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Accueil du site > Actualités > International > Côte-d’Ivoire : qui a peur des élections ?

Côte-d’Ivoire : qui a peur des élections ?

Le 30 novembre est donc de plus en plus improbable pour la tenue des élections en Côte-d’Ivoire. En dépit des engagements qu’ils avaient pris et maintes fois confirmés, les ténors de la classe politique ivoirienne ne semblent pas disposés à solliciter le suffrage du citoyen-électeur à cette date. Tout se passe comme si les uns et les autres redoutaient un échec. Quel qu’en soit le motif, un éventuel report, un de plus, signifierait un nouvel échec des acteurs politiques de ce pays. En même temps qu’il traduirait un manque cruel de crédibilité à leur niveau, ce report ne ferait qu’en rajouter à l’embarras du facilitateur et de son équipe qui auront tout donné. Le temps est-il venu pour la communauté internationale de durcir le ton ?

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Le président_Laurent GBAGBO

De nombreux signes, propos, faits et gestes émanent de la Lagune Ebrié, qui milite en faveur du report. Les dirigeants ivoiriens veulent-ils vraiment aller aux élections ? Rien ne permet de l’affirmer à quelques semaines de la date butoir. Pourtant, la détermination était bien ferme au départ et chacun s’était montré résolu à jouer sa partition. Aujourd’hui, toutes sortes d’arguments sont à nouveau avancés pour justifier le report de la date des élections.

Des fameux accords de Marcoussis à ceux de Ouaga, trop d’échéances auront été revues, trop d’engagements auront été pris sans issue notable. Manifestement, cette classe politique ne veut pas sortir de la crise la tête haute. Elle semble même se complaire d’une situation qui voit se multiplier les misères d’un peuple fatigué par tant d’atermoiements. Sinon, pourquoi n’avoir pas accéléré la prise de mesures idoines ? A certains moments, on a même semblé en vouloir à la communauté internationale de ne pas en faire suffisamment pour assister le pays. Pourtant, la Côte-d’Ivoire appartient d’abord et avant tout aux Ivoiriens. Par conséquent, il est d’abord du devoir de ses leaders politiques d’accepter de s’assumer, de s’organiser pour abréger les souffrances de leurs concitoyens. Ils ne peuvent indéfiniment changer les règles du jeu ou revoir les échéances pour un oui ou pour un non. Et surtout pas chercher à jeter la pierre à ceux qui viennent les assister comme s’ils étaient les premiers responsables de la situation. Ils doivent penser à la détresse quotidienne de leurs concitoyens dont les voix leur seront toujours indispensables pour la quête du pouvoir. De report en report, on semble vraiment faire fi de l’intérêt du peuple ivoirien manifestement gagné par la lassitude.

Depuis les premières alertes, la communauté internationale a mis les bouchées doubles pour faire avancer le processus. Des leaders politiques, des dirigeants de la société civile entre autres, ont défilé à Ouagadougou pour réaffirmer leur volonté de faire table rase de tout et de respecter les échéances. Les divergences ne semblaient point aussi incontournables pour freiner le processus. Alors, pourquoi un nouveau report ? L’on doit se convaincre que seules les élections permettront de mettre fin aux dissensions actuelles. Tout porte à croire que les acteurs politiques trouvent un avantage à exploiter les faiblesses du système actuel pour exiger à chaque fois le report des échéances. Ces incessants reports semblent pourtant faire le lit de l’incivisme, de la démission et de l’impunité. Le flou ne profite qu’à certains qui semblent avoir une feuille de route, laquelle est différente de celle du peuple ivoirien. Le risque est donc grand de voir se renforcer la désaffection du peuple à l’égard de la chose politique.

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Le premier ministre Guillaume SORO

Par ailleurs, un report, un de plus, ne milite pas en faveur des efforts de la communauté internationale, singulièrement ceux du facilitateur. Il y a comme un travail de sape qui ne dit pas son nom. Un autre report permettrait-il de combler les clivages et mettre fin à la méfiance générale ? On sait que la situation actuelle profite bien plus au président Gbagbo et à son Premier ministre. A eux de redoubler d’efforts pour que s’installe véritablement un régime qui tire sa légitimité des accords. Il faut travailler davantage à éviter de compromettre l’égalité des chances devant l’électorat. Toutes tendances confondues, les acteurs politiques doivent œuvrer de manière à sortir leurs compatriotes de la misère quotidienne, des affres de la vie chère et des déchets toxiques pour passer à autre chose.

En particulier, le président Gbagbo doit arrêter de donner le sentiment qu’il est bien installé dans la logique d’un pouvoir d’Etat normal qui perdure et qui attend simplement d’être reconduit. Il ne sert à rien de jouer au rassembleur, de multiplier les chantiers, en lézardant le pays de grands travaux pour ensuite faire reporter les élections. Il est peut-être temps pour la communauté internationale de revoir le mécanisme des sanctions, le seul langage que semblent comprendre certains hommes politiques ivoiriens. Car rien ne prouve que la prochaine date sera réellement la bonne. Le pays ne se porte pas si bien, et seul un régime propre, issu des élections, pourrait légitimement tenter de résoudre les problèmes. Les casses, les détournements et le sabotage de matériel, en rapport direct ou pas avec la tenue des audiences foraines, n’y pourront rien. La Côte-d’Ivoire doit avancer et elle avancera. Il ne tient qu’aux responsables politiques de chaque camp de le vouloir. S’ils peuvent parler d’une même voix et obtenir des dates, c’est qu’ils peuvent agir de même pour les respecter dans l’intérêt de leur pays. Il faut éviter de se laisser entraîner dans le cycle dangereux des reports. Comme savent si bien l’illustrer les jeunes dans leur nouvelle danse, le pays vit vraiment à l’ère du « Fatigué fatigué ».


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2 réactions à cet article    


  • CANAAN 16 octobre 2008 14:37

    Le temps est-il venu pour la communauté internationale de durcir le ton ?...

    Le droit, le devoir (?) d’ingérence ???
    Oui, le droit de peser, pour la démocratie, sur les tenants du statu quo...qui, évidemment les arrange bien !
    La CÖTE D’IVOIRE, mais plus généralement, l’Afrique noire a un potentiel énorme...un futur taux de croissance à deux chiffres, donc la possiblilité, pour tous, de vivre un réel progrés...


    • Webes Webes 16 octobre 2008 16:59

      Y a rien a attendre de la communaute inter. toutes ses interventions depuis 2002 on etes saborder par le roi president sous les applaudissements de la population voire meme son aide (nov.2004).
      La CI a ete, maintenant c est l Angola, le Nigeria, l AF qui interesse l occident. 50000 barils jour trop petit et Gargill doit se plaire dans ce chaos ! 
      La population est fatigue ! et bien qu elle fasse le menage elle meme ! La France a deja paye a Bouake !

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