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Burkina Faso – RD Congo : Le Congo est un cas à part

La chute du président Blaise Compaoré du Burkina Faso s’est invitée dans le débat en cours en République Démocratique du Congo, où les partisans du président Joseph Kabila tentent d’assurer son maintien au pouvoir en s’affranchissant des limites de la Constitution actuelle. A Ouagadougou, la population a tout simplement mis fin au débat en chassant le président Compaoré alors que son mandat courait jusqu’à fin 2015. A Kinshasa, la majorité présidentielle a eu de quoi s’angoisser d’autant plus qu’elle avait dépêché au Burkina Faso une délégation qui devait assister au vote des parlementaires burkinabè convoqués pour modifier la Constitution. Pour l’anecdote, les délégués congolais sont restés bloqués dans le pays, les nouvelles autorités ayant décrété la fermeture des frontières aériennes. Le message burkinabè ne pouvait pas être plus clair. 

 

Il serait pourtant hasardeux d’envisager un scenario à la burkinabè sur le sol congolais. Même si l’hostilité au maintien de Kabila au pouvoir est bien réelle, le Congo est dans une situation beaucoup plus complexe. Elle tient essentiellement au rapport à la violence et à l’importance des enjeux géopolitiques, avec en toile de fond, le contrôle des immenses ressources stratégiques du Congo, et dont les Congolais font les frais.

 

1. Le rapport à la violence

Contrairement au Burkina Faso, la République Démocratique du Congo est un pays dévoré par des violences armées et une interminable guerre déclenchée en 1996, avec un bilan astronomique de six millions de morts. Les autorités ont moins de scrupule à recourir à la violence contre la population. Une manifestation pacifique finit facilement dans un bain de sang, une constante confortée par l’impunité chronique dont bénéficient les auteurs de répressions politiques. Les images de Ouagadougou où on voit les manifestants avancer droit sur les forces de l’ordre qui reculent, sont difficiles à ramener des rues de Kinshasa. Ici, on tire dans le tas et on passe à autre chose.

Il est donc possible que Kabila entreprenne de modifier la Constitution. Il est aussi possible que les Congolais protestent contre une telle décision. Mais ce qui est certain est que, là où les hommes de Compaoré se sont abstenus de tirer sur leur population, au point de perdre le pouvoir, les hommes de Kabila n’hésiteront pas un seul instant. Kabila est d’ailleurs au pouvoir à l’issue des élections chaotiques de 2011 au cours desquels l’armée et la police avaient massacré les opposants, sans état d’âme, dans les rues de Kinshasa. Cinq ans auparavant, la répression s’était soldée par un bilan de plus de mille morts. A côté des dirigeants congolais, les dirigeants burkinabè peuvent être considérés comme d’admirables « gentlemen ». Rien à voir avec leurs homologues de Kinshasa. Les morgues de Ouagadougou auraient été pleines et les urgences médicales débordées. Et Compaoré serait toujours maintenu au pouvoir.

 

2. Les enjeux

Le Burkina Faso est un pays de 274.200 km² et 18.365.123 habitants. Le Congo est huit fois plus grand, quatre fois plus peuplé et plus difficile à mobiliser. Par ailleurs, l’immensité de ses ressources minières a condamné le Congo, depuis plus d’un siècle, à être la chasse gardée des puissances occidentales qui, tantôt nouent des alliances dans le dos des Congolais, tantôt s’affrontent par Africains interposés pour le contrôle des ressources du pays. Ainsi, là où Blaise Compaoré n’a besoin que de l’aval des Français pour prendre et consolider son pouvoir, Joseph Kabila a besoin d’une demi-douzaine de puissances étrangères pour accéder au pouvoir et commencer à régner sur le pays[1], les Américains ayant le dernier mot.

Un président au Congo est ainsi au cœur de trop d’enjeux économiques et géopolitiques pour être renversé par des manifestants, et les Congolais en ont pris conscience. Ils savent que si les partisans de Joseph Kabila entreprennent sérieusement de modifier la Constitution, c’est qu’ils auront obtenu l’aval des Américains et des Européens, et que toute forme de résistance sera écrasée dans le sang, les capitales occidentales se limitant aux condamnations du bout des lèvres. Il est donc possible qu’on ne puisse jamais voir des manifestants congolais aussi nombreux et déterminés que les Burkinabè. L’histoire particulière du Congo, qui devrait se répéter, est que ses trois derniers présidents (Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila) ont tous été imposés de l’extérieur, à chaque fois dans des scénarios où le rapport de force tournait systématiquement en défaveur du peuple congolais[2]. L’assassinat de Patrice Lumumba est resté comme le symbole de la défaite des masses populaires congolaises face à la puissance des oligarchies occidentales qui siphonnent les richesses du pays et décident de qui doit gouverner et pour combien de temps.

