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Il se noie et nous n’y pouvons rien

La ligne est coupée !

Décrocheur silencieux …

Alain est un élève de quatrième, un gentil garçon sans histoire, un de ceux qui ne font jamais de vagues, qui passent inaperçus dans la cour de récréation ou bien en classe. Il a bien quelques difficultés liées à cette maudite écriture, parfaitement illisible, à sa lenteur qui le laisse toujours en décalage avec ses camarades.

Alain a été repéré pour ces problèmes qui sont désormais connus, souvent identifiés et qui peuvent s'atténuer grâce à ordinateur. Il a franchi le parcours d'obstacles afin que son handicap soit reconnu ; il a trouvé place dans un service spécialisé, a obtenu le matériel nécessaire pour suivre une scolarité ordinaire en compensant son trouble.

Hélas, Alain ne souhaite qu'une chose : se fondre dans la masse, ne pas être traité différemment de ses voisins afin de n'avoir plus de contraintes, plus d'efforts à faire. Il refuse d'utiliser l'ordinateur en classe comme à la maison ; il n'a pas besoin du service des professionnels chargés de l'aider dans sa scolarité. Alain, en fait, veut qu'on lui fiche la paix.

Quand on l'observe d'un peu plus près, on est frappé par son côté chiffe molle, sa voix presque inaudible, son regard fuyant. Non pas qu'il soit ainsi dans la vie réelle : il cherche tout simplement à disparaître derrière cette façade en latex. « Pour vivre heureux, vivons caché », Alain a fait de cette maxime sa règle de survie en milieu hostile.

Alain a demandé dans un premier temps qu'on le laisse se débrouiller tout seul. Finis les rendez-vous supplémentaires, l'ordinateur et les préconisations pour accompagner ses études. Durant cinq mois, il a tenté l'expérience et s'en est trouvé parfaitement satisfait. Hélas, le bulletin ne fut pas de cet avis : les notes sont en chute libre, les appréciations non équivoques soulignent le manque de travail et de concentration, les bavardages et la dissipation.

Alain est persuadé qu'il sera capable de redresser la barre s'il se met au travail ; ses parents l'écoutent, s'imaginant qu'il a certainement en lui ce sursaut d'énergie qui lui permettra de retrouver la moyenne. Alain se ment à lui-même et ses parents se bercent d'illusions. La question qui tue va lui être posée : « Fais-tu des jeux en ligne ? ».

« Bien sûr, c'est de son âge ; les jeunes n'aiment plus que ça, répondent en chœur ses parents, mais nous veillons au grain, il est parfois privé de sa tablette ! » … Je veux en savoir plus ; j'apprends qu'il y consacre officiellement au moins deux heures par jour et bien plus le weekend et durant les vacances. Il joue encore à la console et, quand il lui reste un peu de temps, il regarde la télévision.

Tout va bien, messieurs et dames : Alain est un décrocheur passif, un de ces gentils élèves qu'on oublie en classe parce que leur vie est ailleurs, dans ce monde virtuel qui envahit littéralement leur existence. Alain vit dans un imaginaire factice ; il se construit un monde, y vit des aventures, y rencontre d'autres joueurs qui, comme lui, se perdent à eux-même.

Alain n'aime pas sortir, nous dit son père. Il faut que ce soient ses camarades qui viennent le chercher pour qu'il aille un peu dehors. Heureusement, il lui reste encore ses deux entraînements de handball pour conserver une bouée d'oxygène. Il n'est pas encore au bout de cette terrible logique que j'ai déjà croisée à maintes reprises.

Alain a gagné. Il quitte le service puisque tel est son souhait. Il est impossible de sauver de la noyade celui qui ne veut pas qu'on l'aide. C'est la terrible réalité et la redoutable impuissance de nos métiers. Alain a décidé que l'école était désormais une parenthèse, un moment où il se met en déconnexion. Il perd son temps, il passe à côté de sa scolarité sans se faire remarquer par des problèmes de discipline.

Ses parents ont écouté mes craintes. Ils pensent naturellement que j'exagère, que je noircis le tableau. Ils comptent sur une réaction de leur enfant : il est si gentil. J'ai rempli mon rôle, je les ai mis en garde, sans langue de bois, sans détours ni circonvolutions langagières. Je ne peux mieux, seul Alain pourra, un jour, peut-être, retrouver de l'appétence à l'école. En attendant, il faut le laisser plonger.

