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Uber : pourquoi les taxis étasuniens ne se mettent pas grève et comment le chinois Yongche.com veut le concurrencer

La semaine dernière, de nombreux pays européens ont vu déferler une vague de protestation musclée des taxis à l’encontre des VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur) qui exerceraient une concurrence déloyale. Cette fronde a pour cible principale la société étasunienne Uber.

A la vue des manifestations, et surtout de la violence verbale et physique qu’elles ont pu déclencher, je me suis demandé pourquoi de tels mouvements contestataires ne s’étaient pas produits outre-Atlantique. Le Washington Post m’a fourni la réponse. En fait, les chauffeurs américains sont peut-être tout autant remontés contre Uber, mais le fait est qu’ils ne se sont pas syndiqués comme leurs homologues européens.

© kennymatic / Flickr

Manque d’union des taxis new-yorkais

Ce n’est pas faute d’avoir tenté de se regrouper à l’image des associations Teamsters, United Mine Workers, ou l’AFL-CIO à New-York. Aujourd’hui, les chauffeurs de taxis new-yorkais essayent à nouveau avec une union nationale encore inexpérimentée. Contrairement aux chauffeurs de bus ou de train, les conducteurs de taxis sont typiquement des indépendants qui louent leur voiture. Cela favorise donc la plupart du temps la compétition plutôt que la solidarité.

De nombreuses personnes aux Etats-Unis débutent le métier de chauffeur de taxi en pensant qu’il s’agit d’une activité temporaire. Cela expliquerait aussi pourquoi elles ne développent pas une vision long-terme et des préoccupations liées à leur retraite par exemple. Il convient aussi de prendre en compte le facteur démographique : de plus en plus de chauffeurs de taxis étasuniens sont issus de l’immigration et ils parlent plusieurs langues.

Le contexte économique et social des conducteurs de taxis diffère donc grandement entre les Etats-Unis et l’Europe, la France en particulier. Cette absence de syndicalisme structuré et expérimenté outre-Atlantique pourrait favoriser la concurrence d’un nouveau venu chinois, Yongche.com, fondé en 2011, 14 mois après Uber.

Avec Yongche, les taxis européens ne sont pas au bout de leurs peines

Herman Zhou, créateur et dirigeant de l’entreprise basée à Pékin affirme n’avoir pas eu vent de l’existence de son concurrent américain avant le lancement de Yongche (signifiant « arrivée facile »). L’idée lui est venue en constatant les longues files d’attente à l’aéroport de Shanghai. Aujourd’hui, Yongche est présent dans 57 villes en Chine et compte se développer dans le monde, aux Etats-Unis en particulier où il est déjà implanté à New-York et San Francisco.

Yongche compte sur la présence de nombreux touristes chinois à l’étranger : ils ont été plus de cent millions l’an dernier à parcourir le monde. Dans cette optique, l’entreprise embauche des chauffeurs sachant parler le chinois. Elle compte également se différencier d’Uber en fournissant des services plus personnalisés, offrant un maximum de choix dans les modèles de voitures tout en démocratisant l’accès aux VTC qui demeurent encore réservé à une élite.

Avec une telle approche, Yongche a du souci à se faire quant à la pénétration du marché européen. Déjà qu’avec Uber, les taxis protestent énergiquement, qu’en sera-t-il avec un concurrent qui casse les prix ? L’exemple du marché des VTC me paraît révélateur d’une tendance économique, de même qu’a pu l’être récemment le marché des télécoms avec l’arrivée de Free. De nouveaux entrants se taillent une part aux forceps, mais une fois qu’ils ont réussi, ils phagocytent à nouveau le marché et dressent des barrières peut-être encore plus élevées que celles existant précédemment.

Joaquim Defghi

Blog : actudupouvoir.fr

Twitter : @JDefghi


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9 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 17 juin 2014 11:12

    Etats unis mais pas taxis unis......


    • Fergus Fergus 17 juin 2014 11:45

      Bonjour, Joaquim.

      Je m’étonne que vous résumiez le problème posé en France par l’arrivée des VTC au seul fait qu’il existe des syndicats de chauffeurs de taxi. Nulle part je ne vois en effet (mais peut-être ai-je mal lu) qu’il est fait allusion au coût exorbitant de la licence qu’on dû acquitter ces chauffeurs de taxi pour exercer leur métier : plusieurs centaines de milliers d’euros alors que les VTC n’y sont pas soumis. De quoi alimenter la colère, non ?


