Hors les deux guerres mondiales, il n’y a jamais eu de sentiment national fort en Belgique (3 communautés linguistiques, 3 régions qui n’y correspondent pas, multiculturalisme caractérisé par un brassage culturel incessant, querelles de clocher, ...) : le pays vacille depuis le milieu des années ’30 et de l’émergence du nationalisme flamand. La taille même du pays ( 3 départements, soit moins que la Bretagne) en
fait depuis sa fondation un pays de passage et de transit, lieu de repli
ou d’exil (notamment fiscal !) pour ses voisins lors des périodes
troublées. Contrairement à de grandes nations comme la France dont l’identification est d’autant plus forte qu’elle se confond avec la République, l’identité belge se décline plutôt négativement (complexité administrative et institutionnelle inégalée, culture du compromis, ...) et se définit par ce qui reste après avoir soustrait tout ce qu’on n’est pas, ce qui a notablement donné naissance au surréalisme !
Ghettoisation, chômage et communautarisme sont le lot commun de toute l’€urope néo-libérale, mais la réalité bruxelloise reste très différente de la réalité parisienne.
Bruxelles est une petite ville qui - quoiqu’étendue - compte 1 million d’habitants : Molenbeek en est une des 19 communes. Chez vous on dirait une municipalité, ou comme à Paris, un arrondissement.
Les options d’aménagement urbain n’ont pas été les mêmes (pas de grands ensembles de HLM concentrés dans sa périphérie), et l’immigration nord-africaine (surtout marocaine) - qui a succédé à l’immigration italienne - n’est pas liée à la colonisation et n’y remonte qu’à la fin des des années ’60. Elle s’est concentrée dans les quartiers construits vers la fin du XIXème et au début du XXème, devenus populaires pour ceux qui ne l’étaient pas, lors de leur arrivée : elle s’y concentre toujours, et pas qu’à Molenbeek (Forest, Anderlecht, Etterbeek, Schaerbeek, Saint-Josse, Bruxelles, ...).
La dernière vague d’immigration, de loin la plus dérangeante, y a été l’arrivée massive des fonctionnaires €uropéens qui a contraint à l’exil en province des dizaines de milliers d’habitants de l’Ouest de Bruxelles pour cause de spéculation immobilière et de hausses massives des loyers.
Face à la résurgence du négationnisme, du révisionnisme et de l’antisémitisme, les autorités belges se veulent d’autant plus exemplaires qu’elles peinent à l’endiguer, particulièrement du fait de la radicalisation d’une part de la jeunesse de souche maghrébine : la condamnation de Dieudonné n’est pas une première, le député Laurent Louis y a déjà écopé de 6 mois avec sursis et l’inégibilité durant 6 ans. Et Dieudonné - qui connaît bien la Belgique pour y avoir connu un certain succès avant sa radicalisation - ne pouvait l’ignorer. La fermeté paye parfois, et le message a à tout le moins mérite d’être clair : pas de çà chez nous !
Quant au « laxisme » apparent de la justice belge à contrer les filières jihadistes, ne relève-t-il pas en premier lieu et tout comme en France et ailleurs d’une impuissance, encore accentuée par les restrictions budgétaires, à palier les effets de la doxa néo-libérale de rigueur en €urope ? Croyait-on vraiment en « haut lieu » que l’abolition progressive de l’« Etat providence » et ses carences de longue date à assurer ses missions de service public, d’éducation, de culture et de citoyenneté resteraient éternellement sans conséquence ?
De toute manière et comme à l’accoutumée, les derniers à s’en mordre les doigts seront les responsables de ce gachis !