Afin de réconcilier les Français avec les entreprises, et avec les territoires, une réforme est utile, celle-ci puisera ses principes dans la justice, une justice sociale pour les salariés, une justice mutualiste pour les entreprises et une justice pour l’équilibre d’un territoire donné.
Puisque l’opinion reproche aux entreprises, que seuls prévalent les résultats financiers, elles doivent prendre en compte urgemment l’aspect social et environnemental de leurs actions. Afin de réconcilier les Français avec les entreprises, et avec les territoires, une réforme est utile, celle-ci puisera ses principes dans la justice, une justice sociale pour les salariés, une justice mutualiste pour les entreprises et une justice pour l’équilibre d’un territoire donné.
Le problème est clairement identifié. Nous sommes en pleine guerre économique du fait de la mondialisation. Les salariés sont sous pression permanente, la concurrence travaille vite et bien, et il faut toujours vendre plus. Les objectifs (RACES) sont fixés, certes, mais les collaborateurs n’ont pas toujours les moyens ni le temps, pour « faire les objectifs ». Le management n’est plus respectueux des collaborateurs, ces derniers sont « mis plus bas que terre ». On les culpabilise sur tout. Un jour, le collaborateur craque et il se suicide. Les salariés, cadre, EI, non-cadre, ne se sentent plus considérés humainement, y compris les ingénieurs, qui ont vu en 10 ans leurs conditions de travail se dégrader. Souvent, ils invoquent l’importance immense accordée à la culture du résultat au détriment du reste. Assurément, les entreprises contribuent au développement des territoires, puisque ce sont elles qui le financent par le levier fiscal, et elles font vivre les familles. Cela dépend aussi comment on considère le problème mais à partir du moment, qu’il existe une hiérarchie, sans possibilité de contester, puisque le salarié a la crainte de perdre son emploi, une entreprise est l’inverse de l’humanisme. S’il fallait davantage associer les subalternes aux décisions, dans ce cas, le manager perdrait son pouvoir, donc il ne prendra pas le risque d’y associer les subalternes. Les faits sont d’une clarté étonnante, les droits des salariés sont bafoués, en particulier lors d’un licenciement. Combien d’entretiens préalables ont été menés au mépris du code du travail ? Une entreprise n’a rien de démocratique, puisque le management est souvent autocrate.
Pour produire des biens « socialement utiles », il faut le définir au niveau du cahier des charges. Le canevas serait : « écologiquement soutenable », « socialement responsable » et « économiquement justifiable ». C’est un concept d’ « éco-conception » qu’il faut intégrer de manière systématique dans les cahiers des charges des directeurs marketing. Une autre piste serait un partenariat (ou un échange) entre entreprises, avec la création d’une « réserve solidaire territoriale » pour financer des projets de type ISR. Ensuite, favoriser l’émergence d’un pôle de coopération entre les territoires, non pas organisé à une échelle nationale, mais par grandes régions européennes. L’état d’esprit d’une coopération décentralisée peut être une solution alternative pour converger vers l’idéal démocrate et l’entreprise responsable socialement.
Reste à définir le choix des acteurs et à les impliquer pour transformer la société. Qui assure le leadership ? Les politiques, les scientifiques, la société civile, les pouvoirs publics et les entreprises d’un même territoire. J’ose imaginer une organisation découpée avec innovation et réalisme à l’échelle du territoire européen, puis chaque strate plus affinée en fonction de critères intrinsèques à la nature même du territoire, un modèle de « poupées russes », en quelque sorte. Afin d’être pleinement complet, sachant que l’objectif est connu, nous devons nous mettre d’accord sur la méthode. La méthode efficace tient en quatre phases : le diagnostic du problème (observation, caractérisation, qualification), le pronostic, les modalités de mise en oeuvre, le lancement des opérations, et l’analyse de la pertinence (3 à 5 ans après).
Comment répartir avec justice et avec équilibre les richesses au sein de l’entreprise ? Ce vaste débat appelle à développer l’intéressement et la participation, même pour les TPE. Obliger les TPE et les PME par la législation à la mise en place d’outils, tels que les PERCO et l’article 83 pour les salariés, en accord de la validation de l’expert-comptable. Il ne faut pas cependant mettre la viabilité de l’entreprise en jeu. Tout comme le précise avec humanité, François BAYROU, il faut « lutter contre cette idéologie, c’est l’idéologie de la division internationale du travail qui fait que l’on considère qu’il importe peu de savoir où les choses sont produites et fabriquées : l’essentiel est qu’elles circulent au meilleur prix ». Restons humain, effectivement.
A la lumière de ce triste constat, un monde nouveau s’ouvre, par l’entremise d’une nouvelle régulation, pour une démocratie au sein des entreprises, qui n’auront pas d’autres choix à l’avenir, si elles souhaitent changer d’image, puisqu’il est reconnu qu’elles souffrent d’un « déficit de démocratie ». Les entreprises ont à gérer leurs propres contradictions pour concilier des impératifs : épanouissement humain, développement équilibré des territoires, démocratie, justice sociale, profit sur le long terme. Les marges de manoeuvre sont considérables. Dans ce monde ultra-concurrentiel, dans lequel règne une violence inouïe, espérons qu’un jour, on équilibrera les impératifs de rentabilité et de profitabilité avec une production de biens socialement utiles, une répartition équitable des richesses, avec une production économisant les richesses naturelles les plus rares, et enfin que les principes démocratiques retrouvent pleinement une place dans la vie de chaque entreprise du continent européen, territoire « unique », qui unit et réunit 480 millions de citoyens.