête pas du tout !

    Quid des bananes ? il n’y en a pas, évidemment. smiley

    • Ronald Thatcher Ronald Thatcher 27 mai 2013 18:39

      laissons les gens faire pousser ce qu’ils veulent...
      des kiwis, des oliviers, des figuiers dans le nord/est de la France ce n’est pas rare.
      Avec votre mentalité, on n’aurait jamais manger de tomates ni de pommes de terre en occident.
      Foutez la paix aux gens, et ils vous la rendront.


      • POlivier 28 mai 2013 12:58

        Je crains que vous n’ayez mal compris... Je ne critique pas le fait d’importer des variétés étrangères, même si quelques soucis peuvent se poser (espèces invasives, les exemples sont légions), je critique le fait de ne faire plus que ça au dépend des autres variétés, et je critique aussi le fait de le faire sans prendre en compte la plante en elle même et l’environnement qui l’entoure. Une plante qui pousse mieux sur un sol calcaire pourra pousser ailleurs, mais quel intérêt si on doit amener nous même le calcaire ?

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