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Accueil du site > Actualités > Société > Une méthode, ou des méthodes de lecture

Une méthode, ou des méthodes de lecture

 Le ministre Gilles de Robien est parti en campagne depuis la rentrée dernière pour dénoncer et interdire la méthode de lecture dite « globale », inspirée des travaux de Célestin Freinet, et pourchasse ceux des membres de l’Education Nationale soupçonnés de l’appliquer ou de la défendre. Pourtant, cette méthode semble être abandonnée depuis longtemps, au profit de la méthode « syllabique » (le fameux b-a, ba, pourtant largement inadapté à la langue française), ou plutôt d’une troisième méthode, peut-être plus expérimentale, en tout cas plus adaptée à la réalité d’une classe et de ses élèves.

Pour tous, défenseurs ou non de la méthode syllabique, il s’agit là avant tout de la part du ministre d’un « coup politique » pour tenter de se gagner les faveurs populaires, quitte à se mettre à dos une grande partie du monde de l’éducation. Et de fait, cette décision a fait grand bruit, et depuis quelques temps, la guerre entre les partisans du tout syllabique et les autres semble à nouveau ouverte. Semble, car il ne faudrait pas perdre de vue que la méthode « globale » est abandonnée depuis longtemps, et que de toute façon, elle n’a jamais eu cours, sous une forme pure, que de manière très limitée, et dans le temps, et en considération du nombre d’enfants concernés.

Toujours est-il qu’une association a vu là l’occasion de se mettre en avant, en appelant les parents, sinon à « dénoncer » les instituteurs soupçonnés d’avoir recours à une méthode de lecture sinon globale ou semi-globale, du moins à se montrer vigilants, et à ne pas déléguer aveuglément aux instituteurs de leurs enfants la capacité de leur apprendre à lire, et encore moins la capacité de juger de la méthode moderne la plus appropriée pour leur classe, ces méthodes laissant même à désirer d’un point de vue strictement éducatif.

Pourtant, les différents travaux consacrés à l’apprentissage de la lecture, et un peu de bon sens, laissent penser qu’il n’existe pas une méthode unique, valable de tout temps et pour tous les enfants, comme on peut s’en rendre compte à travers l’expérience d’un instituteur qui passe en revue les différentes méthodes de lecture, en pointant pour chacune d’elles ses limites ou ses défauts, ou encore en se penchant sur des méthodes « alternatives » d’apprentissage de la lecture, comme la méthode gestuelle mise au point par Suzanne Borel-Maisonny, qui associe gestes et sons.

Si la méthode syllabique a fait ses preuves depuis longtemps, ce n’est pas pour autant qu’elle ne peut pas être « améliorée » en lui intégrant un zeste de méthode globale : cela est sans doute plus adapté pour certains enfants, en particulier les plus avancés ou les plus motivés, et leur permet d’aller plus vite.

En effet, les atouts de la méthode syllabique sont indéniables, de l’aveu même d’une institutrice : elle permet aux enfants de constater jour après jour leurs progrès, elle leur permet de comprendre ce qu’ils apprennent, et, jusqu’à un certain point, d’être maîtres de leur apprentissage ; elle est progressive, se décomposant en étapes distinctes, et n’est pas discriminatoire vis à vis des enfants dépourvus de mémoire visuelle. Autre avantage, non négligeable, elle est facile d’accès, et offre aux parents désireux de répondre aux sollicitations de leurs enfants en matière de lecture, la possibilité de les « débrouiller » de manière progressive, au rythme de chacun, jusqu’à ce que l’enfant sache complètement lire de manière autonome, ou jusqu’à ce qu’un instituteur prenne le relais, sans risque d’incompatibilité de méthode avec celle choisie par l’instituteur.

Cela dit, et en particulier pour les enfants les plus rapides ou doués de mémoire visuelle, le recours à quelques éléments de méthode « globale » peut s’avérer utile et permettre d’accélérer les apprentissages : ainsi, certains mots-outils (« un », « les », « des »...) n’ont pas besoin d’être décomposés à chaque fois, il suffit que l’enfant les photographie mentalement et soit capable de les reconnaître dans une phrase. André Rouillé met d’ailleurs en avant l’importance d’accompagner l’apprentissage de la lecture des textes par un apprentissage de la lecture des images.