J'enrage et pourtant il n'est rien d'autre à faire. Je passe ma frustration en prenant le clavier et en racontant cette séance toute fraîche encore. Combien y a-t-il d'Alain dans ce pays qui ne font aucun bruit et pour qui l'école n'a plus aucun sens ? Je crains qu'ils ne soient nombreux et que les marchands de rêve leur jouent un bien mauvais tour. Mais puisque c'est ça la modernité, nous devons l'abandonner à son sort.

Impuissancement sien.


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40 réactions à cet article    


  • Nicolas_M bibou1324 14 avril 2015 10:03

    Triste constat que je fais tous les jours.


    Lorsque je rencontre d’autres parents, beaucoup sont choqués que mon fils d’à peine un an, ne passe pas ses weekends devant la télé. « Mais vous comprenez, vous l’éduquez mal, la télé ça calme les enfants », ce genre de réflexion, j’en ai souvent. Et plus tard, à l’école, ça ne va pas s’arranger, je le sais bien. Aujourd’hui, si vous ne laissez pas votre enfant faire ce qu’il veut avec les écrans, vous êtes un monstre.

    Ben tant pis, je serai un monstre. Quand je vois les gosses à la crèche, 80% sont déjà complètement abrutis, mous, sans entrain, et ils n’ont pas 2 ans. Ca présage d’une sacré génération.

    En quatrième, quand il y a eu une accoutumance aux écrans dès les premiers mois de la vie, il n’y a plus rien à faire. C’est triste mais c’est comme ça. Je me contente d’élever mon enfant comme je le pense, c’est à dire sans écrans, c’est une goutte d’eau dans un océan d’addicts au numérique, mais c’est déjà ça.

    • C'est Nabum C’est Nabum 14 avril 2015 10:27

      @bibou1324

      Vous faites bien

      Il n’est pas simple d’aller à contre-courant mais c’est ainsi que sa vie sera plus belle.

    • tf1Groupie 14 avril 2015 12:57

      Et qu’est-ce que vous proposez ?


      • C'est Nabum C’est Nabum 14 avril 2015 16:12

        @tf1Groupie

        Je ne propose rien

        Je lui permets de mettre son histoire par écrit avec mon aide afin de prendre de la distance et de mieux comprendre

        1 heure par quinzaine, je ne peux faire plus


      • bakerstreet bakerstreet 14 avril 2015 14:17

        Un sentiment de grande lassitude nous submerge. Malheureusement, infirmier en psy : « J’en ai tant vu qui s’en allaient. Ils avaient besoin de si peu, ils avaient si peu de colère ».(Aragon)


        Et que dire de cette société qui toise les insuffisances des moins brillants, qui leur indique la direction de pôle emploi, le nouveau moloch ! Je ne désigne personne, y a t’ils quelqu’un à désigner, dans cet univers mou, faussement consensuel, et terriblement violent ! Les jeunes sentent ça très tôt, qu’ils n’auront pour beaucoup pas leur place. A tort ou à raison, mais le climat est là, détestable. 
        Le père absent, une mère qui fait ce qu’elle peut, et donc le shit, et puis toutes ces nouvelles technologies, qui vous mettent à hauteur de schizophrénie, ou de ce qui y ressemble.

         Rimbaud n’a pas connu ça, et nous n’en plus. Il n’y avait que le baby foot et le flipper, au café du commerce,sur lequel j’étais un peu addic....Ulysse non plus n’a pas navigué sur ces eaux ,enfin un peu, sur je ne sais quelle île de catalepsie sirupeuse, disons semblable à celle de la calypso.
        Cette société est une fabrique de moutons de Panurge, avec quelques rappeurs, pour servir souvent avec de bien pauvres paroles, mêlées de névrose et de revendications brouillonnes à anesthésier un peu plus l’intelligence, la critique, une révolte contre les tables de jeux. 


        • C'est Nabum C’est Nabum 14 avril 2015 16:14

          @bakerstreet

          Les moutons sont bons à tondre

          Tout cela en fait des êtres dociles sans idéaux autre que le fric ...

