Crise sanitaire, fiascos, couacs et mea culpa
« Je n’ai aucun mea culpa à faire, ni aucun remords, ni aucun constat d’échec » : voilà ce que Macron a osé affirmer jeudi soir ! Même s’il ne parlait que de sa décision de ne pas reconfiner fin janvier, il faut un sacré culot pour faire une telle sortie après autant de fiascos, sur les masques, les tests ou les vaccins. Et cela devient encore plus révoltant alors que la France est devenue le grand pays d’Europe où le virus circule le plus, et après une nouvelle série de couacs invraisemblables.
Toujours aucune anticipation et recul
La séquence des 15 derniers jours est stupéfiante. Aujourd’hui, alors que la rapidité de la vaccination est clairement le seul moyen de sortir de la crise sanitaire, comme le montrent Israël et la Grande-Bretagne, qui en tirent déjà de grands profits, en vies sauvées, et en relâchement des contraintes, le discours de l’exécutif sur les vaccins est totalement aberrant. D’abord, il y a eu l’incroyable suspension temporaire de l’utilisation du vaccin AstraZeneca. Pourtant, c’est un vaccin important dans le dispositif, le plus simple à utiliser, dont nous avons reçu plus de doses que du vaccin Moderna. Mais depuis le début de la campagne de vaccination, pour on ne sait quelle raison (son origine britannique ?) l’exécutif sabote son usage et entretient les réticences à son usage auprès de tous les citoyens.
D’abord, il y a eu les doutes émis en plus haut lieu sur l’efficacité moindre de ce vaccin. Puis, son usage a été restreint. Et enfin, il y a deux semaines, suivant une Allemagne bien mal inspirée, notre pays a suivi les pays européens qui avaient suspendu son usage pour une crainte de risque de thrombose, le temps qu’une agence européenne reconfirme qu’il n’y avait aucun risque. Si la France souhaitait pousser ses citoyens à refuser le vaccin AstraZeneca, elle ne s’y prendrait pas autrement. Il apparaît aujourd’hui comme un vaccin de second rang, qui inspire la méfiance à une part grandissante de la population. Pourtant, rien je justifie cela. Beaucoup de médecins ont été effarés par le pataquès d’il y a deux semaines : le risque de thrombose est significatif auprès de la population vaccinée et il n’est pas sûr que ce vaccin l’augmente. Pire, les bénéfices qu’il apporte restent incomparables avec les risques.
Si la campagne de vaccination en Europe pâtine, outre un approvisionnement complètement calamiteux de la commission, qui a passé ses commandes 3 à 4 mois plus tard que Washington ou Londres, c’est aussi parce que les citoyens d’Europe continentale ont légitimement construit une méfiance à l’égard du vaccin AstraZeneca. A cela s’ajoute l’organisation défaillante de notre pays, qui découvre l’intérêt des vaccinodromes trois mois mois après le début d’une campagne de vaccination pénalisée par une lourdeur bureaucratique totalement effarante. Résultat, parce que nous sommes insuffisamment protégés par la vaccination, nous assistons à une reprise épidémique qui met en difficulté notre système hospitalier, dont les capacités d’accueil n’ont absolument pas été revues à la hausse, contrairement aux promesses d’Olivier Véran il y a sept mois, qui n’est plus à une promesse non tenue.
Nous avons également eu droit à une incroyable succession de couacs avec l’annonce du confinement qui n’en est pas un il y a dix jours. Pourtant, il ne s’agissait pas d’une première. Mais l’exécutif semble renâcler à l’emploi du terme confinement, tant sur le fond (les restrictions sont moins lourdes) que sur la forme (pour ne pas paraître se déjuger). Résultat : l’exécutif se débat entre recadrage et formulation monstrueusement bureaucratique, alors que tout le monde glose sur les demi-mesures du gouvernement, dont la cohérence peine à apparaître, entre fermeture des magasins de chaussures et pas des cordonniers. Là-dessus, s’est ajouté l’incroyable épisode de l’attestation de sortie de deux pages et quinze justifications de sortie possible, monstrueux chef d’œuvre bureaucratique, qui n’aura vécu que quelques heures samedi dernier, dont on se demande comment le gouvernement a pu la laisser passer.
Globalement, se dessine encore une fois l’impression d’un exécutif incapable de réfléchir avant d’agir, se contentant de réagir en mode panique aux évènements, ce qui est propice aux couacs. Pour l’attestation, un élément important dans la vie des citoyens, il était évident que le nouveau document serait scruté et que la version proposée le 20 mars était un monstre bureaucratique. Macron et Castex, ou a minima leur cabinet, auraient dû l’éviter. Idem pour le vaccin AstraZeneca : alors qu’il pèse 30% de notre approvisionnement en vaccins en mars, il est effarant d’envoyer tant de signaux négatifs sur son efficacité, que l’expérience britannique semble au contraire démontrer de manière éclatante. Que l’Allemagne fasse une erreur est une chose, mais pourquoi donc lui emboîter le pas ?
Pour couronner le tout, la communication de l’exécutif devient tous les jours plus insupportable. Il est révoltant d’entendre un gouvernement qui multiplie les erreurs et les couacs, et semble incapable de bien gérer la crise sanitaire s’adresser à nous d’une telle manière. Par-delà le nouveau slogan, l’attitude générale est beaucoup trop infantilisante et envahissante. N’est-il pas bien trop intrusif de vouloir régenter à ce point les détails des repas du week-end pascal comme le fait le Premier ministre ? Et, comme l’a bien pointé Eugénie Bastié sur Twitter, les nouvelles consignes du gouvernement semblent davantage rédigées pour élèves de CP que pour des citoyens adultes et responsables. Le sommet a été atteint jeudi soir avec un Macron refusant le moindre méa culpa…
Quand on essaie de s’extraire des torrents de l’actualité, il est tout de même assez stupéfiant de constater à quel point l’exécutif gère mal cette crise, tant sur le fond que sur la forme. Macron et son gouvernement ne font que réagir en mode panique et brouillon, en étant toujours en retard, sur les masques, sur les tests, les vaccins ou même l’évolution de la pandémie. Malgré les énormes limites de Marine Le Pen, les macronistes ne pourront plus jouer la carte d’une quelconque compétence en 2022.
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