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Accueil du site > Actualités > International > Gorbatchev, le début de la fin de l’URSS

Gorbatchev, le début de la fin de l’URSS

Dernier chef de l’URSS, il a voulu libéraliser un régime non libéralisable. Il en est devenu bien malgré lui le liquidateur, avec cet exploit historique d’avoir évité de terribles répressions dans le sang lors de la chute de l’empire soviétique. Cela lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 1990.

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Il y a trente ans exactement, Mikhail Gorbatchev devenait, le 11 mars 1985, Secrétaire Général du Parti communiste d’Union Soviétique (PCUS), soit le poste politique le plus important de toute l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).

Son arrivée, encouragée initialement par son parrain Youri Andropov (mort en février 1984), a donné un air de renouveau après la succession de gérontocrates pendant deux ans et demi, à la suite de Leonid Brejnev. À tout juste 54 ans, Mikhail Gorbatchev a conquis le pouvoir suprême, grâce à la complicité de l’inamovible Andrei Gromyko, et il comptait bien réformer le système soviétique qu’il avait compris sclérosé et inanimé, tant économiquement que politiquement. Forte ambition.

Cela a donné de nombreuses réformes, tant au niveau institutionnel (avec la création, à la fin, d’un véritable Président de l’Union Soviétique sur le modèle américain) qu’au niveau international avec une nouvelle détente : accord avec Ronald Reagan sur les armes nucléaires (au Sommet de Washington du 8 décembre 1987), désengagement militaire d’Afghanistan le 16 mai 1988, libération du physicien Andrei Sakharov en décembre 1986, autorisation de publication de "Docteur Jivago" de Boris Pasternak en novembre 1985, et évidemment, chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, etc.

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La "gorbymania" a tellement bien "pris" en Europe occidentale que le plus fervent soutien de Gorbatchev fut… Margaret Thatcher ! Le style très moderne du nouveau dirigeant soviétique (son épouse Raïssa très photogénique, etc.) apportait un nouveau souffle à un régime d’une autre époque, issu de Lénine et Staline. Ses deux maîtres mots furent perestroïka (restructuration) et glasnost (transparence).

Faisons un bond de six ans et demi. Pendant tout son mandat, Mikhail Gorbatchev a dû composer tant avec une aile réformatrice (qui se trouva rapidement un leader en la personne de Boris Eltsine, rival personnel de Gorbatchev au sein du PCUS), qu’avec une aile conservatrice, très inquiète du projet d’autonomie des républiques soviétiques proposées par le Kremlin. Cela a conduit au putsch manqué de Moscou du 19 au 21 août 1991 et en quelques mois, à la mort définitive de l’Union Soviétique.

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Comment imaginer qu’une dictature qui avait duré trois générations ait pu se déliter aussi rapidement, en à peine six mois ?

Le 19 août 1991, Gorbatchev fut enfermé dans sa datcha de Foros, en Crimée (où il était en vacances depuis le 4 août) par l’armée et un comité de salut public annonça à Moscou que pour raison de santé, Gorbatchev quittait le pouvoir et laissait place à une sorte d’oligarchie pas très bien préparée.

Il y avait urgence : le lendemain, Gorbatchev devait signer un nouveau traité de l’union (Union des républiques souveraines soviétiques) qui remettait en cause la toute puissance de la Russie sur les autres États de l’Union Soviétique. Une plus grande autonomie des républiques au sein d’une structure moins centralisée. La Russie avait déjà pris, comme d’autres républiques, son autonomie ; le 12 juin 1990, le congrès des députés du peuple de la République socialiste fédérative soviétique de Russie avait en effet proclamé la souveraineté de la Russie. Pressé par les conservateurs, Gorbatchev avait commencé une répression sanglante à Vilnius le 13 janvier 1991, faisant 15 morts, après la proclamation d’indépendance de la Lituanie en mars 1990, mais il avait reculé devant l’indignation internationale. À Riga aussi, les troupes soviétiques étaient présentes.

