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Accueil du site > Actualités > Société > Interdire le port de la burqa en France ?

Interdire le port de la burqa en France ?

Pour quelles raisons interdire le port de la burqa en France ? C’est un symbole d’oppression de la femme, son port a été rendu obligatoire sous le régime des Talibans en Afghanistan, il est le signe de la domination de l’homme sur la femme en pratiquant une version  des plus extrémistes de la Purdah (ségrégation et retranchement physique de la femme).

En république laïque, le port de ce vêtement remet en cause le respect de l’égalité homme-femme et de leur intégrité physique. Je rappelle qu’il est normalement interdit d’arborer une croix gammée en public, parce que c’est le symbole du génocide juif perpétré par les Nazis qui trouvait son fondement théorique dans l’inégalité des peuples et des races.

J’ai envie de dire que l’interdiction du port de la burqa n’a même pas à faire l’objet d’une nouvelle loi, elle est sous-entendue dans toute loi républicaine qui interdit toutes les discriminations. Faire une loi spécifique sur le problème du port de la burqa est même dangereux, car elle incite à confondre burqa (voile complet) et voile islamique higab (couvre cheveux, oreilles et poitrine) et elle aurait tendance à laisser penser que l’atteinte aux droits des femmes et à la république est une spécialité musulmane. Il n’est donc pas inutile de rappeler qu’en février 2008, en Turquie laïque et musulmane le Parlement turc votait une loi autorisant les femmes à porter le voile dans les universités, et que cet amendement a été annulé par la Cour constitutionnelle le 5 juin 2008 sur la base de l’article 2 de la Constitution, qui garantit la laïcité.

Les plus permissifs pourront objecter à cela que cette interdiction peut entrer en contradiction avec un autre droit fondamental, la liberté de religion ou encore la libre expression de son appartenance religieuse. Et si ces femmes en burqa étaient consententes, si justement, elles en faisaient un signe assumé de leur identité religieuse ?

Si je descends dans la rue demain avec un pull orné d’une croix gammée, et que j’ai choisi délibérément ce pull pour manifester mon appartenance politique, est-ce que ça solutionne le problème ?

L’obligation du port de la burqa n’est pas un précepte religieux. Le Coran n’en fait aucune mention. Certaines hadiths concernant la tenue vestimentaire des femmes parlent du "voile" d’abord comme marque distinctive des femmes du prophète Mahommet afin qu’elles ne soient pas confondues avec des esclaves, enfin la sourate XXIV , versets 30-31 parle en ces termes : "Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines." Refuser le port de la burqa, ce n’est pas refuser l’Islam comme religion, mais une dérive politique islamique.

Quand bien même ce serait un élément cultuel, je rappelle qu’en république laïque, au-dessus de la libre expression de son appartenance religieuse, il y a le principe fondamental du respect physique et moral de tout individu, indépendament de son sexe, de sa race et de sa religion. Et le propre de tout individu n’est-il pas d’avoir un visage ? Chaque visage porte en effet les marques de la transformation culturelle (tatouages, piercing, scarifications...), or le port de la burqa, c’est l’effacement et la négation de tout visage.


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27 réactions à cet article    


  • LeGus LeGus 27 juin 2009 14:18

    Et encore un joli terrain de jeu du racisme politiquement correct.


    • LeGus LeGus 27 juin 2009 14:24

      Encore un effort et il y aura autant d’articles sur Avox que de porteuses du burqa en France.


    • Reinette Reinette 29 juin 2009 09:29

      Les moralisateurs des ligues de la vertu, parfaitement grotesques, nous gonflent avec leurs comportements et leurs idées qui ne sont que le reflet de leurs fantasmes . La femme inférieure soumise et la putain sont dans leurs esprits des transpositions et des utilisations maniaques de désirs et de symptômes des instincts du faible, du médiocre et de mécanismes du névrosé.


      C’est un lieu commun de prétendre que la femme représente, par excellence, l’élément volage, dépensier, frivole. En vérité, ceci ne résiste pas à l’examen des faits. L’homme est aussi fréquemment que sa compagne joueur, débauché, égoïste, prodigue. Il est en revanche, d’ordinaire, beaucoup moins sobre.


      En 1949, Simone de Beauvoir publiait le Deuxième Sexe, ouvrage qui a eu un retentissement considérable dans le monde entier. 

