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Accueil du site > Actualités > Europe > Nicolas Sarkozy et l’Union pour la Méditerranée

Nicolas Sarkozy et l’Union pour la Méditerranée

Le président français, Nicolas Sarkozy, croit sincèrement à l’Union pour la Méditerranée et emploie toute son énergie pour la réalisation de ce projet. Quarante-trois chefs d’Etats et de gouvernements, représentant les pays candidats pour cette union, seront conviés à un sommet le 13 juillet 2008, et qui va probablement aboutir à une déclaration constituante de cette union. Pour donner une valeur symbolique à ce projet, il a été convenu de tenir cette conférence au Grand Palais, haut lieu de la capitale française construit en 1900, à l’occasion de l’exposition universelle.

Actuellement les préparatifs relatifs à ce projet sont pilotés, sous les regards attentifs du président de la République, dans le palais Marigny, par l’ambassadeur en charge du projet, Alain Leroy.

Qu’est-ce que l’Union pour la Méditerranée (UPM) ?

La Méditerranée se situe au cœur de la vision stratégique du nouvel exécutif français. Dans son discours de Tanger, le président français a même précisé que « la Méditerranée n’est pas le passé de l’Europe, mais son avenir ». En d’autres termes, il considère que la plupart des principaux problèmes européens ne peuvent être résolus que par une politique de concertation avec les pays du sud de la Méditerranée, ce qui l’a amené à effectuer des visites officielles à certains de ces pays.

La plupart des problèmes posés ont déjà été largement abordés : il s’agit du terrorisme, de l’immigration clandestine, des problématiques environnementales ainsi que des inégalités chroniques du PIB entre les deux rives. Plusieurs responsables politiques et chercheurs spécialistes de ces questions ont montré que la sécurité de l’Europe et son développement passe par une stabilisation politico-économique de ses voisins du Sud. Certains analystes, notamment ceux originaires des pays du Sud, ont reproché à l’Union européenne de délaisser sa frontière Sud en consacrant l’essentiel de son aide financière aux pays de l’ancien bloc de l’Est.

Au moment du lancement de l’idée, l’UPM a été critiquée par la chancelière allemande Angela Merkel, qui voyait dans le projet une politique de coopération renforcée excluant, de facto, les pays de l’union n’ayant pas de lien direct avec les états du sud de la Méditerranée. Ce différend franco-allemand a été résolu en intégrant dans le projet, la totalité des pays de l’Union européenne. L’UPM serait formée ainsi de quarante-trois pays dont la Jordanie et la Mauritanie, deux Etats non-riverains de la Méditerranée. La méfiance de la Turquie à l’égard de ce projet, considéré comme une barrière à son entrée dans l’Union européenne, a été relativement affaiblie. Elle a été associée à plusieurs grands projets économiques souhaités par le président français, Nicolas Sarkozy.

Les échecs de Barcelone

Le processus de Barcelone a été lancé en 1995 avec un objectif précis : utiliser l’aide publique européenne dans la résolution des conflits de la région du Proche-Orient et du Maghreb et mettre en place les bases d’une solution à l’épineuse question de l’immigration clandestine.

Loin d’atteindre ses objectifs, le processus de Barcelone n’a pas produit des effets significatifs. Certains milieux osés ont même qualifié le processus de tentative d’intégration maladroite. Quoi qu’il en soit, les raisons de cet échec sont à chercher dans la nature ambitieuse du projet et à cause de l’instabilité géopolitique de la région. L’échec de la conférence de Madrid en 1991, le blocage du traité d’Oslo en 1993, l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995, la relance de l’Intifada en 2000, les événements tragiques du 11-Septembre 2001 et la guerre d’Irak en 2003 sont autant de facteurs de crises qui ont mis en échec un processus censé éradiquer ou, du moins, affaiblir les tensions politiques régionales.

Pour compléter ce schéma, il faut ajouter l’incapacité du Maroc et de l’Algérie à s’entendre sur la question du Sahara occidental, ainsi que la perception de l’opinion publique des pays de la rive Sud qui a vu dans le processus de Barcelone un énième outil de puissance de l’Union européenne, qui regroupe les anciens colonisateurs.

UPM : un renversement des objectifs

L’approche du président français s’avère réaliste ; il s’agit de renverser les objectifs de Barcelone. En d’autres termes, la stratégie française consiste à développer de grands projets économiques à forte valeur ajoutée, qui pourrait, à long terme, aboutir à une stabilisation politique.

