La Grande Albanie, poudrière dans les Balkans ?

Le Kosovo, second état albanais du globe, n’est reconnu que par 67 états, (soit moins des 92 nécessaires à sa reconnaissance par l’ONU) et aux côtés du drapeau kosovar, c’est l’étendard albanais à l’aigle aux deux têtes qui trônait dans la foule ameutée par la déclaration d’indépendance, il y a deux ans. Dans cet état aux pieds d’argile, épaulé par la mission européenne de l’EULEX, les liens avec l’Albanie se tissent au fil des mois, passant outre la cécité d’Enver Hoxha, le dictateur albanais, qui, dans les années 50-60 avait abandonné le Kosovo à son sort, mutilé par la police politique de Rankovic.
Une fois l’indépendance déclarée, le Kosovo et l’Albanie ont choisi d’abolir leur frontière respective et les droits de douane. Puis, le projet d’un axe autoroutier Tirana-Pristina a émergé, de façon qu’aujourd’hui la partie albanaise est achevée depuis six mois, empruntant un contour périlleux traversant les zones montagneuses de l’Albanie du nord. En août dernier, Pristina et Tirana s’étaient entendus sur un projet visant à uniformiser les programmes éducatifs des élèves albanais, dépassant les frontières politiques. En matière de téléphonie le Kosovo s’est également rapproché de son frère jumeau en basculant sur le réseau albanais puisque ne pouvant se voir attribuer un indicatif du fait de l’intransigeance serbe qui refuse toujours de reconnaître le Kosovo. Ainsi, comme le soulignait à l’Humanité en mars dernier un responsable de la mission EULEX, l’insuffisante reconnaissance internationale du Kosovo ne peut que pousser celui-ci à se rapprocher de l’Albanie. Le déterminisme serbe sert ainsi les desseins des nationalistes albanais, qui voient dans ce rapprochement avec le Kosovo l’émergence d’une unification.
En Macédoine, le sort de la minorité albanaise ne passe plus inaperçu depuis la guérilla de l’UCK en 2001. Première minorité du pays (25,2% de la population totale), les albanais de Macédoine se concentrent principalement au nord-ouest du pays, dans la région de Polog, où ils constituent 73% de la population. Cantonné à un statut de minorité, les Albanais, malgré leur poids démographique incontestable depuis que les réfugiés albanais du Kosovo et du Monténégro affluaient suite aux purges serbes, éprouvaient des difficultés du fait de la non-reconnaissance de l’albanais comme langue officiel, les albanophones étant handicapés dans les études supérieures notamment. Depuis, la minorité albanaise a acquis un nouveau statut mais les tensions demeurent : il est évident que les albanophones démontrent un tout autre intérêt pour l’actualité kosovar et albanaise que ce qui se passe dans leur propre pays. Et la population ne bouderait pas son plaisir à l’idée d’une grande Albanie...
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