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Accueil du site > Actualités > Médias > Culture de masse ou culture de classes

Culture de masse ou culture de classes

Culture de masse ou culture de classes : la culture de masse induit forcément l’idée d’un brassage culturel. Mais définissons déjà ce que l’on entend par culture. Dans notre perspective de travail, nous opposerons nécessairement la culture de la nature à la culture humaine et sociale. La nécessité d’opposer ces deux qualités de notre propre réalité trouve son origine dans la nature même de notre société, à savoir le besoin d’établir une distanciation entre nous, les hommes, et notre monde naturel au sens pur du terme. Nous parlerons de ce que nous connaissons le mieux, de ce que nous avons toujours connu et vécu : la culture de masse dans laquelle nous sommes nés. Aussi complexe qu’il convient de l’avouer, cette culture de masse qui nous a vus naître doit être comprise dans sa pluralité la plus complète. Qui dit culture de masse, dit brassage culturel au cours duquel toute sorte de communauté a dû trouver sa place et absorbe continuellement autant qu’elle rayonne. Mais au temps de notre post modernité, nous dégageons une constante anthropologique : celle de la domination économico-socio-politique d’une majorité sur une minorité. La société post-industrielle réitère une forme de la domination d’une élite sur le reste de la population. Notre analyse de ce rapport s’inscrit dans le cadre d’une recherche sur les théories de l’égalité et de l’équité sociale en tenant considérablement compte des influences politico-médiatiques sur cette masse anonyme. Notre champ d’analyse se limite donc aux sociétés étatiques fondées sur une structure économique capitaliste, les sociétés dites primitives à économie collective en sont donc exclues. Suivant la tendance de notre post modernité, la culture de masse se constitue d’un corps complexe de normes, de mythes, d’images qui pénètrent l’humain dans son intimité onirique. Nous verrons que ce corps, de par sa complexité pluraliste oriente les instincts et les penchants des membres de la société. On ne peut parler de post modernité, ni de culture de masse sans incorporer au sein de notre discours les médias qui ont une emprise phénoménale sur les penchants que nous venons d’évoquer. Ils sont les outils et les mediums de cette dialectique propre à la culture de masse : la consommation, qu’elle soit idéologique ou matérielle. L’information culturelle est diffusée à l’ensemble de la société et ingurgitée de façon immédiate à l’intérieur même des ménages constituant la société. Cette diffusion massive d’une réalité globale vers des foyers de différentes réalités sociales nous interroge. Quand on sait que la culture de masse est intrinsèquement cosmopolite par vocation, et se veut planétaire par extension on peut facilement s’interroger sur la compatibilité entre ses finalités et les différentes réalités sociales que l’on continue d’observer. Alors où se trouve le point culturel commun dans cette pluralité de réalités ? Comment la culture de masse fonctionne-t-elle aussi efficacement ? Comment les médias contribuent-ils à pérenniser le fossé entre les classes sociales ? Au cours de notre réflexion nous nous arrêterons dans un premier temps sur le pouvoir d’injection publicitaire de la société sur la masse. Il s’agira de rappeler combien les médias sont nécessaires à la culture de masse et comment ils véhiculent efficacement sa dialectique. Cette première partie nous permettra d’analyser dans la partie suivante la consommation de ces messages culturels par les différentes classes sociales. 

 

I)Injection publicitaire en masse

a)Evolution des influences sur la consommation & Réceptivité maximale comme dialectique du monde médiatique

b)Dispositifs médiatiques comme vecteurs de consommation globale

c)Amplification des messages médiatiques avec la mode de l’information continue

II)Information générale, mais population diverse et variée

a)Les classes populaires face à une incitation à la consommation

b)Capacité d’injection de messages convergente & Capacité de consommation de produits divergente 

 

  1. Injection publicitaire en masse

A. Evolution des influences sur la consommation et Réceptivité maximale comme dialectique du monde médiatique

La révolution industrielle a profondément modifié la nature du travail : finie l’époque où les ouvriers travaillaient à leur rythme, place aux usines à très grands rendements. Cette nouvelle ère a été témoin d’une productivité sans précédent et de cadence de travail jamais atteinte mais également d’un autre changement majeur à savoir la perception que les gens avaient d’eux-mêmes et de leur place dans le monde. Car en amplifiant la productivité, la révolution industrielle a multiplié les biens disponibles. En effet, la fin du XIXème siècle les Etats-Unis ont connu un âge d’or mais qui a profité principalement aux classes supérieures ce qui a accentué les inégalités. Le premier à s’être intéressé au concept de consommation a été l’économiste et sociologue Thorstein Veblen (1857-1929). Il est l’auteur en 1899 de la Theory of the Leisure Class : la théorie de la classe de loisir qui analyse l’utilisation de manière grandissante des biens matériels pour afficher son statut social et créer une supériorité de classe. Il était opposé aux valeurs que son pays véhiculait, à savoir la prolifération, le gâchis, la superficialité et l’égoïsme. A travers son épistémologie, T. Veblen a souligné le fait que la consommation jouait un rôle majeur dans la formation de l’identité. Au XXème siècle, ceux qui désiraient faire partie de la société de consommation voyaient leur rêve se réaliser. Dans le même temps les biens quasi inaccessibles par le passé étaient disponibles à des prix plus raisonnables. De fait, les membres de la classe ouvrière se sont mis à imiter le comportement économique de ceux des classes supérieures, ils pouvaient enfin être propriétaires d’une maison et l’aménager de la même façon que leurs voisins. Le concept de rivalité avec son voisinage est né à cette époque : tous les individus voulaient ressembler aux membres de leur communauté, ils investissaient dans la même Chevrolet, le même téléviseur ou encore dans un lave-linge. Un comportement des plus légitimes en soi… suite à l’émergence de ce nouveau modèle, chacun souhaitait profiter de la modernité qui s’offrait à lui. Contrairement à aujourd’hui, ce modèle se basait sur le contact de visu, si les individus allaient en magasins acheter une Chevrolet ce n’était pas sous l’influence des publicitaires mais parce qu’ils voyaient celle de leurs voisins garée dans l’allée ; tout reposait sur le concept de comparaison sociale.