 

3. Les pouvoirs du président

Le président Compaoré, comme quasiment tous les autres présidents africains, était, pour ainsi dire, le seul maître à bord. Il était, dans son pays, la seule autorité suprême, le seul chef des armées, le seul chef des administrations. Rien à voir avec le Congo où le président Kabila n’exerce, en réalité, qu’un pouvoir limité sur le pays. Le poids de la Mission de l’ONU au Congo (la Monusco) est tel que le Représentant du Secrétaire général de l’ONU au Congo, Martin Kobler[3], apparaît parfois comme le véritable président de la République. Pendant ce temps, le Raïs continue d’être l’objet de la méfiance des franges entières des Congolais du fait de ses liens opaques avec le régime rwandais de Paul Kagame, ce qui s’est traduit par une forme d’éloignement des masses populaires congolaises vis-à-vis de sa personne.

Une configuration comme celle-là est telle que la population peine à identifier et à se focaliser sur un responsable de ses malheurs. Ainsi, au Congo, on manifeste plus souvent contre l’ONU, accusée d’inefficacité, que contre le président Kabila dont l’influence sur le cours des choses est assez faible comparé à la carrure de ses deux prédécesseurs (Mobutu, Laurent-Désiré Kabila)[4]. Comment donc mobiliser des masses populaires contre un président aussi peu présent et dont on sait qu’il n’est pas la « pièce maîtresse » du système contesté ? Car, au final, une révolution n’a de sens que si elle affecte les intérêts des « acteurs majeurs » du système à abattre. Kabila a sa part de responsabilité, mais il est de notoriété publique qu’il n’est pas au centre du « système » qui fait mal aux Congolais.

 

4. Méfiez-vous des révolutions

Il faudra du temps pour comprendre ce qu’il en est de la révolution burkinabè qui fait déjà face à des dissensions dans les rangs de l’armée. S’il ne s’agit, pour un peuple, que de se débarrasser d’un président dont on ne veut plus, c’est fait à Ouagadougou et ça peut se faire à Kinshasa demain. Mais le plus important dans une révolution est que les révolutionnaires soient en capacité de maîtriser les enjeux et les agendas dont ils vont hériter au lendemain du « grand soir ». Bien des révolutions, si pas toutes, ont débouché sur des lendemains qui déchantent. Pour rappel, des quatre pays qui ont été les plus touchés par le printemps arabe, seule la Tunisie semble s’en être bien sortie[5]. Parce que lorsqu’une révolution éclate dans un pays, les dirigeants du reste du monde prennent des précautions. Le mouvement ne sera jamais à l’identique d’un pays à l’autre.

Il serait bien naïf de croire que les faiseurs de rois occidentaux n’ont pas encore anticipé le scénario d’un soulèvement des Congolais contre le pouvoir de Joseph Kabila. Et si à l’issue d’un tel soulèvement à Kinshasa, l’armée congolaise prenait le contrôle du pouvoir, à l’instar de ce qui se passe à Ouagadougou, ce sera la marche vers l’inconnu. En effet, l’armée congolaise a la particularité d’être une armée noyauté et gangrenée par une multitude d’agents étrangers (essentiellement rwandais et ougandais), conséquence des deux décennies de guerres d’agression, des accords secrets et d’intégrations massive d’individus de toute sorte dans les structures de commandement de l’armée. Dans son ouvrage « Les armées au Congo »[6], Jean-Jacques Wondo décrit ce fléau avec beaucoup de gravité. En mai dernier, le colonel Mankesi, parti en exil, avait fait publier des révélations alarmantes sur l’ampleur des infiltrations en masse dans les rangs des FARDC[7] (l’armée nationale congolaise). Et dans la perspective de 2016, une force surnommée « Légion rwandophone » devrait prendre position entre l’aéroport de Ndjili et la ferme de Kingakati sous le commandement du général Gabriel Amisi. L’unité devrait être constituée de soldats exclusivement rwandophones[8] en mission pour réprimer les opposants. Une armée dans l’armée.