Les putschistes menés par Guennadi Ianaïev, le Vice-Président de l’URSS choisi par Gorbatchev pour calmer l’ardeur des conservateurs, furent Vladimir Krioutchkov, le chef du KGB, Valentin Pavlov, le Premier Ministre de l’URSS, Boris Pougo, le Ministre de l’Intérieur, Dimitri Iazov, le Ministre de la Défense, Oleg Baklanov, le vice-chef du conseil de sécurité, Oleg Chénine, le secrétaire du comité central et Valéry Boldin, le directeur de cabinet de Gorbatchev.



L’état d’urgence fut proclamé pour une période de six mois.
La censure fut rétablie.
Les chars sont arrivés en plein Moscou, sur la place Rouge.
Les Russes ne comprenaient pas trop ce qu’il se passait.
Les conducteurs de char non plus.

Il y a eu alors l’épisode de Boris Eltsine qui est monté courageusement sur un char. Il était déjà le chef du parlement local depuis deux ans (ou plutôt, le Président de la République socialiste fédérative soviétique de Russie élu démocratiquement au suffrage universel direct dès le premier tour le 12 juin 1991). L’armée a fraternisé avec la foule. Il a gagné ses lettres de noblesse historiques à cette occasion. Les manifestants avaient un chef. Un nouveau roi. Un nouveau tsar.

Gorbatchev et Eltsine n’avaient qu’un mois d’écart.
Même génération, même ambition.
L’un a été plus féroce que l’autre.

Ce que dit Gorbatchev de son rival vingt années plus tard, avec du mépris et une rancune certaine : « Il aimait le pouvoir. Il était irascible et ambitieux. (…) J’aurais dû l’envoyer ambassadeur dans une république bananière, pour qu’il y fume le narguilé. ». Gorbatchev et Eltsine sont aujourd’hui les dirigeants russes les moins appréciés des Russes (respectivement 14% et 17% de cote de popularité dans un sondage de l’institut VTsIOM en octobre 2011, alors que Poutine avait 61%, Brejnev 39% et Staline 28%).

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Dans ses mémoires, Gorbatchev a raconté qu’il a eu une conversation téléphonique de sa datcha avec George WH Bush (père) : « François Mitterrand devait m’appeler, il ne l’a pas fait. ». Soutenu par Helmut Kohl, Gorbatchev a pointé du doigt l’une des plus grandes erreurs diplomatiques de François Mitterrand en ayant été le seul chef d’État à avoir reconnu les putschistes par sa lecture devant les caméras d’une lettre qu’il avait adressée à Guennadi Ianaïev.

Un documentaire titré "Les derniers jours de l’URSS" est régulièrement diffusé sur la Chaîne parlementaire (LCP), réalisé par Jean-Charles Deniau en 2011 pour le vingtième anniversaire (diffusé initialement sur France 3 le 12 décembre 2011).

Le 20 août 1991, le documentaire l’a inclus au montage, c’est assez émouvant, Gorbatchev fit un enregistrement vidéo amateur dans sa prison dorée pour dire que ce n’était pas vrai du tout, qu’il n’était pas malade et qu’il était retenu prisonnier. À peu à l’instar d’une princesse prisonnière de son donjon.

Inutile, la vidéo, car dès le 22 août 1991, l’affaire s’est délitée : les putschistes n’ont pas osé tirer sur le peuple et se sont évaporés, l’un se suicida (Pougo, qui tua aussi sa femme), la plupart furent jugés et condamnés à de la prison, mais furent amnistiés en 1994. Eltsine a définitivement gagné la partie.

Il a envoyé son propre Vice-Président, Routskoi pour ramener Gorbatchev à Moscou.
Gorbatchev désormais devrait tout à son pire rival. Il est devenu son vassal. L’arrivée du maître du Kremlin sonné, en pull, hirsute, a donné au monde entier une image d’homme fini.