      Le féminisme de Simone de Beauvoir n’a jamais été figé. Il a évolué au fur et à mesure de sa participation au mouvement des femmes, elle l’a elle-même reconnu. Simone de Beauvoir a montré ainsi l’importance que revêt un véritable dialogue entre intellectuels et mouvements sociaux.


      Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont lu avec ferveur celle qui avait su traduire de manière scientifique les conditions de l’oppression et de l’exploitation des femmes. Le Deuxième Sexe est un classique de la pensée féministe. 
      Il faut le lire, le relire, le faire vivre en le confrontant à l’évolution actuelle des conditions d’existence des femmes ou au développement actuel des théories féministes.

      « On ne naît pas femme : on le devient. »






       

    • Reinette Reinette 29 juin 2009 10:06

      Bonjour Grainedananar


      - il suffit de faire une recherche du mot « taliban », et l’on aura un catalogue de ce que peut représentait un fascisme religieux : mortifère pour les femmes !


      Le voile/burqa est un slogan politique, affiché par un groupuscule qui se dissimule derrière la religion pour réaliser des desseins politiques ;

      Le voile/burqa symbole réducteur et de régression - uniforme qui veut effacer la diversité des femmes et méconnaître les femmes en tant qu’individus - c’est le symbole d’une appartenance politique qui se cache derrière la religion, et qui cherche à faire revenir la réalité de la société aux ères archaïques.


      Ceux qui défendent au nom de la liberté le port de la burqa, aujourd’hui, pourront (pourquoi pas ?) demander demain, au nom de cette même liberté, que les filles soient libres d’aller à l’école ou non !




      « Les trois monothéismes - je dis bien les trois - professent fondamentalement une même détestation des femmes, des désirs, des pulsions, des passions, de la sensualité et de la liberté, de toutes les libertés. Qu’on n’aille pas s’exciter sur la pertinence ou non de l’enseignement du fait religieux à l’école, l’urgence, c’est l’enseignement du fait athée. » (Michel Onfray
       


    • LeGus LeGus 27 juin 2009 14:45

      Je vous cite
      "Si je descends dans la rue demain avec un pull orné d’une croix gammée, et que j’ai choisi délibérément ce pull pour manifester mon appartenance politique, est-ce que ça solutionne le problème ?« 
      Ceci peut être à juste titre considéré comme apologie de crimes contre l’humanité, en quoi la burqa fait l’apologie de crime contre l’humanité ou un quelconque crime d’ailleurs.

      Ensuite :
       »Les plus permissifs pourront objecter à cela que cette interdiction peut entrer en contradiction avec un autre droit fondamental, la liberté de religion ou encore la libre expression de son appartenance religieuse. Et si ces femmes en burqa étaient consententes, si justement, elles en faisaient un signe assumé de leur identité religieuse ?« 
      Et bien on pose une question, ou est votre réponse ????

      Ensuite :
       »J’ai envie de dire que l’interdiction du port de la burqa n’a même pas à faire l’objet d’une nouvelle loi, elle est sous-entendue dans toute loi républicaine qui interdit toutes les discriminations".
      Il n’y a pas de cours de droit dans votre cursus, même pas un tout petit peu ?


      • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 02:12

        1- Laisser porter publiquement une croix gammée peut être considéré comme apologie de crimes contre l’humanité. Il ne me semble pas que le port obligatoire de la burqa en public soit un pur fantasme, n’y a-t-il pas eu un vague gouvernement Taliban dans un vague pays du nom d’Afghanistan où cela a eu lieu, il y a encore moins longtemps que le génocide auquel renvoie la croix gammée ? Alors, si c’est le mot terrible de « crime contre l’humanité » qui pose problème, appelons cela « apologie du sexisme le plus radical », et je ne trouve pas que l’effacement auquel il conduit soit si métaphorique que cela. A moins que pour vous également, les femmes ne fassent pas vraiment partie de l’humanité. Je ne pense pas que c’est là votre propos.

        2- Réponse dans le dernier paragraphe (je confirme, l’ordinateur, ça fatigue la vue). Le fait que ces femmes « burquées » portent volontairement cette tenue ne change rien au problème. Au nom de l’égalité de droit homme-femme, le port de cette tenue (pour ce qu’elle représente, c’est-à-dire le symbole de l’oppression de la femme) n’est pas tolérable en république laïque, la Turquie musulmane en est la meilleure des illustrations. Le principe d’égalité me paraît plus fondamental que la libre expression de ses choix particuliers, surtout s’ils sont en soi l’affirmation de discrimination.

