Dislocation du marché mondial, dislocation de l’Union européenne ?
Il est aujourd’hui indéniable, pour toute personne pensante, que la crise mondiale actuelle, née DANS la sphère financière et bancaire -ce qui ne signifie pas que ses racines sont là- est UNIQUE et surtout d’une puissance et d’une ampleur jamais vue dans l’histoire connue de l’humanité.
Cette crise affecte l’ensemble de la planète, dans toutes ses composantes, mais nous allons ici nous attacher à ses conséquences déjà ressenties sur l’Union européenne et étudier les forces aveugles qui, aujourd’hui, tendent à disloquer cette Union, à la remettre en cause dans ses fondements même, incluant ses Traités et sa monnaie dite « unique », l’euro.
Une crise qui disloque tout sur son passage
De manière tout aussi indiscutable, cette crise se développe maintenant comme un ouragan dans tous les domaines du marché mondial et tend à le disloquer par pans entiers, jetant à bas toutes les illusions nées durant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale.
Il semble maintenant acquis que le système que nous connaissons est dans une impasse totale. Il n’arrive plus à stabiliser et à améliorer la vie humaine, la santé, l’instruction, l’emploi et donc le niveau de vie de l’immense majorité de l’espèce humaine. Cela était le cas avant la crise, mais la crise a rendu les faits encore plus manifestes.
Il désorganise au contraire les sociétés, comme il détruit les bases économiques, donc les moyens d’existence des peuples. Il ne peut plus dorénavant assurer, ni la stabilité générale du monde, ni encore moins son développement harmonieux pour les générations actuelles et futures en protégeant notre environnement vital.
Les pays dits « émergents » tels que la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, le Pakistan, son aujourd’hui aussi fortement frappés par la crise : l’inflation et le chômage, avec son cortège de crises politiques, sociales, voire de violences, sont présents dans ces sociétés ou vont l’être d’ici peu de temps.
La Chine a officiellement dénombré en quelques mois à peine plus de 20 millions de travailleurs migrants licenciés, soit en réalité, au moins le double, sans parler des travailleurs des villes.
L’Inde est secouée de troubles et son économie est au bord du gouffre. La Russie est en crise grave et nul ne le nie à Moscou, même si le régime essaie de détourner l’attention vers d’autres objets, comme sa politique extérieure afin de tenter de rassurer son opinion publique très inquiète par des prousses « nationalistes »..
L’Union européenne dans une crise de dislocation « de facto »
Quant à l’Union européenne, elle est dans une situation que personne n’aurait pu imaginer voici encore un an : ses économies nationales sont toutes, peu ou prou, en récession, ses Traités fondateurs -notamment les fameux critères « incontournables » de Maastricht sont explosés, ou comme on voudra, caducs, donc liquidés.
L’Irlande est en quasi-banqueroute, la Grande-Bretagne est dans une ornière économique et sociale sans précédent, l’Allemagne accumule les plans de relance sans parvenir à enrayer la marche des évènements, l’Espagne connaît un taux de chômage qui bat tous les records, l’Italie est aussi frappée de plein fouet. La liste des Etats de l’UE dans les difficultés est celle de tous les pays de l’UE,.
Les déficits budgétaires nationaux au sein de l’Union européenne atteignent des sommets proches d’une menace de banqueroute globale. La dette publique explose sans limite aucune, le chômage enfle comme une vague de tsunami sans fin. Les systèmes de protection sociale, là où ils existent, sont impuissants à empêcher une paupérisation jamais vue des citoyens hors temps de guerre sur le continent, le mécontentement grandit, les conflits sociaux se multiplient, le protectionnisme- avec ses exigences immédiates et brutales - apparaît déjà...
Qui dit « protectionnisme » au sein des pays membres de l’Union européenne, quelle que soit la forme initiale que prend le processus en question -comme le refus d’accueillir des salariés étrangers ou rétablir des politiques féconomiques et fiscales protectionnistes, induit inévitablement l’éclatement de l’UE comme telle.
Si on se place sur le terrain strictement juridique, à savoir que l’Union européenne a comme matrice fondatrice le Traité de Masstricht, personne ne niera que ce Traité est aujourd’hui violé et reviolé, nié, renié avec force tous les jours par les 25 Etats de l’UE, de toutes les manières possibles (déficits et dettes publics, aides nationales, nationalisations de fait, etc.....
Donc, on en conclura que, sur le plan du droit, l’UE a déjà perdu ses fondements juridiques et qu’elle se survit seulement en apparence, toute politique économique, sociale, fiscale commune étant maintenant inexistante. Sa Commission de Bruxelles est sans influence aucune sur le cours des choses et son Parlement un théâtre d’ombres totalement impuissant en tout.
Il reste l’euro, cette « monnaie unique » qui ne rassemble pas les 25 Etats, loin de là, ce qui, déjà, fait douter de son « unicité ».
