« La fin de l’Union Européenne » démontre remarquablement bien comment l’UE met nos démocraties sous camisole. Mais ce qu’il ressort également de ce livre, c’est que si la volonté d’une très grande majorité de peuples est mise sous camisole, elle est un démultiplicateur de la volonté des plus forts, nation, grandes multinationales ou les plus riches. Une autre démonstration implacable.
L’UE, c’est la loi du plus fort amplifiée
Les auteurs rappellent que l’Impôt sur les Sociétés moyen est passé de 33% en 1999 à 25% en 2015, dans une «
course sans fin au moins-disant social et fiscal ». En 2011, Trichet demandait à l’Italie et à l’Espagne «
d’adapter les salaires et conditions de travail aux besoins spécifiques des entreprises et d’améliorer leur pertinence vis-à-vis d’autres niveaux de négociation ». En mars 2016, la Commission juge que «
la France affiche toujours des coûts salariaux parmi les plus élevés de la zone euro, (que) la décélération récente des salaires réels reste insuffisante (et que) les augmentations du SMIC induisent une compression des salaires vers le faut ». En clair,
cette UE défend l’agenda du Medef.
En clair, l’UE «
organise une compétition sans merci entre les pays membres, où chacun cherche à récupérer les emplois et les investissements des autres (…) non seulement le marché et la monnaie unique ont levé toute entrave à la circulation interne des marchandises, du travail et des capitaux, mais l’Union se donne aussi pour objectif d’ouvrir son marché intérieur à la mondialisation et refuse absolument de protéger son économie de la concurrence internationale », laissant tomber la filière photovoltaïque. Ils dénoncent
la folie des travailleurs détachés quand les salaires varient de 1 à 10 et le parasitisme fiscale de l’Irlande, pays dont la production industrielle a augmenté de 150% depuis 2000, malgré une baisse des emplois industriels de 20% sur la période,
par des jeux artificiels de stocks.
Il en va de même entre pays. Ils rappellent que de 2001 à 2005, l’Allemagne est le pays malade de l’UE, dépassant les 3% de PIB de déficit. Et avec l’euro « les gains de compétitivité de l’économie allemande n’ont donc plus aucune conséquence monétaire, ce qui permet au pays d’engranger des excédents commerciaux stratosphériques » tout en permettant de recycler les excédents sans risque de change ! Berlin a été le « plus grand délinquant des Etats européens… et e plus scrupuleux des agents de police dès lors qu’il s’agit de prévenir ou de sanctionner les manquements des autres », transformant l’UE en « salles de tortures » lors de la crise de l’euro, notamment pour la Grèce.
Pire, ils rappellent que «
les créanciers vont prêter de l’argent à la Grèce… pour que la Grèce rembourse l’argent emprunté aux créanciers », comme le confirme Olivier Blanchard, chef économiste du FMI : «
le financement accordé à la Grèce a servi à rembourser les banques étrangères (…) Les réformes structurelles nuisibles à la croissance et l’austérité budgétaire ont provoqué une dépression économique (…) Les créanciers n’ont rien appris et ils continuent de commettre les mêmes erreurs ». Les auteurs notent que ces mêmes politiques, menées dans les pays Baltes, ont abouti en 8 ans au départ de 564 000 habitants, soit 8% de leur population et à la destruction de 300 000 emplois !
Source : « La fin de l’Union Européenne », Coralie Delaume et David Cayla, Michalon