          C’est à pleurer de rage, je suis bien d’accord et ça relève de la manipulation mentale


        • Aristide Aristide 14 avril 2015 16:16

          Des conclusions définitives tirées à partir d’un cas particulier, un vrai cas d’école. Un enfant en difficulté scolaire, visiblement des causes détectées et mal prise en charge, des parents qui espèrent toujours et se cachent derrière leur petit doigt, une équipe pédagogique qui ne sait plus quoi faire, une liberté de choix laissée à un enfant qui ne sait qu’en faire, un changement de comportement, bavardages, ... On pourrait trouver dans ce court exposé de multiples causes à ce décrochage. Comme la plupart du temps, une conjonction de causes, souvent très difficile à démêler tellement imbriquées et complexes. 

          Et ben non, il joue en ligne, ma bonne dame. et pire, il regarde la télé. Il a une tablette.

          Voilà donc LA cause de tout les malheurs de cet Alain, simple mouton d’un troupeau de Panurge ressemblant à tous. Il faut pas faire dans le détail. Non La cause qui entraîne LA conséquence. Et si quelques élèves qui réussissent jouaient en ligne cela démontrerait le contraire ? 

          Et puis, c’est tellement commode ce diagnostic, cela évite de se poser la question sur les classes uniques, sur l’accompagnement des enfants en difficulté, sur la Pédagogie, sur l’implication des enseignants, oupss, là je vais en prendre, ... 








          • C'est Nabum C’est Nabum 14 avril 2015 17:05

            @Aristide

            Puisque je ne sais pas de quoi je parle, heureusement vous arrivez et venez rétablir la vérité.

            L’assuetude aux écrans n’existe pas

            Bien sûr que les enseignants snt responsables puisque ce sont eux qui sont au bout de la chaîne, ne vous génez pas , tirez à vue et surtout sur moi ....

            Je me suis occupé 5 ans des décrocheurs passifs, je reconnais les profils mais je suis forcément un imbécile puisque fonctionnaire et sans doute libertaire.

            Vive la télé, les jeux vidéos et tous les écrans !

          • Aristide Aristide 14 avril 2015 18:54

            @C’est Nabum


            Cher Fonctionnaire libertaire,

            Vous vous êtes mépris sur le sens de mon intervention, je ne vous attaquais pas personnellement, je ne connais ni votre engagement, ni vos actions. Mais allons, quel besoin de vous flageller par des accusations que je n’ai pas prononcées sur le fonctionnaire ou le libertaire que vous seriez ? Accusations qui n’en sont pas d’ailleurs puisqu’il s’agit d’un statut et d’un engagement.

            Mon objectif était d’essayer modestement d’essayer d’expliquer qu’il était simpliste d« attribuer l’échec scolaire à la seule addiction aux écrans, jeux en ligne, télévision et autres instruments de communication. Vous répondez comme si je niais le fait qu’il existe une addiction, nullement c’est un fait établi, mais de là à lui attribuer tout ce dont on l’accuse me semble un tantinet posé sur des préjugés plutôt que sur des certitudes, la violence, l’échec scolaire, le repli sur soi. Il me semble que l’on confonds les causes et les conséquences, l’isolement et le dépaysement trouvé est plus surement la conséquence d’un état que la cause de cet état. Il existe de nombreux enfants qui trouvent dans l’usage de l’ordinateur un moyen de dépasser leur limites, de communiquer avec d’autres, c’est aussi un fait. D’autres, excellents élèves par ailleurs sont aussi des consommateurs assidus. 

            Sur les enseignants, il serait malvenu de ma part de vous accuser personnellement, c’était une manière d’ouvrir le débat sur le sujet de l’Ecole sous forme d’une toute petite provocation bien innocente.

            Il est tout à fait compris et admis de tous, et des enseignants en particulier que certains parents démissionnent, n’assurent pas la charge qui leur incombe, se défilent devant la sanction, ... Une certaine proportion de ces parents ... Le nier serait assez spécieux.

            Est ce qu’il serait donc interdit de remettre en cause les structures, la pédagogie et certains comportements chez les enseignants sans être accusé de les traiter tous d’incapable. 

            A l’impossible nul n’est tenu, les enseignants comme tout un chacun ne peuvent résoudre les problèmes que s’ils disposent des outils et compétences pour s’en servir. Une tondeuse et l’envie de s’en servir par exemple. 