        3- Non, je ne suis pas juriste, mais comme j’aime particulièrement apprendre, j’attends avec impatience que vous m’éclairiez sur ce qui vous pose problème dans la citation.


      • LeGus LeGus 29 juin 2009 07:24

        Vous postez le samedi, j’argumente immédiatement, le week-end se passe.
        Et vous répondez dans la nuit de dimanche à lundi, votre article sera retiré de la une d’ici quelques dizaines de minutes. Si vous voulez connaitre mon point de vue, consultez ma fiche
        Agoravox, j’y ai longuement débattu à ce sujet.


      • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 11:01

        Oui, comme je débute, j’ai eu la surprise hier au soir de voir que mon article avait (enfin) été publié, d’où ma réponse à retardement...
        Mais au fond, qu’est-ce qui est le plus important, de débattre des idées ou de faire la « une » ?
        En tout cas, je veillerai à l’avenir à être plus rapide, c’est sûr...
        Pourtant, je continuerai aussi parfois à lâcher mon ordinateur quelques jours...
        Je parcours vos réactions aux divers articles sur le sujet, et bien que ce ne soit pas une lecture des plus faciles (c’est une lecture à rebours et nécessairement morcelée) , je n’ai pas l’impression que votre thèse soit si éloignée de la mienne : j’ai l’impression que vous condamnez le port de la burqa et le racisme, tout comme moi ? Non ?


      • norbert gabriel norbert gabriel 27 juin 2009 15:12

        Dans le même ordre d’idée, on pourrait aussi interdire le port du string, ou du décolleté trop plongeant, qui sont des attentats à la pudeur, ou du racolage passif, comme le sont les jupes trop courtes... Reste bien sûr, et plus sérieusement le fait de pouvoir être identifié dans la rue, mais un motard avec son casque intégral ? C’est obligatoire, le casque intégral...


        • Emmanuel Aguéra LeManu 27 juin 2009 19:29

          Excellente, je n’y avais pas pensé.
          Après les bandes et la Cagoules, Estrosi va-t-il nous faire le coup avec les concentr’ et le casque intégral ?
          Palmarès du Ministre


        • Deneb Deneb 28 juin 2009 08:36

          Pourquoi pas rendre l’uniforme obligatoire pour tout le monde. Avec la matricule (tatouée) bien visible. Je propose le modèle aux rayures verticales. Ca facilitera grandement le contrôle démographique. En plus de lutter contre la surpopulation, on fait du bien à la planète.

          Je rapelle qu’en l’Iran, c’est déjà le cas. Et ça a l’air de fonctionner à merveille. Le peuple est heureux. (celui qui l’est pas on le tue).


        • ptitgui 28 juin 2009 12:52

          Mais oui , tu as raison, en France , on ENTEND le mot interdire...en Italie , on passe aux actes comme le montre la demolition recente dans une ville detenue par la ligue du nord d’une mosquee..pour en faire un parc..
          La France a ete relativement torelantes vis a vis des etrangers qui y resident, et meme plutot genereuse sur l’octroi de la nationalite avec le droit du sol...mais son modele est en panne, et l’integration ne marche visiblement plus. Donc pas d’accord avec toi sur qui a la palme du racisme, mais plutot d’accord ,malheureusement sur le fait que la France est en train de devenir de plus en plus raciste et ca ne fait a mon avis que commencer.


        • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 12:14

          La France est-elle plus facholand que ses voisins ?

          Les Pays-Bas ont interdit le port de la burqa en 2007. Il est interdit en Suède et en Italie.
          La Belgique a émis des règlements locaux contre lui. L’Angleterre, de tradition beaucoup plus tolérante jusqu’à présent, souhaite de plus en plus un encadrement légaliste sur cette question.

          Par contre, il semble sortir de quelques sondages que les Français distinguent mal la différence entre le port de la burqa et celui du voile, alors que les Allemands et les Anglais semblent mieux faire la différence, et s’ils refusent le port de la burqa, la libre expression de son appartenance religieuse manifestée par le port du voile dans le respect de l’ordre public ne pose pas de souci particulier. 

          D’où l’intérêt de débattre pour au moins s’informer.