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Le 24 août 1991 (c’est très rapide), séance officielle présidée par Gorbatchev et Eltsine. En public, Eltsine s’est levé martialement et a intimé l’ordre à Gorbatchev de signer le décret de dissolution du Parti communiste d’Union Soviétique. Ce parti qui fut la clef de voûte de l’État depuis 1922 ! Gorbatchev ne voulait pas. Il l’a signé sous la contrainte de l’index pointé, devant les caméras du monde entier. L’empire s’est écroulé comme un simple formalité administrative. Comme un château de cartes. Le vent s’est levé.

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Eltsine a conclu dans son coin un nouveau pacte avec les présidents des autres républiques soviétiques, le 21 novembre 1991 à Alma-Ata, au Kazakhstan, et le 8 décembre 1991 à Minsk en Biélorussie. L’émergence de la Communauté des États indépendants (CEI). Sans les pays baltes qui avaient déjà obtenu leur indépendance complète dès septembre 1991 : depuis plus de dix ans, ces pays sont maintenant membres de l’Union Européenne (officiellement depuis le 1er mai 2004).

Il ne restait donc plus que la conclusion définitive.

Le jour de Noël 1991, Gorbatchev signa sa démission de Président de l’Union Soviétique. Par la même occasion, l’Union Soviétique était morte. Dissoute officiellement le 26 décembre 1991 par le Soviet Suprême. La RSFS de Russie est devenue la Fédération de Russie et le pouvoir suprême transféré dans les faits à Boris Eltsine.

2011 dans le documentaire. Voici Gorbatchev, avec quelques années en plus (il a 80 ans en 2011), l’ancien chef suprême, le terrible chef de l’Armée rouge, qui commentait tranquillement ses derniers jours au pouvoir. On n’imagine même pas François Mitterrand ou Jacques Chirac le faire ! Ou alors, il faudrait imaginer Khrouchtchev dire comment il a été limogé comme un malpropre !

Son témoignage pour l’Histoire est évidemment très important.

Comme Nelson Mandela, Gorbatchev a eu la possibilité de s’expliquer sur toute son existence, sur ses intentions, sur ses décisions, sur ses déceptions, sur ses réussites, etc. C’est rare au regard des historiens. Même en France, la plupart des dirigeants politiques quittent ce monde avec une grande part de secret. Sans jamais se justifier. Raymond Barre avait expliqué par exemple, peu avant sa disparition, pourquoi il n’avait pas voulu écrire de mémoires : cela représentait un travail documentaire trop épuisant pour son état de santé.

Chose plus troublante, Gorbatchev, grossi, à peine reconnaissable si ce n’est que sa tache sur le crâne aide bien, n’était pas le seul témoin de ces événements de 1991.

Il y avait l’envers du décor.
Un putschiste.

Vasily Strarodoubtsev, lui aussi témoignait dans le documentaire. Comme putschiste. Auréolé d’une médaille bien visible à sa boutonnière et d’une statue de Lénine posée sur son bureau.

Strarodoubtsev, n’est pas très connu, pas la peine de chercher sur Wikipédia, il n’est pas dans la rubrique francophone. Il est mort peu après son témoignage à 80 ans. Un an plus jeune que Gorbatchev. Agronome à Novomoskovsk où il a été récompensé comme un Héros du travail socialiste, et aussi par l’Ordre de Lénine, etc. (d’où la médaille qu’il arborait dans le documentaire). Il a dû bien se débrouiller car malgré sa compromission dans le putsch raté, il s’est retrouvé sénateur de 1993 à 1996, puis gouverneur de la région de Tula de 1997 à 2005 puis député de 2007 à 2011 sous l’étiquette du parti agraire dont il était l’un des notables.

Cette échappée de paroles de tout côtés fait évidemment le bonheur des historiens.
Mais la morale devrait peut-être aller se rhabiller. Les perdants aussi façonnent désormais l’histoire. Le putsch n’a été qu’une tentative fumeuse de conservation d’un régime anachronique.

Toujours vingt ans plus tard, au cours d’une longue interview dans "Rossiïskaïa Gazeta" le 15 août 2011, Mikhail Gorbatchev a reconnu avoir été informé, deux mois avant, par les Américains de la préparation du coup d’État du 19 août 1991 : « Bush [père] m’a appelé. Il tenait cette information du maire de Moscou, Gavriil Popov. (…) Je pensais qu’il fallait être idiot pour jouer son va-tout. (…) Mais malheureusement, c’étaient des idiots [les putschistes]. Et nous, nous étions des semi-idiots, y compris moi-même. J’étais épuisé. Je n’aurais pas dû partir en vacances. C’était une erreur. ».

