Non à la chasse aux sorcières dans le mouvement ouvrier !
Des militants et des militantes s'inquiétent devant une campagne et des mesures internes qui conduisent à une véritable chasse aux sorcières dans la CGT.
J'espère comme beaucoup qu'il ne s'agit que de quelques dérapages auxquels il faut mettre fin et non une politique délibérée qui nuirait à la cohésion et à l'identité d'une confédération ouvrière, combative et démocratique.
Le 15 mars dénier j'écrivais un article intitulé « Touche pas à la CGT » que je terminais ainsi :
« il est indispensable que la centrale applique strictement ses statuts sans aller au-delà....Il serait préjudiciable à son image et à son identité, qu'elle passe d'une mesure de protection à une mesure administrative qui pourrait passer pour une chasse aux sorcières.
Si les militants du Front National et ceux de la droite extrême n'ont pas leur place dans le syndicat et dans leurs organisations statutaires, il est important que des débats importants comme celui relatif à l'égalité des droits hommes-femmes ou celui relatif à la laïcité puissent se mener et se poursuivre.
Il ne faudrait pas voir dans toute expression d'une orientation critique, l'œil ou la main de l'extrême droite.
il ne faudrait pas que des militants et militantes qui combattent tous les intégrismes soient taxés de « fascistes » ou de « racistes »...
Si le « fascisme » est un péril pour la classe ouvrière et ses organisations, le communautarisme en est un autre qu'il faut continuer à combattre. »
Des informations inquiétantes m'étaient alors rapportées immédiatement après qu’ait été rendue publique la lettre de Bernard Thibaut rappelant les valeurs de la CGT par opposition avec celles du Front national. Une lettre consécutive à la mise en cause d’un secrétaire général d’un syndicat CGT local ayant été candidat aux cantonales sur la liste du Front National.
On m’apprenait ainsi que, bien au-delà de ce cas marginal, le climat interne à la CGT devenait délétère dans certains endroits dont, dans la CGT du Val-de-Marne, où se déroulerait une véritable chasse aux sorcières menée par quelques-uns.
Une pratique « digne » du temps où les trotskistes et anarchistes étaient considérés comme des militants étrangers au mouvement ouvrier.... Il était alors minuit dans le siècle, le stalinisme triomphant maintenait une chape de plomb sur le syndicat, restant la chasse gardée d'une fraction, la sienne. Comme beaucoup je pensais ce temps totalement révolu...
De quoi s’agit-il ? Un militant syndical était proposé par son syndicat local à le représenter comme délégué au 10e Congrès de la Fédération des services publics qui se déroule en mai à Ajaccio. Son mandat avait été validé par la coordination des services publics CGT. Suite à ce qui est une véritable enquête menée sur ses activités extra-syndicales, il apprenait, sans même avoir été entendu et son syndicat reçu, que l’on avait unilatéralement décidé en petit comité, de suspendre son mandat puis de l’annuler, sous prétexte qu’il ne pourrait représenter la CGT en raison de ses idées ! Celles précisément d’un laïque républicain engagé, amalgamées dans le contexte favorable de paranoïa actuelle, par ces pratiquants de l’ostracisme, aux thèses du Front National…
Aujourd'hui, les vieux démons reviennent au galop... Des militants ouvriers qui sont opposés au communautarisme et ont dénoncé l'intégrisme peuvent être ainsi aujourd'hui, interdits de congrès, jetés en pâture à la vindicte collective par cette stigmatisation qui vaut dénonciation publique et atteinte à la moralité !
Ces instances de la CGT s'en prennent à un responsable syndical, actif et reconnu par des centaines de syndiqués et des centaines de travailleurs sociaux, attaché à son syndicat, qu’il défend mieux que bien d’autres qui de leurs bureaux coupes des têtes….
Cette condamnation sans appel, s'appuie sur un réquisitoire étonnant, qui reprend des textes qu’a publié de militant laïque sur internet sur différents sites, pour justifier cette annulation sur un motif incroyable, que ceux-ci seraient « islamophobes » et donc selon ces censeurs à « l’encontre des valeurs fondatrices de la Cgt. » Ces dirigeants oublient que le terme d'islamophobie a été inventé par les islamistes qui veulent que toute critique de la religion soit interdite, c'est ainsi que l'OCI (L'Organisation de la Conférence islamiste) intervient dans les instances de l'ONU pour interdire le blasphème transformé en délit. Ce camarade n’a jamais eu la moindre plainte porté contre lui pour ses écrits. La CGT serait-elle pour la reconnaissance dans la loi du délit de blasphème ?
