Les virus à la tête de l’Etat et les Jours Heureux réexpliqués à M. Emmanuel Macron ou comment surmonter le Nécrolibéralisme
“Mes chers compatriotes, nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les Jours Heureux. J'en ai la conviction.”
E. Macron, 13 avril 2020

Des milliers de malades, des centaines de morts quotidiens, un président, syndic de faillite d’un régime et d’une camarilla politique qui cherche à sauver des secteurs économiques parasites en tentant de se refaire la cerise sur les urgences du moment alors qu’est en train de se mettre en place, profitant de la discipline des citoyens, un appareil de contrôle social ahurissant dont les Ausweis fabriqués sur les imprimantes domestiques, puis désormais sur les smartphones aux données « anonymes », guidées par le volontariat animé en sous-main par la peur savamment instillée de « rencontrer un infecté », pousse plus avant les balises d’un totalitarisme auquel ne manquent plus que la généralisation obligatoire des vaccins, de l’argent virtuel et d’un assujettissement à un monde terrifiant.
- Nécrose sanitaire, politique, économique, sociale
Réouverture des écoles, non. Fermeture de l’Espace Schengen sans mention de la cessation immédiate des arrivées de réfugiés, demandeurs d’asile etc. accueillis dans les Préfectures dont les services dédiés restent encore ouverts. Bombes biologiques potentielles dans les zones de non-confinement. Masques, tests etc. Eau tiède, prospective brouillonne, perspectives bancales et traites tirées sur un futur incertain. Autant de sujets soigneusement escamotés au cours de l’allocution présidentielle.
100000 cas, 15729 décès dont 762 en 24 heures selon un nouveau bilan officiel. Rien ne passe car rien ne va, chacun ayant compris que l’équipe gouvernementale, totalement à la ramasse, dépassée par son incompétence, fait de l’anti-jeu sur le terrain en faisant circuler le ballon et en jouant la montre. Car il ne s’agit pas d’un Président et d’un Gouvernement en lutte contre le Covid19 mais d’un Président et d’un Gouvernement en lutte contre la véritable solution à administrer au Fléau de Wuhan, à cette saleté épouvantable, cette mort invisible et silencieuse qui frappe et prélève son tribut quotidien.
Le président s’est d’ailleurs bien gardé d’évoquer les termes de son entretien avec le professeur Raoult - conspué et décrié par les minus habens de toute l'intelligentsia courtisanesque des laquais médiatiques -, et il aura fallu attendre ce mercredi 15 avril 2020 pour apprendre de la bouche même du chef de l’Etat qu’il se dit « passionné » par ses études, affirme finalement qu’il est un « grand scientifique » et veut que son traitement soit « vite » testé avec « des méthodes rigoureuses », comme si l’intéressé manquait de rigueur et de méthodologie scientifique ! Quel temps perdu ! Qui soigne et comment ? De quels tests et médicaments dispose-t-on, M. le Président ? Quelle est cette trouvaille de masques non sanitaires, comme si le virus distinguait entre masques filtrants individuels à usage des professionnels en contact avec le public et masques filtrants de protection à visée collective pour protéger l’ensemble d’un groupe (sans contact avec le public). https://www.entreprises.gouv.fr/covid-19/liste-des-tests-masques-de-protection
Nous ne sommes pas en guerre mais en pandémie. Où sont passés les Sun Zu et Jomini, les Mannerheim et Joukov ? Quel est ce « chef des Armées » qui est incapable d’exposer un schéma général d’itération d’une pensée stratégique, d’armer ses troupes, de les doter de munitions adéquates et de leur fixer un véritable plan de bataille en les envoyant au combat sanitaire avec le minimum de matériel ? Une guérilla ne se fait pas avec une armée de métier mais avec des commandos dédiés. Or rien ne fonctionne, hormis les soignants, admirables de courage, de volontariat et d’abnégation qui meurent au front médical, éreintés par leurs efforts. Imagine-t-on, comme l’un de mes amis chef de service, qu’un médecin puisse avoir la responsabilité de cent lits ? Imagine-t-on en temps de paix un conflit dans lequel nous perdrions des centaines de soldats dépourvus de matériel, d'armes, de munitions et de chaîne logistique ? M. Macron réalise-t-il que cette population qui n’est rien à ses yeux, ces gens qu’il a méprisés, violentés, éborgnés tout au long d’une guerre sociale de basse intensité sont ceux-là mêmes, le peuple des « invisibles », qui font encore tourner le pays et assurent encore pour le moment l'approvisionnement et la sécurité du territoire, la production, la fourniture et la distribution d'énergie (carburants, gaz, électricité), d'eau et de nourriture ?
Imaginons un seul instant l'éclairage de l'Elysée à la bougie après l'extinction du dernier groupe électrogène faute de carburant, les cuisines désertées, les placards vides à l'exception d'un paquet de farine ou d'une boîte de pilchards...ou encore les pages du dernier rapport sur la réorganisation de l'Etat brûlées dans la jolie cheminée du Salon Pompadour ou, pire encore, les magnifiques bergères tapissées de soie bleue et or pour tenter de lutter contre le froid.
Pas de cafés, pas de cinémas, pas de restaurants, tout une vie économique s’effondre. Il n’est qu’à interroger les buralistes qui ont fermé leurs activités de cafetiers et de restaurateurs pour prendre la température économique et sociale de ces journées de Grandes Vacances et de Printemps au Parking.
Comme l’écrit Charles Reeve (pseudonyme de l’essayiste libertaire Jorge Valadas[i]), « Ce serait surestimer leur fonction et même leur intelligence de classe que de considérer que les dirigeants dominent la situation et sont capables d’aller au-delà des mesures de sauvegarde des lois du profit. Ce sont ces lois qui commandent leur initiative politique. Dans le cas présent de la crise sanitaire (que nous vivons), le besoin de confinement des populations semble être la seule façon de tenter d’éviter une situation de désastre social et économique. On confine la population non pour affermir la domination sociale mais comme seul moyen de soulager un service de santé publique en lambeaux, conséquence de choix d’austérité. En voulant montrer qu’il maîtrise la situation, le système politique cherche à cacher ses responsabilités dans le désastre sanitaire. Il cherche surtout à nier sa faillite du point de vue de la défense du fameux « intérêt général ». Avec un effet pervers à la clef : le blocage progressif de l’économie dû à ces mesures affaiblit à son tour la gouvernance.
Rien ne dit, ajoute le même Reeve, que la sortie du « confinement » puisse se faire sous la forme d’un retour harmonieux vers une reproduction du passé. Tel est, sans doute, le projet des seigneurs du profit et de leurs serviteurs politiques. Ceux-ci risquent de se trouver à la sortie de l’état d’urgence plus affaiblis qu’ils ne l’étaient avant le début de la crise. Et avec une autre urgence, celle d’une crise sociale étendue. »
La crise du capitalisme - celle du Nécrolibéralisme, en réalité -, sera le deuxième épisode de la crise virale. C’est pourquoi, dès maintenant, la classe politique cherche à préparer la sortie comme un long processus permettant d’intégrer les mesures d’urgence dans un état de droit de plus en plus d’exception où transparaît en filigrane la perspective d’un contrôle social, policier et sanitaire de la population, à l'exception de celle occupant les zones de non-droit des "territoires perdus de la République" et pour lesquelles, hormis la Lex Mahumet Pseudoprophete, de l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, rien d'autre n'existe.
