Cancer, politique, Alzheimer… L’impasse anthropologique
Faut-il croire au progrès ? Non, si par croyance on entend une espèce de dévotion aveugle et inconditionnelle, oui si par croyance on entend une confiance éclairée et raisonnée. Le progrès offre deux types d’utilités. Celle de fournir des instruments pour rendre la vie plus riche, plus commode, avec des moyens permettant d’étendre notre champ d’action et accroître le plaisir d’être sur terre et d’exister. Puis celle de fournir des moyens pour cette fois réduire les peines, les souffrances, les obstacles face à la vie bonne. Sur ces bases, on prend conscience que le progrès est devenu quelque peu vain. Les sophistications technologiques et autres gadgets n’offrent plus un levier pour vivre plus agréablement et dans une certaine mesure, la technologie rend esclave plus qu’elle ne libère. Pourtant, les dirigeants des pays occidentaux continuent de rêver aux nouveaux Moreno pour inventer des instruments du bonheur aussi efficaces que la carte à puce. Mais l’important n’est pas la technologie mais ce qu’on en fait. La numérisation des livres par Google offre un champ de lecture illimité pour les chercheurs scrutant les vieux livres pour comprendre le passé. Plus besoin de perdre son temps dans les bibliothèques universitaires. Les publications scientifiques sont sur le champ accessible. On peut dire que ces outils rendent service et offrent même du bonheur à ceux dont la passion est d’étudier les livres savants.
Après ces banalités philosophantes sur le progrès technique, passons aux choses plus sérieuses. Le progrès comme ressort pour combattre les fléaux de notre temps. Et dieu sait s’il y en a. C’est d’ailleurs ce sentiment d’un progrès illimité rendant tout accessible et facile qui suscite la frustration lorsque les maux touchent les existences et que tout ne va pas comme cela devrait aller normalement. C’est le cas du climat. Il est devenu habituel de se plaindre du temps qui n’est pas conforme aux moyennes de saison. On peut en sourire. Plus sérieux sont les problèmes de société et de santé. Chômage, cancer, Alzheimer, virus et j’en passe. Dans tous ces domaines, le progrès semble s’être arrêté. Les règles du progrès en politique et en médecine ne sont pas les mêmes que dans le champ des technologies. On veut du haut débit, il suffit de tirer des câbles mais si on veut guérir le cancer, il n’y a pas de solution efficace. Tout simplement parce que la vie n’est pas uniquement une mécanique. Si on veut comprendre Alzheimer, les obstacles sont de même nature, y compris pour trouver les outils afin de contenir la progression du virus Ebola dans l’organisme infecté. Dans un autre domaine, résorber le chômage semble être un objectif inaccessible. Ce qui se comprends dès lors que l’on diagnostique les causes du chômage comme structurelles et non pas conjoncturelles. Le président Hollande attend le retournement de tendance et la croissance comme on attend la pluie. Alors qu’il faudrait prendre le problème différemment mais les blocages idéologiques l’interdisent.
Les questions de médecine et de politiques aboutissent à cette sorte de conjecture universelle, celle du type qui cherche ses clés sous le lampadaire parce que c’est éclairé. Ou alors une autre variante, celle formulée par Maslow ; lorsqu’on ne dispose que d’un marteau, tous les problèmes finissent par ressembler à des clous. Lorsqu’on ne dispose que de statistiques et d’une équation croissance = emploi moyennent un coefficient multiplicateur, alors tous les problèmes de société ressemblent à un problème de croissance. Lorsqu’on ne dispose que d’un arsenal de molécules chimiques, alors les problèmes de cancérologie ressemblent à des cellules qu’il faut détruire. Bien évidemment, le champ de la cancérologie et de la médecine ne se résume pas à ces quelques allégories mais une chose est certaine, la recherche sur les traitements stagne, contrairement à ce que suggèrent les quelques annonces médiatiques sur des médicaments nouveaux et des thérapies innovantes qui en réalité, reposent sur les vieux principes de la biologie mécaniste.