En fait, aujourd’hui, la méthode de lecture la plus utilisée dans les écoles semble n’être ni la syllabique, ni la globale, ni même la semi-globale, mais une autre, alternative, « intégrative », comme propose de la nommer Roland Goigoux, directeur d’un laboratoire de recherche sur l’enseignement. Cette méthode, ou plutôt ces différentes méthodes s’appuient sur les résultats des travaux de recherche sur l’apprentissage de la lecture, et prennent en comptent le phénomène complexe qu’est la lecture, comme le rappelle Jean Foucambert, chercheur à l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique). On peut d’ailleurs légitimement penser que les résultats de ces travaux transparaissent dans les programmes, et justifient leur évolution.

De plus, plutôt que de se quereller sur la méthode de lecture, encore faudrait-il savoir ce qu’on entend par savoir lire : déchiffrer un ensemble de lettres ou de syllabes, en comprendre le sens, ou, plus ambitieux, mais plus précieux, acquérir le goût de la lecture. Et, pour cela, si la méthode peut participer, elle ne fait pas tout. Une méthode à elle seule, quelle qu’elle soit, ne transmet pas le goût de lire, elle ne s’adapte pas à son public, à son rythme et à ses goûts, à sa sensibilité. C’est là la véritable mission de l’instituteur. Bien sûr, les familles ont aussi leur rôle à jouer. Mais pour qu’ils remplissent au mieux cette mission, il est indispensable de faire confiance aux instituteurs, c’est eux les mieux placés pour savoir avec quelle méthode ils seront les plus aptes à donner ou à transmettre le goût de la lecture aux enfants, et non pas seulement à les faire ânonner un texte, en fonction de leur sensibilité et des différentes périodes de l’apprentissage.

Ne fonçons pas tête baissée dans un faux débat aux intérêts purement politiques de quelques-uns, c’est là notre intérêt et celui de nos enfants...


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23 réactions à cet article    


  • Sam (---.---.145.134) 10 novembre 2006 11:18

    Robien a remis au gout du jour une question réglée depuis que la méthode intégralement globale n’est plus utilisée dans aucune école : environ 30ans.

    Evidemment, il n’est pas issu de l’Ecole, il n’est pas un enseignant de terrain, ni un chercheur, ni un spécialiste de l’éducaition.

    Il est là pour gérer, commander, se mettre en valeur pour se faire réélire dans sa circonscription.

    Bref, un politique lambda aux agissements communs dans le système de représentation dévoyé qui est le nôtre.

    Mais, plus grave, me semble-t-il, il laisse se développer un truc comme SOS Education.

    Cette association appelle à la délation des enseignants qui utiliseraient telle ou telle méthode de lecture « globale ».

    Je me demande pourquoi on ne crée pas SOS buraliste, « dénoncez les buralistes qui n’ont pas vôtre tabac préféré ! », SOS Garage « dénoncez le garagiste qui ne prête de voiture et qui répare mal les boites de vitesses ! », SOS PDG « Dénoncez les PDG qui ne payent pas toutes les heures sup et harcèlent les secrétaires ! », SOS Facteur « Dénoncez les facteurs qui sont en retard et qui semblent se reposer entre deux boites »...

    On rappelle que depuis Jules Ferry, les enseignants ont la liberté pédagogique dans la classe.

    Le procés de Robien contrevient à cette loi, et la chasse aux sorcières de SOS Education piétine cette même loi.

    On peut s’attendre à des débordements de parents excités par la curée organisée.

    Il faut aussi rappeler, dans ce cas, que le Ministre doit protéger d’après la loi les gens qu’il chapeaute, les fonctionnaires en l’occurence.

    Deux ou trois questions : comment un Ministre peut-il ainsi marcher tranquillement sur une liberté fondamentale et faire un procès qui n’a pas de raison d’être ? Comment ne peut-il attaquer les véritables fautifs, provocateurs, aux relents historiques rances ?

    Comment une association, prétenduement éducative, peut-elle tranquillement stigmatiser une profession, désigner du doigt des gens, préparer les conditions de violences contre des personnes qui ont le tort de faire un métier très difficile, dans un climat de plus en plus tendu, avec des salaires minables ? smiley


    • gem gem 10 novembre 2006 13:36

      Sam, lache un peu tes lunettes politiciennes et ne te fout pas de notre gueule avec la « liberté pédagogique ». Comment peut-il y avoir de liberté pédagogique quand les instructions officielles, sous couvert de programme, impose une méthode et une idéologie (que je qualifierait de archéo-marxiste altermondialsite et toi d’ultra-libérale, mais peu importe en l’occurence), et quand les inspecteurs font, justement, une inspection pédagogique dont la première fixe toute la carrière ultérieure de l’enseignant ? Et ça ne date pas de De Robien, ni même de Lang... et connaissant l’ami Jules (Ferry), je ne serait pas surpris de constater que ça remonte au moins à lui, car c’est quand même l’homme qui a DETRUIT la liberté d’enseignement, pour éliminer l’enseignement religieux.

      Il n’y aurait pas « SOS education » si il existait une vraie liberté pédagogique sous le contrôle des résultats de progression, publics, ET une possibilité de choix par les parents. Il n’y a ni l’un ni l’autre, ça laisse de la place pour SOS éducation et les autres qui ne demandent justement que ça ; évidemment ça dérange toutes les cliques qui s’accomodent fort bien d’une éducation contrôlée, puisque c’est en leur faveur, et que ça leur permet de s’engraisser avec les bons fromages type IUFM : on comprend pourquoi elles gueulent contre l’intrusion de ses emmerdeurs...


    • Sam (---.---.212.55) 10 novembre 2006 21:49

      gem

      Sam, lache un peu tes lunettes politiciennes

      Enseigner des idées et des connaissances ne seraient pas un acte politique. Si ca en est pas un alors, je veux bien traverser la Manche à la nage. Et te payer les lunettes que tu devrais mettre.

      et ne te fout pas de notre gueule avec la « liberté pédagogique ». Comment peut-il y avoir de liberté pédagogique quand les instructions officielles, sous couvert de programme, impose une méthode et une idéologie (que je qualifierait de archéo-marxiste altermondialsite et toi d’ultra-libérale, mais peu importe en l’occurence),

      Je n’ai pas écrit spécialement ce texte pour ta petite colère. Si la hiérarchie et les I.O. existent, il n’empêche que la liberté pédagogique existe également. Nombre de novateurs se sont appuyés dessus pour avancer et, au quotidien, les enseignants tentent dans une liberté responsable de trouver des solutions d’apprentissages, au sein de classes surchargées, de demandes préssantes des autorités, et de récriminations de parents qui confondent trop souvent enseignant et fournisseur de services. Par ailleurs, imagine ce que serait la pression sur les enseignants sans cette liberté pédagogique, dont tu clâme le disparition pour stigmatiser un peu plus les enseignants.

      et quand les inspecteurs font, justement, une inspection pédagogique dont la première fixe toute la carrière ultérieure de l’enseignant ? Et ça ne date pas de De Robien, ni même de Lang...

      La note peut être révisée à la hausse ou à la baisse. S’il y a tendance il n’y a pas fixation. Tout celà peut fluctuer au grès de paramètres nombreux. Certains seraient plus à même de te renseigner,ce qui t’éviterait de tomber dans la caricature.

      et connaissant l’ami Jules (Ferry), je ne serait pas surpris de constater que ça remonte au moins à lui, car c’est quand même l’homme qui a DETRUIT la liberté d’enseignement, pour éliminer l’enseignement religieux.

      L’enseignement religieux a tellement disparu qu’il se porte de mieux en mieux. Merci aux finances publiques, étatiques et maintenant locales qui le font vivre grassement. Faut arrêter un peu la moquette intégriste, mon ami. A voir comment tu partais sur les pauvres enseignants matraqués par la hiérarchie, je me disais que tu allais nous pondre un couplet sur la laïcité et la défense de l’école publique. Et tu nous fais du Lefevre.

      Il n’y aurait pas « SOS education » si il existait une vraie liberté pédagogique sous le contrôle des résultats de progression, publics, ET une possibilité de choix par les parents.

      Il faut donc en conclure que SOS Education favorise la liberté pédagogique...Je le répète : une association incitant à la délation est innaceptable. Elle stigmatise et nous ramène aux heures les plus noires de notre histoire. Que tu en fasses un substitut de la liberté pédagogique en déclin en dit long sur les confusions de béotiens qui agitent ta cervelle surchauffée, comme sur ta conception d’une école républicaine, laîque, pour un enseignement de qualité mené par des enseignants responsables.

      évidemment ça dérange toutes les cliques qui s’accomodent fort bien d’une éducation contrôlée, puisque c’est en leur faveur

      Ca ne dérange personne, et surtout pas toi qui, avec ton message qui caresse pour mieux poignarder, s’avère être leur meilleur avocat. smiley


    • Bill (---.---.76.11) 10 novembre 2006 11:29

      Bonjour,

      Votre article m’intéresse, vous êtes enseignante et votre point de vus mérite qu’on s’y arrête naturellement puisque la charge vous revient d’enseigner nos enfants. Ce qui me surprend toujours dans ce débat c’est en effet l’aspect presque « bloqué ». Il n’y a pas que le ministre qui se braque sur le sujet, les enseignants ont l’air de s’attacher à un système qui ne fonctionne apparement pas.

