Affaire Ferrand : de nouvelles
révélations accablent le ministre.
Ce sont de nouvelles informations qui
mettent Richard Ferrand face à ses contradictions. La semaine
dernière, Le Canard enchaîné révélait que le fer de lance du
mouvement La République en marche avait participé il y a quelques
années à une opération immobilière extrêmement opaque. Alors que
les Mutuelles de Bretagne, dont il était le directeur général
jusqu’en 2012, étaient à la recherche de nouveaux locaux pour
accueillir un centre de soins, Richard Ferrand avait lui-même acquis
un immeuble en plein cœur de Brest.
L’homme, pas encore député, avait
ainsi signé auprès d’un particulier un compromis de vente en
décembre 2010, lequel prévoyait qu’une société civile immobilière
(SCI), dirigée par sa compagne, Sandrine Doucen, le remplacerait
bientôt. Richard Ferrand avait également fait inscrire dans le
compromis que la vente ne serait valable qu’à la condition qu’un
contrat de bail soit noué dans les prochaines semaines entre la SCI
de sa compagne et... les Mutuelles de Bretagne.
Un pacs conclu en 2014 ?
Le 25 janvier 2011, tout se
passe comme prévu : le conseil d’administration des Mutuelles,
dont Ferrand ne fait pas partie, choisit l’offre de Sandrine Doucen,
alors que sa société n’a pas encore d’existence légale, n’est pas
immatriculée au greffe du tribunal de commerce, et n’est même pas
encore propriétaire des locaux ! Un mois plus tard, le Crédit
agricole finance 100 % de l’opération via un prêt
de 400 000 euros environ, et les Mutuelles, en échange
d’un loyer plus bas que le marché, acceptent de prendre à leur
charge la rénovation des locaux à hauteur de 184 000
euros. Une transaction qui permet à la compagne de Richard Ferrand
de réaliser une magnifique plus-value en quelques années à
peine...
À l’époque, aucun commissaire aux
comptes n’est saisi pour rédiger un rapport spécial. Interrogée
par Le Parisien, la directrice actuelle des Mutuelles ne voit
pas non plus le problème, aucun « lien juridique ni
patrimonial » n’existant entre Sandrine Doucen et Richard
Ferrand, affirme-t-elle. Sauf que selon Mediapart, les statuts de la
SCI de Sandrine Doucen évoquent bel et bien un pacs conclu
le 2 janvier 2014 entre cette dernière et
Richard Ferrand, soit après la transaction.
Si le régime matrimonial du couple
n’est pas connu, cette information vient a minima contredire le
ministre de la Cohésion des territoires, lorsqu’il affirmait
lundi dans Le Parisien n’être « ni marié ni pacsé »
avec celle qui partage sa vie.
La fille de Richard Ferrand possède
une part dans la SCI.
Autre révélation du site
d’information en ligne qui tend à démontrer que Richard Ferrand
était au moins indirectement intéressé par l’opération
immobilière : sa fille, une collégienne de 13 ans, a
acquis en février 2017 la seule part de la SCI qui n’était
pas détenue par sa mère. Enfin, Mediapart explique également que
la première épouse de Richard Ferrand, une artiste peintre
installée en Bretagne, a été chargée de l’aménagement intérieur
des locaux loués aux Mutuelles de Bretagne...
« Je réponds à vos questions
afin de ne pas paraître m’y dérober. Mais ce serait un comble que
vous évoquiez des relations avec mon ex-mari qui n’existent plus
depuis longtemps, du fait d’anciens conflits personnels. (…) Je
ne saurais vous dire si le fait que nous ayons été mariés a joué,
je veux croire que c’est plutôt (…) mes compétences et la qualité
de mes réalisations qui ont été déterminantes », a-t-elle
confié à Mediapart.
Les mélanges de genres de Richard
Ferrand.
Selon Le Monde, qui publie mardi une
longue enquête sur « les mélanges de genres » de
Richard Ferrand, ce dernier a également embauché dès 2012 en
tant qu’assistant parlementaire le compagnon de Joëlle Salaun,
l’actuelle directrice des Mutuelles de Bretagne...
Richard Ferrand, quant à lui, était
parvenu à conserver un poste de chargé de mission aux Mutuelles de
Bretagne, durant tout son mandat de député entre 2012 et
2017, contre une rémunération de 1 250 euros par mois.
« Un échange de bons procédés ? » s’interroge le
journal.
http://www.lepoint.fr/legislatives/affaire-ferrand-de-nouvelles-revelations-accablent-le-ministre-30-05-2017-2131382_3408.php