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Aujourd’hui, Mikhail Gorbatchev a 84 ans. Il reste encore assez apprécié dans les démocraties dites occidentales pour son rôle historique mais est complètement déconsidéré dans son propre pays : il est rendu responsable du démantèlement de l’empire et de la fin de la superpuissance soviétique. Le 16 juin 1996, dans une folle tentative de réhabilitation, Mikhail Gorbatchev s’était même présenté à l’élection présidentielle mais n’avait recueilli que 0,5% des suffrages exprimés, très loin derrière Boris Eltsine (35,3%), Guennadi Ziouganov (32,0%), Alexandre Lebed (14,6%), Grigori Iavlinsk (7,3%) et Vladimir Jirinovski (5,7%) sur un total de 74 387 754 votants ! Cela donne une idée de son crédit.

Vladimir Poutine, lui, dirige la Fédération de Russie d’une main de maître depuis le 9 août 1999, comme Premier Ministre ou comme Président de la Fédération, soit depuis plus de quinze ans et demi. Soit plus que la longévité cumulée de Gorbatchev et Eltsine, et pas loin de celle de …Brejnev.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 mars 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Vladimir Poutine.
L’élection présidentielle de mars 2008.
Mikhail Gorbatchev.
Boris Eltsine.
Andrei Sakharov.
L’Afghanistan.
Boris Nemtsov.
Staline.
Ronald Reagan.
Margaret Thatcher.
François Mitterrand.
La transition démocratique en Pologne.
La chute du mur de Berlin.
La Réunification allemande.
Un nouveau monde.
L’Europe et la paix.

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15 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 11 mars 2015 10:22

    À l’auteur :


    Gorbatchev et Eltsine ont complètement raté la « privatisation-libéralisation » de l’économie russe.
    Pauvre peuple russe : Spolié en 1917 et en 1991 !

    • antyreac 11 mars 2015 11:45

      @Jean-Pierre Llabrés
      Il était nécessaire de libéraliser cette dictature même si les débuts étaient difficiles.

      Avec putler nous sommes dans dictature classique mais réformable. 

    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 11 mars 2015 11:57

      antyreac (---.---.---.246) 11 mars 11:45

      « Il était nécessaire de libéraliser cette dictature même si les débuts étaient difficiles. »

      Vous parlez là de politique tandis que je parle d’économie.


    • Le p’tit Charles 11 mars 2015 10:44
      Gorbatchev...Pour quelques millions de dollars vendit son âme au diable... !

      • Laulau Laulau 11 mars 2015 13:34

        La « gorbymania » a tellement bien « pris » en Europe occidentale que le plus fervent soutien de Gorbatchev fut… Margaret Thatcher !

        On a les soutiens qu’on mérite.
        Pour l’article, l’auteur est égal à lui même, il distille sans relâche le sirop tiédasse de l’histoire officielle, façon Mickey Mouse.


        • JC_Lavau JC_Lavau 12 mars 2015 15:15

          @Laulau
          Il serait ahurissant qu’on me taxe de Thatcherophilie... Toutefois on ne peut retirer à Maggie que femme courageuse, elle savait sentir et apprécier les gens courageux.

          Jusqu’à l’accident de Tchernobyl (mai 1986), Gorbatchiov croyait sincèrement que le système communiste soviétique était amendable et redressable.


        • Hermes Hermes 11 mars 2015 14:10

          Bonjour,

          Gorbatchev était un humaniste idéaliste (voir ses publications édifiantes à ce sujet), et son idéal en a fait un aveugle poilitique... La Russie mettra du temps à s’en remettre, si toutefois elle réchappe à la crise actuelle.

          cdt.


          • JC_Lavau JC_Lavau 11 mars 2015 19:35

            Toujours documenté et bien écrit, Sylvain Rakotoarison.