Même si ce mimétisme socio-culturel trouve encore son efficience dans la consommation quotidienne, celle-ci n’est plus déterminée par une comparaison directe entre les individus et leurs voisins mais par un déterminisme médiatique. En effet, dans une société où la proximité de voisinage n’est plus, et dans la mesure où la télévision, l’ordinateur ou le smartphone sont entre autres coupables de cette ignorance mutuelle, la motivation d’achat liée au contact de visu entre voisins n’est plus d’actualité. Le déterminisme publicitaire trouve son foyer au sein même de l’intimité des ménages, et ce peu importe leur catégorie socio-professionnelle car la publicité, nous le savons bien, est la même pour tous. Notre peau électronique caractérise en métaphore le prolongement de nos membres à travers les objets numériques qui meublent, environnent et rythment notre quotidien. On a particularisé l’appareil de sorte à ce que le téléphone par exemple soit devenu un totem contemporain, il est approprié à une personne en tant que son contenu reflète chaque trait propre au quotidien du propriétaire. Même son apparence peut incarner en quelque sorte l’esprit du propriétaire, c’est en partie sur cette logique que s’appuie le marketing d’Apple. L’objet numérique est si important pour l’homme contemporain que lorsque ce dernier le perd il éprouve un sentiment de panique extrême. Une étude judicieuse sur les IPhones[1] a démontré que la perte de l’objet déclenchait la même zone du cerveau que celle qui s’active lorsque l’on perd un proche. Cette nouvelle sensorialité révèle une nouvelle réalité que nous sommes forcés de reconnaître : « nous sommes nos technique »[2], en d’autres termes, nous possédons les appareils technologiques autant que nous en sommes possédés. C’est comme si l’on attribuait une âme à notre objet. Le téléphone et l’ordinateur sont non seulement des outils de communications mais aussi des sources de savoir inépuisables en tant qu’ils sont reliés à un réseau infiniment grand. Nos sociétés modernes ont adopté la « Webitude » qui consiste à être à la fois ici et ailleurs grâce à ces objets. De fait, l’ubiquité permet à l’adolescent d’être dans sa chambre et de naviguer entre Google, Facebook, YouTube, en même temps qu’il répond aux Snapchats de ses amis sur son téléphone, et reçoit une centaine de notifications informationnelles de toute sorte selon les applications installées sur ces différents mediums.

 


[1] Documentaire « Apple, la tyrannie du cool » Arte

[2] Fabio La Rocca, la Ville dans tous ses états CNRS Editions

 

B. Dispositifs médiatiques comme vecteurs de consommation globale

Avec l’avènement de la télévision à la fin des années 60, l’ORTF (Office Radiodiffusion Télévision Française) diffusait le Journal Télévisé à 20h, l’heure dédiée au dîner et à laquelle les enfants étaient déjà couchés suite à la diffusion de « Bonne nuit les petits » un peu plus tôt. Il y avait distanciation entre le monde des adultes d’une part et le monde des enfants d’autre part. A cette époque il faut savoir que la diffusion télévisuelle n’était pas continue, elle débutait à l’heure où le temps de travail prenait fin et les programmes se terminaient en fin de soirée, il n’y avait pas encore de « programme de nuit ». La télévision était publique et n’avait alors pas besoin d’autant de publicité qu’aujourd’hui. Les ondes fut libéralisées en 1 981 avec François Mitterrand, les chaînes télévisées se privatisent et font place à la concurrence, et par voie de conséquence également place à la publicité de masse et à la diffusion continue. Cependant, de 1980 à 2000 se déroulait la vie de famille autour du dîner. Le repas était alors alimenté des sujets d’actualités que chacun s’empressait de débattre. C’était le lieu et le moment appropriés pour en discuter, les enfants écoutaient l’interprétation que leurs parents se faisaient de ces nouveautés relatées par les journalistes, et allaient répéter en quelque sorte ce qu’ils avaient entendu la veille au lendemain à l’école. Les interactions se faisaient pragmatiquement, sensiblement, entre les uns et les autres et la réalité prenait sens dans les vécus de chacun. Très vite, le millénaire a vu défilé une multitude d’objets numériques plus avancés les uns que les autres, le smartphone (téléphone intelligent ou ordiphone) a permis le développement d’applications permettant une diffusion constante des informations, la télévision a elle ses propres chaînes dédiées à l’information continue, qu’elle soit politique, économique, ou même people… Ces mutations médiatiques ont eu un effet non négligeable sur le type d’échanges interactionnels. Les séries ou les publicités en font la démonstration parfaite en mettant en scène les jeunes absorbés par leur ordinateur, téléphone ou tablette alors que leur parents les interpellent pour dîner, ou encore en mettant en scène des parents ne sachant pas utiliser l’ordinateur et ceci posant l’enfant sur un piédestal technologique, le tout sur un ton humoristique. Mais très vite, même les générations qui ne sont pas nées avec cette technologie entre leurs mains, ont dû pour leur formation professionnelle apprendre à apprivoiser ces objets numériques. De fait, l’adoption de cet étalage médiatique fait partie prenante du quotidien intergénérationnel. On peut retrouver des profils Facebook, Twitter, ou Myspace des quatre dernières générations d’une même famille. La grande sœur née en 1988 ayant été la première à en faire partie dès 2006, la petite sœur par mimétisme s’y inscrit également, le père et la mère à la suite, par curiosité de ce qui capture autant leurs enfants tentent l’expérience, puis le cousin de la dernière génération pour qui avoir une page Facebook est une norme sociale. Nous parlons des réseaux sociaux mais ce ne sont pas les seuls diffuseurs d’information, évidemment d’innombrables applications sont installées sur les différents mediums. Pour rendre compte de ce que nous avançons, quelques exemples d’applications sur des appareils mobiles :

  • Twitter / Facebook / Instagram / Snapchat : plus de 100 000 000 de téléchargements
  • BFM TV / MyTf1NEWS/ : plus de 500 000 de téléchargements
  • Le Figaro / Libération / New Republic : plus d’1 000 000 de téléchargements
  • MyTF1 : plus de 100 000 téléchargements
  • France 2 en direct : plus de 10 000 téléchargements

Internet étant omniprésent, plus seulement à l’intérieur des habitations mais également tout au long de notre journée, les informations, quelqu’elles soient ont affranchi l’humain de son indépendance face aux discours ambiants.