La société progresse dans certains secteurs mais dans d’autres, elle est dans une impasse. J’ai choisi la politique et la médecine car ces secteurs sont décisifs et emblématique. Pour la politique, la situation est simple. Les sociaux libéraux sont obsédés et aveuglés par l’idéologie de la croissance et la politique de l’offre. Qui va dans le mur. Il est temps de comprendre que le chômage est dû à un manque de solvabilité de la consommation qui assèche les carnets de commande et que les revenus du travail ne sont plus suffisants pour les travailleurs précaires. Ce qui signifie une chose, c’est ce une allocation complémentaire est nécessaire et de plus, possible en faisant jouer des mécanismes monétaires. J’avais suggéré une piste qui n’a pas été relayée (mais le principe semble faire son chemin). Ce qui prouve que les individus sont devenus individualistes alors que le narcissisme pourrit les âmes, suscitant des émotions envieuses ou vindicatives, que ce soit dans les populations ou les élites, avec le carriérisme, l’hédonisme, la cupidité. Bref, les gens se portent bien quand ils ont fortune et revenus mais les populations souffrent, sans pour autant disposer des mécanismes idéologiques pour renverser la situation. C’est donc l’impasse et elle est due à l’homme, surtout les hommes intellectuels médiatique ou politique qui ont les leviers pour élever la société vers la vertu et les valeurs républicaine mais ils préfèrent se servir de la société.
L’impasse en médecine est toute autre. Il se peut bien qu’il n’y ait pas d’impasse car comme le dit ce proverbe bouddhiste, s’il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème. Le cancer, Alzheimer et d’autres maladies dégénératives n’ayant alors aucune issue de traitement ouvrant vers la guérison, ce qui est triste pour les gens atteints mais nullement scandaleux pour un philosophe qui sait aborder ces questions avec sérénité et se dit que ces pathologies incurables font partie de l’existence, comme du reste la vie qui aboutit inéluctablement vers une issue fatale, la mort. Les gens ne sont pas égaux face à la mort. Ni face à la vie. Les traitements pour ces maladies sont connus et ne progressent pas vraiment, quoiqu’en disent les spécialistes habilités à parler de ces sujets. J’ai eu l’occasion de m’exprimer sur le cancer. La philosophie de cette affaire, c’est que la recherche est dans une impasse et que s’il y a une solution, ce dont je doute, elle passera nécessairement par une autre voie que celle de la médecine mécaniste moderne et devenue conventionnelle. Pour que cette voie soit explorée, il faudrait quelques chercheurs innovants, avec des idées alternatives, et des moyens assez conséquents, ce qui signifie un pour cent du budget alloué dans le secteur conventionnel. Mais les bureaucrates ne sont même pas capables d’imaginer consacrer ce pour cent à des chercheurs qui du reste, ne se manifestent pas. Existent-ils, ces explorateurs du nouveau paradigme et de la médecine cogniticienne et holiste ? Peut-être qu’il y en a quelques uns, qui agissent à l’écart de la société conventionnelle pour le bénéfice de quelques âmes bien inspirées et habitées par la providence. Le peuple mérite-t-il qu’on soigne ses maux au vu de l’indifférence témoignée à l’égard de ses prochains qui rament dans l’existence ?
Ce mot « mériter » me révulse, d’autant plus qu’il fait partie du vocabulaire de Sarkozy, alors je le retire. Pour dire quoi au juste ? Que les solutions peuvent être trouvées si elles existent et que l’on s’applique à les chercher. Il n’y a pas de solution pour les maladies dégénératives et les cancers au pronostic sombre dans l’état actuel des recherches médicales. Il se peut qu’il y en ait en prenant une autre voie. Pour ma part, j’ai laissé tomber cet horizon. Car c’est un défi insurmontable du point de vue scientifique et qu’en de plus, le système des humains est un obstacle supplémentaire. La conclusion étant que l’homme est devenu un obstacle au progrès dans certains secteurs. Je crois qu’il y a mieux à faire dans le domaine de l’interprétation de la physique et celui de la théorie biologique sans oublier l’évolution et la conscience.
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