            • JC_Lavau JC_Lavau 12 mars 2015 08:55

              @JC_Lavau.

              Agoravox est peuplé d’une racaille qui « moinsse » d’autant plus frénétiquement qu’elle est incapable d’argumenter. Prière de nous expliquer en quoi cette attitude comploteuse et sournoise serait miraculeusement « citoyenne ». Merci d’avance !


            • Frédéric MALMARTEL Le Kergoat 11 mars 2015 20:46

              Héros pour les bobos, Gorbatchev a été un désastre pour les Soviétiques.

              « Grâce » à lui, ils sont passés en quelques mois du statut de super-puissance crainte et respectée à celui d’état misérable et humilié.

              « Grâce » à lui, l’avenir des Soviétiques qui bénéficiaient du confort relatif des équipements collectifs soviétiques : transports, crèches etc... a été réduit à... rien.

              Un ami Arménien m’avait dit une fois, en regardant les « survavlistes » américains qui s’entraînent à survivre en cas de désastre nucléaire : « Nous, nous l’avons eu notre désastre : il s’appellait Gorbatchev »


              • JC_Lavau JC_Lavau 11 mars 2015 20:57

                Et puis c’est d’un ringard, de rester comme ça toute sa vie avec la même femme !
                Ridicule en notre époque moderne où toute femme moderne se vante d’avoir disposé d’au moins autant d’amants que Bardite Brigeot !


                • JC_Lavau JC_Lavau 11 mars 2015 21:18

                  Peu de pays sont capables de sécréter ET un Nelson Mandela ET un Frederik de Klerk.
                  La tragédie d’Anouar es Sadate a été de n’avoir en face de lui qu’un Menahem Beghin, qui ne songeait qu’à le rouler dans la farine.
                  Le plus gros de la tragédie de Mikhaïl Gorbatchiov a été d’avoir en face de lui un Dick Cheney qui ne songeait qu’à le rouler dans la farine.

                  L’analyse serait courte, si elle ne tenait compte que de la constante félonie U.S. après tous leurs traités.

                  Si l’Ukraïne s’est trouvée surarmée pour cette guerre civile qui la ravage, c’est qu’elle était pleine de dépôts d’armes énormes, tous prévus pour la prochaine invasion de l’Europe occidentale. Telle était la mission basique (et stupide) de l’Armée Rouge : être prête à reprendre la seconde guerre mondiale, et cette fois conquérir toute l’Europe. L’industrie a donc fourni ces énormes quantités de blindés, de missiles, de batteries, qui ont rouillé dans des caches, dans des forêts, dans des mines. Tout ce travail, cette métallurgie et cette chimie rien que pour les armes, et des pinottes pour la population civile... Cela Mikhaïl Gorbatchiov n’en est en rien le coupable.

                  L’incendie et le naufrage du Komsomolsk (le sous-marin en titane, mais avec un équipage de débutants) aussi démontrait que l’Empire se décomposait de l’intérieur. Mikhaïl Gorbatchiov n’en est en rien le coupable. Il a juste été l’honnête syndic de faillite, et ce sont d’autres qui ont transformé cette faillite en désastre, Boris Iéltsyn en tête, fortement aidé en cela par les banksters américains qui surent l’acheter.


                  • PRCF PRCF 12 mars 2015 10:35

                    @JC_Lavau
                    Comment passer sous silence ce qui a été un énorme coup d’état. Une énorme farce antidémocratique qui a abouti à la mort de millions de soviétiques (il suffit de voir le recul de l’espérance de vie).

                    Car les peuples soviétiques se sont prononcés par référendum à plus de 70% pour l’URSS. qui a été dissoute.

                    Ce qui est rigolo c’est que ce très long article passe sous silence l’attaque - à l’arme lourde - de Eltsine contre le parlement soviétique.
                    Démocrate mais pas trop. Il s’agit bel et bien ici de révisionnisme passant sous silence les faits pour faire du storietelling.