      • Joaquim Defghi 17 juin 2014 12:08

        Bonjour Fergus, j’ai retranscrit les arguments du Washington Post à propos des Etats-Unis. Cet article n’a pas vocation à résumer l’intégralité du débat sur les VTC, seulement d’apporter quelques éléments venant de l’étranger et une ou deux considérations personnelles.


      • fredvd 17 juin 2014 12:15

        Ces licences sont gratuites normalement. Ces sont les compagnies de taxis qui les revendent à prix d’or. Au lieu de râler contre Uber les taxis parisiens feraient mieux de se mobiliser contre les pouvoirs publiques pour supprimer les quotas de licence ou du moins les augmenter et éviter la spéculations et le trafic digne d’une mafia que l’on observe sur ces licences.


      • Fergus Fergus 17 juin 2014 17:48

        Bonjour, Fredvd.

        Certes ! Mais le problème existe bel et bien et prend une dimension insupportable pour tous les chauffeurs de taxi (j’en connais un) qui se sont lourdement endettés pour acquérir cette licence. C’est pourquoi il eût été préférable de régler cette question au préalable, d’une manière ou d’une autre, avant d’autoriser les VTC dont l’arrivée va faire s’effondrer le prix des licences et donc perdre des sommes considérables à des chauffeurs issus des classes populaires. Certains ne s’en remettront pas et se trouveront de facto en situation de faillite personnelle pour un changement des règles du jeu qu’il n’ont pas vu venir et qui les frappera de plein fouet, eux et leurs familles !


      • lsga lsga 17 juin 2014 13:48

        Chauffeur de Taxi : encore un job de merde inhumain qui aura disparu dans les 10 ans grâce à l’automatisation.... 


        • Yurf_coco Yurf_coco 17 juin 2014 13:54

          Je suis d’accord sur les licences chers et limités, c’est nul. (Cela dit peut être que les taxis sont contents du Quota, ça fait moins de part de gâteaux à partager, à voir).


          Mais bon, pourquoi ne dit on pas que les taxis sont trop chers... J’habitais en Irlande, on mettez 3-4 euros chacun pour allez de chez soi au pub et inversement. En France tu montes dans le voiture, t’es déjà à 5 euros.

          Et puis j’ai tellement de cas, sur Lyon, de potes (surtout des filles) qui se fond a moitié agressé par les taxis de nuit (voir raquetté), conduit par des mecs qui ont l’air d’être des repris de justice, dans leur belle BMW... que je ne les prends plus.

          Je ne veux pas caricaturer, ni juger l’ensemble du métier... Ce ne sont que mes vraies raisons de pourquoi je n’en prends pas.

          Il faudrait une boite, avec des tarifs claires et fixes, des chauffeurs testés, formés avec des feedbacks des clients... Là, je les appellerai tout les jours.

          • HELIOS HELIOS 17 juin 2014 20:46
            Le problème des taxis a Paris est un problème plus complexe qu’on ne le croit, mais qui peut se résoudre très facilement.

            Que constatons nous.... que les licences pour exercer sont chères, en cause le numerus clausus et la cessibilité de cette licence

            Augmentons d’une part le nombre, faisons en sorte qu’elle soit reconductible et non définitive (par exemple tous les 2 ans).donc incessible.

            Autre détail, le métier de taxi était un métier artisanal qui est devenu un monopole d’entreprise... transformant des hommes en esclave.
            Faisons en sorte que cela reste un métier artisanal et exigeons qu’une licence et une seule soit attribué a une personne physique

            Enfin.... et revenons a du raisonnable.... exigeons comme pour les véhicules industriel et le transport collectif, que le chauffeur de taxis aient un permis spécifique, une visite médicale annuelle et un contrôle technique identique (annuel).

            Le VLC se trouve alors en situation de compétition loyale avec le taxi... son unique différence provient alors du « compteur » puisque lui ne peut proposer que des « contrats ».



            • Spartacus Lequidam Spartacus 18 juin 2014 08:35
              Le système des taxi correspond exactement à la définition d’un cartel.

              Toutes ces gesticulations n’ont comme logique que de « protéger » des rentes d’exclusivités.

              Ne pas oublier une chose : l’intérêt du client, voire même (paradoxalement) de la profession.
              Bien au contraire Uber agrandira le marché et ouvrira la porte a de nouvelle petites entreprises de service de déplacement en véhicule, et créera de nouveaux emplois.

              Si le but de l’économie est de répondre aux besoins humains, la réponse passe par la concurrence qui, seule, permet le meilleur service du client au moindre coût.

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