C. Amplification des messages médiatiques avec la mode de l’information continue.

Cette webitude a mené à l’ubimédia c’est-à-dire à une diffusion constante et perpétuelle d’informations, d’émotions, de chocs sensoriels à travers tout un ensemble de médiums abordables à n’importe quelle échelle, n’importe quand et n’importe où à condition qu’il y est du réseau. Toute cette progression vers une connexion toujours plus développée de la 3G à la 4G démontre correctement cette ambition de voiler la sphère mondiale d’un réseau global. Ces nouvelles perceptions sont sans aucun doute facteurs de nouvelles attitudes, de nouveaux liens sociaux, de nouvelles normes sociales et de nouvelles sensorialités. La gradation que nous sommes forcés d’employer dans notre propos est révélatrice également de la vitesse par laquelle s’accroît cette nouvelle réalité numérique. Ce qui est intriguant dans le numérique c’est qu’il en devient presque discret. En effet, la submersion dans le numérique est devenue normale dans le sens où l’on ne remarque plus l’effervescence des objets numériques dans notre environnement.
La naissance des médias est liée à celle de la métropole, et ensuite la mégalopole qui est le lieu propice à la société de consommation. Toutes les images diffusées dans nos villes sont toujours présentées sous un flux continu (Time Square), il s’agit là d’un véritable défilé des images qui accompagne le parcours existentiel. Cette luminosité conditionne le corps, le cerveau imprime de façon illimitée ces images et absorbe un amas de stimulus qui constituent de nouvelles formes de perception. Il y a 70 ans lorsque le premier téléphone portable est apparu, le propriétaire de cet appareil était considéré comme étant un marginal de la société, un privilégié mais aujourd’hui c’est l’inverse. Celui qui n’a pas de téléphone portable, ou même qui a un vieux téléphone portable est considéré comme étant un marginal, un « has been » de la société moderne. Ce totem contemporain qui a eu une influence considérable sur la morphologie de l’homme (la manière dont il modifie la marche lorsqu’il est tenu en main) a également modifié les mœurs. On ne peut imaginer qu’un objet puisse représenter la culture universelle et pourtant Jean Baudrillard dans son ouvrage sur La société de consommation symbolise parfaitement cette affirmation par l’intermédiaire du gadget, petit symbole à l’apparence ludique et inoffensif mais qui de fait devient tout dans notre vie quotidienne. Si Jean Baudrillard n’a pas connu notre ère d’hyper connectivité, il met le doigt sur notre dépendance à ces objets qui constituent un prolongement de nos membres. Cette connexion de l’humain à ses gadgets trouve son explication dans l’influence de la publicité. Cette forme de communication exponentielle fait de la naissance d’un produit un véritable événement et possède la force inouïe de ne pas mentir au consommateur. On ne peut reprocher aux publicitaires de nous informer des nouveautés que notre culture de masse nous fait attendre impatiemment. Car la publicité utilise les faiblesses de notre nature humaine, ainsi, même notre corps devient notre talon d’Achille, en témoignent les multiples publicités des crèmes, soins capillaires, hommes et femmes confondus. Ou encore notre temps libre que l’on investit au profit de cette idéologie du faire que nous inspire la société de consommation à laquelle on participe en allant boire un verre, en allant voir le dernier bloc Buster au cinéma. 

  1. Information générale, mais population diverse et variée

A. Les classes populaires face à une incitation à la consommation

Entendre la société de consommation comme une entité à part entière reviendrait à nier la diversité de sa culture. On a souvent lié la société de consommation à une masse anonyme qui éprouverait des sentiments et besoins similaires et qui trouverait en la culture de masse ses réponses. Cependant, nous savons que la culture de masse est intrinsèquement cosmopolite par vocation, puis planétaire par extension, ce qui implique là une large diversité culturelle qui prend effet à travers des flux migratoires importants. En effet, en France par exemple, l’agglomération parisienne regroupe selon la démographe Michèle Tribalat[1] 12 292 895 habitants dont 23.1% sont nés hors sol français. Ce flux migratoire est un facteur de diversité culturel très important car il pose la question de l’hétérogénéité de l’imaginaire collectif. Cela dit, sans même parler d'individu issu de l'immigration, on ne peut faire d'étude sur la société sans parler des classes sociales qui la composent et qui disposent d’une culture qui leur sont propres. Sans nécessairement suivre les schémas souvent considérés comme stéréotypés de Pierre Bourdieu, mais tout de même en prenant en compte le prédéterminisme qu'une classe sociale opère sur l'individu. Selon nous, il serait malhonnête de nier ce fait social, véritable constante anthropologique, à savoir le fait que la société se divise en stratifications économiques. Selon Louis Chauvel[2] on serait en mesure de distinguer quatre classes sociales, à savoir :

  • une "classe titulée" ou "classe possédante" : moins de 1% de la population qui serait au-delà de la réalité du commun des mortels, une possession qui n'est plus seulement économique mais aussi en termes de pouvoir décisionnel.
  • une "classe de confort" : environ 15% de la population
  • une "classe moyenne salariée" : environ 25% de la population
  • une "classe populaire" :regroupant 2 sortes de positions sociales : 60% de la population regroupant 20% des individus hors de l'emploi stable et 40% constitués de salariés stables mais à très faibles revenus.

Etant donné notre problématique, nous nous pencherons davantage sur les classes populaires et sur son caractère flou, car si l'on s'intéresse aux dimensions subjectives, aux représentations et aux définitions que les individus ont d'eux-mêmes, il devient alors très difficile de classer de manière univoque des populations qui se situent à la frontière de la catégorie sociologique. Pour le politologue Henri Rey les classes populaires sont formées par les ouvriers, les employés qui en constituent les groupes les plus nombreux et comprennent aussi "les petits indépendants de l'agriculture, du commerce et de l'artisanat, malgré leur difficulté à s'imaginer une identité sociale autre que celle de membres des couches moyennes"[3]. Selon Olivier Schwartz[4], le concept de classes populaires connaît un large succès auprès des intellectuels pour deux raisons majeures. La première tient au fait qu'il souligne la permanence, l'imperméabilité de clivages sociaux et culturels entre les catégories les plus modestes et les classes "moyennes" ou "dominantes"[5]. De fait, le concept de classe n'est pas neutre, il sous-entend des oppositions et permet de mettre en exergue le fait que les classes sociales ne se définissent en majeure partie de manière antagonique, c'est-à-dire les unes par rapport aux autres. La seconde raison tient à la souplesse d'utilisation de ce concept qui lui permettrait de s'appliquer "à une grande variété de situations et de groupes sociaux". Philippe Alonzo et Cédric Hugrée prennent l'exemple suivant : jusque dans les années 1980, les enquêtes sociologiques avaient pour habitudes de définir la position sociale d'un ménage ou d'une famille par la situation professionnelle de l'homme (du mari et ou du père), que l'on appelait "chef de famille" car il était la principale source de revenu. Or, la démocratisation de l'emploi féminin dès les années 1960 rend l'emploi du concept de "classe ouvrière" problématique, voire impropre quand il s'agit de définir et de décrire des univers de vie mixtes, c'est-à-dire des configurations familiales dans lesquelles le fait d'être ouvrier ne concerne que la moitié des actifs du ménage.