La dépollution de la Méditerranée à l’horizon de 2020 figure en première place de la liste des programmes économiques étudiés qui contient aussi la construction d’une autoroute reliant Alexandrie à Tanger, accueillie très favorablement par l’Egypte. Par ailleurs, le gouvernement français est particulièrement attaché à la création d’un espace commun scientifique et universitaire. Enfin, la création d’une banque méditerranéenne et d’une agence de développement des petites et moyennes entreprises serait la matrice de cette nouvelle approche de coopération.

Contrairement au processus de Barcelone, l’UPM devrait associer non seulement les gouvernements des pays riverains, mais aussi le secteur privé et les acteurs de la société civile. Selon l’éditorialiste britannique Patrick Seals, de multiples sources de financements sont à l’étude : les concepteurs du projet veulent associer les monarchies du Golfe, parallèlement à une participation des entreprises et des fonds communautaires européens.

Cette nouvelle coopération Euromed-Pays du Golfe donne au projet une finalité géopolitique : les concepteurs du projet, fidèle à l’héritage gaulliste de la politique étrangère française, espère à travers le développement économique, affaiblir les tensions politiques et jouer un rôle prépondérant dans la résolution des conflits du Proche-Orient. Cette approche stratégique est confirmée par les propos d’Alain Leroy, ambassadeur français en charge du dossier, dans le quotidien londonien panarabe, Al-Hayat : « les objectifs de l’UPM sont politiques, mais les motivations sont économiques. On ne peut pas attendre la résolution des conflits pour lancer des projets économiques, par contre, on peut espérer que la dynamique économique provoque une stabilité politique ».

Le président français souhaite faire de l’Union pour la Méditerranée une des importantes réalisations de son quinquennat. La présidence française de l’Union européenne devrait nous montrer si la volonté politique pouvait transformer ce projet ambitieux en une réalité qui fera oublier les échecs du processus de Barcelone.


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11 réactions à cet article    


  • Pierre de Vienne Pierre Gangloff 21 avril 2008 11:51

    43 chefs d’états, Grand Palais, préparatifs somptuaires, notre chef d’état n’aime que cela, pourvu qu’il soit sur la photo, de préférence devant. Lui qui n’arrête pas de fustiger les appareils technocratiques est en train de construire une monstrueuse machine à fabriquer des déclarations de bonnes intentions.

    Sa frénesie tenace à vouloir absolument marquer son temps de la grandeur de son passage nous coûte, en finances, et en crédibilité. N’est pas Napoleon qui veut. 


    • tvargentine.com lerma 21 avril 2008 11:52

      Voila donc une politique ,celle de l’union pour la Méditerranée qui a le mérite de remettre les pays de cette région au coeur d’un processus de développement économique

      C’est LE projet depuis bien des années que porte la france pour les peuples de la Méditérranée et qui permettra un fantastique développement économique et sociale des ces peuples,les sortant de la misère

      Une initiative qu’aucun homme politique de gauche n’a voulu mettre en oeuvre !

      Tiens ,au fait,pourquoi ????????????

       


      • Argo Argo 21 avril 2008 13:38

        Euromed, créé en 1995 à Barcelone, à l’initiative de l’Union européenne, compte déjà outre l’UE, pas mal d’États méditerranéens (Algérie, Autorité palestinienne, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie, depuis novembre 2007 Albanie et Mauritanie, et bientôt la Libye).

        23 ans d’existence et de nombreux projets de coopération, ce n’est pas le fiasco qu’on veut bien carricaturer ou balayer d’un revers de manche Sarkozienne.

        A très long terme, on peut soit envisager le rattachement des pays méditerranéens à l’UE soit la création d’une Union Méditerranéenne, pendant local de l’Union Européenne. C’est l’ambition de Sarkozy, devenir le "Jean Monnet" de l’Union Méditerranéenne...

        Le hic, c’est que Sarkozy n’est pas Jean Monnet et que sur la forme, il est beaucoup trop maladroit, ne serait-ce qu’avec les responsables qui s’échignent à faire vivre Euromed (pas facile), à qui on vient d’un coup expliquer que leur approche est mauvaise et qu’on va régler en un tour de main ce qu’ils s’efforcent de mettre en place depuis 23 ans.

        A force de tomber de toutes armoires... De réinventer la roue en permanence, à quand la création d’un G8 ou d’un ONU made in Sarko ?


        • Sandro Ferretti SANDRO 22 avril 2008 10:40

          De toutes façons, Jean Monnet et sa CCA ( Communauté du Charbon et de l’Acier, ancètre de l’UE) s’appuyait sur une homogénéité de pays membres (industriels, riches), qu’il ne sera pas possible de réitérer avec aucun des candidats aux "partenariats privilégiés" avec l’UE ( car, qu’il s’agisse d’Euromed , de l’Ukraine ou de la Serbie, on ne parle pas d’élargissement).