            Une longue expérience de parents d’élève engagé m’a appris beaucoup sur la difficulté de la tache, mais m’a aussi beaucoup renseigné sur le »désenchantement" de certains d’entre eux, dépassés, proche de la dépression, ridiculisés par des adolescents insolents, etc ... D’autres solides dans leurs bottes et incapables d’évoluer, de mettre en cause leur pédagogie. Mais ce n’est pas une accusation, un élément parmi beaucoup d’autres.

            Pour moi le rôle des parents est l’élément primordial, voyez que je ne vous accuse de rien. 







          • C'est Nabum C’est Nabum 14 avril 2015 20:05

            @Aristide

            J’ai parfois la riposte excessive surtout quand elle vient d’une personne qui commente et qui n’écrit pas ...

            Je sais par expérience que les Trolls se cachent souvent ainsi sous des déguisements qui ne servent qu’à attaquer. Vous avez eu la malchance de passer alors que j’étais de mauvaise humeur. je suis désolé et je vous prie d’accepter mes excuses

            Vous n’êtes pas un troll, ceux-là ne savent pas nuancer ou expliquer un propos mal compris. Merci à vous.

            Quant à votre développement, je crains que les parents ne soient plus tous en mesure de tenir un rôle qui devrait comme vous le dites être primordial. La société a écrasé une grande partie d’entre eux qui se contentent de survivre comme ils peuvent avec des schémas qui ne servent en rien leur enfants


          • mmbbb 15 avril 2015 19:50

            @Aristide 

            Je fus interne il n’y avait pas internet pas de tablette pas d’encadrement pas de sport ,Une television unique au foyer ou les dimanches iu je ne rentrais pas, je m’abrutissais Les pions nous gardaient comme des moutons et l’ennui a failli m’emporter Mais la hieriachie pesante occultait tous les problemes Les profs ne se contentaient que d’enseigner et in fine ce n’etait le probleme de personne Tout ce ci etait tu et bien evidemment la morale etait sauve puisque comme dans d’autres domaines tout etait etouffe Evidemment hier etait mieux qu’aujourd ’hui puisque nous avons l’art de regarder la realite en trompe oeil L’education ; j’ai toujours considere ce machin comme une usine a enseigner et je savais que la selection etait un couperet J’ai un regard severe sur ces parents dont les miens qui procreent et sont en dehors de la l’education de leur progeniture Ce probleme n’est donc pas nouveaux helas mais a l’epoque les gamins allaient directo en apprentissage comme j’en ai tant connu.


          • dogodon 14 avril 2015 20:26

            Bonjour Nabum,
            En lisant votre article j’ai eu comme une intuition.
            En fait le profil d’Alain me rappelle furieusement le mien.
            J’ai l’impression que votre élève est un Zèbre.
            Le coté problème à l’écrit mais pas avec un ordinateur, la lenteur dans l’apprentissage mais pas bête.

            "Alain ne souhaite qu’une chose : se fondre dans la masse, ne pas être traité différemment de ses voisins afin de n’avoir plus de contraintes, plus d’efforts à faire.« 
             »Quand on l’observe d’un peu plus près, on est frappé par son côté chiffe molle, sa voix presque inaudible, son regard fuyant. Non pas qu’il soit ainsi dans la vie réelle : il cherche tout simplement à disparaître derrière cette façade en latex. « Pour vivre heureux, vivons caché », Alain a fait de cette maxime sa règle de survie en milieu hostile.« 

            Cela ressemble furieusement à ce qu’on appelle un faux self, un faux semblant servant à masquer une différence : la pensée divergente ou global (on appelle ça aussi neuro droitier, atypique etc... terme trés nébuleux qui ne corresponds pas à grand chose).

            Si je peux me permettre faite lui lire »petit guide à usage des gens intelligent qui se trouve pas trés doué" de béatrice Milletre (pas le meilleur livre sur le sujet mais le plus accessible à mon avis, personnellement j’ai pris une grosse claque en le lisant).

            De plus demandez lui de passer les tests en ligne pour l’école 42 vous risquez d’avoir des surprises.(attention faite lui faire comme un jeux, pas de pression sinon il va se bloquer)

            Je ne sait pas si cela servira mais ça peut pas faire de mal.


            • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 07:14

              @dogodon

              Alain a coupé les ponts

              Je ne le verrai plus et vos conseils resteront lettre morte, hélas

              Merci quand même


            • Samson Samson 14 avril 2015 22:28

              Hors « Alain n’aime pas sortir, nous dit son père. », il n’est question dans votre propos que d’Alain et de « ses parents », en l’occurence une entité qui vous écoute poliment mais ne doute pas que leur « petit » finisse par s’en sortir puisqu’« il est si gentil ».