Quels sont les groupes qui appartiennent aujourd'hui aux classes populaires et quels en sont les principes de catégorisation ? Afin de répondre à ces interrogations revenons sur le travail d'Olivier Schwartz qui fait référence en la matière, comme nous l'avons dit plus haut, cette notion de classes populaires est communément utilisée par les historiens et les sociologues pour insister sur l'imperméabilité de la division sociale et pour "insister sur l'importance des inégalités, des écarts, de la distance qui séparent les catégories modestes des autres groupes sociaux, ceux qui sont à la fois plus riches, mieux instruits, mieux reconnus et intégrés socialement." Nous affectionnons particulièrement cette proposition car elle combine quatre échelles pour définir les populations se situant dans une position modeste, et encore une fois par antagonisme aux populations constituant les classes supérieures :

  1. l'échelle de la richesse économique
  2. celle des savoirs
  3. celle de l'évaluation symbolique
  4. celle de l'intégration sociale
 

[1] Michèle Tribalat, démographe et chercheuse à l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED)

[2] Louis Chauvel Sociologue, professeur à l'université du Luxembourg, spécialisé dans l'analyse des structures sociales.

[3] Henri Rey "des classes populaires (presque) invisibles" La France invisible, Paris, La découverte 2006 p 547-556

[4] Olivier Schwartz, Professeur à l'Université Paris Descartes et membre du CERLIS (Centre de Recherche sur les Liens Sociaux)

[5] Olivier Schwartz, La notion de "classes populaires", Habilitation à diriger des recherches en sociologie, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 1997

 

Dans "Définir et circonscrire les classes populaires" Philippe Alonzo met le doigt sur la dimension pragmatique de cette théorisation des classes populaires. En effet, "ces définitions peuvent être considérées comme satisfaisantes d'un point de vue théorique, en revanche leur mise en œuvre empirique soulève bien des difficultés". Pour comprendre, prenons l'exemple de l'échelle de la richesse économique. Si on applique les définitions précédentes, les membres des classes populaires sont pauvres ou en tout cas moins riches que les autres. Or, dans une étude réalisée en 1908 par Goerg Simmel montre que la privation des ressources matérielles n'est pas le facteur déterminant pour qu'un individu appartienne la catégorie sociale des pauvres. Autrement dit, ce n'est pas la possession de biens matériels qui fonde la catégorisation sociale, mais le fait de nécessiter d'une assistance institutionnelle pour avoir accès à un confort similaire aux classes moyennes. Goerg Simmel construit ainsi une vision relationnelle et non individuelle de la pauvreté, selon laquelle "les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent de manque et de privation spécifiques, mais ceux qui reçoivent assistance ou devraient la recevoir selon les normes sociales". Du point de vue de la richesse économique, la notion de classes populaires englobe un ensemble hétérogène qui va des plus démunis jusqu'aux populations qui disposent d'une "assise économique suffisante pour échapper à la précarité et accéder à un bien-être matériel relatif".

 

B. Capacité d’injection de messages convergente & Capacité de consommation de produits divergente

Le bien-être auquel l’individu aspire est relatif à la société à laquelle il appartient. Celui ou celle qui baigne dans la société de masse aspire à un bien-être matériel à travers lequel il accédera au bonheur, au rose qu’on lui propose. Comme nous l’avons développé au sein de notre deuxième partie intitulée « Injection publicitaire en masse », la finalité de la société matérialiste trouve son salut dans les mass-médias. Comme le nom l’indique, les « mass médias », ces dispositifs sont de véritables vecteurs de transmission idéologique et sensible de par l’omniprésence dont ils sont dotés. Les mediums, c’est-à-dire les objets qui servent à véhiculer le message médiatique, sont à la portée de tous. En effet, La "publicité pour tous, et à tous" ; de nos jours à peu près tout le monde possède un téléphone, une tablette, un ordinateur ou une télévision, de ce fait tout le monde peut accéder à la publicité visuelle et auditive ou encore sensorielle. Les enseignes cosmétiques qui se revendiquent comme les détentrices du savoir esthétique envahissent un peu plus chaque jour notre parcours existentiel d’une multitude d’odeurs, de sons qui constituent des ambiances propices à l’acte d’achat. L'emmagasinement médiatique doit non pas être entendu uniquement comme une consommation de messages clairs et précis (les gens ne sont pas totalement dupes) mais aussi comme une absorption de messages en tant que produits culturels, même s’il s’agit de produits idéels. Le brassage culturel, et le type d’organisation sociale que la société de masse induit, fait que chaque jour, il est possible qu'un cadre et un ouvrier ingurgitent les mêmes informations. Cependant, même s’il y a possibilité que ces derniers visionnent les mêmes émissions de télévision, écoutent les mêmes programmes de radio ou encore investissent leur argent et leur temps au sein des mêmes lieux urbains, il n’est pas sans savoir que les pratiques culturelles varient selon les classes. Cela dit, nous remarquons tout de même une tendance : celle de s’exposer aux médias et à leurs contenus. C’est comme cela qu’il faut entendre « capacité d’injection de messages convergente ».

