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Accueil du site > Actualités > Société > Insécurité : une piste de réflexion du MoDem

Insécurité : une piste de réflexion du MoDem

Alors que paraît un livre de témoignage d'un journaliste qui a joué les infiltrés dans l'administration pénitentiaire (1) en ayant réussi à se faire passer pour un gardien de prison pendant huit mois, Olivier Henno, responsable de la Sécurité au sein du Shadow cabinet du MoDem, se fait le porte-voix de la "grogne" des matons et dresse une série de pistes concrètes de réflexion.

Aujourd'hui quand on prononce le mot magique "emprisonnement", on croit avoir réglé la question de l'insécurité de façon définitive. Même si de nombreuses peines d'emprisonnement restent inapplicables, et sans se soucier de l'insécurité qui règne aussi dans les prisons.

Arthur Frayer a pu se frayer un chemin dans le monde carcéral en se faisant recruter comme gardien.

Puis, il a démissionné pour écrire un livre. Il a pu mesurer de très prêt les conséquences de la surpopulation carcérale sur la sécurité des détenus et des gardiens. Quand il veut nier le problème, le gouvernement n'a qu'à affirmer que globalement les prisons ne sont pas surpeuplées et on ne pourra le contredire.

En effet, il existe trois types de prison : les centres de détention, les maisons centrales, les maisons d'arrêt. Les deux premières catégories accueillent les condamnés à de longues peines. Là, il n'y a pas de surpopulation, "pour ne pas que ça pète" dit le journaliste. Mais dans les maisons d'arrêts, la situation est tout autre. En effet, le taux moyen d’occupation est de 110 pour cent en moyenne et "près de 14 000 personnes sont détenues dans des établissements dépassant les 125 pour cent d’occupation, dans des conditions de détention indignes d’un pays comme la France et avec des conséquences néfastes pour la qualité du travail du personnel pénitentiaire", dixit Olivier Henno, le Monsieur Sécurité du Shadow cabinet du MoDem.

Le journaliste Arthur Frayer ajoute que bien souvent il arrive en plus que l'on case des condamnés à de longues peines en maisons d'arrêt quand il n'y a pas de place en centrale ou en centre de détention. "Ce qui fait que des assassins se retrouvent avec des voleurs de poules." Enfin, autre particularité posant difficulté : à Fleury-Mérogis "l'immense majorité d'entre eux a moins de 21 ans". Cette densité dangereuse, cette promiscuité et cette concentration de la jeunesse sont des facteurs aggravants de l'insécurité en prison et à la sortie de prison.

La piste de réflexion du MoDem

Olivier Henno préconise d'expérimenter les prisons ouvertes : "à ce jour, aucune suite n’a été donnée aux propositions de développement de ce modèle. Pourtant, les expériences parfois séculaires de nos voisins européens (Danemark notamment) nous ont prouvé non seulement l’utilité, mais aussi l’efficacité de ces établissements." (Lire l'article complet sur le site du MoDem)

En matière de sécurité dans les prisons, la question est loin d'être réglée. La volonté politique d'améliorer les choses est fallacieuse. En effet, selon Olivier Henno, "Le Président de la République a pourtant annoncé récemment la création de 5 000 places supplémentaires pour faire face au manque de places dans les prisons. Il a juste oublié de préciser qu’il s’agit en fait des 5000 places déjà annoncées en 2009 et inscrites dans le programme immobilier 2015-2017…"

Les fouilles

La tension qui règne du fait de cette insuffisance chronique de places et de moyens accordés à l'administration pénitentiaire entraîne aussi des contrôles parfois excessifs qui peuvent s'avérer humiliants pour les détenus, à savoir les fouilles répétées. Dès son arrivée, le détenu est soumis à une fouille corporelle. Pour répondre aux critiques récurrentes faites à la réglementation et aux pratiques des fouilles dans les prisons françaises et se mettre en conformité avec les jurisprudences de la Cour européenne des droits de l'homme et du Conseil d'État, le législateur a encadré les modalités de recours aux fouilles. Ainsi, la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 pose trois principes visant à encadrer le régime des fouilles :

- toutes les fouilles (fouilles des cellules et des personnes) doivent être justifiées par la présomption d'une infraction ou par les risques que le comportement du détenu fait courir à la sécurité des personnes et au maintien du bon ordre dans l'établissement.

- la loi n'autorise fouilles intégrales que si les fouilles par palpation ou l'utilisation des moyens de détection électronique sont insuffisantes.

- Interdiction des investigations corporelles internes, sauf impératif spécialement motivé et en ce cas les fouilles ne peuvent être pratiquées que par un médecin n'exerçant pas dans la prison. De plus, il faut qu'il intervienne sur requête de l'autorité judiciaire.

Seulement voilà, alors que la loi ne donne aux fouilles intégrales qu'un caractère subsidiaire, l'article R. 57-7-79 du Code de procédure pénale soumet en effet toutes les fouilles au même régime : "Les mesures de fouilles des personnes détenues, intégrales ou par palpation, sont mises en œuvre sur décision du chef d'établissement pour prévenir les risques mentionnés au premier alinéa de l'article 57 de la loi n° 2009-1436 du 24 novembre 2009. Leur nature et leur fréquence sont décidées au vu de la personnalité des personnes intéressées, des circonstances de la vie en détention et de la spécificité de l'établissement".