        • Eric Kaminski 27 juin 2009 17:43

          Je défends le point de vue inverse dans un article sur le blog http://ekaminski.blog.lemonde.fr/ (à retrouver sur mon profil agoravox)


          • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 11:19

            Je viens de lire votre article, très intéressant, sur ce sujet. Je condamne le port de la burqa au nom et de la laïcité et des droits de l’homme, qui sont aussi les droits de la femme. Le débat me passionne et comme ce thème est, par la force des choses, sur le devant de la scène, je profite de son « actualité » pour soumettre mon point de vue. Mais, et je n’ai pas été assez explicite là-dessus, il me semble, je ne trouve effectivement pas qu’il soit judicieux, une fois de plus, de légiférer par l’interdiction. Comme vous le rappelez, à très juste titre, ce débat - dont on sait qu’il est passionnel- a été jeté en place publique pour détourner notre regard d’autres véritables débats de fond sur le modèle de société que nous souhaitons adopter ou encore sur les raisons profondes des phénomènes sur lesquels on entend légiférer.
            Mais ce qui est intéressant, c’est que des médias comme Agoravox permettent justement aux citoyens de réagir sur ces questions, et ainsi de contourner le « prêt-à-penser » que nos gouvernants aimeraient trop nous imposer.


          • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 17:31

            Je mets en lien sur mon site votre adresse.


          • Phenix 27 juin 2009 17:50

            Interdire la Burqua : elle est déjà interdite de facto en France (personne ne peut se balader visage caché). Le débat n’a pas vraiment lieu d’être, et le gouvernement fait des gesticulations médiatiques à ce sujet qui ne lui coûtent pas cher et peuvent lui rapporter gros.


            • fouadraiden fouadraiden 28 juin 2009 13:01



              Atricle stupide car prétendre expliquer aux musulmans comment interpréter le coran , c’est comme chercher à comprendre Confucius mieux que la culture chinoise.


              • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 02:28

                Vraiment désolé si je donne l’impression de « prétendre expliquer aux Musulmans comment interpréter le Coran », parce qu’en plus d’ être prétentieux, c’est impossible. Je ne suis pas imam et je n’ai aucune autorité pour expliquer à quiconque comment comprendre quoi que ce soit, puisque par conviction, j’estime que chaque fidèle doit avoir un rapport individuel et libre avec son texte et sa foi. Je n’ai aucune affinité avec les clergés d’où qu’ils soient d’ailleurs, je trouve que la plupart du temps, ils extorquent la foi plus qu’ils n’éduquent, mais bon, c’est un autre problème.

                Non, ce qui m’importait plus en faisant quelques références, c’est plutôt d’encourager qui veut avoir une opinion un peu fondée sur la question d’aller lire les textes, de se documenter pour mieux comprendre, parce qu’on sait bien que l’ignorance est le terreau favori des haines. L’Islam est la 2ème religion de France, et peu de Français connaissent quelques rudiments sur cette religion, je trouve ça navrant. Et les médias, comme la politique, se complaisent souvent à n’en faire mention qu’au travers de burqa et compagnie...

                Les non musulmans ne peuvent-ils donc pas lire ou parler du Coran ?


              • NOUFEL 28 juin 2009 14:08


                Bonjour ! Je suis absolument d’accord pour que la Burqua soit interdite en france et ce, pour les raisons suivantes :
                L a burqua n’est pas un vêtement spéçifique aux Français.
                Celles qui portent la burqua (en étant originaires de son pays spéçifique) et résidentes ou de passage,en Françe,devraient avoir,au moins, le respect des us et des coutumes du pays hôte.,et si elles veulent « montrer,prouver,etc... » leur appartennançe à une culture et à un pays spéçifique, elles n’ont qu’à le faire dans ce pays préçité,dans l’honneur et la dignité,relatifs.
                Le gouvernement Français n’a pas à aller jusqu’à la mise en plaçe d’une loi,pour contrecarrer cette anomalie de la Burqua.Il doit,à mon avis,renforçer le respect des droits de l’état et ne pas permettre à n’importe qui de porter atteinte aux lois de la république ( à moins que tous le peuple Français accepte d’intégrer dans ses us et coutumes le port de la Burqua comme vêtement typique,ce qui est pratiquement impossible ( la burqua vient d’ailleurs !).
                Je suis pour le respect des us des coutumes de tous les pays,surtout ceux,qui à un moment ou un autre,acceptent de m’accueillir,pour un temps ou pour très longtemps,sans que je me « monte » la tête pour leur faire accepter,d’une façon ou une autre mes us et coutumes personnels.
                C’est de l’insolence ,à mon avis,si je viens dans votre pays et que je veuille vous faire accepter,d’une façon ou d’une autre,ma culture ! Cele veut dire que je ne vous respecte pas,o tout simplement.Je devrais rester chez moi et là, faire ce qui me plait.
                C’est devenu normal ? d’imposer quelque chose à un pays hôte,sous le couvert de la démocratie,liberté et je ne sais quoi encore,alors qu’à la base je ne respecte pas les droits du pays hôte ?
                Et cela n’a rien de discriminatoire,ce que je dis,parceque je pense que si nous prenions le temps d’analyser certains faits à la lumière de la sagesse,beaucoups de misères humaines s’atténueront et un pas serait fait vers la concorde internationale et l’amitié entre les peuples.