On pourrait croire que l’objectif de la société de consommation est de rendre tout produit accessible à chacune des classes sociales. Prenons l’exemple du « Discount » ou bien encore de la création de « sous-marques » comme Wiko et Huawei qui produisent le même objet, à savoir un smartphone, mais avec des capacités moins performantes. Ces firmes assurent un usage compétant mais ne connaissent pourtant pas un large succès. De fait, les communautés les moins riches ne font pas encore toutes un usage quotidien de ces formes d'aides. La force de persuasion des médias se trouve dans leur pouvoir évocateur, jamais nous n’entendrons dans une publicité BMW « Achetez-la car cela vous fera passer pour un businessman » mais bien dans jeu de symboles et de fantasmes en accord avec l’idéologie capitaliste. Robert Castel montre qu’il a fallu attendre l’avènement du capitalisme pour que les classes populaires quittent les marges extérieures de la société et constituent le premier échelon de la hiérarchie salariale, c’est-à-dire sociale… Un premier échelon qui reste peu enviable dans la mesure où il assigne les ouvriers à une place subordonnée dans la division du travail social et dans la société globale. A ce sujet, Simone Weil remarque que dans l’univers professionnel, les ouvriers subissent un véritable rapport social de subordination et de dépossession qui se prolonge au dehors du milieu de travail à cause d’une position sociale dévalorisée. En réponse à cela, ces classes populaires trouvent en les biens matériels une réhabilitation sociale et les médias l’on bien comprit. On remarque que dans un ménage appartenant aux classes populaires, c’est-à-dire à l’intérieur de leur habitat, là où se livre l’intimité, on a souvent affaire à quelques mobiliers plutôt modestes, des posters faisant office de tableau comme celui de New-York et ses taxis ou encore de Paris et sa Tour Eiffel (fidèles au complexe onirique véhiculé par la culture de masse) et au milieu du salon l’on trouve l’écran Plasma et pourquoi pas, devant l’entrée la BMW dont on parlait tout à l’heure. Il s’agit là d’objets à dimension sociale importante dans la mesure où la télévision est là où les invités passent, et la BMW passe là où les autres sont. Cependant, il semble évident que ces achats ont un coût considérable sur le train de vie de ces classes populaires. La force de persuasion des publicitaires est telle que certains individus préfèrent se payer une vie au-dessus de leurs moyens. Ceux-là tombent alors dans l’engrenage du crédit, de l'emprunt. T. Veblen énonce brillamment cette idée « Le désir de disposer d’un plus grand confort et de se mettre à l’abri du besoin, voilà un mobile qui se trouve à tous les stades du processus d’accumulation dans une société moderne ; toutefois, ce qu’on peut appeler à cet égard le niveau de suffisance est à son tour profondément affecté par les habitudes de rivalité pécuniaire. » La capacité de consommation diverge suivant les classes sociales, cela soulève le problème du mimétisme social réapproprié par la classe possédante à des fins lucratives, même si l’on reconnaît toute la dimension symbolique et l’ambition sociale des classes populaires. 

Concluons-en…

Que l’on soit homme ou femme, jeune ou vieux, riche ou pauvre, on ne peut échapper à la société de consommation car celle-ci utilise des trésors d’intelligence pour absorber les failles les plus profondes de notre être. Comment peut-on en être arrivé à un tel aveu d’impuissance face à ces codes et signes extérieurs ? La réponse se trouve en partie dans l’influence des mass médias notamment la publicité. Cette forme de communication exponentielle que nous avons tenté de présenter fait de la naissance d’un objet un véritable événement et possède la force de mystifier cette nouveauté « Toute chose produite est sacralisée par le fait même de l’être ». Cela dit, nous avons fait l’effort de prendre le recul nécessaire afin de nous poser réellement la question : sommes-nous si naïfs que cela ? Les produits détiennent-ils le monopole sur notre libre arbitre ? Nous avons conclu qu’il s’agissait davantage d’une manipulation par le biais d’images et de signes pour nous les rendre plus séduisants et transformer la part du produit en part de rêve. Consommer c’est selon nous, être en représentation : se faire valoir en tant qu’effectuer à travers nos appartenance matérielles une mise en abîme de nos valeurs. Finalement, ce ne sont plus les produits qui sont représentés, mais les valeurs qu’ils doivent communiquer. Bien que nous ne fassions qu’un travail sociologique, nous tenons à affirmer qu’il ne tient qu’à la population d’orienter ses achats vers des biens plus propres, plus éthiques et plus respectueux de l’environnement car nous sommes forcés de remarquer que la pression exercée sur les entreprises les pousse un peu plus chaque jour en avant dans la recherche et le développement de produits durables. Je vous invite à lire l'article "L'obsolescence programmée : symbole d'une société du gaspillage" http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-obsolescence-programmee-symbole-163197

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.64/5   (11 votes)




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17 réactions à cet article    


  • jako jako 7 février 2015 13:46

    Remarquable article et bienvenue oh combien !


    • Xenozoid 7 février 2015 13:51

      Et bien sûr, leurs enfants ont appris cela, aussi, même parmi les plus rebelles et radicaux des non-conformistes, les mêmes règles sont en place : ne mettez pas en doute votre place dans le groupe, n’utilisez pas de mauvais signes extérieur et ne souscrivez pas aux mauvais codes. Ne dansez pas quand vous êtes censé être tranquille, ne parlez pas quand vous êtes censé danser, n’oubliez pas vous êtes surveillé. Assurez-vous que vous avez assez de fric pour participer aux différents rituels. Pour garder votre identité intacte, identifiez-vous aux sous-cultures et styles, alignez vous à des bandes et des modes et à la politique qui en sont associées. Vous n’oseriez pas risquer votre identité, n’est-ce pas ? C’est votre seule protection contre une mort certaine aux mains de vos amis. Sans identité, sans frontières pour vous définir, vous devenez du vide, dans le néant . . . n’est-ce pas ?


      • GabriellePeyres PeyresGabrielle 7 février 2015 14:26

        @Jaco : Merci pour la Bienvenue, et pour ce compliment, je suis là pour apprendre avant tout. 

        @Xenozoid : Je ne pense pas que des impératifs métaphysiques soient ici et nul part en même temps, à guider notre pensée et nos actions. Ce sont des impératifs sociaux puis des normes sociales et des valeurs qui se conjuguent à travers elles. La réalité est trop complexe pour que l’on la réduise à un « on est surveillé ». La surveillance est effective, en effet, mais par ces normes sociales dont je parle. 
        Evidemment, le sujet abordé ici abouti nécessairement à une réflexion d’ordre politique, car il serait de mauvaise foi que de refouler cette portée idéologique : je l’affirme bien dans mon travail. Mais je mets un point d’honneur sur la particularité dont l’humain est doté, à savoir son libre-arbitre. En tenant compte des déterminismes en tout genre, il faut appuyer partout où l’on peut sur une sorte de morale. 
        L’identification d’un individu est au cœur de son processus existentiel, de fait l’identification ou l’appartenance « tribale » (pour reprendre les termes de Michel Maffesoli) passe nécessairement, inévitablement par une appartenance ou une sensibilisation esthétique qui se concrétise par les biais économiques et la consommation. 