      J’ai entrepris pour ma part d’apprendre à lire à ma fille de 5 ans avec la méthode syllabique. Je la trouve très bien même si j’en conçois les limites : u et n font « un » (hein) et donc la méthode p + u ou t + u s’en trouve un peu inéfficace, c’est vrai. Mais cette méthode me séduit et ma fille apprécie aussi d’apprendre ainsi, c’est elle qui vient me chercher pour le faire. Il est vrai que j’essaye en même temps de faire en sorte que cela puisse être^plaisant, on peut faire avec les premières lettres « papa a pété », pour un enfant de cet age c’est amusant de savoir déchiffrer cela seul. Un prof ne peut pas le faire non plus. Avec un minimum de lettres elle arrive donc à lire certaines choses et je lui mets des livres entre les mains en lui disant qu’elle pourra les lire seule, notament les BD telles que les schtroumphs.

      Je crois que le gout de la lecture est surtout à cultiver par les parents. C’est par soi-même qu’on apprécie la lecture.


      • Savapa (---.---.110.14) 10 novembre 2006 11:35

        Ce débat fait depuis déjà un certain temps un ramdam que j’ai du mal à m’expliquer. Essaye-t-on de modifier les méthodes d’apprentissage en prétextant que nos jeunes ont plus de mal qu’auparavant à apprendre à lire ? Est-ce vrai ? Si c’est le cas, ne faudrait-il pas plutôt chercher les raisons de cet échec ailleurs ?

        Par exemple dans le désamour des jeunes parents pour la lecture, les classes bondées, des instituteurs de moins en moins impliqués dans leur mission, moins de devoirs de lecture à la maison pour les enfants...

        J’entends par là que, rétrospectivement, il ne me semble pas si insurmontable que ça d’apprendre à lire, qu’il n’y a sûrement pas une méthode miracle, mais que les enfants ne disposent peut-être plus aujourd’hui à l’école comme chez eux d’un encadrement qui favorise un apprentissage rapide et efficace (ça vaut d’ailleurs aussi pour les maths ou autres...)


        • chantecler (---.---.146.112) 10 novembre 2006 12:22

          @ Savapa:je viens de lire ton post:tu dis des choses justes et, de mon point de vue, fausses aussi.Désamour des parents pour la lecture : vrai mais c’est global,sans jeu de mot:comme je l’ai déja écrit nous passons d’une civilisation de l’écrit à celle des images,de l’instantané,de la tchache,du virtuel(jeux) et de la facilité:la télé est envahissante,malheureusement abétissante, et s’adresse de plus en plus aux enfants qu’elle n’a de cesse de séduire avec retour publicitaire évidemment.Il serait trés intéressant de comparer la télé d’il y a trente ans avec celle d’aujourd’hui:on peut se référer à des études sociologiques,mais aussi à ses souvenirs ou questionner papy et mamy....Instits de moins en moins impliqués:là,il s’agit d’un jugement de valeur que je ne cautionne pas:on leur demande beaucoup à ces instits,des évaluations à objectifs statistiques,des réunions tout azimut,souvent concernant des élèves avec des difficultés plus ou moins marquées(et pas seulement scolaires),bref l’éducation et des critères socio-politiques prennent le pas sur l’instruction et c’est une grave anomalie.Pas de devoir:dans les textes,les devoirs sont interdits !Et je peux te dire que c’est un sacré bazar:certains parents s’en offusquent et te rentrent dans le chou,soit parceque tu déroges en donnant une conjugaison ou un petit problème,ou une recherche,soit parceque tu suis les directives.L’ambivalence se retrouve parfois au niveau des IEN chargés entre autre de veiller à l’application des circulaires et qui fermeront parfois les yeux sur les devoirs parfois non :ça tient parfois à l’arbitraire.Pour terminer sur l’apprentissage de la lecture:il arrive qu’ en maternelle,les enseignants croyant bien faire,construisent les premières phrases avec des mots-étiquettes.Ensuite au CP,cela peut poser problème....Enfin cet appel à la délation m’apparaît totalement méprisable et un des symptômes des multiples fractures et d’intolérance que l’on connait aujourd’hui.Il est tout de même plus sain d’aller d’abord discuter avec un enseignant sur RDV,que de passer par certaines assocs ou de sortir son portable automatiquement au moindre problème pour dénoncer.Ainsi va la société et,de mon point de vue, pas dans le bon sens.