              Je n’y étais pas, mais tout semble dit !
              Une fois la carence d’autorité paternelle ou parentale (car ce n’est pas lui qui s’est payé sa tablette !) refilée comme une patate chaude à l’intervenant éducatif, ils peuvent s’afficher complices et solidaires de leur fils. C’est vous qui êtes dans la demande, confiné dans le rôle aussi « méchant » qu’ingrat d’impuissant rappel au « très chiant » principe de réalité.

              Le moins qu’on puisse dire est qu’ils vous ont bien eu et je comprends que vous enragiez !
              Le mieux, plus facile à dire qu’à faire, est encore votre deuil : cela libérera du moins l’espace à l’éventuelle émergence de leur propre demande.

              Çà m’est arrivé aussi ! Ma carrière éducative (27 ans) s’est même terminée sur un splendide « burn-out » !
              Je vous présente donc mes sincères condoléances et mes très cordiales salutations !
              Bon courage ! smiley


              • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 07:15

                @Samson

                Je me retire ...


              • Aristide Aristide 15 avril 2015 09:48

                @C’est Nabum


                Dommage que vous vous retiriez de ce fil. Si j’ai bien compris.

                La discussion devenait très enrichissante. Le partage d’expérience, l’avis donné par des personnes dans et hors de l’Éducation Nationale aurait pu intéresser des parents qui serait passés par là par hasard.

                Dommage donc et surement à plus sur un sujet plus heureux. 


              • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 12:15

                @Aristide

                Nullement mon ami

                Je me retire de l’enseignement
                La situation me semble désespérée


              • Samson Samson 15 avril 2015 14:03

                @C’est Nabum
                Si même je n’ignore pas que le conseilleur n’est pas le payeur, je ne suggérais pour ma part que le deuil de votre projet éducatif vis-à-vis de cet étudiant.

                Outre les difficultés inhérentes aux professions éducatives et même si les « échecs » y touchent parfois fort à cœur et peuvent laisser des plaies longues à cicatriser, je ne doute pas sinon de la richesse humaine et relationnelle de ces métiers en général et du métier d’enseignant en particulier.

                Sans augurer de votre décision finale ou discuter sa pertinence, je vous souhaite donc encore une fois bon courage et vous présente mes cordiales salutations ! smiley


              • gaijin gaijin 15 avril 2015 18:49

                @C’est Nabum
                « Je me retire de l’enseignement »
                vous vous retirez de l’éducation nationale mais ça ne signifie pas que vous êtes obligé de baisser les bras. il y a d’autres moyens d’action ( quitte a les inventer ) et vous serez beaucoup plus a votre place dehors que dedans


              • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 18:57

                @gaijin

                J’agis en écrivant et en dénonçant l’état lamentable dans lequel ils laissent notre école !

                Ils : les politiques incompétents de tous bords

                http://videos.senat.fr/video/videos/2015/video28031.html


              • Prudence Gayant Prudence Gayant 15 avril 2015 09:31

                Il a une place à la Silicone Valley. Son univers n’est pas dans la réalité, qu’y pouvons-nous ?


                • Aristide Aristide 15 avril 2015 09:54

                  @Prudence Gayant


                  Il me semble que la prudence est la qualité première dans le domaine de l’éducation. Le catalogage d’enfant est souvent facile pour l’adulte ou l’institution.

                  Au contraire, je crois plus à l’ouverture de cet enfant à d’autres centres d’intérêts si ses parents se donnent la peine de l’accompagner, de le suivre aussi pour éviter qu’il ne tombe dans des excès contraires. Le sport, une activité théâtrale, danse, ... On apprend beaucoup en dehors de l’école, et aussi à l’intérieur bien sur. 



                • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 12:16

                  @Prudence Gayant

                  Vous m’étonnerez toujours !


                • bakerstreet bakerstreet 15 avril 2015 12:34

                  @Aristide


                  Une main, une rencontre déterminante. 
                  Remarquez que ça ne dépend pas des bonnes volontés seulement, mais de l’instant. Il faut que le gamin soit prêt à la saisir. 
                  « Je ne laisserais personne dire que 20 ans est le plus bel age de la vie », disait Ferré. Quand à Simenon, ces quelques années de grand péril, où il avouera souvent avoir failli passer du mauvais coté, seront un des ressorts de son oeuvre. 