        • Xenozoid 11 février 2015 13:59

          L’identification d’un individu est au cœur de son processus existentiel, de fait l’identification ou l’appartenance « tribale » (pour reprendre les termes de Michel Maffesoli) passe nécessairement, inévitablement par une appartenance ou une sensibilisation esthétique qui se concrétise par les biais économiques et la consommation.

          bien sur,alors on nurture/domestication, et on oublie l’humais sous couvert d’économie sacrosainte et du temple de l’illusion, pour dire tina ? et on appelle cela identification


        •  C BARRATIER C BARRATIER 7 février 2015 17:03

          Un état des lieux intéressant, la généralisation de certaines réactions, la pénétration de concepts que l’on peut momentanément croire universels, peut laisser espérer la venue d’une culture « humaine » mondiale. Evidemment il y a de fortes résistances, cette mondialisation de concepts sociaux est peut être une « américanisation », une sorte de colonialisme des esprits. La technologie sert cette évolution.

          Des groupes humains habitués à dominer les autres d’une autre manière se rebiffent (les extrémistes religieux), cependant que d’autres créent une nouvelle culture liée à la santé, à la nature, à des rapports humains échappant aux comportements de consommation-exploitation : Je pense aux AMAP (lien direct d’abonnés aux achats « bio » avec leurs fournisseurs qu’ils aident et contrôlent,), aux SEL (échanges locaux sans prix commercial, mais avec une monnaie virtuelle, non matérialisée). On est allé plus loin que le mouvement coopératif du siècle dernier.

          D’autres approches de la culture doivent se mêler à cette vue d’ensemble, l’héritage familial, les « coutumes » de groupes humains qui sans se marginaliser agissent de concert et vivent une culture de groupe qu’ils n’ont pas besoin de définir et qu’ils se contentent de vivre. Ces cultures là ne sont pas des sous cultures, c’est peut être le contraire, car il s’agit ici de participer à la création de concepts communs, manière de résister à l’inondation médiatique de comportements téléguidés avec comme objet de profiter personnellement du marché.

          Voilà avec cet article une réflexion sur la culture qui interdit de s’en tenir au terme de culture populaire, concept qui a fait avancer en son temps l’humanité autour de TNP d’ici et d’ailleurs, ce qui énervait les rebelles de 1968 insultant les Jean Villard ou Maurice Bejart, puis une Ariane Mnouchkine... taxés d’être des propagateurs de culture « bourgeoise ».

          En France la montée de « la droite » représente un conservatisme à l’opposé. La culture devient l’humanisme de majorités planétaires qui ne s’imposeront jamais à tous.
          En table des news :

          République : ses ennemis réactionnaires contre l’égalité

           

          http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=271

           

          il y a peut être un concept porté vers un caractère universel. La culture est porteuse d’émancipation, de libération, d’égalité...de laïcité. Attendons nous là où des pouvoirs totalitaires s’imposeront à la mise au pain sec des diffuseurs et producteurs de culture.



          • Antoine 8 février 2015 01:49

               Autrefois on pouvait comprendre que seule la fraction de la population aisée avait accès et donc aimait l’opéra puisqu’il faillait en avoir les moyens. Mais maintenant il possible d’avoir accès par exemple à des enregistrements extraordinaires de la Callas pour à peine le prix d’un paquet de chewing gum et malgré cela les « masses » continuent à n’apprécier que des cochonneries à prix bien supérieur !


            • mmbbb 8 février 2015 19:58

              J’abonde dans votre sens Si vous regardez des emissions interessantes comme Palette d’ Alain Jaubert sur Arte le taux d’audience a peine quelques pourcentage et je suis large L’auteur a ecrit un article interessant quoique un peu long mais plus prosaiquement le peuple n’en a rien a cirer de la culture. il suffit de regarder les taux d audience des grandes chaines Quant a moi je ne suis pas un nostalgique lorsque je fus gamin dans ces campagnes ou il n’y avait que la grand messe le dimanche et quelques animations, nous etions pas dans cette societe de consommation tant honnie j’etais ecolo avant l’heure mais qu’est ce que l’on se faisait chier chier a mourir.


            • Le p’tit Charles 8 février 2015 08:42

              Les brassages de masse ne fonctionne pas...Vous en avez la preuve sous les yeux...faut simplement les ouvrir.. !


              • eric 8 février 2015 10:55

                Un nombrilisme typique des catégories sociales qui diffusent ce genre de discours...La classe moyenne, moyenne sup, lettrée ( mais pas au plus haut niveau, plus de bac + 4 à 6 en fac, que de grandes écoles d’ingénieur) souvent bénéficiant de statut, et, progressiste...

                Ces gens ont des caractéristiques communes qui en font la seule chose ayant jamais ressemblé à une classe sociale au sens marxiste. Par exemple :
                Un discours commun ( ci-dessus dans l’article)
                Le fait de vivre dans des isolat sociologiques : ceux qui tiennent ce langage, sont très concentrés 80% des profs d’après le Monde, Au moins autant des journalistes d’après Marianne, idem, dans toutes les professions qui constituent des « ministères de la parole ». En particulier média, culture, pub, sociologie....
                Ils se marient entre eux ( étude Nouvel Observateur, ce sont les gens qui ont le plus de difficulté à envisager de vivre avec une personne n’ayant pas les mêmes idées, et on sait que l’endogamie est LE marqueur du vrai racisme, bien plus que les discours).

                Ces gens sont les principaux diffuseurs en pratique de la culture qu’ils dénoncent.

                C’est logique, ils en sont les principales victimes.

                Les « classes populaires » vous savez comment elles font leur courses ? La femme dans un super marché, le mari dans l’autre, et par téléphone mobile, on compare les promotions pour acheter au moins cher. Le « bon sens populaire » autant que le budget, permet en réalité assez facilement d’échapper dans l’ensemble à la fascination pour la pub, la consommation etc...