Bref, si au lendemain d’une révolution populaire qui verrait le départ de Joseph Kabila, à l’instar de Blaise Compaoré, une armée comme celle-là prenait le contrôle du pouvoir à Kinshasa, ça ne sera guère le bout du tunnel. Il y a un risque bien réel que l’état-major soit composé des haut-gradés rwandais et ougandais, et que le Congo continue d’être piloté de l’extérieur. Il y a également un risque de voir le pays sombrer dans des batailles rangées entre unités de l’armée selon les affinités des officiers dont la loyauté à la nation congolaise ne rassure guère. Le peuple aura mené sa révolution mais les fondamentaux du système qu’il s’agissait d’abattre seront, soit maintenus en l’état, soit contestés de manière chaotique.

Autrement dit, une révolution pour rien.

Boniface MUSAVULI

 

[1] Pierre Péan voit dans l’accession de Joseph Kabila au pouvoir la main des Américains sous la présidence de George Bush, des Français sous la présidence de Jacques Chirac, des Belges et des Rwandais (Paul Kagame). Cf. P. PEAN, Carnages – Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Éd. Fayard, 2010, p. 418.

[2] Des quatre présidents qui se sont succédé à la tête du Congo, trois ont été placés au pouvoir par les Etats-Unis, usant de moyens détournés (Mobutu grâce au coup d’Etat de 1965 organisé par la CIA, Laurent-Désiré Kabila à l’issue de la guerre de l’Afdl orchestrée par les Américains et les Britanniques et Joseph Kabila). Seul Joseph Kasa-Vubu, le premier président, a accédé au pouvoir à l’issue d’une élection démocratique.

[3] Diplomate allemand.

[4] Quel que soit le jugement qu’on est en droit de porter sur les politiques menées par les deux présidents.

[5] Les Egyptiens se sont retrouvés dans une impasse après que les Frères musulmans ont mis en minorité des révolutionnaires laïcs. L’armée en a profité pour reprendre le contrôle du pays. En Libye, les manifestants ont offert un prétexte à l’Otan pour bombarder le pays et éliminer Kadhafi. Scénario qui aurait pu être identique en Syrie si Vladimir Poutine n’avait pas volé au secours du gouvernement syrien.

[6] JJ. Wondo, Les armées au Congo-Kinshasa – Radioscopie de la Force Publique aux FARDC, Ed. Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, Saint-Légier (Suisse), Avril 2013.

[7] « Les révélations du Colonel Mankesi sur l’infiltration des FARDC », desc-wondo.org, 15 mai 2014.

[8] C’est un euphémisme pour désigner la « cinquième colonne » des armées rwandaises et ougandaises au Congo.


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8 réactions à cet article    


  • Nsumbu 1er novembre 2014 23:57

    Cher Musavuli,

     

    Tout ce que vous nous dites là est frappé au coin du bon sens : le rapport à la violence au Congo, un pays miné par une violence récurrente entretenue et quasi irréductible, les enjeux géopolitiques d’un territoire aux ressources minières immenses convoitées par les puissants, y sont plus pesants qu’au Burkina sans oublier le destin aléatoire de toute révolution…

    Néanmoins si tout ce juste constat fait certes du Congo notre pays un cas différent, en fait-il tant que ça implacablement un « cas si à part »  ? Dans tous les cas nos compatriotes Congolais gardent mille et une raisons valables de se révolter dont les essentielles sont qu’ils vivent une exploitation à combattre et que malgré tout rien n’interdit que leur contestation leur rapporte quelque gain demain...

     

    Et désolé, je vous vois théoriser quelque part une impuissance organisée pour ces pauvres Congolais sur une issue pour autant pas si planifiable : la ressource académique de la science sur les soulèvements populaires ne serait-elle pas après tout qu’on les comprend mieux a posteriori qu’à leur départ ? 

    Autrement dit, toute révolte, avant de devenir ou non une révolution gagnante, restera quelque part toujours imprévisible comme d’ailleurs inplanifiable ; c’est là où chaque situation constitue un cas à part, alors ne vaudrait-il pas mieux conclure que de quelques éléments objectifs nous disposerions pour évaluer son possible destin, nous resterons toujours au niveau des hypothèses avant son avènement définitif même en face d’uCongo si mal parti  ? 

     

    Ainsi, à mon avis si en tant qu’analyste vous avez raison de nous donner votre éclairage sur une comparaison entre la « révolution réussie (?) » du peuple burkinabé et les scénarii possibles au Congo, ne devriez-vous pas aussi reconnaître que ceux-ci souffrent de cette imprévisibilité consubstantielle à chaque révolte populaire à son départ ?