          Autres temps autres moeurs, mais aussi autres tailles, autres masses critiques.


        • Henri François 21 avril 2008 15:46

          Et voilà qu’à vous lire, anglais, saxons entrent dans la danse de l’UPM en attirant à eux les pétro-dollars du Golfe et des monarchies saoudiennes. Agir ainsi c’est introduire le ver dans le fruit, le fric et que le fric sous couvert "d’économie". Si l’Union Pour la Méditerranée commence son architecture par proposer ce seul pilier, elle ne sera qu’un marché de plus au seul bénéfice des profiteurs.

          En outre à lire l’Histoire récente de tous les conflits qui bouillonnent dans la région, jusqu’aux frontières de l’Asie, on s’aperçoit très vite que tous les chaudrons (Afghanistan, Irak, Pakistan, Palestine et même l’Egypte... et le lointain Tibet) ont été administrés en leur temps, occupés ou "aidés" par la douce Albion.

          Laissons les anglo-saxons et leurs alliés du Golfe (et en filigramme les Etats Unis) à l’écart de la construction de la "Méditerranée". Qu’ils n’y mettent surtout pas le nez., sinon adieu l’harmonie des peuples, je dis bien des peules et non... des marchands de haut vol.


          • alceste 21 avril 2008 16:18

            Je partage vos craintes : Il y a longtemps que les stratèges de la géo-politique s’emploient à remodeler le monde ; il est un peu utopique de penser que ce remodelage est prévu dans l’intérêt de tous. Voici quelques aperçus d’un article du "CENTRE FOR RESEARCH ON GLOBALIZATION" :

            http://globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=6879

            "The Mediterranean Union : Dividing the Middle East and North Africa" by Mahdi Darius Nazemroaya.
            " L’ensemble de la Méditerranée devrait à terme entrer dans l’Union européenne, notre sphère d’influence. Cette initiative est dirigée par la France et a été officiellement lancée par Nicolas Sarkozy sur un tour de la Méditerranée, qui a commencé en Algérie.

            L’idée d’une "Union méditerranéenne" a été présenté aux Européens avec l’élection de Nicolas Sarkozy, mais cette idée n’est pas aussi nouvelle que les principaux médias le disent. Zbigniew Brzezinski a reconnu en 1997 que "la France ne cherche pas seulement à jouer un rôle politique dans une Europe unifiée, mais se considère aussi comme le noyau d’un groupe d’États " Méditerranée-Afrique du Nord " qui partagent des préoccupations communes. » Une extension de la Sphère d’influence de l’Union Européenne va également se traduire par une extension de l’influence anglo-américaine et des diktats économiques du Consensus de Washington. Dans ce cas, la question est de savoir quelle sera l’influence anglo-américaine au sein de l’Union méditerranéenne ?

            L’U.E. soutient à la fois les intérêts anglo-américains et franco-allemand . C’est à travers la "relation spéciale" de l’Amérique avec la Grande-Bretagne et avec l’’OTAN que l’Amérique a un pied dans l’Union européenne. "

             


          • Henri François 21 avril 2008 18:16

            Merci Alceste de partager les mêmes craintes que moi qui ai la Méditerranée et ses valeurs à nulles autres pareilles (le soleil peut-être mais certainement son histoire) qui coulent depuis toujours dans mes veines métissées. Voilà que par son initiative, le Président de la République Française a enterré le Processus de Barcelone qui n’était constitué que par les pays riverains de Mare Nostrum. Dans un article publié sur ce même site au début du mois, j’avais mis l’accent sur les dangers d’y englober, dans un premier temps, l’Europe actuelle, c’est à dire uniquement un marché économique, compte tenu en outre d’un ensemble de cultures diamétralement opposées. Qu’on le veuille ou non, et l’Histoire n’a cessé de nous le démontrer, les "civilisations" anglo-saxonnes n’ont, et ne pourront, jamais comprendre celle que la Méditerranée a enfanté au cours des siècles, sinon pour essayer de la piller de ses richesses. Il est vrai qu’il en existent encore des tonnes. Au Sud, bien sûr...

            A mon avis la naissance (justifiée) d’Israël, avec l’aval, hélas des anglais et américains, en est l’exemple le plus frappant. Cet Etat a été fondé et administré, depuis, par les juifs nourris à partir de "l’Exode" par la civilisation anglo-saxonne ou slave et non pas - ce qui aurait été plus sain - par les juifs séfarades c’est à dire les orientaux faits depuis toujours pour s’entendre avec les arabes. Si tel avait été le cas, je suis persuadé, que les malheurs qui n’ont cessé de s’abattre sur cette région depuis plus d’un demi-siècle auraient pu être évités. 