Un long dimanche de fiançailles avec le confinement sur fond de Ramadan, d'attaques des forces de Police au mortier dans des guet-apens façon Beyrouth ou Raqqa. Les Grandes Vacances en quelque sorte. L’oracle présidentiel a distillé ses propos au public venu écouter la Pythie dire ce que serait l’Avenir après la borne du 11 mai, balise susceptible d’être déplacée à l’image d’un horizon lointain toujours mouvant, jamais atteint, et pour cause. Chacun puisera sa provende, sans doute heureux ou dubitatif à l’issue de cette quatrième opération d’anesthésie rendue nécessaire par une suite d’événements qui ne pouvaient s’accommoder d’un silence ajouté à un enfermement. Me revient en mémoire cette séquence du film intitulé Inception dans laquelle Di Caprio, échoué sur une plage, voit s’écrouler par pans entiers, tels des morceaux de sucre, les immeubles d’un front de mer représentant les franges d’un monde onirique. Or il se trouve que nous sommes dans le Réel, avec 7,5 millions de personnes qui ne travaillent plus et des pans entiers d’industrie qui s’effritent et risquent de s’effondrer alors qu’une toute autre organisation pourrait immédiatement y parer, réorienter et reconstruire ce qui est en train de s’arrêter en une immense thrombose causée en réalité par des dirigeants qui n’ont rien vu venir, ont persisté dans des politiques économiques et sociales désastreuses (en France et en Europe) et qui n’ont surtout pas compris qu’ils ne sauraient désormais faire partie de la solution du problème à la survenance et à l'aggravation duquel ils ont amplement contribué.
M. E. Macron a évoqué le « retour des Jours Heureux » en conclusion de son allocution.
Roosevelt et ses Happy Days are Again ou le Conseil national de la Résistance, à défaut des accents churchilliens composés de sueur et de larmes, autant de poncifs revisités qui ne sauraient tromper 65 millions d’habitants qui, malgré les apparences, savent lire, écrire et compter et surtout réfléchir, prêts à écouter des propositions sensées mais surtout farouchement opposés à l’idée de faire semblant de croire aux jolies histoires et contes de fée distillés par le vilain Peter Pan.
Tic-Tac ! Car une chose est sûre, le Capitaine Crochet, projection que Peter Pan se fait de son père, aura beau appeler M. Mouche à la rescousse, le Crocodile l’attend.
II- Une escroquerie mémorielle
Car il s’agit bien là d’une escroquerie mémorielle que le troupeau de journalistes ignares et incultes qui continue de servir la soupe à un pouvoir en perdition s’est trouvé dans l’incapacité de relever.
Aucune coïncidence en revanche de la part d’un E. Macron qui, loin d'être un imbécile, s’approprie avec un culot d'acier en une véritable imposture intellectuelle le titre d’un programme qu’il serait fort inspiré de réaliser sauf à vouloir répondre, avec ses complices et subordonnés, à un procès qui - à la manière des Grands Jours d'Auvergne ou d'un Nuremberg à la française, aura lieu de toute façon et ne fera pas dans la dentelle.
Il n’est qu’à lire ce programme du CNR[ii], le Conseil National de la Résistance, qui jetait au lendemain de la guerre les lignes directrices d’une reconstruction d’un pays ruiné où tout était à refaire et à repenser, où tout a été reconstruit et dans lequel tout est désormais scientifiquement détruit, démoli par les zélateurs d’un véritable nécrolibéralisme.[iii]
Frontières, démondialisation, réindustrialisation, régionalisation, confiance restaurée dans de véritables collectivités locales, planification indicative intelligente, arrêt complet de la folie du « vivre ensemble » auquel plus personne ne peut sérieusement croire, retour à de véritables services publics, redéfinition compète des missions administratives et changement de personnels calcifiés et devenus inopérants à tous les niveaux, on le voit, l’œuvre de la « France d’Après » et les missions d’un véritable Conseil National de la Reconstruction sont immenses. Il faut tout simplement reconstruire en le modernisant, adapté aux contraintes du moment et aux perspectives d’un futur en mutation complète, ce que Denis Kessler présentait sans équivoque[iv] dans un éditorial publié par le magazine Challenge en 2007[v] :
« La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ».
