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La prévention « hors catégorie » des risques psychosociaux

La prévention primaire des risques psychosociaux est mal nommée car elle suppose que rien d'autre n'est possible. Or bien au contraire, c'est en amont de l'entreprise et de façon prioritaire qu'il faudrait repenser le système.

Sur le tour de France cycliste, la mesure de la difficulté des cols répond à une logique très précise.

Les cols de troisième catégorie se montent, parait-il, en fumant la pipe. Pendant les cols de seconde catégorie on se retient de parler et l'on s'emploie à faire bonne figure. Les cols de première catégorie sont plus difficiles et nécessitent de l'entraînement. Quant aux cols "hors catégorie" ils sont la chasse gardée des cadors, ceux qui courent pour le curieux maillot à poids rouges.
 
La prévention des RPS en entreprise se décompose également en catégories graduées : 
 
- Les actions de prévention tertiaire prennent en charge les salariés en souffrance : elles répondent dans l’urgence aux situations de souffrance et de détresse psychologique en lien avec le travail.
 
- Les actions de prévention secondaire renforcent la résistance des salariés au stress et leur capacité d’adaptation en leur apprenant à gérer leurs émotions, leurs représentations, leurs comportements face aux situations professionnelles stressantes. 
 
- Enfin, les actions de prévention primaire permettent de combattre le risque à la source en mettant en place dans l’entreprise, en amont, une organisation et des conditions psychosociales de travail qui soient les meilleures possibles. 
 
Il est désormais admis, et c'est certes déjà une avancée, que la prévention primaire doit être la priorité pour qui veut réduire durablement le drame des risques psychosociaux et économiques. 
 
Malheureusement, cette catégorisation officieuse et admise du plus grand nombre est très incomplète. Il me semble même qu'il est raisonnable de dire qu'elle est dangereuse. Elle suppose en effet que la prévention des RPS en général et du stress en particulier sont de la responsabilité exclusive des individus (trop fragiles) et des entreprises (trop exigeantes). Elle stipule implicitement que salariés et managers ont la clé, que la solution vers une prévention durable est entre leurs mains. La réalité est qu'il manque un larron à ce drame moderne. Invisible, il continue son travail de destruction se permettant même le luxe de jouer le rôle du pompier pyromane. Ce troisième larron c'est le pouvoir des grands décideurs et organismes mondiaux et nationaux qui ont dessiné des règles de commerce brutales qui conduisent à l'épuisement des ressources qui sont censées lui donner vie.
 
Deux questions à propos du plus gros scandale sur ce sujet devraient suffirent à s'en convaincre. Qui a décidé la libéralisation des télécommunications en Europe ? Et qui a proposé et accompagné la privatisation de l'opérateur historique en France ? Tel est le drame des RPS et la principale raison d'inquiétude à son sujet. Apprendre à nager, c'est bien, construire des digues c'est mieux, mais ce qu'il faudrait surtout, c'est d'éviter que l'eau ne continue de monter ! En la matière, les consultants, managers, RP et salariés, médecins du travail et autres intervenants en entreprise s'épuisent à construire des digues. 
 
La prévention primaire des RPS est mal nommée car elle suppose que rien d'autre n'est possible en amont. Or bien au contraire, c'est en amont de l'entreprise et de façon prioritaire qu'il faudrait repenser le système. Il s'agit d'une erreur majeure de jugement. Puisque prévention primaire est désormais une expression consacrée, la priorité consiste donc à définir les règles de la prévention "hors catégorie", celle qui préserve de la dérive court-termiste et de la folle domination de la finance sur le travail. Cette prévention est certainement la plus ardue, car les décisions qui la concernent se retrouvent aux plus hautes altitudes du pouvoir. Mais c'est celle qui sans aucun doute apportera le plus de résultats sur le long terme. 
 

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2 réactions à cet article    


  • Raymond SAMUEL paconform 21 juillet 2011 20:11

    Bonsoir,

    Intéressant rapprochement à faire avec la santé publique, plus précisément la santé psychique.

    A rapprocher d’abord avec les problèmes qui pèsent sur les élèves des écoles (démotivation, hostilité/révolte, refus d’intégration etc...) et ceux qui se manifestent ensuite chez les adultes que ces enfants deviennent (peurs chroniques pour soi, mauvaise estime de soi, difficultés relationnelles notament dans la famille, stress, instabilité, insomnies, maladies diverses comme la phibromyalgie etc, etc...)
    A peu près tous ces problèmes proviennent de la façon inadéquate dont nous faisons vivre les bébés et jeunes enfants.
    mais il ne s’agit pas d’une erreur majeure de jugement comme dans votre exemple, il s’agit d’une obstruction au jugement que l’on doit aux prosélytes qui ont sacrifié les enfants dans le but de « libérer » les femmes et à tous ceux qui ont suivi avec empressement. Alors que la responsabilité des adultes envers les enfants n’a rien de sexué, personne, homme ou femme ne devrait s’en affrenchir.


    • victor waknine victor waknine 22 juillet 2011 11:51

      Malraux disait « Mal nommer c’est rajouter aux malheurs du monde »

      Oui Guillaume il y a plus à faire car la cause primordiale est l’effondrement des valeurs devant l’unique critère de gestion financière.

      Mais cela dépasse les acteurs des RPS et il n’y a que le combat politique nouveau qui reste un lointain espoir.

      Pour ma aprt je me bats déjà pour ne pas mettre le mot prévention à tous les étages.

      le niveau 2 est de l’accompagnement
      le niveau 3 est de l’intervention
      seul le niveau relève de la prévention

      allez dire à une gouvernance bon c’est bien vous vous êtes enfin attaqué aux causes premières cela va améliorer les RPS et lui dire en même temps, mais pour faire mieux il faut solliciter le pouvoir politici financier.

      Il vous répondra que beaucoup d’entre fassent au moins comme moi.

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