Quelles retraites après le « peak oil » ?
Le sujet préoccupe visiblement une grande partie de la population avec plus de 2 millions de personnes dans les rues ce mardi.
A quel âge prendrons-nous notre retraite ? Quel sera son montant ? Mon travail est-il plus pénible que le travail de l’autre ? L’effort demandé est-il équitable entre les riches et les pauvres, entre le travail et le capital ?
Voici les questions qui reviennent en boucle dans les médias depuis quelques jours.
Mon questionnement est tout autre : Est-ce un privilège d’avoir un système de retraite ? Si c’est un privilège, celui-ci est-il durable ?
Bénéfice d’une potion magique
Le développement industriel, la modernité structurelle et l’augmentation incessante du PIB des sociétés occidentales n’ont été possibles que grâce à l’accès quasiment gratuit aux énergies fossiles.
Vous me direz, c’est aussi grâce à l’intelligence de l’Homme et à sa volonté permanente de progresser ... bien sûr ! Mais sans cette potion magique qu’est le pétrole, un condensé d’énergie facile à extraire, à transporter et à utiliser, la croissance (économique, démographique, énergétique...) de certains pays n’aurait jamais connu une telle explosion.
C’est un fait, il y a une relation proportionnelle directe entre l’augmentation du PIB et la consommation d’énergie comme le montre le graphique suivant réalisé par Rémi Guillet :
Or nous avons eu la chance, grâce à cette énergie gratuite (1$ par baril pendant les 30 glorieuses), de pouvoir générer suffisamment d’excédant d’argent pour qu’un actif puisse payer à la fois son propre train de vie et celui des personnes qui ne travaillent plus.
"(...) Ces considérations ne valent aujourd’hui que pour les pays industrialisés. Ailleurs, la situation est toute autre. Passant en revue l’ensemble des continents, l’étude dresse un certain nombre de constats : les régimes de retraite dans les pays de l’ex-Union soviétique n’ont pratiquement plus aucune valeur du fait de l’effondrement des économies nationales ; ceux d’Afrique sont très faibles et mal gérés ; ceux d’Asie ont été affaiblis par la tempête financière des années quatre-vingt-dix ; ceux des États arabes du Moyen-Orient sont relativement récents et se heurtent au fait que les nombreux travailleurs étrangers n’ont pas le droit de s’y affilier ; enfin les régimes en place en Amérique latine et des Caraïbes ne fonctionnent pas bien." Isabelle Moreau, Espace social européen, 5-11 mai 2000
Le constat est là, nous avions jusqu’alors un bon système de retraites. Mais de mon point de vue il faut le considérer comme une chance liée à des circonstances particulièrement favorables et non comme une règle universellement transposable.
La bourse ou la vie
Même si je suis intimement convaincu que la notion purement financière des retraites finira, un jour, par ne plus exister, je ne crois pas que la vieillesse en deviendra misérable pour autant, bien au contraire !
Ce que j’ai expliqué sur ce blog concernant la transition de notre société vers une organisation résiliente, consiste à relocaliser les échanges, repenser les modes de vies intelligemment en alliant les connaissances ancestrales et les savoirs modernes. Par ce principe, la réconciliation des générations est inévitable car nous aurons besoin des anciens pour retrouver la connaissance de la terre, des outils efficaces sans pétrole, des plantes médicinales ...
Aujourd’hui personne ne peut concevoir une retraite sans finances car les "vieux" ne servent plus à rien en regard de la technique qui nous offre tout sur un plateau. Alors les retraités doivent se débrouiller pour vivre, pour aller au supermarché ou pour payer leur facture de chauffage.
Est-ce réellement un progrès ? Toutes les sociétés du monde depuis des millénaires respectent les anciens, s’occupent d’eux et leur confient les tâches qu’ils sont encore capables de faire. La retraite financière n’est que la pâle compensation que nous avons trouvée pour préserver un lien virtuel entre les générations :
"Je ne m’occupe plus de toi mais je paye ta retraite !"
Une question de réalisme
Dès l’instant où j’ai compris que le confort de notre société était principalement lié à l’accès aux énergies fossiles gratuites, et que le temps de l’énergie gratuite était compté, j’en ai simplement déduit que nous devrions dorénavant nous recréer le vrai confort de la vie avec moins d’énergie, d’argent et de consumérisme, mais plus d’échange, de solidarité, d’efficacité et d’intelligence collective.
Malheureusement, le fonctionnement actuel de nos institutions ne peut proposer autre chose aux retraités, c’est pourquoi je comprends l’inquiétude des français. Mais il ne servirait à rien de laisser croire que cela pourra continuer éternellement.
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