« Cet agenda libéral n’est pas un complot que les dirigeants, au MEDEF ou au club du Siècle, ont véritablement mis au point sur un tableur Excel™ comportant les réformes à mener. Non, même si le macronisme clarifie la situation du camp libéral, ils n’ont pas la franchise de publier un programme comme le fit le CNR. Leurs réformes doivent passer pour des idées neuves issues du (pseudo) jeu démocratique. L’agenda libéral, c’est la guerre que les puissances économiques et leurs représentations politiques mènent contre tout échappatoire au système capitaliste. Un service public ? Un marché régulé ? Un système socialisé ? On privatise. On libéralise. On ouvre à la concurrence. De « l’ intérêt général » porté par les forces politiques héritières du CNR, on est revenu au pur intérêt économique de quelques-uns. »
En veut-on un exemple récent ? Pendant que le pays paye la disparition atroce de centaines de morts quotidiens, voilà que BlackRock, le plus grand gestionnaire d’investissements au monde avec 7,43 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) d'actifs au 31 décembre 2019, et qui est en outre l'un des trois principaux investisseurs dans les huit plus grandes sociétés pétrolières du monde et l'un des 10 principaux dans les 12 banques les plus importantes – ce même BlackRock dont on rappellera qu’elle s'est retrouvée en France au cœur d’une polémique en lien avec la réforme des retraites, vient tout simplement de recevoir de recevoir de la Commission européenne la mission d’étudier comment l'UE pourrait intégrer au mieux les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans sa supervision bancaire.
Concrètement, l’agenda libéral consiste en une lutte féroce contre le « modèle social français », modèle que ceux qui sont nés après les années 1970 avons entendu (et vu) vilipendé et foulé aux pieds pendant toute notre vie pour louer le sage néolibéralisme allemand (aujourd’hui dans l’impasse, lui aussi, ajouterons-nous). Mais l’élection d’Emmanuel Macron a véritablement constitué un tournant : nous sommes passés d’une guerre de position sous les gouvernements qui se sont succédé disons depuis 1983 (la rigueur sous Mitterrand), qui avançaient à petits pas et reprenaient deux années de retraites par-ci, quelques droits syndicaux en moins et quelques déremboursements de médicaments par-là, à une guerre éclair extrêmement violente, la « blitzkrieg » prônée par François Fillon durant la campagne présidentielle. Les réformes socio-économiques de la première année du quinquennat Macron renversent complètement le sens de certaines institutions sociales, au grand bonheur de ceux qui l’ont soutenu pour qu’il mène pour leur compte leurs basses besognes. [vi] »
L’essentiel réside non pas dans ce qu’a annoncé Emmanuel Macron dans sa dernière allocution, mais dans ce qu’il a volontairement caché ou omis de dire. « Suffit-il, comme l’écrit l’économiste François Leclerc dans son excellent blog[vii], pour faire passer la pilule, d’habiller le discours avec une référence au programme du Conseil national de la résistance ? Avec quelle unité le prix à payer va-t-il devoir être mesuré ? En euros ou en décès, alors qu’il prétend faire preuve « d’humilité » devant ce que l’on ne sait pas tout en faisant disparaitre de son discours les avis des scientifiques ? »
Le monde entier, l’Europe et la France finiront par guérir. Nous le savons. Mais il va nous falloir très vite mettre en place un véritable Conseil National de la Reconstruction.
« Adieu, M. Macron, raccrochons notre pays au monde ! », mais pas comme vous l’entendez.
III- Des virus à la tête de l’Etat
Mais que dit donc ce programme si calamiteux, si dépassé, qu’il faut impérativement défaire méthodiquement ?
Ce programme du CNR (le Conseil National de la Resistance, installé par De Gaulle en 1943, était l’organe de direction politique de l’ensemble des mouvements de résistance luttant contre l’occupant. Outre la résistance armée, il rassemblait les principaux partis politiques, de la SFIO aux Démocrates Chrétiens, des Communistes à la Droite Républicaine), que contient-il qu’il faille ainsi rapidement détruire, comme le rappelle précisément Jérôme Pellissier[viii] :
Quelques extraits (le programme complet est en ligne ici) :
« [...] les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération :
[...]
4) Afin d’assurer :
l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;
la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;
la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;
l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;
le respect de la personne humaine ;
l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;
[...]