                    "Eltsine annonce la dissolution du Congrès le 21 septembre, ce qui n’est pas permis par la constitution de 1978, invoquant pour sa légitimité le résultat favorable du vote de confiance lors du référendum d’avril 1993. Le parlement riposte en annonçant que Boris Eltsine est démis de ses fonctions, et en installant le vice-président Alexandre Routskoï comme président intérimaire. Après dix jours d’émeutes meurtrières dans les rues de Moscou, le parlement est mis au pas avec l’aide de l’armée, qui assiège et envahit la Maison blanche le 4 octobre 1993. 10 chars sont déployés devant la Maison blanche afin de neutraliser les tireurs d’élite tandis que les forces spéciales ALFA et Vympel pénètrent dans le bâtiment.« 
                    Ce deuxième coup d’état de Eltsine sous les applaudissement de la presse occidentale fera plus de 2000 morts. Dans la foulée, Eltsine interdit les partis d’opposition.
                    Dans le même temps, la mafia s’empare du pays et les oligarques volent de leurs biens publics les soviétiques. C’est cela qu’encense l’auteur. Le capitalisme, c’est le vol, c’est la dictature, c’est la mafia

                    C’est pas la pravda qui le dit mais le très à droite journal l’express, en 1993 :

                     »

                    Une image, une seule, restera dans les livres d’histoire et les vidéothèques. Celle de chars T 72 tirant des obus sur un bâtiment neuf, immaculé, au coeur de Moscou. Incroyable spectacle : au bord de la Moskova, sous un soleil radieux, devant une foule de Moscovites, imprudents et graves, la « Maison-Blanche », siège du Parlement de Russie, est méthodiquement pilonnée et partiellement incendiée par des tanks et des mitrailleuses lourdes de l’armée régulière russe, sur ordre de son chef suprême, le président Boris Eltsine

                    "


                    ivorce criant entre deux Russie. Celle qui a admis les exigences de la liberté, qui s’initie aux lois du marché, qui goûte le plaisir de consommer, même chichement. Regrettant, bien sûr, que d’anciens communistes, plus malins que d’autres, aient confisqué les premiers bénéfices de la privatisation du pays ; ou que le taux de criminalité, à Moscou, soit en passe de rattraper celui des grandes métropoles occidentales. Mais vouant le communisme aux gémonies. Cette Russie-là est urbaine, intellectuelle, élitiste, européenne, entreprenante et, hélas ! minoritaire. L’autre n’est pas sortie indemne du désastre totalitaire. Habituée à la sécurité de l’emploi, à la complète emprise de l’Etat sur la vie quotidienne de chacun, à l’irresponsabilité érigée en système, cette frange de la société est frustrée, perdue, malheureuse. Ayant perdu tout repère, ne croyant plus en rien, prête à s’offrir aux marchands d’illusions. Le programme du leader néocommuniste Guennadi Ziouganov, l’un des nostalgiques du passé, mentionne ainsi, sans douter de rien, « la reconstitution de l’URSS » !
                    "

                  • JC_Lavau JC_Lavau 28 avril 2015 01:57

                    @JC_Lavau. Correction : L’incendie et le naufrage du Komsomolets (le sous-marin en titane, mais avec un équipage de débutants). 7 avril 1989.


                  • Norbert 12 mars 2015 11:54

                    Merci pour votre intéressant article

                    . Vous commencez par poser une question cruciale :

                    « Comment imaginer qu’une dictature qui avait duré trois générations ait pu se déliter aussi rapidement, en à peine six mois ? »

                    La réponse se trouve peut-être aussi dans la question complémentaire : Comment se fait-il qu’un tel régime ait pu se maintenir trois générations ?