                Mieux, le passage du second au troisième enfant, dans toutes les tranches de revenu, compte tnu des couts d’échelle, constitue la décision délibérée de ne plus parvenir au niveau de consommation par unité de la « catégorie sociale à laquelle on appartient ». Ces familles restent nombreuses en France, prouvant que l’on peut très bien faire le choix concret de renoncer à certaines consommations démonstratives. les leurs, en générale redécomposées, comptent rarement plus de deux gosses ( vous comprenez, pour la réussite scolaire, les activités et la planète....). Il est patent que les familles nombreuses se trouvent plus en haut et en bas de la « hiérarchie sociale »

                En revanche, la question de est ce qu’il faut passer au Apple 6, ou 7 ou 8, ou acheter le truc chinois qui est tellement pareil, ou aller acheter 30% plus cher le même produit étiqueté bio parce que cela montre bien qu’on est contre ce système....
                Ils sont tellement fasciné par la consommation qu’ils constituent des catégories finement segmentées, certes, mais qui sont les plus reconnaissables par leur habillement. Les plus soucieux de leur aspect extérieur, de leur apparence....

                Mais ce truc qui les tue vraiment, c’est qu’ils sont tous extrêmement hostile au Front national.....pour plein de raisons, mais l’une des principales, plus ou moins dite, est que c’est « trop populaire » (bien sur, ils disent populistes...).

                Vent debout dans tous les tuyaux culturels qu’ils monopolisent, le résultat de leur com ; est une montée assez régulière de ce parti, notamment dans les catégories sociales les moins favorisées et donc, à leur dire, les plus victimes de la culture dominante.

                Signalons au passage que c’est à grand dommages pour les partis qui dans leurs esprit un peu simplistes sont censé représenter le « capitalisme ». Droites dites traditionnelles...

                Leurs discours parviendraient à convaincre des smicards d’acheter des BMW, pas à les dissuader de voter FN ?

                je crois madame que vous devriez reprendre votre étude en appliquant vos critères de recherche aux catégories auxquelles vous appartenez vous même. Je pense que l’exercice serait riche d’enseignement....


                • Alren Alren 8 février 2015 13:04
                  Éric,

                  Il y a des remarques intéressantes dans votre intervention, mais tout est gâché par la haine poujadiste (la F. haine ?) que vous manifestez pour les « intellectuels », réels ou autoproclamés.

                  Si vous vivez en plutôt bonne sécurité dans une république laïque (comparé à d’autres pays, pas seulement ceux que terrorisent les islamistes ou la Corée du Nord mais aussi les USA avec les armes en vente libre ), vous le devez aux « intellectuels » du passé tels Montaigne, Voltaire, Rousseau, Victor Hugo et tant d’autres, ainsi qu’à ceux qui sont morts pour que ces idées de progrès civilisationnel soit mises en œuvre, qu’il s’agisse d’un Robespierre, des inconnus combattants pour protéger la République de l’an deux et des insurgés des révolutions de 1830, 1848 ou de la Commune. Sans oublier les résistants au nazisme et au pétainisme.

                  • mmbbb 8 février 2015 20:58

                    « Si vous vivez en plutôt bonne sécurité dans une république laïque » Vous rigolez c’est de l’humour la securite s’achete desormais par l’argent et j’emboite le pas d’Eric Il y a dessrmais plusieurs France une France ou l’on peut discourir ainsi sur la culture et d’autre France ou ces territoires fragmentes destructures ou la violence regne Je doute que si cette auteur e avait passe sa vie dans certains lieux elle aurait la meme vison de la vie. Vous devriez passer quelques temps dans certaines banlieues humer l ambiance vous frottez a la realite sociale


                  • GabriellePeyres GabriellePeyres 8 février 2015 22:24

                    Excusez-moi mais on dirait que vous me connaissez ? C’est assez drôle je trouve la façon dont vos préjugés guident vos remarques, lesquelles me laissent penser que vous n’êtes pas ici pour discuter. Réduire les banlieues à des lieux régis par la violence est tout à fait injuste. La culture populaire est extrêmement riche et dense. J’ai grandi avec des orphelins délinquants, et je coutoie tous les jours la misère de la France et de ces classes populaires, la réalité sociale de celles-ci messieurs, je la connais depuis mon plus jeune âge et c’est précisément ce qui m’a donné l’envie d’étudier la sociologie. Je pense que vous ne savez pas lire sans mettre de côté vos prénotions. Vous devez faire davantage attention aux termes que j’emploie et comprendre que ce que je dénonce c’est simplement le fait que la logique marchande d’accumulation n’est pas propice au bonheur de toutes les classes. 

                    Pour ce qui est de l’insécurité je pense qu’il faut non pas la condamner mais en comprendre les causes. Il n’y a pas de violence, ni de délinquance sans qu’il n’y ait de souffrance sociale. Et je pense qu’une part de cette souffrance sociale se trouve dans la dévalorisation des statuts sociaux dont on parle ici. Mais cela est un autre sujet que celui autour duquel j’ai écrit, je vous rappelle que l’article est dans la rubrique « médias » et qu’il s’intéresse avant tout à l’influence des médias dans al consommation, et en quoi sont-ils les vecteurs de l’idéologie capitaliste. Mon choix de m’intéresser précisément aux classes les moins aisées s’explique par le fait que ce sont elles les plus touchées par cette incompatibilité entre ce qu’exige la société matérialiste et leur réalité sociale, et pour finir en quoi cette idéologie ne fait qu’aggraver la situation. Je crois qu’à aucun moment j’ai été contre votre point de vue, je pense même qu’il rejoint le mien sur certains points. Ne me contredisez pas sur quelque chose dont je n’ai parlé.. ? Car la contradiction ne peut pas être si elle n’est pas fondée ? Je sais pas, je ne comprends pas : où ai-je dit que notre pays était un pays de solide cohésion sociale ? 
                    Et pour répondre à votre dernière critique : la sociologie est une science de terrain. Nous ne sommes pas cloisonnés dans un isolat qu’entre sociologues lettrés et gosses de riches, bien au contraire messieurs, vous semblez ignorer sérieusement de quoi vous parlez. Je n’ai pas répondu tout à l’heure à Eric au sujet de ces accusations car je me suis dit que ce n’était ni le lieu, ni le moment pour parler de moi, tout simplement parce qu’on s’en fout royalement. Mais on dirait bien que quelque chose en vous, ou alors dans mon article vous fasse croire que je suis une gosse de riche cloisonnée dans ma jolie demeure bourgeoise cependant mes parents sont issus tous deux de la classe ouvrière, tous deux ont dû faire des choix de consommation et vouent leur vie à l’aide sociale dans différentes associations comme les Orphelins d’Apprentis d’Auteuil, ou encore les petits frères des pauvres. 
                    Si vous le souhaitez, mon prochain article sera voué à cette question que vous soulevez, mais vous ne m’entendrez jamais dire que les banlieues sont des lieux d’échec intellectuel, de vide culturel ou encore de royaume du banditisme. Je pense que nous avons assez d’exemples hebdomadaires de banditisme bien plus important et grave au sein de notre classe supérieure. 