5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :
[...]
b) Sur le plan social :
le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;
un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;
un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;
la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;
l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre... ;
une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ; [...]
d) La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires. »
Voilà, en effet, on le comprendra, des volontés politiques archaïques, démodées, dépassées.
Insupportable pour tous ceux qui sont aujourd’hui les zélateurs de ce que j’appelle le Nécrolibéralisme, lesquels n’ignorent pas qu’en plus, dans ce programme, on trouve des volontés politiques tel que :
« [...]Afin d’assurer :[...] la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent... ; l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ; une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général... ; »
On comprend mieux pourquoi c’est l’ensemble de ce programme qui révulse l’esprit de tous ceux qui ne cessent de réaliser et/ou de fantasmer la subordination de l’intérêt général à leurs intérêts particuliers.
Et dire que c’est justement une partie de la presse, de cette presse que les Résistants voulaient libre, qui relaie quotidiennement la manipulation mentale destinée à faire passer ce programme du CNR, simplement, sobrement, humaniste, comme un programme archaïque, inadapté, dépassé, etc. A faire passer des démocrates résistants pour des terroristes d’extrême gauche. A faire passer des ultra-réactionnaires libéraux (années 1830) pour des progressistes. Vessies et lanternes, en permanence. Schizophrénie érigée en mode de gouvernement. Qui a dit : "la politique sera psychiatrique ou ne sera plus" ?
L’objectif de Kessler et consorts et de ses successeurs actuels est un fantasme d’amnésique et, disons crûment les choses, un programme de destruction et de dépeçage du pays, un programme d'appauvrissement de toutes les classes moyennes désormais passées à la paille de fer, une oeuvre de destruction systématique de la nation conduite par de véritables…salauds. Une politique de terre brûlée. Un individualisme sauvage qui se fait passer pour un "libéralisme progressiste".
Là, l’Histoire ne sert (plus) à rien. Déni de la leçon. Déni tout court. Déni du fait que les Résistants du C.N.R. avaient établi un tel programme parce qu’ils avaient vu ce qui n’était plus possible :
-Vu que tout phénomène, tout système qui organise (moralement, économiquement...) la méfiance, la suspicion, la guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun, est fondamentalement a-social et a-humaniste.
-Vu qu’il n’y a de société que tissée de nos interdépendances, qu’il n’y a de société que solidaire, et qu’il n’y a d’humanité que s’il y a société.
-Vu que le libéralisme économique est fondamentalement un anti-humanisme - qu’il ne peut qu’aboutir à la rupture des liens et, ce faisant, à des formes de déshumanisation.
Il faut du reste, pour une société, être déjà bien avancée dans cette voie-là pour qualifier, comme d’un stigmate, de "personnes âgées dépendantes" les plus vulnérables d’entre nous, oubliant que nous vieillirons nous aussi.
Au point où en sont les incapables politiques actuels, ils devraient aller plus loin - avoir un peu le courage d’aller vraiment où mènent leurs opinions. Le Covid19 n'est-il pas évidemment et de la manière la plus cynique qui soit une aubaine venue fournir un sérieux « coup de main » inattendu aux incidences fiscales et financières du "douloureux problème des Retraites" ? Toute une classe d'âge balayée, et hop ! Le rêve devenu réalité... Plus rien à payer, à prendre en charge.
Car "défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance" n’aura été qu’un premier pas.
Défaire le droit à la sécurité sociale, le droit au repos, le droit à la sécurité de l’emploi, à une retraite, à la santé, à la sûreté des biens et des personnes, à un avenir agréable et paisible etc., cela ne suffit pas.
Tous ces Résistants archaïques qui se sont battus pour établir ce programme - et dont certains disparaissent aujourd’hui loin de leurs familles et anonymement par chambrées entières dans les EHPAD, les François Jolliet, Maxence Larrieu, Paulette Guerini, Antoinette France (noms inventés, pourtant réels, car tellement Français) -, ont ainsi freiné, contrecarré, détruit certaines pratiques qu’il est grand temps de réhabiliter.
Quelques voix isolées, ces dernières années, ont du reste préparé les esprits.
