Qui veut la peau des Yéménites ?
Pendant que le monde entier s'émeut sur le sort incontestablement funeste qui frappe actuellement la Syrie, le Yémen tente de prendre la tête dans la compétition macabre qu'ont l'air de se fixer les aficionados du "printemps arabe".
La recette est classique : un énième dictateur en place depuis plus de trente ans, une opposition muselée, des clivages religieux profonds entre sunnites et chiites, Nord et Sud, tribus et citadins. Seulement voilà l'ex-Arabie Heureuse cristallise ce qu'il y a de pire en termes d'ingérence extérieure, de lutte contre le terrorisme, de guerre civile, et de désintérêt général pour la condition humaine. C'est pas compliqué, on en parle à peine. Les mauvaises langues nous diront que la quasi absence de pétrole y est pour beaucoup...
Voilà encore un mauvais procès fait à nos dirigeants...
Si l'on brosse très rapidement le tableau, les forces tribales chiites Houthis (Zaydites) couplées aux soutiens de l'ancien dictateur Saleh sont au nord1 et les citadins sunnites plutôt pro Hadi au sud. A l'extérieur, la coalition des voisins du golfe menée par l'Arabie Saoudite - appuyée timidement par l'Onu mais fortement par les américains - tente de remettre aux manettes le président Hadi en exil. Dans le camp d'en face, chez les rebelles Houtis donc, ce sont les Russes et les Iraniens qui payent les factures d'armes. Mais comme rien n'est simple, ces soutiens ne sont pas constants2 et dépendent largement du contexte international. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout ce petit monde n'y va pas avec le dos de la cuillère pour se massacrer joyeusement.
Nulle bassesse n'est proscrite3.
On peut interdire à tous les organismes bancaires internationaux de renflouer la Banque centrale du Yémen pour plonger encore un peu plus le pays dans la misère. Le bombardement des hôpitaux est acté, des manifestants pour la paix aussi. La destruction de l'ensemble des infrastructures d'un des pays les plus pauvres du monde ne semble poser de problème à personne, hormis aux médecins de l'OMS quand ils se trouvent au milieu et à la population civile accessoirement. Cette dernière ne s'adresse même plus au ciel de peur d'attirer l'ire d'un drone Predator en chasse de quelque leader terroriste. Car, oui, là-bas aussi ils ont Daech et même Al Qaeda pour les puristes du terrorisme old-school !
D'ailleurs nos amis yankees tentent de s'appuyer sur les populations Hadhramis pour sécuriser le sud du pays, un choix judicieux quand on sait que les Ben Ladden sont issus des mêmes terroirs.
Qui peut affirmer que l'Histoire ne se répète pas ?
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