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Accueil du site > Actualités > International > Vu de la France de Hollande : Obama ou Romney, est-ce vraiment important (...)

Vu de la France de Hollande : Obama ou Romney, est-ce vraiment important pour des Etats-Unis divisés, dans un monde inquiétant ?

 Les historiens et sociologues réfléchiront prochainement à une sorte de synchronicité entre les élections françaises et américaines pendant la période officiellement en crise, c’est-à-dire de 2007 à 2012 (pour l’instant). La candidature de Barack Obama en 2008 a suscité un engouement sans précédent, non seulement chez les Américains mais aussi en Europe avec des comités de soutien en France et ailleurs. Obama, c’était le « dream américain » incarné en un seul homme, prophète de la démocratie post-raciale. En France, c’est Nicolas Sarkozy qui en 2007 a su susciter les passions et espérances en jouant sur une rupture, concept utilisé à des fins magiques. Néanmoins, une énorme différence a marqué ces deux élections. Obama incarna l’homme du consensus, de la réconciliation nationale, de l’unité de la grande nation américaine riche de tant d’histoires et porteuse de valeurs censées être universelles. Obama a cherché à gagner au centre, contrairement à son adversaire des primaires, Madame Clinton, qui se voulait farouchement démocrate. En France, Sarkozy a su gagner en affirmant son orientation à droite, dans un contexte social et politique de division nationale. Les uns séduits et les autres nourrissant une aversion, pour ne pas dire une détestation envers celui qui allait devoir faire face à la crise entre 2007 et 2012, crise de couple incluse. Quant à Ségolène Royal, elle a surtout réussi à diviser le Parti socialiste. Mais elle a bénéficié, tout autant que son adversaire, d’une réelle ferveur populaire et partisane.

 En 2012, l’atmosphère politique est toute autre. Nicolas Sarkozy a quelque peu déçu si bien que François Hollande, sans déployer un charisme de prophète, a su bien gérer la partie et gagner les élections mais sans réel enthousiasme alors que les Français inquiets de la crise savaient pertinemment qu’ils ne fallait pas attendre une nouvelle société mais juste un changement de gouvernement destiné à vite faire des mécontents. Aux Etats-Unis, on peut dire que Obama a beaucoup déçu, ce qui peut se comprendre puisque les Américains ont beaucoup rêvé. Et donc, l’élection est incertaine dans ce pays qui est tout autant, sinon plus divisé qu’avant l’investiture du prophète président afro-américain. Et l’on ne jettera pas la pierre à Obama son pays est très divisé, avec une frange droitière qui ferait passer nos militants du FN pour des enfants de chœur. Les Etats-Unis sont touchés eux aussi par l’« étrange crise » et Obama n’a rien pu faire contre les forces historiques de la matière. On croyait naïvement que l’Amérique entrait dans une ère post-raciale or c’est l’inverse selon quelques observateurs pointant une augmentation du racisme. Alors que du côté du Tea Party, c’est plutôt de l’ostracisme envers un Etat fédéral harcelant par sa fiscalité le bon petit américain blanc qui se lève chaque matin et voit son argent ponctionné pour entretenir une horde de chômeurs fainéants et financer les études à des ploucs latinos ou noirs. Les historiens se demanderont si la crise économique explique le politique ou si c’est l’inverse, une intention politique et sociale responsable de la crise qui finit par s’auto-entretenir.