Ce systématisme de la fouille aggravé par l'inquiétude des gardiens qui peuvent se sentir dépassés ne fait que générer de nouvelles tensions et de l'insécurité quand il faudrait au contraire apaiser le climat et les relations entre les détenus et les gardiens. Il serait grand temps de mettre de l'ordre et de la sécurité dans les maisons d'arrêt et d'innover par exemple comme certains de nos voisins l'on fait avec succès pour prendre en compte aussi la question de l'insécurité à l'intérieur des prisons, une question qui ne peut être dissociée de la question générale de sécurité dans la société.

(1) Rue 89 : "un journaliste dan la peau d'un-maton", Ouest-France : "La poignante enquête du journaliste devenu maton"


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9 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 3 mars 2011 10:50

    Tout comme Sarkozy ment régulièrement sur sa politique en faveur de la politique de l’emploi des jeunes, ainsi que je l’ai dit dans mon article de l’autre jour et comme le reprend le journal Le Monde aujourd’hui, il ment pour la sécurité. Exemple donné ici par Olivier Henno : "Le Président de la République a pourtant annoncé récemment la création de 5 000 places supplémentaires pour faire face au manque de places dans les prisons. Il a juste oublié de préciser qu’il s’agit en fait des 5000 places déjà annoncées en 2009 et inscrites dans le programme immobilier 2015-2017…"


    • globulos nilasse 3 mars 2011 13:05

      j’ai été en prison (maison d’arrêt) il y a de nombreuses années pour une histoire de vol simple,n’ayant pas eu la chance d’avoir papa et maman pour avoir un avocat digne de ce nom. nous étions 3 dans 9 m3,un de mes co-détenus était la pour meurtre et l’autre pour viol sur mineur de moins de 15 ans. j’ai du me battre 3 fois en 5 mois et demi. il y avait des cafards dans la cellule,2 heures de «  »promenade«  » par jour,une nourriture a faire gerber un chien,des toilettes ou il fallait faire ses besoins devant les autres. a la fin de ma peine,nous nous sommes retrouvés a 4,le dernier arrivé dormait sur un matelas a même le sol. coté réinsertion,le vide sidéral. impossibilité de suivre des cours de quoique ce soit,une pseudo bibliothèque avec trois bouquin qui se battaient en duel,pour ceux qui avaient du blé,il y a un système de cantine,tout est plus cher qu’a l’extérieur. il faut savoir que la plupart des détenus en maison d’arrêt y sont pour des délits mineurs. beaucoup ont des problèmes psychologiques et nous étions nombreux a prendre la « fiole ». terme employé pour les anxiolytiques,car pour avoir moins de trouble au sein de l’établissement,ils assomment ceux qui le souhaitent a coup de cachetons. l’administration laisse entrer de petites quantités de drogue,en ne faisant pas un zele excessif apres le parloir par exemple et nous pensions qu’ils mettaient du bromure dans la nourriture pour faire baisser la testostérone des detenus pour eviter le trop plein d’agressivité.


      • Taverne Taverne 3 mars 2011 16:21

        Merci pour votre témoignage sincère et instructif.


      • LE CHAT LE CHAT 3 mars 2011 14:43

        avec un budget rikiki , notre justice est nulle et indigente et les centres de détention sont du même niveau que ceux du Belarus .
        Le nabot peut mouliner de l’air avec une politique sécurtaire , il n’en a absolument pas les moyens , la moitié des peines ne sont jamais exécutées , faute de place .....


        • Taverne Taverne 3 mars 2011 16:20

          La jurisprudence des recours pour atteintes aux conditions d’hygiène et de sécurité connaît un fort développement mais si le juge peut constater de graves manquements et déclarer la responsabilité de l’État., il ne peut pas enjoindre l’administration d’exécuter des travaux de remise aux normes et de rénovation. (Tribunal administratif Nantes, 8 déc. 2010, n° 0604759).

          Rappelons aussi que les dérogations au principe de l’encellulement individuel en maison d’arrêt, pour cause de surpopulation carcérale, ont été prorogées pour 5 ans à compter de la publication de la loi pénitentiaire, soit jusqu’à 2014 !


          • pastori 3 mars 2011 21:56

            il y a une prison ouverte à casabianda, réservée aux condamnés pour crimes sexuels. 


            si personne n’en parle c’est que ça se passe bien
            allez voir ça vaut la peine.


            • pastori 3 mars 2011 21:57

              « Bonjour chef ! J’ai du poisson. Je peux faire un barbecue sur la plage ce soir ? – Oui, oui, pas de problème puisque la Sécurité Civile ne nous a pas avertis d’un risque incendie ». 


              étonnant non ?


                • Arthur 123 4 mars 2011 03:07

                  Le MoDem est discréditer politiquement, car il ne remet pas en cause les rapports de la France avec EU. Aucun partie est annéer à gouverner correctement si il ne sont pas dans l’incapacité de rompre avec l’Europe .

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