                  Et je ne parle pas de Saint François d ’assises, de saint augustin, et du père de Foucaud, tous de petites frappes, noceurs et bagarreurs...Mais c’est vrai que l’apathie est bien pire, car ne faisant pas de vagues, et ne risquant pas de vous mener vers les cap Horn, où l’on se ressaisit...
                  .Prendre son sac, se tirer, se coltiner les conséquences de ses actes ; sans doute il faut avoir l’age, et le coup de pied au cul qui permet ses choses, et qui en a sauvé plus d’un, moins Rimbaud.

                • gaijin gaijin 15 avril 2015 20:02

                  @Prudence Gayant
                  il va falloir l’agrandir la silicone vallée ........
                  vous me rappelez cette glorieuse époque ou un tapi survolté faisait des show télé devant des hordes de crétins intelligents persuadés qu’ils allaient tous être chef d’entreprise millionnaires
                  c’était la même période que celle ou nos glorieux politiques expliquaient qu’il fallait désindustrialiser la france et qu’on allait fournir des cadres pour les usines du monde entier
                  résultat : voire ou on en est ........


                • Prudence Gayant Prudence Gayant 16 avril 2015 09:36

                  @C’est Nabum
                  Evidemment !

                  Par le « passé », croyant bien faire, attirer l’auteur par des « idées » assez sérieuses, restant dans le ton de l’article je me suis cassée les dents ? Ne recevant qu’un commentaire assez restreint à la limite de l’indigence.
                  Aujourd’hui et pour très peu de temps encore, je vous étonne ! tant mieux !!


                • Prudence Gayant Prudence Gayant 17 avril 2015 18:19

                  Aristide

                  Qu’attendent donc ces parents ? 
                  Mon commentaire n’était qu’après tout un triste constat des choses.
                  Laurent se trouvera une voie tout seul c’est peut-être ce qu’espèrent les géniteurs ?


                • Trelawney 15 avril 2015 14:02

                  Alain a la tête pleine de rêves et d’aventure à vivre. Il boue intérieurement, parce que l’école (ou le système éducatif c’est comme on veut) le bride avec ses règles (de grammaires, de mathématique, d’histoire et de géo). pensez donc on lui demande le nom de la capitale du Burkina Fasso (patrie de l’homme libre) et lui ne rêve que d’aller faire un tour dans cette ville qui porte un nom de danse tribale.

                  Le jour de mes 16 ans (c’était en 74), j’ai demandé à mon professeur si c’était vrai que l’école est gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans. Il m’a répondu que oui ; alors je lui ai dit : « Bon ben Adieu ! ». Et j’ai quitté ce lieu où je n’avais vraiment rien à y faire. Comme je n’aime pas faire les choses à moitié, j’ai aussi quitté le domicile parentale et j’ai zoné : pécheur de morue pour un armement norvégien, pécheur de crabe en Alaska pour ce même armement, puis retour en France et Légion étrangère. Le jour de mes 20 ans, je sautais sur une ville minière au Congo. à 23 ans un accident de camion au Liban a mis fin à ma carrière militaire. Ensuite travail mariage, cours du soir etc. J’ai connu beaucoup de personnes qui ont su exploiter mon potentiel, mais jamais à l’école.


                  • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 16:09

                    @Trelawney

                    J’en suis navré ...

                    J’ai toujours aimé donner le meilleur de moi-même pour que mes élèves aiment l’école
                    Tous, au delà de leurs résultats, de leur niveau, de leurs origines

                    Et souvent, j’ai réussi cette folie et mes élèves restaient en classe durant les récréations et les heures d’étude ...

                    Mais je dois être un fou


                  • Samson Samson 15 avril 2015 18:31

                    @C’est Nabum
                    @Samson
                    A propos de « fou », encore un mot, juste une anecdote !

                    J’étais de mon temps un adolescent fort perturbé et très mauvais élève, statut consacré par ma place au dernier rang, à côté de la fenêtre et du radiateur !

                    Notre prof de latin, une sommité en langues indo-européennes égarée dans les labyrinthes de l’enseignement secondaire, nous à un jour gratifié d’une tirade, en Italien dans le texte, reprenant les premiers vers de la Divine Comédie.