                • mithys 28 juin 2009 16:07

                  Certes, le port de la burka est encore occasionnel, mais je crains qu’il ne s’amplifie si les laïques ne réagissent pas et que, d’ici une génération, dans certaines villes, puis dans nos pays, la majorité « démocratique » musulmane (déjà 30 % à Bruxelles !) remplace nos lois par la charia …

                  Il est un fait que, face à la laïcisation croissante de la société, du moins dans nos régions, toutes les religions sont, plus ou moins, en perte de vitesse. Elles réagissent donc en essayant de réinvestir les consciences et de re-confessionnaliser l’espace public, surtout depuis Jean-Paul 2, Benoît 16 et le chanoine-président Sarkozy 1er. Dans le cas de l’islam, de plus en plus de musulmanes s’occidentalisent. Il était donc prévisible que les musulmans fondamentalistes réagissent eux aussi en imposant, parfois plus que dans leur pays d’origine, le port du voile, ostentatoire voire prosélyte, et qu’ils cherchent à présent à imposer l’ « indigne » burka : c’est dans la logique des autres revendications religieuses croissantes, notamment dans les piscines, les cantines, les hôpitaux, les administrations, etc … Pourquoi les musulmans fondamentalistes, même s’ils sont encore peu nombreux chez nous, cesseraient-ils de profiter de l’électoralisme politique de certains, et de notre conception « voltairienne » mais laxiste de la « tolérance », de la neutralité, de la liberté individuelle, et finalement de la laïcité politique ?

                  Ne perdons quand même pas de vue qu’ils prennent le coran à la lettre et visent donc à long terme l’islamisation de la planète, tout comme d’ailleurs les chrétiens évangéliques visent sa christianisation. Je crains fort qu’ils ne s’affrontent dans les décennies à venir ... Sans être paranoïaques, les laïques se doivent d’être vigilants et préventifs. Mais la « laïcité politique » française (dont le principe est toujours inexistant dans la Constitution belge !), ne suffit plus : elle incite au communautarisme, au repli sur soi et donc à l’intolérance. Elle devrait donc être complétée par la « laïcité philosophique » qui, si elle refuse toute référence religieuse dogmatique, n’est pas pour autant antireligieuse : elle prône le libre choix des convictions philosophiques OU religieuses.

                  Dans cette optique, à mes yeux, la « question de société » fondamentale sous-jacente au port de la burka et de tous les signes religieux, même si elle est délicate, c’est le respect de l’article 18 de la Déclaration Universelles des Droits Humains, de 1948 : « Toute personne a DROIT à la liberté de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction (…) ».

                  Or, ce droit, en l’absence de conditions éducatives permettant de le concrétiser, me paraît actuellement plus symbolique qu’effectif …Si les musulmans de chez nous étaient libres de choisir leurs convictions philosophiques ou religieuses, certains n’hésiteraient pas à se déclarer athées. Il est vrai que la peine de mort est prévue par le coran pour les apostats … Quant aux musulmanes, est-ce en toute liberté qu’elles portent le voile ou la burka ? Quoi qu’elles en disent, sont-elles libres de choisir une autre option philosophique ou religieuse que l’islam ? Peuvent-elles choisir en connaissance de cause, entre, d’une part, la soumission, l’obéissance à un texte « sacré » et à des traditions religieuses, phallocratiques et inégalitaires d’un autre temps, et, d’autre part, l’autonomie, la responsabilité individuelle, la libre pensée … ? Comment expliquer que l’immense majorité des musulmanes, même issues de l’ULB, libre exaministe, telles que la députée bruxelloise Madame Ozdemir, confirme la corrélation apparemment totale entre une éducation coranique et la persistance de la foi musulmane ? C’est , à mon sens parce qu’elles ont été conditionnées à la soumission dès la prime enfance, au point parfois d’être sincèrement convaincues, en l’absence d’alternatives non aliénantes, d’avoir choisi librement cette soumission !

                  Déjà en 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, à l’époque professeur à l’Université catholique de Louvain, écrivait, dans « Psychologie religieuse », sans doute à son grand dam : « La disponibilité religieuse de l’enfant ne prend forme qu’à la condition d’être précocement éduquée » (...) « .  »Les gestes et le langage religieux des parents (...), la célébration des fêtes religieuses, marquent de façon INDELEBILE les souvenirs d’enfance de nombreux adultes et déterminent leur sentiment d’appartenance religieuse". En d’autres termes, en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément … !

                  Je cite également le neurobiologiste Henri LABORIT : « Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’en détacher, s’il y parvient jamais. (...). » Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et finalement, c’est une illusion, la liberté !« . Je n’irai pas jusqu’à dire que »le libre arbitre n’existe pas« , mais les neurosciences tendent à le relativiser. On peut comprendre que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou certains agnostiques, comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien que sincère et de »bonne foi", comme une malhonnêteté intellectuelle et morale ...

                  D’ailleurs, les neurosciences, par leurs observations psycho-neuro-physio-génético-éducatives du phénomène religieux, expliquent l’origine et la persistance de la foi : comme le confirme l’IRM fonctionnelle, l’éducation religieuse, forcément affective, confortée ensuite par un milieu croyant unilatéral, laisse, à des degrés divers, des traces indélébiles, par plasticité neuronale, dans le cerveau émotionnel. Il en résulte, à des degrés divers, une anesthésie ultérieure du cerveau rationnel, et donc de l’esprit critique, dès qu’il est question de religion, indépendamment donc de l’intelligence et de l’intellect. L’éducation coranique, exigeant une soumission totale, est évidemment plus marquante que la judaïque et la chrétienne. On comprend mieux l’imperméabilité des croyants, à des degrés divers, aux arguments rationnels : les leurs sont jésuitiques ( par exemple : science et foi sont conciliables parce qu’elles relèvent de sphères, de registres, de niveaux différents, …)

                  Bien sûr, la prévention, par l’éducation, serait préférable à l’interdiction, mais c’est impossible actuellement : à mes yeux, idéalement, il faudrait pour cela que notre système éducatif permette, à toutes et à tous, de choisir, aussi librement que possible, de croire OU de ne pas croire, à partir d’une information minimale, objective et non prosélyte, à la fois sur le « fait religieux » ET sur le « fait laïque », c’est-à-dire l’humanisme laïque, ses valeurs universalisables, ses options, ses objectifs, la spiritualité laïque, etc ...actuellement occulté par les religions. Hélas, au mépris de l’intérêt supérieur de l’enfant, nos Constitutions accordent aux parents le droit de leur imposer leur croyance religieuse, et interdisent à l’école de compenser cette influence culturelle unilatérale.

                  Il est plus donc plus que temps, selon moi, de repenser les limites de notre tolérance, et de promouvoir une laïcité, non plus seulement politique mais aussi philosophique, dans le but de mettre en place préventivement un système éducatif permettant un meilleur « vivre ensemble » et une réelle citoyenneté. Vivement un débat sur cette « question de société » !

                  Michel THYS à Waterloo.


                  • Reinette Reinette 29 juin 2009 10:38

                    En France

                    « La neutralité de l’Etat est la première condition de la laïcité. La France ainsi ne connaît pas de statut de culte reconnu ou non reconnu. Pour l’essentiel la neutralité de l’Etat a deux implications.

                    Consacrée à l’article 2 de la Constitution, la laïcité impose ainsi à la République d’assurer « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Les usagers doivent être traités de la même façon quelles que puissent être leurs croyances religieuses. (hommes et femmes donc !)