     

    Maintenant qu’en est-il de quelques éléments précis dont vous alimentez votre expertise ?     - Les Américains ont toujours compté sur les choix politiques importants au Congo vus les enjeux géostratégiques qui les attirent mais ici n’ont-ils pas aujourd’hui plus des raisons de favoriser un changement et pourraient donc tout autant canaliser en leur sens une révolte populaire ? 

    Quel est, quel sera à terme l’intérêt de Kobler et de sa Monusco que vous qualifiez de véritables maîtres du pays ? 

    Et dans ce cas ne vaut-il pas mieux pour le peuple Congolais de repartir sur ce nouveau défi que de ses satisfaire de la situation bloquée actuelle ? 

    Bon, il y a beaucoup à en penser et en dire mais limitons-nous pour le moment aux simples interrogations ?

     

    - Qui vous dit que l’exemple du Burkina laissera toujours dans la même position pouvoir et forces de l’ordre au Congo face à un soulèvement populaire massif ? 

    Un pouvoir autocratique et répressif ne dispose-t-il pas en lui même les germes infectés d’être balayé en quelques jours quelles qu’aient été sa puissance et ses capacités d’arbitraire la veille ?

     

    - Et si le véritable blocage du Congo se situait aujourd’hui au niveau de l’impuissance de ses différentes forces politiques et sociales à oser sortir des peurs où les différentes pressions hiérarchiques, régionales et internationales les ont enfermés et qu’ils peuvent faire sauter en quelques heures comme au Burkina, quelques jours à la faveur d’un soulèvement possible allumé par un infime prétexte comme hier en Tunisie ? 

    Et n’oubliez pas ce qui s’est passé au Sénégal avec la défaite tranquille et légale de Wade malgré ses « magouilles » , le réel début d’un possible automne africain avant le Burkina ?

    La suite comme je vous disais nous appartiendrait peu ou prou mais il n’est pas, à ce stade, interdit qu’il puisse être autant prometteur ; je préfère me bercer de cet espoir et ne pas m’interdire de croire une révolution réussie possible en place de voir tout en noir ! C’est possible !!! 


    • MUSAVULI MUSAVULI 2 novembre 2014 00:27

      Cher Nsumbu, lorsque vous évoquez l’« imprévisibilité consubstantielle à chaque révolte populaire », vous ajoutez à mon texte la cinquième problématique (après le rapport à la violence, les enjeux, les limites du pouvoir de Kabila et la méfiance vis-à-vis des mouvements révolutionnaires). Oui, il y a une imprévisibilité consubstantielle à chaque révolution. Ben Ali en Tunisie, Louis XVI en France, Blaise Compaoré au Burkina Faso, tous avaient la certitude d’avoir le pays sous contrôle la veille de la révolution. Et puis boum ! Du jour au lendemain, le président ne représente plus rien. Pourquoi ? Comment ? Que s’est-il passé ? Le peuple a décidé comme un seul homme que maintenant ça suffit. Ça n’arrive pas souvent, mais lorsque cela arrive, on parle de révolution. Aucun pays n’est à l’abri, même pas le Congo. Ça aurait pu être mon dernier paragraphe. 


    • Pini-Pini Nsasay 2 novembre 2014 17:42

      Cher Nsumbu, j’apprécie votre réaction. Evidemment l’article de notre frère Musavuli est édifiant, mais vous avez raison d’en appeler à l’espoir courageux face à une situation difficile, à vrai dire face à la mort gratuite et immédiate qui frappe notre peuple. Moi je ne pense pas que les Congolais vont tous être raillés de la terre même si certains analystes étrangers s’y afférent. 


      La mainmise des puissances occidentales est à l’origine même de l’octroi des territoires de notre pays à la petite Belgique à l’époque ; laquelle a exercé un pouvoir autoritaire. Les régimes qui se sont succédé au Congo en réalité sont ceux du roi Léopold II, celui de Mobutu et celui de Kagame, sous diverses commandes multinationales. Tous ces trois régimes se ressemblent fortement.

      La première force publique de Léopold II ressemble beaucoup à l’armée de Kagame, les Forces Armées Rwandaises du Congo (FARDC) comme l’a bien dit Musavuli. L’armée de Mobutu a aussi bénéficié de diverses complicités et aides étrangères. Mais cela n’a pas empêché des soulèvements et des émergences des personnalités illustres comme Kimbangu ou Lumumba pour ne parler que de ces deux là ou le soulèvement populaire du 16 février 1992, resté mémorable. 


