La peur du « peuple »
La rentrée politique est vraiment là et sur tout l’échiquier. Entre La Rochelle, les grandes manœuvres à l’UMP, Duflot et son « mon lapin » en direction de Jean-Luc Mélenchon on a du « grains à moudre » Nous reviendrons en particulier sur le duel Copé-Fillon lors d’une prochaine note et aussi sur une certaine impatience des militants socialistes. Pour l’heure c’est toujours et encore sur le traité européen, sujet primordial qu’il faut encore s'étendre. C’est Jean-Luc Mélenchon qui relance le débat en demandant de « manifester pour l’organisation d’un référendum » plutôt que d’esquiver les difficultés par une "simple" ratification parlementaire.
Il y a aucune chance qu’il obtienne gain de cause et pourtant !
Un sondage récent effectué pour l’Humanité par CSA est assez évocateur du "décalage". Près des trois quarts des Français (72%) déclarent souhaiter l'organisation d'un référendum sur le traité européen instituant la "règle d'or" d'équilibre budgétaire. 23% répondent non, et seulement 5% ne se prononcent pas. Les résultats qualitatifs sont également chargés d’enseignements. En effet c’est chez les sympathisants du PS que la proportion de personnes favorables à ce mode de ratification (par référendum) est la plus faible (66%). Le chiffre demeure significatif mais nettement moindre que chez les sympathisants du Front de Gauche (PCF + Parti de gauche notamment) ou elle atteint (80%). Les sympathisants de droite sont 75% à dire oui à l'organisation d'un référendum. La première contradiction réside à la tête de l’exécutif lorsque l’on se souvient des positions sur la question de François Hollande pendant sa campagne et en particulier sur « la règle d’or ». La deuxième s’observe au sein même de l’électorat du PS qui semble redouter le verdict populaire sur ce sujet bien particulier mais d’une importance considérable. La troisième peut être portée au crédit des sympathisants de droite beaucoup plus attirés par la consultation populaire que lorsque l’UMP tenait les rênes du pouvoir. Ce qui au total domine, en dépit des petites variations qualitatives signalées, c’est l’écrasante majorité de Français qui souhaiteraient être directement consultés. Une fois de plus il n’en sera rien.
Tout cela à un moment ou la chancelière Allemande insiste sur le « encore plus d’Europe », le renforcement des pouvoirs de Bruxelles. Un hebdomadaire Allemand affirme que "Le gouvernement fédéral veut faire avancer l'intégration européenne", précisant que la chancelière souhaiterait que "les chefs d'Etat et de gouvernement tiennent une réunion pour poser de nouvelles bases juridiques pour l'UE". Un traité ratifié pourrait ainsi très rapidement en cacher un autre ! C'est ainsi, de marches forcées en marches forcées, que "le monstre" européen progresse depuis le début.
Il est difficile de comprendre les raisons objectives de cette "peur du peuple". Si le dossier est bon, largement plaidable, pourquoi penser que le peuple refuserait d'en comprendre les avantages ? Admettant même que ce "pauvre imbécile" de PEUPLE se fourre le doigt dans l'oeil ; il en a, après tout, le droit absolu. En démocratie ceux qui dirigent l'exécutif, ne le font "qu'en son nom". Pourquoi enfin, le PS qui se revendique comme son expression, lui refuse la parole. On comprendrait pour une droite décrite comme alliée des "complexes financiers", du "capital" d'un "libéralisme débridé", mais le PS, enfin ... Qui pourrait penser qu'il épouse les mêmes alliances, avec de surcroit l'outrecuidance de déclarer le contraire ?
Nous laisserons à Christian Paul (député PS de la Nièvre) le mot de la fin. Il interroge avec 15 de ses collègues le Président de la République, précisant pour l'AFP "nous avons la conviction que le traité peut emporter une majorité s'il est éclairé par l'étape d'après" [...] "Si les Français veulent adhérer, il faut que le dessein européen que présente la France soit clairement énoncé devant le pays à la veille de la ratification"[ ...] "Il faut créer l'adhésion".
Il n'y a rien à ajouter.
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