                    « Nel mezzo del camin di vita nostra, / mi ritrovai per una selva oscura,/ que la dirita via ’ra smaritta »
                    .

                    Devant nos regards oscillant du questionnement à l’éberluement, il s’est, avec une extraordinaire naïveté, exclamé : "Comment ? Mais tous les jeunes de votre âge devraient avoir lu la Divine Comédie !" smiley

                    Paix à son âme, il n’en a jamais rien su, mais j’ai pour ma part relevé ce surprenant « défi » et quarante ans plus tard, la « Divine Comédie » en version originale et fort usagée trône toujours au rang de mes lectures favorites.

                    Nul ne sait quand ni par quel hasard certaines des graines que vous semez germeront ! smiley

                    Bien à vous !


                  • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 18:54

                    @Samson

                    Belle histoire ...

                    Je ne sais si les graines que j’ai semées germeront aussi puissamment que les siennes

                    Il est vrai que j’ai toujours travaillé avec des élèves en difficulté ;


                  • Samson Samson 15 avril 2015 21:18

                    @C’est Nabum
                    « Il est vrai que j’ai toujours travaillé avec des élèves en difficulté »
                    Ne constituent-ils pas parfois le meilleur terreau ? smiley

                    PS : J’ai travaillé 27 ans comme éducateur dans des structures d’hébergement accueillant des adultes affectés de handicaps mentaux et/ou neurologiques, de troubles de la communication et/ou souffrant de troubles psychotiques graves.
                    Fruit d’une lente accumulation, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de mon « burn-out » s’est présentée sous la forme de la grave décompensation psychotique d’une résidente. Son psychiatre étant en vacances, aucun de mes collègues n’avait, durant toute la semaine précédente, jugé utile de le déranger pour prévenir la catastrophe, et c’est donc le matin du jour de l’an que je l’ai appelé en urgence.
                    P
                    lus préoccupé de fêter la nouvelle année que par la très ringarde notion de « professionnalisme », le « collègue » avec qui j’étais sensé assurer le service faisait défaut, et c’est donc seul que j’ai dû de 8h à 22h gérer tant le quotidien du groupe (repas, levers, couchers, ...) que l’immense détresse qui noyait cette personne.
                    Si j’ai professionnellement pu assurer tant le service que l’urgence, cet épisode m’a ensuite plongé dans une profonde dépression et l’incapacité durable à encore gérer l’impact émotionnel qu’il avait suscité en moi.
                    J’ai bien ensuite tenté de me réorienter et ai passé près d’un an à suivre des formations qualifiantes en administration de réseaux informatiques, mais tant mon âge que les aléa du marché de l’emploi semblent m’avoir définitivement disqualifié pour la case « chômage ».
                    Si je ne regrette rien d’une carrière qui fut très enrichissante sur les plans humain et relationnel, j’ai - faute d’avoir pu le faire dans cette situation précise - été emmené à faire mon deuil de l’ensemble de ma carrière professionnelle. smiley
                    L’histoire est évidemment moins plaisante que la précédente. smiley


                  • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 21:24

                    @Samson

                    La marge, il n’y a que ça de vrai

                    La liberté s’y conjugue avec l’expérimentation, le refus d’obéir aux demandes absurdes de la hiérarchie et surtout une liberté de penser et d’agir à nulle autre pareille ...

                    Cette histoire est navrante mais elle met en valeur votre humanité quand d’autres se contentent de faire semblant.
                    Vous avez payé chèrement mais vous devez être fier de ce que vous avez fait

                    merci


                  • Aristide Aristide 15 avril 2015 19:56

                    Cher fonctionnaire libertaire,


                    Votre pessimisme fait plaisir à voir, je suis sur que vous applaudissez à deux mains tous ces discours déclinistes et lucides sur tous les domaines, une école en débâcle, une industrie à la traîne, une recherche qui ne trouve rien, une classe politique pourrie, des français fainéants , des fonctionnaires privilég ... euh là non, passons. Enfin quoi, une France qui tel le Titanic va se fracasser et couler avec tous ses habitants. Drôle de métaphore dirait Audiard.

                    Allons, il faut se rendre à l’évidence, tous nos enfants sont des ignares incapables d’écrire une phrase sans faute d’orthographe, incapables de lever le nez de leur jeux ou de leur tablette, sans la moindre culture, ... Tout justes bon à écouter du rap et à se mettre de la poudre dans le nez. 

