La Grèce qui se noie et DSK qui en profite
Libération écrit ce mercredi 5 mai que « lors d’un dîner en petit comité, le patron du FMI a, pour la première fois, ouvertement affiché un appétit présidentiel ». Alors que DSK semble être la meilleure alternative à Nicolas Sarkozy, tout le monde, le PS en tête, semble ne pas vouloir ouvrir les yeux. DSK a négocié un plan de rigueur draconien qui met à genoux le peuple grec. DSK semble préférer sauver le système qui risque de faire couler l’Europe, plutôt que de le repenser en intégrant le peuple grec. Pourtant, le message officiel semble être : « Fermez les yeux, élisez-le ».

Il avait pourtant juré changer la philosophie du FMI. Une des institutions les plus contestées au monde pour son libéralisme à outrance et ses plans drastiques qu’elle a imposé à l’Argentine, la Roumanie et aujourd’hui la Grèce. Ses collaborateurs le disent : « il a tenté de modifier la philosophie du Fonds pour y insuffler un esprit plus keynesianniste ». C’est un expert. Le meilleur pour la présidentielle, les mains dans le cambouis, celui qui a compris la crise. Même les sondages le disent très apprécié des partisans UMP.
… Plus libéral que jamais.
C’est lui et personne d’autre qui, sous Jospin, préconisait une baisse du taux supérieur de l’impôt sur le revenu au profit des très haut revenus. Il défendait également une défiscalisation sans limite des stocks options et voulait accélérer la privatisation du service public.
C’est donc sans étonnement que l’on peut analyser le plan de rigueur dont il est en partie l’instigateur, pour la Grèce.
- Salaires gelés jusqu’en 2014.
- Primes du 13e et 14e mois (Noël et Pâques) supprimées pour les salaires supérieurs à 3.000 euros par mois et plafonnées à 1.000 euros pour les salaires inférieurs à 3.000 euros par mois, alors que ces primes avaient déjà été réduites de 30% dans le cadre des précédentes mesures annoncées en mars.
- Baisse des investissements publics de 1,5 milliard.
- Taux de TVA, passé en mars de 19 à 21, relevé à 23%.
- Révision de la législation interdisant aux sociétés de licencier plus de 2% de leurs effectifs totaux par mois.
- Mise en place d’un nouveau salaire minimum applicable aux jeunes et aux chômeurs de longue durée.
- Réduction du nombre de départs anticipés à la retraite, avec comme objectif d’interdire ces départs avant 60 ans.
- Libéralisation des marchés des transports et de l’énergie
Cette liste n’étant évidemment pas exhaustive.
Où est le tournant à gauche ?
Le problème de la Grèce est révélateur d’un système malade. Mais personne ne veut ouvrir les yeux, le FMI le premier, n’ayant qu’une idée en tête : rassurer le marché, diminuer le déficit. Déficit qui n’est l’œuvre bien sur, que des grecs, de leur tendance à corrompre l’économie, à abuser du système et de la confiance des européens. La presse allemande ne se prive pas de le dire, jusqu’à confondre leur analyse par des relents xénophobes.
Les dirigeants, les économistes sont d’accords pour dire que la crise est aggravée par les marchés et la spéculation. Mais, cela n’étonne personne d’entendre sans cesse que le plan de rigueur, les mesures annoncées qui n’auront d’autre finalité que de faire payer la crise aux ouvriers et aux salariés plutôt qu’aux bénéficiaires des paradis fiscaux et autres responsables en cols blanc, sert à rassurer le marché.
Les crises s’enchaînent et se ressemblent. Celle de l’Argentine, des subprimes, de la Grèce, peut-être de l’Espagne et du Portugal. Mais, il ne faut surtout pas remettre en cause notre modèle économique. Le plan de DSK et de l’Union Européenne favorise la libéralisation du marché, la baisse des dépenses du secteur public, la baisse du pouvoir d’achat des millions de travailleurs, au profit d’un système qui mine notre société. Fermons les yeux, répétons les mêmes erreurs.
Des solutions qu’on ne veut pas envisager
Ce qui aurait dû animer les préparateurs de ce soi-disant plan de soutien aurait dû être la volonté de prélever les possédants plutôt que les salariés ou les ouvriers.
La BCE aurait dû, si la solidarité avait été de mise en Europe, prêter de l’argent à la Grèce et à des taux dérisoires pour qu’elle puisse rembourser sa dette. Mais non, personne ne l’envisage et tout le monde préfère se cacher derrière le traité de Maastricht qui l’interdit. Au lieu de cela, ce sont les pays de la zone euro qui vont lui prêter de l’argent.
Les ministres français se pavanent sur les différents plateaux à l’instar de Christine Lagarde ou de François Barroin qui n’hésitent pas à rassurer les contribuables français : « nous allons même y gagner », car la France emprunte à environ 3% pour prêter à la Grèce à un taux de 5%. Magistral élan de solidarité. La France bénéficiera donc de cette crise, et cela, même s’il faut mettre un peu plus à genoux la Grèce.
Enfin, rares sont les dirigeants politiques à l’exception de Cohn-Bendit ou de Mélenchon qui se sont penchés sur les dépenses militaires de la Grèce.
En effet, le plan d’austérité épargne la rigueur pour l’un des plus importants budgets militaires de la planète (proportionnellement au PIB). La Grèce dépense ainsi 2,8% de son PIB pour assurer sa sécurité notamment à cause de la peur d’une agression turque. Et ce, alors même que le pays fait partie de l’Union Européenne et de l’OTAN (qui consacre, lui, 1,7% de son PIB à la défense). Mais peut-être que les dirigeants qui ne cessent de donner des leçons d’économie à la Grèce, l’Allemagne par exemple, ne se prononcent pas là-dessus pour préserver ses recettes. Comme le révèle Libération, l’Allemagne a vendu pour 2 milliards d’euros de moyens de défense en 2009, et la France n’a pas oublié d’exporter ses rafales en Grèce.
Pour en revenir au présidentiable
Ce plan est sans conteste dans la lignée des précédents. Et l’on aurait du mal à considérer que le FMI vire à gauche, comme le rappelle James Galbraith, économiste à l’université du Texas : DSK a tenté un virage, « mais quand on regarde le contenu des conditions de prêts, cela reste finalement très orthodoxe ».
Aujourd’hui symbolise peut-être le départ de DSK pour la course présidentielle. Il faudra donc qu’il s’explique sur sa position, son idéologie et son action au sein du FMI. Ce dernier qui se dit « admiratif de l’extrême rigueur choisie par le gouvernement Papandréou » (Monde du 4 mai 2010) , peut-il être un bon représentant du programme du PS qui se dit plus à gauche que jamais ?
Le PS devra également apparaître crédible quand il assure ne plus devoir s’excuser d’être à gauche, alors même que les socialistes DSK au FMI et Pascal Lamy à l’OMC ne cessent de prôner un libéralisme qui fait des ravages.
D.Perrotin
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