Hugues de Jouvenel, le directeur de Futuribles :« Force est de constater que la consommation médicale augmente avec l’âge. Or, notre masse financière est limitée. Nous ne pouvons pas à la fois faire des prothèses osseuses sur des personnes âgées et, en même temps, développer des services pour des enfants en bas âge, faire des opérations sur les actifs. Nous sommes obligés de choisir. »[ix]
Richard Liscia, rédacteur en chef du Quotidien du médecin : " Même les gens âgés doivent participer à la production nationale (…). Si nous étions extrêmement cyniques, nous dirions que le moment arrive où, du point de vue de la dépense publique, il vaudrait mieux que meurent les gens qui veulent rester oisifs. »[x]
ou encore l’économiste Alain Cotta, qui « compte tenu de l’augmentation abrupte du coût de maintien en vie de [la] population du 4e âge », songe à « une sorte d’autorégulation organisée par la société qui [créerait] une fonction sociale : donner la mort ». Chacun relira les propos des Attali, Minc et autres "humanistes" auxquels on "souhaitera tout le bonheur du monde", pour citer les paroles d'une jolie chanson.
Oui, il est temps de se défaire de tous ces tabous qui nous conduisent à laisser vivre tous ces inutiles, ces superflus, ces surnuméraires improductifs, coûteux, que sont les personnes handicapées, malades chroniques, âgées, au chômage de longue durée, qui encombrent les EHPAD, etc.
Oui, il est temps, grand temps pour certains, véritables cerveaux malades et cyniques de dire adieu au programme du C.N.R. et de reprendre quelques aspects bêtement décriés du programme du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei. »
En attendant, merci au Covid19 qui nous aide à résoudre tous ces problèmes de personnes âgées, n’est-ce pas ?!
Hé bien non ! Le temps est venu d’éradiquer les virus qui sont à la tête de l’Etat et qui tuent littéralement aussi bien le présent que l'avenir de la France.
Prochain article : E. Macron et l’annulation de la dette de l’Afrique
Notes et références
[i]Charles Reeve, https://lundi.am/La-Peste-et-la-Colere,13 avril 2020
[ii]Laurent Mauduit, Les Jours Heureux, Mediapart, 02 mars 2016 et 15 avril 2020, https://blogs.mediapart.fr/laurent-mauduit/blog/020316/les-jours-heureux-le-programme-du-conseil-national-de-la-resistance
[iii] Ce qu’il nous a déjà pris : Les prises de guerre (des classes) de Macron. Magazine Frustration, 28 juin 2018, https://www.frustrationmagazine.fr/ce-quil-nous-a-deja-pris-les-prises-de-guerre-des-classes-de-macron-an-i/
[iv]Jérôme Pellissier, Défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance.
L’objectif politique de Denis Kessler et de ses amis. http://www.jerpel.fr/spip.php?article173
[v] https://www.challenges.fr/magazine/adieu-1945-raccrochons-notre-pays-au-monde-l-editorialiste_338714
[vi] Op.Cit.
[vii]François Leclerc, Les à-peu près ne sont pas de circonstance, Décodages,14 avril 2020, https://décodages.com/2020/04/14/les-a-peu-pres-ne-sont-pas-de-circonstance/
[viii] Jérôme Pellissier, Op.cit. Défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance.L’objectif politique de Denis Kessler et de ses amis. http://www.jerpel.fr/spip.php?article173
[ix]Catherine Bergeret-Amselek, L'avancée en âge, un art de vivre, Eres, 17 mai 2013
[x]Une planète grisonnante, Tuez-les tous, Le Monde Diplomatique, Juin 2013, p.13, https://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/A/49159
Voir aussi :
Seznec Erwan, « La contre-révolution libérale, ou le démantèlement de l’État social », dans : Benoît Collombat éd., Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours. Le vrai visage du capitalisme français. Paris, La Découverte, « Cahiers libres », 2014, p. 572-580. URL : https://www.cairn.info/histoire-secrete-du-patronat-de-1945-a-nos-jours—9782707178930-page-572.htm
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