                    Mon avis est que Trotsky a donné une excellente interprétation de la nature de l’État  issu de la Révolution d’Octobre après sa dégénérescence stalinienne. Son interprétation laissait plutôt présager un effondrement très rapide du régime avec deux possibilités : Une Révolution politique du prolétariat ou au contraire la Restauration capitaliste.  Les conséquences de la deuxième guerre mondiale ont bouleversé le pronostic et ont consolidé une caste bureaucratique auréolée d’une victoire militaire et dont le credo devint la construction du socialisme en URSS et sa contrepartie, la coexistence pacifique avec l’impérialisme. Beaucoup d’intellectuels marxistes pour ne citer que Castoriadis n’ont pas manqué de faire remarquer cette erreur de pronostic de Trotsky qui selon eux n’avait pas compris que l’URSS était le précurseur d’une nouvelle sorte de Capitalisme d’État très robuste et dont on voyait même les tendances dans le gouvernement US.

                    Au contraire Trotsky pensait le régime bureaucratique éphémère et fragile car la bureaucratie n’est pas une classe et selon lui la notion de Capitalisme d’Etat est un contresens théorique. Il pensait aussi que les bases socialistes de l’économie faisait de l’URSS l’ennemi numéro 1 de l’impérialisme indépendamment de la « bonne » volonté conciliatrice de la bureaucratie. Voici quelques réflexions de Trotsky issues de « Défense du Marxisme » et de « La Révolution trahie » qui illustrent sa conception.

                    « La fonction de Staline comme celle de Green a un caractère double. Staline sert la bureaucratie et par là-même la bourgeoisie mondiale, mais il ne peut servir la bureaucratie sans préserver le fondement social que la bureaucratie exploite dans ses propres intérêts. Dans cette mesure Staline défend la propriété nationalisée contre l’impérialisme et contre les couches trop impatientes et trop avides de la bureaucratie. Il réalise cependant cette défense par des méthodes qui préparent l’effondrement général de la société soviétique. C’est pourquoi il faut renverser la clique stalinienne. Mais c’est le prolétariat révolutionnaire qui doit la renverser. Il ne peut confier cette tâche aux impérialistes. Le prolétariat défend l’U.R.S.S. contre l’impérialisme, malgré Staline. »

                    « Ne nous trouverions-nous pas dans une situation ridicule si nous donnions à l’oligarchie bonapartiste le nom de nouvelle classe dirigeante quelques années ou même quelques mois avant sa chute honteuse ? »

                     "La chute du régime soviétique amènerait infailliblement celle de l’économie planifiée et, dès lors, la liquidation de la propriété étatisée. Le lien obligé entre les trusts et entre les usines au sein des trusts se romprait. Les entreprises les plus favorisées seraient livrées à elles-mêmes. Elles pourraient devenir des sociétés par actions ou adopter toute autre forme transitoire de propriété telle que la participation des ouvriers aux bénéfices. Les kolkhozes se désagrègeraient également, plus facilement encore. La chute de la dictature bureaucratique actuelle sans son remplacement par un nouveau pouvoir socialiste annoncerait ainsi le retour au système capitaliste avec une baisse catastrophique de l’économie et de la culture."

                    "Après la révolution politique, après le renversement de la bureaucratie, le prolétariat aurait à accomplir dans l’économie de très importantes réformes, il n’aurait pas à faire une nouvelle révolution sociale.

                    "Si, à l’inverse, un parti bourgeois renversait la caste soviétique dirigeante, il trouverait pas mal de serviteurs parmi les bureaucrates d’aujourd’hui, les techniciens, les directeurs, les secrétaires du parti, les dirigeants en général. Une épuration des services de l’Etat s’imposerait aussi dans ce cas ; mais la restauration bourgeoise aurait vraisemblablement moins de monde à jeter dehors qu’un parti révolutionnaire."

                    "Qualifier de transitoire ou d’intermédiaire le régime soviétique, c’est écarter les catégories sociales achevées comme le capitalisme (y compris le « Capitalisme d’Etat ») et le socialisme. Mais cette définition est en elle-même tout à fait insuffisante et risque de suggérer l’idée fausse que la seule transition possible pour le régime soviétique actuel mène au socialisme. Un recul vers le capitalisme reste cependant parfaitement possible"

                    Je pense que l’implosion du système soviétique russe a permis de « voir » clairement ses différents constituants et a validé l’analyse de Trotsky dont les prédictions ont été vérifiées je dirais au delà de toute désespérance.

                     

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