L’euro aujourd’hui est à l’évidence, même pour les observateuirs les moins perspicaces, l’instrument par lequel la crise obtient ses effets démultiplicateurs sur les pays membres de la zone et sur chacun d’eux. Et non un outil protégeant de quoi que ce soit les économies nationales affectées !
Plus grave encore, l’euro avait comme base matérielle impérieuse et obligatoire une politique budgétaire et économique commune que le Traité de Maastricht concrétisait.
Mais, à ce jour, il ne reste rien de cette politique budgétaire et économique commune, rien que des ruines et d’immenses endettements s’accroissant chaque joiur sans fin prévisible, ce qui, naturellement, touche l’euro de plein fouet.
La question qui se pose est la suivante : « comment avoir encore une monnaie commune si chaque pays membre de la zone euro détruit avec acharnement les fondations mêmes de l’euro » ?
Sans faire de longues prospectives, il est probable que, dans ce contexte, l’euro devenant une monnaie partant à vau l’eau, c’est le dollar, soutenu par des plans de relance américains, qui risque de redevenir la monnaie fétiche des marchés financiers, enfin, de ce qu’il en reste à ce jour.
L’euro, ses bases étant détruites et disloquées, est menacé dans son existence même, non seulement par la destruction de ses racines économiques et budgétaires, mais encore plus fortement par les politiques de facto protectionnistes que mettent en place les gouvernements des Etats membres de la zone (subventions publiques aux entreprises « nationales », nationalisations de facto, mesures contraires au Traité de Maastricht sur les échanges de biens, de capitaux et de personnes, etc...).
Rien ne sera plus comme avant pour l’euro et l’Union européenne
La crise financière et bancaire est loin d’être terminée. D’autres chocs arrivent, avec les échéances de plus de 1000 milliards de « subprimes » aux Etats-Unis, l’abîme effrayant des « credit exchange swaps" (plus de 73000 milliards de dollars) et la masse d’endettement à cadence de croissance folle de presque tous les Etats de la planète.
Quel que soit le scénario que chacun voudra imaginer pour le futur, deux choses sont désomais acquises :
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l’Union européenne est en phase dynamique de dislocation, ses fondements étant détruits et sa monnaie étant menacée de disparition par voie d’éclatement entre les intérêts « nationaux » divergents, voire contradictoires.
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L’Union européenne, si elle survivait à cette crise (chose possible, mais alors dans quel état de ruines elle en sortirait !) ne pourra jamais plus être ce qu’elle voulait et prétendait être et devenir. Il en va de même pour l’euro qui est aujourd’hui sous la menace de plusieurs processus conjugués et convergents concourant à son explosion "de facto".
Le débat pourrait juste porter sur les leçons, à cette étape, que cette crise, en l’état, nous a déjà enseignées.
Dans un système d’intérêts contradictoires et/ou divergents, au sein d’un système économique sans avenir pour le monde, la survie de l’Union européenne comme elle a été fondée et voulue à ses débuts, est une gageure. Son explosion sous les coups de boutoir d’une crise comme celle que nous vivons est inscrite dans la logique des évènements.
Une telle Union possible des peuples d’Europe- ce que n’est pas l’Union européenne actuelle- ne peut se fonder que sur une modification radicale des bases et des objectifs, donc aussi du mode de fonctionnement d’une telle Union, les moyens , ou, si l’on préfère, les formes étant toujours liés aux fins, donc aux buts.
La crise en développement vient de montrer les limites et les contradictions de la construction artificielle de l’UE par les « politiques »- loin des ou contre les peuples et de leurs aspirations réelles- au service d’un système économique mourant.
Cette dislocation en cours de l’Union européenne, comme partie intégrante de la dislocation en cours du marché mondial, ouvre de nouvelles perspectives pour les peuples d’Europe et leurs légitimes intérêts et aspirations.
Mais, cette dislocation risque aussi d’être source de violentes conséquences, de troubles d’une puissance continentale, qui seront les fruits de 60 ans de construction d’une « machine » qui n’avait jamais pris, malheureusement, en compte les peuples, leur expression démocratique (cf : les référendums répétés jusqu’à obtention de la réponse VOULUE) et le devenir des citoyens d’Europe.
La crise qui disloque l’Union européenne et le marché mondial dont l’UE est une partie, est le révélateur de toutes les contradictions jusqu’ici tues ou cachées de cette « construction européenne ».
Il est à souhaiter que les peuples d’Europe -et du monde- ainsi que leurs responsables élus en tirent à l’avenir toutes les leçons utiles et fécondes pour bâtir une véritable Europe des peuples associés librement, une Union fondée sur la démocratie véritable, le respect scrupuleux de la volonté des citoyens et une économie reconstruite sur des bases stables, harmonieuses, donc durables.
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