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Accueil du site > Actualités > Europe > Les critiques légitimes mais incohérentes du PS contre Barroso

Les critiques légitimes mais incohérentes du PS contre Barroso

C’est déjà le 3ème épisode de cette mauvaise comédie où l’équipe aux affaires en France et la Commission Européenne échangent des amabilités. Une critique qui n’est pas injuste, mais qui pose problème dans la mesure où c’est bien le PS (entre autres) qui lui a donné ses pouvoirs, comme j'en ai débattu hier sur France 24 : partie 1 et partie 2.
 
Une tragi-comédie en trois actes
 
Sur le fond, François Hollande et son gouvernement n’ont pas tort quand ils critiquent les prises de parole de la Commission Européenne, qui s’était illustrée sur les propos de Nicolas Sarkozy sur les roms. Le premier épisode, fin mai, a eu lieu quand les eurocrates avaient publié un rapport qui donnait une feuille de route détaillée pour le gouvernement français, s’attirant la colère de François Hollande qui avait alors déclaré que « la Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire  », étant donné son bilan désastreux dans la zone euro, comme le reconnaît même le peu progressiste FMI.
 
Puis, nous avons eu droit à la déclaration totalement hallucinante de José Manuel Barroso dénonçant le caractère réactionnaire de la position française consistant à défendre notre exception culturelle. François Hollande a décidé de pratiquer la politique de l’autruche devant cette provocation inexcusable de la part de celui qui doit négocier en notre nom de le très dangereux traité transatlantique de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union Européenne, au sujet duquel Jean Quatremer a souligné le danger « d’abandonner le modèle européen au profit du modèle du tout marché ».
 
Cette fois-ci, c’est Arnaud Montebourg qui a déclenché les hostilités en faisant de Barroso « le carburant du Front National  » et de la « façon dont l’UE exerce une pression considérable sur les gouvernements (…) la principale cause de la montée du Front National  ». Le président de la Commission Européenne a répliqué en disant que « quand il s’agit de réformes économiques, d’ouverture, de mondialisation, de l’Europe et de ses institutions, certains souverainistes de gauche ont exactement le même discours que l’extrême-droite  », s’attirant à nouveau des critiques de la gauche comme de la droite.
 
Incohérence à Paris, tyrannie à Bruxelles
 
Sur le fond, les propos tenus par José Manuel Barroso sont extrêmement critiquables. Pour moi, François Hollande devait exiger des excuses suite à ses propos sur la position « réactionnaire » de la France. Un fonctionnaire qui a en charge un mandat confié par des gouvernements démocratiquement élus n’a pas à critiquer ce mandat publiquement. Il doit l’exécuter fidèlement, et ne pas servir l’agenda d’une puissance extérieure, comme semble le faire le président de la Commission, ce qui a été souligné par le Monde, qui n’est pourtant pas le critique le plus acerbe de l’UE.
 
Jean Quatremer a raison de dire que « cette harmonisation risque de se faire par le bas, les (Etasuniens) étant bien moins protecteurs que nous dans tous les domaines. Bref, un compromis se soldera forcément par un alignement du modèle européen sur le modèle (étasunien)  ». Mais comme le souligne justement Coralie Delaume, citant Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». En clair, il est un peu fort de café que ceux qui défendent depuis des lustres cette UE viennent aujourd’hui critiquer le produit des traités qu’ils ont soutenus.
 
Car c’est bien le gouvernement Hollande, dont Arnaud Montebourg est un membre, qui a fait voter le fameux TSCG et accepter le two pack, ces prodédures qui mettent les budgets nationaux sous coupe réglée et qui prévoient que la Commission se mèle des politiques nationales. Et si Jean Quatremer a raison de dire que cet accord risque de promouvoir le moins-disant en matière de qualité, il devrait reconnaître qu’il ne fait que reprendre les analyses que nous faisons depuis toujours, quand nous dénonçons la promotion des OGM, l’autorisation des farines animales ou du poulet lavé à l’acide
 
Barroso est sans doute un carburant du FN pour reprendre l’expression d’Arnaud Montebourg, mais faisant partie d’un gouvernement qui a construit les pompes qui le distribuent, il n’est pas moins responsable du succès d’un parti qui surfe sur la colère légitime des Français contre cette mauvaise Europe.

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4 réactions à cet article    


  • Cocasse Cocasse 26 juin 2013 11:19

    La soumission aux maitres, et un peu d’esbroufe pour le peuple.


    • TicTac TicTac 26 juin 2013 11:25

      Montebourg est un opportuniste qui ne roule que pour lui.

      Ses coups d’éclat font systématiquement long feu.
      Il est démenti avec régularité par les faits ou par lui-même.
      Bref, il n’est là que pour se faire un nom et une carrure.

      • baldis30 26 juin 2013 12:09

        Un individu qui se permet de traiter les autres de conservateur, hors du mandat qui lui a été fourni sur un lit de caviar devrait se taire . Glissons là-dessus pour ne pas polémiquer !

        Ni élu, ni responsable devant quelqu’un ou quelqu’organisme, et doté de tous les pouvoirs avec un passé un peu sulfureux , c’est la portait parfait pour une personne inculte dans une telle place : la conséquence en est qu’on a potentiellement à faire avec un apprenti-dictateur .

        Est-il besoin de démontrer plus avant qu’il est au service exclusif des intérêts US ? lesquels transparaissent à travers FMi, BCE, UE avec le succès que l’on connait en Grèce !

        Ils veulent le libéralisme .... mais avec l’aveu récent du FMI comme quoi ils se sont trompés sur le problème grec que doit-il advenir des responsables ( j’ai écrit « responsables » mais je pense « irresponsables ») .... Que se passe-t-il dans une entreprise ou dans un club de foot dans une telle situation ?

        On s’est trompé ! c’est pas grave ! on continue ! et au besoin on insultera les peuples qui n’ont rien compris, «  »ces peuples sont nuls disent-ils« .

         »Nous sommes les meilleurs dirigeant européens possibles disent-ils !
        mais ils sont les seuls à le savoir  !


        • kimbabig 26 juin 2013 18:41

          Que Montebourg aille jusqu’au bout de sa logique, et demande le retrait Français de l’union européenne, la France ne s’en portera que mieux (les pays voisins aussi, d’ailleurs).

          Combien faudra-t-il d’humiliations, de diktats austéritaires et de tyrannies avant que certains veuillent bien comprendre que la sortie du merdier est la seule solution ?

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