S’il semble encore résider de vagues différents idéologiques sur les questions économiques au PS (encore que le projet de loi Macron prolonge celui qu’avait présenté Montebourg…), une chose semble unir tous les courants du PS : la suppression des notes qui unit les deux locataires de la rue de Grenelle.

Quand c’est flou, il y a un loup
Déjà, il y a près de six mois,
l’éphémère ministre de l’éducation Benoît Hamon avait défendu cette folle idée,
aujourd’hui reprise par celle qui lui a succédé.
Comme le souligne si bien Jean Paul Brighelli sur son blog du Point, cette idée n’a pas de sens. D’abord, le jugement par couleur revient simplement à noter sur 4 au lieu de 20, ne supprimant pas complètement l’évaluation, mais ne faisant que la rendre plus approximative car bien moins précise. En outre,
cela compliquera la tâche des parents, qui n’auront pas leur repère en plus d’avoir un jugement très lapidaire. Ce faisant, au lieu de réduire la pression que pouvaient représenter les notes, le nouveau système pourrait bien les accentuer.
En effet, alors que la frontière entre le 9 et le 10 était fine, celle entre le vert et le rouge sera sans doute bien plus tranchante. Pire,
comme le souligne bien Brighelli : «
un enseignant note un devoir, un exercice, une performance. Il note l’instantané. Il ne note pas l’élève. On a une note, on n’est pas une note », alors que la grandissante évaluation des compétences des enfants est un jugement plus personnel, finalement peut-être plus dur. Bien sûr, il reste toujours la solution de noter de plus en plus large pour acheter la paix des élèves et des parents,
comme on le fait avec le baccalauréat, où il est plus facile d’avoir mention très bien qu’une mention bien il y a 20 ans. L’école des fans semble se profiler…
La jungle institutionnalisée
Le projet éducatif qui avance doucement rue de Grenelle est une monstruosité. La suppression des notes n’a sans doute que des inconvénients. D’abord, elle supprime des repères institutionnalisés depuis très longtemps. C’est comme si on nous imposait de changer de langue. Ensuite, l’argument de la moindre dureté est nuançable par le fait qu’il y aura toujours des élèves qui auront la plus mauvaise note et que le fossé à franchir pourrait sembler plus grand, à moins de mettre la même note à tout le monde. La moindre précision de ce nouveau système sera préjudiciable pour les élèves qui auront du mal à mesurer le fruit de leur travail. Les lettres ne sont pas un gage de succès ailleurs.
Ce faisant, entre la volonté de réduire la pression des notes, mais aussi en laissant de plus en plus faire aux élèves ce qu’ils veulent en classe, au point d’avoir une discipline particulièrement faible, les pédagogos nous construisent une espèce de garderie qui ressemble à une jungle, où les élèves doivent pouvoir faire ce qu’ils veulent, sans la moindre contrainte de discipline, d’évaluation notée, d’examen (
après tout, le baccalauréat coûte cher) et où ils ne doivent que réaliser leur individualité. Finalement, cela n’est pas incohérent avec la société qui est construite,
qui ressemble de plus en plus à une jungle, inégale, violente et de plus en plus souvent secouée par de graves crises destructrices.
Le pire est que les pédagogos croient sans doute sincèrement construire une école meilleure pour les enfants. Par quel mystère une société produit un délabrement si régulier d’une des plus belles réussites de notre pays, notre éducation nationale, malgré tant de preuves de cette erreur ?