      La colonisation belge du Congo n’a jamais été un long fleuve tranquille malgré ses millions de morts ; il en est de même de la colonisation rwandaise (tutsi) actuelle, malgré les millions de morts aussi, hélas. Les Congolais sont certes atteints, profondément, mais ils ne sont pas terrassés, pas encore, et les Rwandais ainsi que leurs parrains restent toujours des humains, y compris des Américains aussi puissants qu’ils puissent être ou paraître. 


      Juste à l’intention de notre frère Musavuli, Kasa-Vubu n’avait pas été élu comme tel, il avait été coopté après que Lumumba à qui revenait ce fauteuil ait accepté de se retirer pour sauvegarder l’unité de la nation que Kasa-Vubu voulait mettre en mal s’il n’était pas président. Et la Belgique y a été pour beaucoup pour empêcher Lumumba d’exercer les fonctions de Président et le remplacer par Kasa-Vubu. Le coup fourré qui est arrivé après était déjà préparé depuis longtemps.

    • MUSAVULI MUSAVULI 3 novembre 2014 01:38

      « Kasa-Vubu n’avait pas été élu comme tel, il avait été coopté après que Lumumba ». Merci Pini-Pini Nsasay. 


    • Nsumbu 3 novembre 2014 12:42

      Sans doute les « insurrections populaires » débouchent rarement sur des « révolutions » mais peut-être assez souvent qu’on ne le voit pour que l’humanité avance car après tout par quelles révoltes contre l’injustice, l’exploitation et la domination ne doit-elle pas être passée pour qu’aujourd’hui l’homme revendique presque partout des droits…

      Trêve de dialectique : vous m’aurez compris, je ne m’accroche d’abord ici qu’au mince espoir que bien sûr comme au Burkina face aux tentatives de tripatouillage constitutionnel se lèvent en masse des Congolais pour réussir à les bloquer… Mais plus que ce mobile évident, qu’il se trouve ce « prétexte miraculeux imprévu et imprévisible » qui les amène à habiter profondément cette revendication au point de faire de cet événement un passage de témoin historique vers une ère démocratique où enfin nos dirigeants auront à cœur de rendre des comptes à leurs populations…

       

      Ah oui pourquoi pas nous cette fois aussi : plus qu’il n’y est « à l’abri », le Congo y aurait droit d’autant qu’objectivement ce peuple en a tant enduré qu’il a bien des motifs d’embrasser éperdument le changement ! C’est le sens de ma remarque : plutôt que de battre en retraite avant d’avoir livré combat d’y croire ! Méthode Coué ? Pas que…


    • Nsumbu 3 novembre 2014 13:45

      MM Pini-Pini, Musavuli,

       

      Si vous permettez, j’étais déjà là en juin 1960 (kiekiekieee j’ai hélas l’âge que j’ai !) mais pas assez âgé pour que j’y comprenne quelque chose à la désignation de Kasa-Vubu comme premier Président du Congo indépendant…

      J’ai eu entre-temps le temps et un peu de science pour en savoir davantage, je crois, notamment qu’au delà des sympathies ponctuelles des colonisateurs pour un Kasa-Vubu Président plutôt que pour Lumumba, la Loi fondamentale qui régissait alors l’ancien Congo belge naissant à la souveraineté prévoyait un régime parlementaire où le Président de la République était davantage un monarque (à la berge ?) et le Premier Ministre le réel chef de l’Exécutif…

      Logiquement le PR était alors élu au suffrage indirect par les parlementaires (sénateurs et députés) tandis que le PM l’était au suffrage direct. Lumumba , son parti et ses alliés remportèrent nationalement le scrutin et désigné aussi logiquement comme PM et Kasa-Vubu fut élu PR au Parlement…


    • Nsumbu 3 novembre 2014 15:33

      PS ERRATA : « plus qu’il n’y est « à l’abri » » lire « plus qu’il n’y est pas « à l’abri » » ; « un monarque (à la berge ?) » lire : « un monarque (à la belge ?) »...


      • Nsumbu 4 novembre 2014 02:16

        PPS Désolé de revenir à une matière congolo-congolaise ! 

        En effet je viens de me relire et suis obligé de préciser qu’à propos de Kasa-Vubu PR vs Lumumba j’ai oublié de nuancer qu’à ma connaissance les textes (de la Loi fondamentale) disaient une chose d’ailleurs bien opportunément mais que les uns et les autres en ont interprété une autre… C’est ce qui en partie explique les turpitudes qui ont rapidement déstabilisé l’édifice institutionnel chancelant en place et conduit au mic-mac informe des premiers jours de notre souveraineté (Kasa-Vubu PR démettant Lumumba PM et celui-ci démettant quelques heures plus tard son PR, etc, etc…)…

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