 L’élection américaine se joue entre deux candidats. D’un côté un président sortant qui rêvait d’unité nationale et qui se trouve face à un pays divisé, de l’autre, Mitt Romney, farouchement conservateur et républicain, un adversaire qui joue à droite et qui divise tout en faisant semblant d’incarner l’unité. Et vu d’ici, le sentiment que cette Amérique ne va pas bien et que l’élection n’y fera rien. Car les puissances matérielles et sociales sont lancées à toute vitesse vers une frénésie dont on ne sait où elle conduit. La vérité claque à la porte de notre conscience. Pas de langue de bois. La principale force démocratique aux Etats-Unis, c’est celle des abrutis, qui forment une majorité électorale. C’est triste à dire mais tout l’art d’un candidat consiste à placer des discours pour séduire les abrutis. Un candidat qui parlerait vrai et intelligemment avec le souci de la justice, y compris au niveau international, serait balayé dans les urnes. Ainsi vont les Etats-Unis et tout ce qu’on peut espérer lorsqu’on est citoyen planétaire, c’est que les élites américaines, celles qui décident avec des conséquences géopolitiques, soient raisonnables. C’est donc dans les alcôves secrètes du Pentagone, de Wall Street et des cabinets de la Maison Blanche que se dessine la stratégie avec laquelle les Etats-Unis vont influer sur le monde. La politique intérieure devrait être plutôt sécuritaire et sans espérance de réussite pour résorber la crise sociale et réduire les haines tenaces qui traversent cette nation.

 Le point d’impact de la politique étrangère américaine, c’est surtout le Moyen-Orient. Une zone que la plupart des observateurs considèrent à juste raison comme une poudrière. Avec des nations plus importantes que d’autres. Si les élections américaines se jouent au niveau des swing states, alors on pourrait transposer cette conjoncture et suggérer qu’un éventuel conflit majeur au Proche-Orient se joue aussi avec des swing states, des Etats d’où peut partir la guerre. C’est un secret de polichinelle que de désigner ces trois Etats, la Syrie, Israël et l’Iran. Autre secret de polichinelle que ce trouble jeu des monarchies pétrolières et tout spécialement deux, riches en ressources et en pétrodollars, le Qatar et l’Arabie saoudite, que quelques spécialistes en géopolitique désignent comme bailleurs de fonds pour divers mouvements salafistes, sunnites, activistes en Syrie, ou parfois terroristes, plutôt au Nord de l’Afrique. Le citoyen ne s’y retrouve plus, avec un manque d’informations réelles, et un surplus de désinformation. D’ailleurs, on ne sait même pas si les cabinets secrets des diplomaties et des gouvernements maîtrisent complètement la situation. L’opinion ne comprend pas pourquoi les monarchies du Golfe, partenaires des Etats-Unis, sont « peut-être » impliquées dans le financement de mouvements dont l’un serait lié à l’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi. L’opinion publique gauchisante pense que l’objectif des Etats-Unis serait de s’emparer des ressources pétrolières du Moyen-Orient. La vérité est plus subtile, car la donne a changé et les Etats-Unis exploitent les gaz de schiste si bien qu’ils sont de moins en moins dépendants du pétrole arabe, qui du reste n’est pas le seul sur le marché. Alors quel est le ressort de cette connivence ? Il faudrait plutôt chercher au niveau économique. Si les monarchies pétrolières sont « bien vues » par les Etats-Unis, ce serait non pas pour prendre les ressources mais pour contrôler le prix du baril et le maintenir à un niveau élevé, notamment pour rendre rentable l’extraction à partir du gaz de schiste et « peut-être » mettre en difficulté les pays qui ne disposent pas de ressources énergétiques. Les Etats-Unis ne convoitent pas le pétrole arabe et privilégient les partenariats économiques autant que militaires avec leurs « amis » saoudiens, qataris ou koweitiens. Dans le contexte actuel, un conflit avec l’Iran et un éventuel blocage du détroit d’Ormuz pénaliserait bien plus l’Europe et la Chine que les Etats-Unis et au niveau du Golfe, tout dépendra des pipelines en fonctions. C’est sur ces détails d’ordre géopolitique que ce qui sépare Romney d’Obama pourrait être décisif mais ne rêvons pas, les présidents suivent les conseillers experts. Et le peuple abruti n’a rien à dire. Sans les experts et autres conseillers, les présidents ne sont rien et la différence qui sépare les deux candidats et qui compte en matière de politique étrangère, ce ne sont pas les postures publiques discourues à l’encontre des électeurs mais le choix des conseillers, qui parfois, restent alors que la couleur de la Maison Blanche passe du bleu au rouge. Il se raconte même que du temps de Nixon, c’était Kissinger qui décidait.

