Hausse des tarifs de l’électricité, la stratégie du pourrissement
Coup de tonnerre, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) propose une brusque hausse de quasiment 10% des tarifs de l’électricité pour les particuliers. Comment en est-on arrivé là ?
A l’origine de cette hausse, les coûts de production et de commercialisation d’EDF qui sont passés de 20 à 25 milliards d’euros entre 2007 et 2012. Les raisons en sont multiples :
- Modernisation du parc nucléaire (remplacement de pièces en fin de vie, normes post-Fukushima) ;
- Envol du cours des combustibles fossiles sur le long terme ;
- Achat obligatoire de l’électricité photovoltaïque et éolienne au-dessus des prix du marché sans contreparties suffisantes de l’Etat ;
- Hausse des coûts de fonctionnement interne d’EDF (charge de personnel, mise en place des certificats d’économie d’énergie)…
Par le passé, la CRE a déjà prévenu : les tarifs de l’électricité sont appelés à fortement augmenter dans un avenir proche. Ce constat fait, les gouvernements successifs ont joué la montre pour que l’ardoise soit à chaque fois réglée plus tard par les contribuables. Limitant la hausse des coûts au nom du pouvoir d’achat des Français, les politiques se sont surtout gardés de prendre une décision impopulaire. Dès lors, les énergéticiens déposent des recours devant le Conseil d’Etat et les gagnent ! Résultat : deux ou trois ans après le refus initial, on est contraint d’annoncer une hausse subite.
Aujourd’hui, la proposition de la CRE n’est pas surprenante mais la pilule est particulièrement dure à avaler. Le gouvernement a aussitôt rejeté une hausse de 10% et évoque plutôt 2%. Pourtant, la ministre de l’énergie confie : « Nous ne pouvons pas augmenter les prix de seulement 2%. Les coûts de l'énergie augmentent de manière structurelle ».
La situation est d’autant plus délicate que huit millions de Français sont en situation de précarité énergétique. Pour rendre plus supportable cette situation, une loi sur l’extension des tarifs sociaux a bien été votée mais son application va s’avérer particulièrement laborieuse. Le médiateur national de l’énergie doute ainsi fortement que ces nouveaux tarifs sociaux soient suffisants.
A partir de 2016, la CRE aura un pouvoir accru face au gouvernement pour réviser les tarifs de l’énergie. A un an des élections présidentielles, le gouvernement sera alors au pied du mur : revenir à la dure réalité ou bien continuer la fuite en avant. En attendant, la position de Denis Merville est peut-être encore la plus équilibrée : une hausse continue mais prévisible de la facture d’électricité, accompagnée d’une politique volontaire pour accompagner les foyers les plus défavorisés.
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