                  • GabriellePeyres GabriellePeyres 8 février 2015 13:11

                    @Eric : Il n’y a pas de nombrilisme dans l’intention de cet écrit, i ls’agit d’une réflexion sociologique que je me suis faite au cours de mon travail. Il faut savoir que je ne suis pas professionnelle, ni spécialiste je suis une simple étudiante en deuxième année de sociologie. J’ai partagé une réflexion qui m’a semblé intéressante, ensuite, pour ce qui est du traitement de ce questionnement, je suis ravie qu’il soit critiqué car contrairement à ce que vous laissez penser, je ne suis pas centrée sur moi-même ni fermée à d’autres analyses bien au contraire j’en ai radicalement besoin.


                    « Le fait de vivre dans des isolat sociologiques : ceux qui tiennent ce langage, sont très concentrés 80% des profs d’après le Monde, Au moins autant des journalistes d’après Marianne, idem, dans toutes les professions qui constituent des « ministères de la parole ». En particulier média, culture, pub, sociologie.... » 

                    Pour répondre à cela, l’homogamie est un fait, une réalité sociale que je ne peux que reconnaître, et croyez-moi j’en ai parlé à plusieurs reprises au sein d’autres travaux. Cependant, laissez-moi vous dire que, même si les stéréotypes ont parfois une utilité dans la compréhension des choses (au sens de l’épistémologie wéberienne) il faut tout de même tenir compte de la variabilité même quand elle se fait rare : vous réagissez ici à ce que moi-même j’ai écrit, or, pour reprendre votre propos, il se trouve que je ne suis pas du tout en ménage avec quelqu’un de ma catégorie sociale (car il existe des stratifications sociales, et c’est en partie mon combat populiste ou populaire peu importe..) et que je connais parfaitement la réalité sociale de ce que j’entends par classes populaires. 

                    Quand vous dites « Les « classes populaires » vous savez comment elles font leur courses ? La femme dans un super marché, le mari dans l’autre, et par téléphone mobile, on compare les promotions pour acheter au moins cher. Le « bon sens populaire » autant que le budget, permet en réalité assez facilement d’échapper dans l’ensemble à la fascination pour la pub, la consommation etc... » La famille de mon compagnon incarne cet exemple que vous décrivez pertinemment. En effet, les classes populaires ne font pas leurs courses dans un seul et même magasin, la mère de mon compagnon, contrairement à mes parents, ne jette pas les catalogues de promotions, mais les consulte avec une calculette à la main et en soulignant toutes les bonnes affaires des multiples chaînes de distribution. Au lieu de faire des courses en 2h et remplir son cadi des produits les plus médiatisés, sa famille, qui est devenue la mienne passe une bonne partie de l’après-midi à consommer de façon réfléchie, calculée et à acheter stratégiquement. 

                    Mais c’est précisément mon propos, ce à quoi je veux tendre, c’est-à-dire une prise en considération des réalités sociales de classes qui sont, qu’on le veuille ou non submergées autant que les autres classes sociales à pouvoir d’achat plus élevé, par les publicités en tout genre qu’elles soient d’ordre matérielles (produits objets) ou d’ordre idéologiques (produits culturels). Il ne s’agit pas de dichotomiser le monde, mais simplement de soulever le fait ( un fait qui me fait peur justement car j’ai l’expérimentation pour pouvoir en parler) que les classes sociales ont une capacité d’absorption de messages médiatiques convergente : la société de consommation ne fonctionnerait pas sans ces vecteurs-là car ils ils rendent mobile l’idéologie du faire et de la consommation ; Et convergente car toutes les classes sociales dispose d’une même capacité d’absorption. Mais qu’il y a une réalité sociale, celle des classes populaires, qui ne coïncide pas avec l’attente socio-économique de ces sociétés à économie d’accumulation. Simplement parce que ces sociétés ont stratifié de façon à laisser galérer les classes populaires, dont je fais partie étant donné que je suis étudiante à faibles revenus. 

                    Cette réflexion ne m’est pas tombée du ciel, c’est de mon vécu qu’elle provient. Voilà pourquoi, @Antoine : « Autrefois on pouvait comprendre que seule la fraction de la population aisée avait accès et donc aimait l’opéra puisqu’il faillait en avoir les moyens. Mais maintenant il possible d’avoir accès par exemple à des enregistrements extraordinaires de la Callas pour à peine le prix d’un paquet de chewing gum et malgré cela les « masses » continuent à n’apprécier que des cochonneries à prix bien supérieur ! » Je reconnais le fait que la culture soit accessible. Et je ne pense pas (si je n’ai pas été assez claire dans mon article) que les classes populaires soient une entité sociale qui préfère consommer des produits dénués de sens culturel. Ce serait un objet d’étude sociologique intéressant et très complexe car il faut prendre en compte à la fois la consommation pure et dure mais aussi ce qui détermine leurs motivations : je ne pense pas qu’aux revenus (étant donné que la culture soit accessible) mais surtout au complexe onirique de ces classes populaires c’est-à-dire ce qui constitue leurs rêves, leurs valeurs, leurs intérêts, etc. 

                    En tout cas je suis ravie qu’il y ait des réactions, même celles qui ne sont pas favorables, je vous le répète, je n’ai aucune prétention, je ne dispose pas de la science infuse. 


                    • Antoine 8 février 2015 15:34

                        Bof ! Le raisonnement me parait devoir être inversé : le capitalisme récupère tout et fournit des produits culturels à faible valeur ajoutée parce que la masse a une culture équivalente et ne réclame que cela. Il est frappant d’observer à quel point l’individu moyen rejette l’élaboré le plus souvent de façon épidermique.


                    • devphil30 devphil30 8 février 2015 17:48

                      Excellent article , très clair et détaillé

                      Merci pour votre contribution

                      Philippe


                      • zygzornifle zygzornifle 10 février 2015 08:43

                        culture de masse face a des gouvernements complètement a la masse ......


                        • Xenozoid 11 février 2015 19:14

                          vous avez des plumes> ?

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