Jean-François Kahn : la vraie fausse sortie
Il l’avait dit haut et fort. Il s’était immolé sur son blog. L’éditorialiste de Marianne quittait le journalisme avec pertes et fracas, tirant un trait sur sa carrière après une formule malheureuse sur France Culture et interprétée comme une réhabilitation du viol et de l’Ancien régime, à propos de l’affaire Dominique Strauss Kahn/Nafissatu Diallo : « Un troussage de domestique. »
Sommé de s’expliquer par des féministes en colère et des démocrates sidérés, Jean-François Kahn, comme Galilée, a du faire des excuses publiques. Plus qu’un mea culpa, l’intellectuel s’était livré à une véritable auto-flagellation, enchaînant les interviews, les plateaux… les rédactions, la mine défaite, l’idéologie en berne- la contestation de l’empire, de la baronnie-. Parfois pathétique et embourbé dans la mise en scène (l’autocritique savante), il déclarait, péremptoire, en guise de conclusion, après une démonstration de haute volée, des faits d’armes et des escarmouches en direction des « réductionnistes » et de feu Guéant : « J’ai rarement vécu une telle déchirure intérieure, il faut l’assumer. »
La déchirure… précisons-le d’emblée, étant une amitié de « quarante ans » avec Anne Sinclair et les chefs d’accusations à l’encontre de l’ex-patron du FMI, candidat aux primaires socialistes- agressions sexuelles, tentative de séquestration d’une femme de ménage-. C’était vite oublier le côté pavlovien du journaliste pour qui le commentaire est un métier. Voire une seconde nature. En effet, le chroniqueur a omis d’ajouter que « ce retrait ne vaut que pour la France », (Le Canard Enchaîné, mercredi 22/06/2011, n°4730, p.7). Tous les dimanches sur Radio Canada, « le cachottier porte son regard critique sur l’actualité française dans l’émission Pourquoi pas Dimanche ? »
Déprimé JKF ? Las du Sofitel, de la chambre 2806 ? Pensez-donc ! L’expatrié disserte sur DSK et autres Tron ou Luc Ferry. Blessé par les saillies des féministes ? Écœuré du journalisme, des connivences ? Surtout lorsqu’il s’agit de camoufler les travers sexuels des élus, leurs grivoiseries. Jamais de la vie… L’éditorialiste requinqué a précisé qu’il reprendrait « avec plaisir » sa chronique politique à la rentrée.
Sans doute influencé par Polnareff dans Lettre à France, JFK croit en son destin. Désireux d’en découdre avec « le voyou de la République » en 2012, il était naïf de penser qu’il allait jeter l’éponge. Il ne pouvait donner raison aux détracteurs qui n’avaient retenu de son combat que huit syllabes : « troussage de soubrette. » « Oubliant le reste », comme le répètent ses exégètes, ses confrères, convoquant pour l’occasion un proverbe chinois - il faut bien relancer le boxeur sonné - : « Si vous montrez la lune à un imbécile, il ne voit que le doigt. »
Les indignés et les analphabètes apprécieront la leçon de style.
Voir la vidéo :
30 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON