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Encore et toujours Forgeard

Il y a dans ce qu’il faut bien appeler l’affaire Forgeard, un véritable côté poupée russe. Suspicions de délit d’initiés, « parachute doré », retraite « chapeau » et désormais révélations sur la bienveillance supposée de l’Etat Français. La Noël Forgeard success story c’est outre une course effrénée à l’enrichissement personnel le résultat d’un cocktail d’économie et de politique dans lequel manque un ingrédient de taille. La moralité.

Il y a dans ce qu’il faut bien appeler l’affaire Forgeard, un véritable côté poupée russe. Suspicions de délit d’initiés, "parachute doré", retraite "chapeau" et désormais révélations sur la bienveillance supposée de l’Etat français. La Noël Forgeard success story c’est, outre une course effrénée à l’enrichissement personnel, le résultat d’un cocktail d’économie et de politique dans lequel manque un ingrédient de taille. La moralité.

Mais qui est donc ce M. Forgeard dont toute la France parle ? C’est avant tout un bosseur issu d’une famille de marins bretons au long cours et de médecins. Ambitieux, il intègre la prestigieuse Ecole nationale supérieure des mines de Paris après sa sortie de Polytechnique. Dés ces années-là, il commence à se constituer un solide carnet d’adresses dont il saura intelligemment se servir pour accélérer sinon construire son ascension professionnelle. Mais, en France, pays où l’Etat joue encore un rôle central, il convient d’adjoindre aux relations de la finance et de l’industrie des fréquentations politiques.

Sa carrière commence par un poste d’ingénieur en chef au ministère de l’Industrie avant de glisser en 1978 sur un poste de conseiller technique au cabinet du ministre des Transports (aviation civile) dans lequel il se noue d’amitié, entre autres, avec un certain François Fillon. Après un passage au ministère de la Défense, toujours comme conseiller technique, il entre en 1981 chez Usinor comme directeur général adjoint de filiales avant de revenir dans la sphère étatique de 1986 à 1987 comme conseiller pour les affaires industrielles du Premier ministre d’alors. L’occupant de Matignon a pour nom Jacques Chirac. La complicité entre les deux hommes est forte. Elle ne s’estompera pas.

Nouvelle navette en 1987. N. Forgeard rejoint le groupe Matra. En 1989, il en devient le président des activités Espace et Défense. Son ascension continue. En 1992, il accède au poste de directeur général du groupe Lagardère puis de président exécutif de Matra hautes technologies. En 1998, il devient président d’Airbus qu’il quitte en juin 2005 pour la coprésidence de la maison-mère, EADS. Sa nomination à ce poste est le résultat d’un important travail de lobbying et de l’appui de l’Etat français actionnaire à hauteur de 15 %.

En 2006, la gestion d’EADS dérape. Les relations franco-allemandes sont mauvaises. Le programme de l’A 380 connaît des retards importants et coûteux. Forgeard, ses proches, et un certain nombre de cadres sont mis en cause par des petits actionnaires sur un délit d’initié dans la vente "opportune" de stock-options avant la baisse du titre. Forgeard est contraint de partir en juillet 2006. Officiellement licencié, tout sera fait pour que ce départ se fasse sans vagues. Pour éviter les remous, une seule solution, indemniser. Fortement, très fortement, à hauteur de l’orgueil blessé. Peu importe le décalage entre le traitement des salariés "de base" et celui des administrateurs.

Forgeard perçoit un parachute représentant deux ans de salaire brut annuel (2.33 millions/an), assortis de six mois de préavis (1.2 millions) et d’une indemnité de non-concurrence de deux ans (2.4 millions d’euros) soit au total un pécule de 8.4 millions d’euros net. A cela, s’ajouteraient quelques extras. Une très confortable retraite versée par EADS au titre des huit années passées dans la maison et la conservation de 297 000 stock-options normalement seules réservées aux administrateurs en fonction.

Bien que démenti par l’intéressé, le magazine Challenges dans son édition du 18 avril indique que le ministre de l’Economie, Thierry Breton, serait personnellement intervenu, contre l’avis du conseil d’administration d’EADS, pour arriver à cet accord à l’amiable et éviter un licenciement pour faute susceptible d’un recours par Noël Forgeard. Si tel était le cas, il irait de soi que l’intervention de M. Breton n’aurait pu se faire qu’avec l’aval ou sur demande du chef de l’Etat. Encore et toujours l’ombre ou le bras de jacques Chirac.


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13 réactions à cet article    


  • pipocratie 19 avril 2007 15:48

    Entre

    - cette affaire de parachute doré
    - le fait que l’appart de Thierry Breton est le SEUL du 14e a ETRE CABLE PAR FRANCE TELECOM EN Fibre optique !! (cf. le canard).
    - le pipo récurrente sur la croissance promise à 2,5% qui se retrouve à 0.
    - qu’on nous présente un bilan écologique et énergétique biaisé du flexfuel E85 où l’on oublie de dire combien il faut d’engrais et de pesticides (ET DONC DE PETROLE) pour faire pousser une tonne de betteraves...

    Décidément, je me demande à quel ministère est Breton ? Celui des petits arrangements économiques ? En tout cas il nous prend bien pour des cons, celui-là.

    Et le PS qui demande sa démission alors qu’il part de toute façon le 16 mai... c’est petit.

    Vous auriez du appeller votre article « Encore et toujours BRETON » !!


    • Frédéric Dalmas frédéric dalmas 19 avril 2007 17:10

      Quand on pense que les grands amis de Noel Forgeard, Thierry Breton et François Fillon, sont probables Ministre de l’Economie et des Finances et Premier ministre de Monsieur Sarkozy, on voit bien où sera la moralité si c’est ce dernier qui l’emporte !


      • jako jako 19 avril 2007 18:56

        c’est à vomir ce truc , quand je vois les filles dans ma boite qui triment 40 heures pour un royal 1140 ros net c’est vraiment dégueu beurkkkkkkkkkkk



          • lorgnette 19 avril 2007 20:33

            Tout compte fait, il faut raisonner comme la France d’en haut.

            Quand des élus se targuant d’être les représentants du parti dit « socialiste » ont un pouvoir d’achat de 30 000 euros par mois, il parait mesquin de fustiger une prime de départ, même à 6 millions.


            • lyago2003 lyago2003 19 avril 2007 20:59

              Et oui, il vaut mieux donner 8 millions d’euros à quelqu’un qui ne les mérite pas plutôt que de soulager la misère humaine française.


              • lyago2003 lyago2003 19 avril 2007 21:02

                S’il est vrai que les intérêts français sont officiellement portés au sein du conseil par le groupe Lagardère, l’Etat français n’est pas pour autant absent des décisions importantes. C’est ce qu’affirme pour sa part Arnaud Lagardère, autre acteur du feuilleton EADS, dans un entretien au Point à paraître jeudi 19 avril. En évoquant la déconfiture de l’industrialisation de l’Airbus A380 et l’éviction de M. Forgeard, M. Lagardère estime que l’« on passe un peu vite sur d’autres facteurs, comme (...) le rôle de l’Etat ».


                • Claude Claude 19 avril 2007 23:17

                  J’ai interpelle un depute il y a peu de temps sur la question , c’est facile ils sont dans les debats publiques en ce moment ! (apres ce sera plus dur)la solution d’apres lui est de legiferer ;

                  Que ressentent mes anciens collegues d’Alcatel quand ils lisent que Tchuruck a « palpe » 6 M€ apres la transaction avec Lucent et continue de « palper » 1,4 M€ par an plus 1,1M€ de variable et que eux qui bossent comme des tares pour faire avancer les projets sont jetes comme des malpropres !

                  Ces chers patrons bien de chez nous veulent etre payes comme des patrons americains en oubliant de maniere fort avisee que ceux ci sont sanctionnes sans compensation en cas d’echec !et rien ne se passe !(avec la benediction de Breton de sucroit.

                  On est en plein delire, sortons les fourches !)

                  Claudius


                  • moebius 20 avril 2007 09:57

                    Légiférer ! Commençons par ne pas envoyer aux parlements leurs « amis » toujours scandalisés lorsque des urnes béantes attendent nos si précieux bulletins. Mais qui nomment ces patrons dont les compétences pour la plupart apparaissent désormais plus « social » et politiques que techniques ? Les memes qui nous gargarisent laborieusement à longueur d’élections de Républiques et d’intérets généreux et genéraux. Une mise en scéne coproduites par la droite et le gauche.


                    • Lacroix 20 avril 2007 11:45

                      Un bon procés pour faire le ménage dans ce sac de noeuds ferait du bien.

                      En sortant tout depuis le début, même si beaucoup en ont croqué.

                      Comemnt peut t’on être partie civile là dedans : en tant qu’employé d’Airbus, de petit actionnaires (ils les a roulés avec du délit d’initiés) ou en tant que contribuable ?

                      La richesse d’une entreprise c’est le patron qui la génére (en général mais pas là) et aussi tous les employés. Il faudrait redistribuer le parachute doré, les stocks options et tout son salaire depuis 10 ans à tous les employés.


                      • jrev jrev 21 avril 2007 11:23

                        Ce qu’il nous faut c’est un changement mais pas dans la continuité !

                        Je vote demain


                        • Internaute Internaute 21 avril 2007 22:53

                          « Bien que démenti par l’intéressé, le magazine Challenges dans son édition du 18 avril indique que le ministre de l’Economie, Thierry Breton, serait personnellement intervenu,... »

                          Si on se met maintenant à croire ce que disent les journalistes où va-t-on ? Breton précise que le statut actuel d’EADS dans lequel le gouvernement français n’a plus son mot à dire a été mis en place par Jospin et les socialistes. Ils ont beau jeu aujourd’hui de critiquer Breton alors qu’il n’a pas le pouvoir de décider quoi que ce soit à EADS.

                          Publié le 20 avril 2007 à 22h23 CSA : Le Pen passe devant Bayrou

                          Jean-Marie Le Pen passe devant François Bayrou dans les intentions de vote au premier tour (16,5 contre 16%) et devient le 3ème homme derrière Nicolas Sarkozy (26,5%) et Ségolène Royal (25,5%), selon un sondage CSA-Cisco paru ce soir. Le Pen atteint son plus haut niveau depuis novembre 2006. Au second tour, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont toujours à égalité 50-50 dans cette enquête, la seule à donner ce résultat.


                          • andré 10 mai 2007 19:42

                            Votre article omet la période 1998-2005. Airbus a dépassé Boeing et crée 40 000 emplois avec les sous-traitants. Forgeard dirigeait Airbus sur cette période. Le commentateur de l’article a-t-il fait autant pour la communauté dans laquelle il vit ??

                            Condamner les indemnités oui, mais pas sans rappeler la totalité de l’histoire, c’est trop facile de déverser son fiel sans se renseigner. Penser par soi-même, ne pas faire que répéter ce que disent les médias.

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Henry Moreigne

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