            L’Arabie Saoudite et les pays du Golfe ? Ceux-ci n’ont pas attendu l’UPM pour s’investir dans la région. Ils sont partout dans la rive Sud, les pétro-dollars y étant accueillis à bras ouverts. Mais ils transportent dans leurs coffre-forts et leurs banques une maladie sournoise, à savoir une interprétation archaïque de la religion coranique qui risque de tuer l’islam hérité de l’Andalousie, fait d’ouverture et de tolérance, qui continue de fleurir dans la très grande majorité des citoyens de la rive Sud. 

            N’oublions pas non plus, d’une part, que l’Egypte en tant qu’Etat n’existe "financièrement et économiquement" (tout comme Israël) que par le bon vouloir des dollars US et que, d’autre part, la Chine a commencé de planter dans cette région ses intérêts sournois. 

            Enfin plutôt que se gargariser de " poudre aux yeux" à travers de grands projets pharaoniques (usines atomiques, TGV Alexandrie-Tanger (!), armes,dessalement de l’eau de mer ou sa dépollution, "grandes surfaces, etc...), qui ne sont que "poudre aux yeux", pour lancer le futur ensemble, il serait beaucoup plus intelligent de laisser faire les PME des deux rives (et uniquement des deux rives). Elles seules sont capables de souder les deux peuples, en tolérant les cultures des uns et des autres. 

            Amicalement.


            • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed 21 avril 2008 19:10

              "Qu’est-ce que l’Union pour la Méditerranée (UPM) ?"

              Il y’a juste à intervertir les lettres et vous avez la réponse : C’est donc une stratégie de l’UMP, une sorte de pari pour un avenir proche et lointain euh... L’anticipation du PMU politique, quoi !

              On connait la chanson : "Qui veut gagner des millions sur le dos des crédules ignorants" ?

              Depuis Caligula, l’Europe n’ a pas changé son comportement vis à vis des Africains qui eux-mêmes ne veulent rien comprendre ; c’est ce qu’on appelle un cercle vicieux ! Des vices, il y’en a pour tout le monde !

              MOHAMMED.


              • edouard 22 avril 2008 11:33

                La méfiance de Merkel à l’encontre de l’UPM, est fondé d’abord sur les doutes concernant la santé mentale du Président Sarkozy et ensuite sur ses objectifs cachés .

                Même si elle est atlantiste, elle ne veut pas d’un cheval de Troie qui fasse pénétrer Israël au sein de l’Union...C’est pour cela qu’elle a préféré revenir au processus de Barcelone.

                Pas par antisémitisme, mais par réalisme politique, comme il a été bien dit par Henri François, tout ce qui a été "touché" par les anglo-saxons se transforme en conflit, guerre,....

                Israël est une création anglo-saxonne.

                En plus nous sommes à la veille d’une guerre contre l’Iran probablement mené par Israël et les States, ce qui ne crée pas les conditions optimales.

                 


                • hihanhihanhihan hihanhihanhihan 22 avril 2008 23:11

                  Belle répartie Edouard !

                  - De plus l’auteur est suspect : Il habite Neuilly !


                • dom y loulou dom 24 avril 2008 13:09

                  ou comment installer un adversaire à l’europe avec Israel en présidence ? Au lieu d’imposer à israel de s’en tenir aux droits de l’homme chers à l’europe si ce pays prétend se mêler de toutes les affaires européennes et est jointe à l’euro-foot... on se demande bien pourquoi... et qu’en plus ce pays veut dicter sa loi à tous les pays par le biais du congrès juif mondial... mais qu’est-ce qu’ils croient ces abrutis ?

                  Union des pays méditerranéens ?

                  Un torpillage de longue durée des demandes de certains pays mediterranéens d’appartenir à la communauté européenne et installer un "bouclier" aux invasions des pauvres africains.

                  Une vision profondément raciste et inverse aux bonnes moeurs entre les peuples sous couvert d’entraide. Très sioniste.

                  On assiste à une mise en étages entre l’europe du nord, les pays médterranéens et l’afrique noire... inadmissible... et les partenaires européens sont abents de ce projet ... vous avez remarqué ? Et vous glorifiez une merde pareille qui son-seulement souligne le caractère incompatible des pays musulmans avec l’europe, ce qui n’est pas du tout la vision d’une europe citoyenne, mais empêche aussi l’union africaine puisqu’elle entraine les pays du nord de l’afrique à baver devant l’europe sans lui permettre d’en faire partie. Pure volonté de séparer. Une vision sordide du monde... pure manipulation.

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