 Pour l’instant, le conflit majeur tant redouté ne semble pas se dessiner à moyen terme et l’opinion ne sait rien de ce qui se trame, hormis les gesticulations verbales lancées dans les médias et quelques manœuvres militaires menées en solo ou conjointement. Reste la politique intérieure. Que ce soit l’un ou l’autre élu, les affaires continuent et le Congrès, quelle que soit sa couleur politique, votera certainement en décembre un rehaussement du plafond de la dette, tout en feignant d’y être opposé et en menant d’interminables débats justifiant l’existence des élus dans les deux chambres. La situation sociale paraît complètement bloquée et l’on ne voit pas comment un Romney pourrait réussir là où la magie d’Obama n’a laissé qu’un goût d’inachevé, pour ne pas dire d’échec. Le pays restera divisé et la crise sociale liée à une économie stagnante ne pourra qu’accentuer le processus dans une nation qui se croit élue par Dieu pour vénérer le dieu dollar et les biens matériels du moment qu’ils sont acquis par un labeur consacré.

 Pour conclure, autant prévenir une mauvaise interprétation du propos. Je n’ai nullement dit que Obama et Romney sont pareils. Ils ont des idées différentes en politique intérieure et sans doute aussi sur l’international (sont-ce des nuances ou des oppositions réelles, nous n’en savons rien). Ils ne sont pas non plus des pantins manipulés par des conseillers et autres lobbys, lesquels jouent plutôt au niveau du Congrès. Mais par delà les différences, le résultat risque d’être le même pour des raisons de réal politik et aussi parce la machine socio-économique impose aussi sa direction. Les experts en politique intérieure ne craignent pas une réponse intelligente des citoyens, ni une révolution avec changement de cap, mais plutôt une colère généralisée et des émeutes nationales. Finalement, le rapport de la Trilatérale (1 sur la gouvernance des peuples par l’abrutissement des masses n’était pas une si bonne solution, surtout par temps de crise. Et pour nous Français, une chose est certaine, c’est que les médias nous présentent l’Amérique de manière simpliste, sans évoquer les multiples complexités et surtout le fait que ces élections se jouent aussi au Congrès, institution qui a montré que quand elle le veut, ne s’en laisse pas compter par la Maison Blanche, contrairement à nos parlementaires godillots. Obama récolterait 90% des voix chez nous. Preuve édifiante que nous ne connaissons rien de ce pays dont les médias ne présentent qu’un match de boxe politique entre deux gars célèbres et costauds des plateaux.

 Etrange époque avec des désunions nationales et ces incertitudes internationales. En France, ces jeux médiatiques sur la popularité de Hollande et Ayrault paraissent bien stupides mais en matière de démocratie, comme de médias de masse, il faut séduire les abrutis et si possible, abrutir les gens censés pour plus de part de marché, économique ou politique. Très intelligent (sic), ce Jean-François Copé qui en appelle à la rue pour mieux accentuer la division du pays, preuve s’il en est qu’il est bien l’enfant caché de Sarkozy. Quant à Hollande, il a joué dans sa campagne la solidarité nationale et on peut lui accorder quelque sincérité, même si les mauvaises langues disent que le pour cent des plus riches est exclu de cette unité. Enfin, Hollande rejoint Obama et Romney en ce sens qu’on ne voit pas de cap se dessiner, hormis la gestion des déséquilibres financiers et de la dette. Il semble qu’au Etats-Unis, la FED réponde à un claquement de doigt du président, alors qu’en Europe, la BCE n’a pas d’interlocuteur privilégié et ne se décide à mener des actions drastiques que quand il y a le feu dans la zone euro. Mais le résultat c’est le même merdier.

 


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5 réactions à cet article    


  • curieux curieux 2 novembre 2012 14:14

    Quelque soit le désigné, Hollande ira le voir à reculons et pantalon baissé.