                    « Le second pilier juridique de la laïcité est évidemment la liberté de conscience avec notamment sa déclinaison en liberté de culte. Sur le plan juridique, la laïcité n’a pas été l’instrument d’une restriction des choix spirituels au détriment des religions, mais bien l’affirmation de la liberté de conscience religieuse et philosophique de tous. Il s’agit de concilier les principes de la séparation des Eglises et de l’Etat avec la protection de la liberté d’opinion, « même religieuse », de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Pour l’essentiel le corpus juridique et surtout la jurisprudence administrative ont cherché à garantir l’exercice effectif du culte dès lors qu’il ne trouble pas l’ordre public (cf. notamment les conclusions du commissaire du gouvernement Corneille sous l’arrêt Conseil d’Etat du 10 août 1907 Baldy).


                    Parmi les acquis de la laïcité, figurent l’affirmation que toutes les religions ont droit à l’expression et, contrepartie de la précédente, celle qu’il ne doit pas y avoir, par une ou plusieurs d’entre elles, accaparement de l’État ou négation des principes fondamentaux sur lesquels il repose.






                  • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 11:25

                    Bonjour Reinette,

                    Très bien, ton petit aide-mémoire sur les textes. Il fallait le faire et je n’en ai pas eu le temps. Merci.


                  • grainedananar grainedananar 29 juin 2009 03:02

                    Merci de cette contribution fort riche en enseignements pour moi-même.
                    Je suis entièrement d’accord avec l’idée que vous développez d’une laïcité « voltairienne » et laxiste. Je partage l’idée que la laïcité doit être non pas agressive comme elle a pu l’être à ses débuts, mais ferme et confiante dans ses propres valeurs. Si l’on approuve vraiment la liberté de religion (et donc la diversité), on ne peut pas accepter ce qui va lui rompre le cou. Le port de la burqa symbolise la négation de toute liberté.
                    Il ne fait aucun doute que beaucoup de femmes affirmant sincèrement porter volontairement cette tenue aient été conditionnées. Tout système porte en lui les moyens de sa reproduction. Et c’est peut-être ce qui manque à notre système laïque : la volonté de se donner les moyens de perdurer. Et pour perdurer, il faudra savoir dire non et ne pas se laisser abuser par une rhétorique faussement tolérante au point de se nier elle-même. 
                    Si la médiatisation et la volonté de légiférer à cet endroit me semble finalement conférer trop d’importance à une pratique, Dieu (? !) merci, très minoritaire en France, je trouve très bien que la société civile s’empare de ce sujet. 


                    • mithys 29 juin 2009 16:15

                      Re-bonjour Reinette,
                      Seules les trois premières lignes de mon dernier dernier commentaire ont été lisible. Nouvel essai :
                      La conception française de la neutralité est évidemment meilleure que celle de la Belgique, qiui subsidie l’enseignement confessionnel, sans aucun contrôle, ce qui favorise hypocritement les religuions, au détriment de la laïcité, en contradiction donc avec sa neutralité théorique.
                      A mon sens, chacun devrait pouvoir choisir, le plus librement possible, de croire OU de ne pas croire. L’école devrait donc compenser l’influence des parents, certes légitime et constitutionnelle, mais unilatérale, par une information minimale, objective et non prosélyte, à la fois sur les options religieuses ET sur les options laïques. Cette saine conception de la neutralité est à la base de la « laïcité philosophique », inconnue en France et occultée en Belgique. Elle devrait renforcer la « laïcité politique » française, et la « neutralité » belge, toutes deux incapables d’assurer un « vivre ensemble » harmonieux et une citoyenneté responsable, puisqu’elles maintiennent le statu quo et favorisent l’incompréhension, le communautarisme, le repli sur soi, l’indifférence, et même l’intolérance.

                       

                      Michel THYS, à Waterloo.


                      • CaroDH CaroDH 29 juin 2009 17:02

                        Tout à fait d’accord. Le prochain numéro d’Osez le féminisme abordera sans doute cette question. Retrouvez le premier n° du journal sur http://issuu.com/dehaascaroline/docs/osez_le_feminisme_juin_2009


                        • ERICSUCCIEU 13 août 2009 09:04

                          Quelle serait la réaction du peuple Tunisien ou Marocain ou même en Arabie Saoudite si non épouse pratiquait du mono- kini sur une de leur plages publique.
                          Pourquoi devrait on accepter une attitude en sens unique, si la France doit s’ouvrir alors tous les autres pays se doivent de suivre l’exemple. Nous sommes bien en démocratie mais il ne faut pas accepter de légaliser des dérives sectaires.

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