On apprend que ce responsable n’a jamais porté de débats sur les questions de l’islam ou de la place de l’immigré dans notre société qu’il évoque dans ses articles, au sein de la CGT, conscient que ceux-ci ont déjà fait éclater bien des organisations, le plus souvent en mal de savoir en débattre sereinement dans un contexte très difficile. Ce qu’on lui reproche de façon incroyable, c’est de s’exprimer en dehors du syndicat sur ces questions dans le débat public autrement dit, on lui interdit d’être un citoyen exerçant son libre arbitre en faisant simplement usage des libertés communes !
Certains éléments des directions de ce syndicat semblent pouvoir agir comme portant la mission de dire ce qui doit être pensé ou non, jusque dans la société, par ses adhérents et ses représentants.
C’est le retour en grand des procès idéologiques et des ostracismes pour déviation. Un formidable retour en arrière au moment où on a tant besoin de débattre pour trouver des solutions face au double péril précisément, de la montée du risque de fracture politique liée à des questions de société qu’on veut interdire de débat et de la monopolisation frauduleuse par le Front national d’une question comme la laïcité, entre autres, grâce au sectarisme de ceux qui s’attaquent aux défenseurs républicains de cette valeur fondamentale !
Ces dirigeants semblent ignorer que de nombreux militants CGT, dans le passé ont combattu le cléricalisme avec force et ont même critiqué sans retenue les religions. En clair, tout militant CGT en s’exprimant sur la laïcité prend un risque, celui d’être montré du doigt et sali. On veut faire peur pour serrer les rangs ? Ce nettoyage idéologique dans la Confédération qui pourrait n’être qu’un début, réjouit tous ceux qui y ont dénoncé le prétendu « laïcisme » de ceux qui se sont dressés contre des revendications communautaires qui portent gravement atteinte à notre vivre ensemble comme la remise en cause de la mixité au nom d’une religion. Les mêmes qui appellent à la répression interne sont ceux qui ont manifesté en 2004 contre la loi d'interdiction des signes religieux à l'école, qui prennent la burqa qui enterre vivante des femmes comme un droit à respecter, sous couvert de pas tomber dans l’islamophobie...
Aujourd'hui, pour taire la légitime protestation exprimée par son syndicat qui le soutient et par les collègues de ce militant sanctionné, cette direction syndicale va rechercher certains écrits triés sur le volet de ce camarade publiés sur différents sites (2 ou 3 sur quelques deux cents articles). Oui, comme d'autres, il a écrit dans Riposte laïque, ce qui est au centre des accusations portées contre lui… Il a rompu définitivement avec ce site lorsque celui-ci est passé de la défense de la laïcité à fricoter avec les identitaires et autres militants d'extrême droite, il y a un peu plus d’un an. Mais malgré ce fait, on utilise contre lui un amalgame avec ce site et avec l’utilisation d’un de ses articles copié-collé par un site du Mouvement Pour la France du 44 datant de plus de deux ans, bien malgré lui et qu’il a découvert à l’occasion de cette mise en accusation. L’évolution du mouvement laïque et républicain n’est pas aisée, dans un contexte de piège entre une radicalisation extrême de rejet des musulmans au service de buts politiques et de l’autre une laïcité dite « ouverte » qui laisse le champ libre au communautariste et au clientéliste religieux.
Ce procès intenté à un militant ouvrier, syndicaliste, qui est aussi un militant républicain de la laïcité, rendu suspect de sympathie avec l'extrême droite est un précédent lourd de danger et d’une violence extrême. Il risque de décourager et d'écœurer nombre d'adhérents de la CGT qui pensaient qu’il n’était pas nécessaire d’être d’accord avec un dogme officiel pour y adhérer et y militer, que la diversité y était reconnue comme ses derniers congrès y ont insisté, et que les procès en sorcellerie y étaient définitivement enterrés. Que les amalgames de cette nature ne s’y pratiquaient plus. Au moment où le mouvement syndical a besoin de renforcer son unité pour combattre la politique anti sociale de ce gouvernement, il y a sans doute mieux à faire que de s’adonner à ce jeu de massacre qui ne rapporte toujours qu’aux mêmes, les ennemis de classes, les intégristes religieux et l’extrême-droite.
Il est à espérer qu’un sursaut viendra mettre un terme à ces pratiques d’un autre âge et que la CGT pourra jouer tout son rôle d’organisation au service des travailleurs, dont nous avons tant besoin pour nous défendre et nous rassembler, dans le respect des opinions et des idées.
JF Chalot
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON