Benazir Bhutto, dernière victime en date du vote électronique
Benazir Bhutto a été assassinée, de la même façon que l’on s’est débarrassé d’un Kennedy devenu trop encombrant pour le lobby de l’armement, soutenu par son vice-président Lyndon Johnson, perçu aujourd’hui comme le donneur d’ordre évident de l’exécution. De même que l’assassinat de Kennedy a eu son médecin légiste pour annoncer que le président avait bien reçu une balle à l’arrière du cou alors qu’il lui manquait la moitié de la partie frontale de la calotte cervicale, le meurtre de Bhutto a été promptement maquillé en attentat islamiste. La raison de sa mort, selon la version officielle, étant le choc violent dû à l’explosion d’une bombe et le heurt avec une poignée de fermeture de vitre de toit ouvrant blindé.

Manque de chance pour le rapport Warren, en 1963, un petit bonhomme en chapeau mou avait tout filmé, mettant à mal la thèse officielle, aussi farfelue que grotesque (la balle rebondissante dans la voiture présidentielle). Abraham Zapruder, avec sa caméra 8 mm avait montré aux yeux du monde entier que la balle fatale à Kennedy venait bel et bien de face, et avait été plutôt du type explosive, ce qui impliquait à minima deux tireurs, et en même temps obligatoirement une organisation... et donc un complot, ourdi en haut lieu (pour obtenir par exemple une protection policière aussi lâche autour de la Lincoln de Kennedy). Pour l’assassinat de Bhutto, un autre Zapruder se cachait fort heureusement dans la foule, révélant un homme aux lunettes noires, incroyablement serein, le Colt à canon court au poing, ajustant tranquillement la pasionaria pakistanaise avant même que l’explosion d’une bombe ne finisse son travail, ou n’en assure les effets définitifs, ou ne serve qu’à brouiller davantage les pistes. Les images sont là et sont difficilement critiquables, en tout cas pas davantage que celles de Zapruder, éminemment parlantes dans leur froide horreur.
A peine Benazir Bhutto morte, le monde entier s’est demandé quels ont pu être les commanditaires, ou quelles ont pu être les motivations de ses assassins. Passons sur la piste islamiste, qui paraît trop "belle", et surtout qui paraît trop... téléphonée, le pouvoir en place ayant décrété qu’il s’agissait indubitablement de l’œuvre de Ben Laden et d’Al Qaeda, presque aussi vite que Georges W. Bush ne l’avait fait pour l’explosion du WTC... Si on y ajoute que, selon Benazir Bhutto elle-même, Ben Laden serait mort depuis longtemps, l’hypothèse fait long feu. Penchons-nous plutôt du côté du pouvoir en place. Et là, très vite, les soupçons augmentent. En fait, Bhutto, qui devait donc participer aux prochaines élections, était revenue pour dire le jour de sa mort qu’elle n’avait aucune chance d’être élue avec la large majorité espérée, elle qui caracolait en tête pourtant dans tous les sondages. La révélation, car c’en est une, et une incroyable, a été faite aujourd’hui seulement par un membre de son staff, le sénateur Latif Khosa. A l’en croire, l’ISI, les services secrets pakistanais formés directement par la CIA, disposait d’un "méga-ordinateur" en mesure de pirater n’importe quel autre ordinateur, et qui serait relié au système informatique de la commission électorale officielle. Le scénario décrit par deux fois pour l’élection de W. Bush, qui devait se répéter au Pakistan cette fois. Et qui se répétera, bien entendu, en février prochain ou plus tard, sans que le monde ne s’en inquiète davantage. A croire que de piller les urnes ou les bourrer de faux bulletins est devenu un procédé courant en démocratie.
Un éditorialiste du Washington Post, et pas des moindres, Robert D. Novak, avait pourtant déjà levé le même lièvre dès le 3 décembre dernier. Selon lui, Bhutto avait demandé de réaliser des élections sans que le pays ne soit encore sous le coup de la loi martiale déclarée par Musharraf, loi martiale à laquelle les Etats-Unis étaient hostiles, "officiellement parlant". Selon Novak, toujours, Musharraf, afin de garder un pouvoir relatif important, aurait alors négocié avec les Américains le traficotage et le saupoudrage des résultats afin de permettre certes à Bhutto d’obtenir une majorité (afin de garder une face démocratique à son pouvoir autoritaire), mais pas une majorité assez forte, annoncée par les derniers sondages, afin d’affaiblir Buttho dès les premiers mois de son pouvoir ! Plusieurs moyens avaient été mis en place pour cela, avec l’aide précieuse de la CIA. Les mêmes que ceux utilisés par Bush en Ohio en 2004 : disparition tout d’abord de 20 000 000 de fiches d’électeurs (le 1/8 de la population totale du pays), comme avait pu le faire Blackwell, leur remplacement par un nombre moins important avec des redites (un électeur pouvant alors voter plusieurs fois) et surtout en reliant les centres de vote à un ordinateur central, susceptible de "tempérer" les résultats au fur et à mesure de leur arrivée. Exactement le scénario décrit dans l’article Votergate, ou l’ordinateur de Sandia en Californie a joué ce rôle prépondérant le soir même de l’élection de 2004. Un supercomputer pakistanais cette fois, à faible coût, car basé sur la technologie de mise en réseau ou Grid (grille), dont sont devenus accros tous les scientifiques du monde. Une technologie qui a pu être empruntée au Cern, avec lequel travaillent étroitement des chercheurs pakistanais. Une technologie utilisée récemment par les Iraniens eux-mêmes, à base d’AMD Opteron du commerce gérés sous Linux. Un document fort intéressant issu de l’AIPC, l’American Institute of Physics, intitulé Low Cost Supercomputer for Applications in Physics daté de 2007, en fait réalisé par plusieurs chercheurs de l’université du Punjab... au Pakistan, explique la mise en place de l’appareillage dans le détail. Sur le modèle classique du Beowulf initié dès 1994 par la Nasa. Pas cher, et très efficace, permettant des calculs rapides... le soir d’une élection par exemple.
Vous allez me dire, ce qu’on a vu, jusqu’ici, de la préparation des élections au Pakistan ce sont des urnes transparentes... et non des machines Diebold sous système GEM. Certes, mais ce sont les centres de collecte des résultats qui sont munis d’ordinateurs, comme pour les comtés américains, où les opérations les plus douteuses ont eu lieu sur ces machines "serveurs" et non sur les machines de vote proprement dites, sauf celles estampillées Diebold, sommet de détournement d’intention de vote à elles seules.
Auquel cas les Etats-unis auront joué un très mauvais jeu dans cette histoire, privilégiant en définitive depuis le début Musharraf, tout en expliquant au monde qu’ils soutenaient à fond le retour de Benazir Bhutto, présentée comme plus "démocratique" alors que ses différents passages au pouvoir ont été marqués par une corruption sans précédent. Une Benazir sûre d’être abattue, ou tout comme, à demander à plusieurs reprises aux Etats-Unis et aux Anglais une équipe de protection digne de ce nom. Pour les Anglais, ce fut Armor Group, et pour les Etats-Unis... Blackwater, eh oui, Benazir Bhutto n’étant pas non plus une oie blanche en politique, loin de là, et savait à qui s’adresser en priorité. Musharraf refusant d’octroyer les visas aux mercenaires souhaités (par elle-même et son mari, l’homme par qui la corruption a pris des dimensions inquiétantes), on sait ensuite ce qu’il en est advenu. Avec le refus de protection et la CIA qui s’est ingéniée à expliquer depuis deux ans au pouvoir en place comment trafiquer une élection, on peut conclure sans crainte ce soir que W. Bush avait clairement condamné à mort Benazir Bhutto, qui s’apprêtait à démontrer que l’élection n’était qu’une mascarade, en révélant par la même occasion qu’à deux reprises déjà cette mascarade avait amené un président américain au pouvoir, le procédé utilisé étant le même, seuls les moyens différaient. Si on y ajoute le fait que Bhutto avait eu le malheur de clamer à haute et intelligible voix que Ben Laden était mort depuis longtemps, on comprend que pour les Etats-Unis, qui ont à tout prix besoin de l’existence de Ben Laden comme repoussoir idéal, sa peau ne valait plus grand-chose. A peine deux balles de Colt. L’homme aux lunettes noires qui tenait le pistolet aurait très bien pu s’appeler W. Bush, pour tout dire. Le Pakistan, le 27 décembre, s’enfonce dans le chaos. Un chaos souhaité, en réalité, par un pouvoir américain qui y a davantage intérêt qu’à tabler sur la stabilité de la région. Le credo de la lutte contre le terrorisme peut recommencer de plus belle et absoudre toutes les exactions, sur place comme à l’intérieur même des Etats-Unis. L’Iran étant redevenu plus acceptable aux yeux de l’opinion américaine, grâce à la ténacité du nouveau directeur de la CIA, qui s’oppose ouvertement à la vision bushienne du conflit, l’Irak versant un peu moins dans le sang journalier, il fallait bien se trouver un autre ennemi plus farouche. Autant ressortir des limbes Al-Qaeda, et un Ben Laden censé se nicher quelque part, justement, au... Pakistan.
D’une certaine manière, l’assassinat programmé de Benazir Bhutto joue le même rôle pour le pouvoir faiblissant de W. Bush que les vidéos de Ben Laden. Un Ben Laden empaillé, dont on n’entend plus que la voix d’outre-tombe désormais. Décès oblige.
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