    • jean rony 2 novembre 2012 14:37

      Bien que l’opinion internationale soutienne barack obama, je doute qu’il puisse ralentir la dégradation des usa, les afro américains l’ont massivement voté et rien n’a officiellement changé dans leur quotidien. Mitt romney est l’image de l’amérique forte celle qui impose son point de vue au monde et qui reste garant des valeurs religieuses.

      civilisation et souveraineté, expression majeure de l’humanité, aux éd. du net

      Jean rony icpr.ch


      • L'enfoiré L’enfoiré 2 novembre 2012 17:27

        Bernard,

         Je crois que tout n’a pas été compris.
         Une proposition : voir cette vidéo smiley


        • Jean-Louis CHARPAL 3 novembre 2012 11:50

          Depuis plus de 30 ans maintenant le monde vit à l’heure d’une conception sauvage et barbare de l’économie et de la finance, qu’on peut appeler aussi ultra libéralisme.

          Ce dogme se traduit par la dictature des marchés et l’impuissance totale consentie, autrement dit la servitude volontaire, des politiciens de tous bords.

          A part certains pays comme l’islande, l’ Argentine, l’Uruguay, l’ Equateur, la Bolivie, le Venezuela qui relèvent la tête, les autres démocraties devenues des coquilles vides, ne peuvent connaître que des alternances bidons.

          Les Etats-Unis ne font pas exception à la règle.

          Le parallèle entre la France et les Etats-Unis à cet égard, est pleinement justifié, mais pourrait être fait avec n’importe quelle autre démocratie ralliée au dogme.

          Hollandréou comme Sarkozy acceptent le système puisque UMP comme PS ont voté le TSCG qui vaut soumission totale à l’Internationale des accumuilateurs de fric, cette aristocratie toute pissante et apatride.

          Aux USA on ne peut être élu si on ne possède pas une fortune personnelle et si on ne collecte pas des fonds considérables.

          Obama est donc l’otage des ses donateurs et, entouré de banquiers « collaborateurs », il lui est interdit de faire une politique réellement progressiste et de remettre en cause le capitalisme dans sa version la plus sauvage et la plus sadique pour le peuple. 

          Avec Romney, c’est « tu crèves tout de suite », avec Obama c’est « tu crèves moins vite » !

          Les médias qui appartiennent à une petite clique ultra réac ont tout intérêt à faire croire au bon peuple en France comme aux USA qu’ un vrai choix va s’opérer, alors que c’est l’alternance bidon, à la limite de l’escroquerie intellectuelle, qui est en marche.

          Sans parler de politique étrangère. Obama, sans en avoir l’air, est un chaud partisan de l’impérialisme américain et concernant l’ Amérique du Sud du colonialisme le plus implacable.

          S’il est réélu il sera un ennemi acharné des pays précités qui sont en passe de s’affranchir des ingérences permanentes, violentes et brutales des USA .

          Il en sera de même bien sûr avec « l’autre » qui ne vaudra pas mieux.La seule différence c’est que Romney affiche la couleur alors qu’Obama ajoute l’hypocrisie à ses turpitudes.

          Sur ce dernier point, Obama et Hollandréou sont bien à mettre dans le même sac s’agissant des tartufferies en tout genre.


          • Furax Furax 3 novembre 2012 12:38

            L’élection est sans intérêt, chez eux ou chez nous.
            Je me suis excité hier sur certains propos de Hollande mais (je reprends mon « post ») :

            "Je me suis fait avoir encore une fois.
            Ce qui s’appelle s’énerver pour rien !
            Ce sera toujours la même chanson : une fois les juifs, une fois les homos, une fois les trente cinq heures, une fois la grenouillère à Montebourg, une fois la concubine qui la ramène etc.
            Tout ça pour nous faire oublier qu’ils se sont volontairement (mais certainement pas gratuitement) châtrés eux-mêmes. Qu’ils ne pourraient même pas nationaliser une fabrique de chaussettes. Et qu’ils sont entièrement sous contrôle des banques.
            Ne plus voter avant d’être sortis de l’Union Européenne Goldmann Sachs !!!« 

            Quant aux américains,quel que soit l’ »élu« , ils n’ont plus à vendre que leur pouvoir de nuisance. Ils vont négocier le paix en Syrie. Le pays sera dans un tel chaos qu’il faudra bien que les USA, encore une fois se »dévouent " et envoient leur armée. En échange du pétrole et du gaz bien entendu !
             smiley

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