                    Je me demande comment on fait voler des avions, comment on peut les fabriquer, et les fusées surement du vol, les satellites, aussi, on dit même que l’ exporte notre savoir faire en TP et Informatique, ... cela doit être les derniers soubresauts d’un mourant. Vraiment pas de chance avec la métaphore. 

                    Il me semble que j’ai un peu ... exagéré, non ? 



                    • C'est Nabum C’est Nabum 15 avril 2015 20:36

                      @Aristide

                      Allez dans les grandes écoles d’ingénieurs
                      L’élite n’est plus européenne

                      Les têtes viennent d’Inde, du Japon d’ailleurs ...

                      Les bons demeurent quand même d’excellents sujets, ce n’est pas le problème du déclin qui ne s’exprime surtout que dans l’effondrement dramatique du niveau de la masse

                      Demandez aux profs de Fac, les copies sont désormais illisibles, les raisonnements ne s’appuient sur aucune ligne directrice, aucun schéma de pensée.

                      La culture classique disparait. Mais puisque les avions volent, tout va bien.


                    • Aristide Aristide 16 avril 2015 10:57

                      @C’est Nabum


                      Et bien voilà, on y arrive. La culture classique disparaît. 

                       C’est un fait. Ce recul est largement compensé par une ouverture sur d’autres sujets plus « techniques » et moins « nobles ». C’est vrai que l’orthographe est devenu plus accessoire, c’est aussi un fait. La connaissance des classiques, de l’histoire aussi. 

                      Vous décrivez la situation actuelle catastrophique, je suis tenté de le faire aussi sur un sujet des plus important les langues qui est à l’opposé de ce que vous décrivez.

                      Le niveau de langue anglaise au BAC était affligeant, Les études supérieures aggravaient même le phénomène. il suffit de s’être baladé dans les réunions de travail des entreprises ou l’anglais est nécessaire pour s’apercevoir de l’écart entre les anciennes générations et les nouvelles. Les anciennes, dont je suis, après de nombreux cours de rattrapage arrivent à suivre avec effort, les nouvelles baignent dans cette langue. Je parle bien sur de cas généraux, parmi elles des exceptions. Sur ce sujet il y aurait beaucoup à faire, peut être se poser le problème de la pédagogie et de l’objectif. 

                      Je crois que les tentatives assez inexplicables d’une frange d’enseignants de décrire tous les étudiants comme des ignares est une erreur. Bien sur que l’étudiant qui sort de licence ou maîtrise n’est pas le même que celui d’il y a 50 ans. Est ce la nostalgie d’un temps ou seulement un jeune sur cinquante accédait à l’université.

                      Il existe une université de « masse » peut être assez démoralisante tellement elle n’offre que peu de perspectives hors l’enseignement. Mais il existe aussi de nombreuses filières techniques courtes ou longues, ingénieurs, ... qui offrent des enseignements de qualité à des étudiants qui ne sont pas des ignares et feront voler les avions.

                    • Encabane Encabane 16 avril 2015 00:10

                      Voilà le portrait d’un jeune homme qui me semble plutôt sain d’esprit. S’ennuyer à l’école est bien le signe d’un certain équilibre mental, tant la fréquentation de ces établissements n’apporte rien ni ne stimule l’esprit, à moins de tomber, par extraordinaire, sur un professeur au-dessus du lot.


                      • C'est Nabum C’est Nabum 16 avril 2015 07:51

                        @Encabane

                        Médire de l’école est à la mode
                        Sortir de celle-ci sans maîtriser la langue, sans pouvoir l’écrire de manière lisible aussi

                        Il serait pourtant grand temps de s’interroger sur cette société qui de mille et une manières fait de ses enfants des illettrés .


                      • Aristide Aristide 16 avril 2015 11:05

                        @C’est Nabum

                        Je m’immisce, mais quel intérêt à répondre à la caricature par une autre aussi fausse. 


                        Ce n’est pas du trollage, mais la formulation abrupte d’un décalage certain entre les attentes du corps social et le désir du corps enseignant.



                      • C'est Nabum C’est Nabum 16 avril 2015 13:34

                        @Aristide

                        J’ai parfois tendance à l’excès

                        Veuillez m’en excuser

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