        • gem gem 10 novembre 2006 13:15

          votre article n’est pas mal. Au début j’ai eu un peu peur : par exemple, quand on lit votre lien « le fameux b-a, ba, pourtant largement inadapté à la langue française » (sic), on constate au contraire qu’il est parfaitement adapter à l’italien (32 correspondances phonème-graphème), plutôt bien au français (130) et pas du tout à la langue anglaise (1100, + un nombre considérable de mots monosyllabique. Mais la suite est meilleure.

          Votre analyse de l’affaire sous l’angle du coup politique n’est pas originale, mais elle me semble qu’elle manque l’essentiel. Dans un fonctionnement correct de l’institution, jamais une affaire de méthode n’aurait du remonter au ministre et jamais les lobbyes de tous poils (pro- ou anti-) n’aurait jamais eu besoin ni pu activer l’opinion publique : les différentes méthodes devraient tout simplement cohabiter (apparaitre et disparaitre et réapparaitre) sous le contrôle d’une pointilleuse et publique évaluation des résultats. Mais voilà : l’institution fonctionne mal, évalue peu et ne tient pas compte des résultats connus. Dans un tel contexte « tout est forcément politique » (selon le refrain bien connu...) et il ne faut pas s’étonner que les évolutions passent seulement par des lobbying et des « coups politiques » (comme le coup d’état pédagogiste qui a conduit aux UIFM dont on connait les résultats...)


          • Darwin’s Beagle (---.---.142.199) 10 novembre 2006 14:48

            Gem est le plus près de la vérité. La méthode dite syllabique (en réalité phonémique) est parfaitement adaptée à l’italien, l’espagnol, le néerlandais, et à bien d’autres langues encore, de l’indonésien au finlandais en passant par le hongrois, le guarani, le fidjien et le tahitien. Là où je ne suis plus d’accord, c’est quand il dit qu’elle n’est pas adaptée à l’anglais. Certes, l’orthographe anglaise est une horreur sans nom. A voir un mot, on ne sait jamais comment le prononcer. « Wind » par exemple. Cela peut être « ouind » (le vent) ou « ouaïnd » (remonter, comme remonter une horloge). Mais il ne suffirait que d’y ajouter deux ou trois accents pour que tout rentre dans l’ordre, ainsi : wind (vent), et wînd (remonter). L’anglais est en cela un peu comme l’hébreu : l’anglais n’écrit pas les différence entre les voyelles, l’hébreu n’écrit pas les voyelles. Mais tout le monde finit par s’y retrouver, avec plus ou moins de mal. Moins de mal pour les Finlandais, les Espagnols, les Tahitiens et les Gallois, plus pour les Français, les Grecs, les Irlandais (ceux qui parlent gaélique) et les Anglais.

            Rejeter la méthode phonémique, c’est rejeter tous les avantages de l’écriture alphabétique. Autant, dès lors, écrire en chinois.

            L’article ne vaut pas grand’chose (j’ai cliqué NON), car l’auteur ne connaît visiblement rien aux divers systèmes d’écriture et ne fait que resasser les opinions de soi-disant experts qui n’y connaissent rien non plus.


          • Sabreaxel (---.---.57.80) 10 novembre 2006 14:50

            Si la méthode syllabique a déjà été abandonnée comme le prétendent certains, alors la décision du ministre de l’Education ne devrait pas les déranger...

            Par ailleurs il est parfaitement normal que des fonctionnaires obéissent. Ils ne tirent leur légitimité (en ce qui concerne leur éventuel pouvoir) que des autorités politiques élues qui les dirigent.


            • basta (---.---.146.112) 10 novembre 2006 17:36

              Ecoute,je commence à en avoir plein le sac de ces réflexions à la con, qui sous-entendent que les enseignants font n’importe quoi et se doivent « d’obéir » au claquement de doigt.Je me suis déja exprimé à ce sujet.Le pire,est d’imposer une méthode à des enseignants qui ne la maîtriseraient pas.Le pire du pire, et cela arrive, est de laisser des enseignants sans moyen (livres) par manque de crédits...Que croyez-vous ? Que nos écoles débordent de richesses ? Certains groupes scolaires ont 10 fois plus de dotation par élève pour fonctionner que d’autres....La méthode syllabique est beaucoup plus simple à mettre en oeuvre que d’autres, qui passeraient par l’écrit,ou par l’intégration du déchiffrage et du sens. Perso,que cela soit clair,je suis favorable à un infléchissement vers des méthodes plus analytiques et systématiques (règles de grammaire,conjugaison etc) .Je pense que les enseignants ont une conscience de leurs responsabilités beaucoup plus importante que ce que vous laissez entendre et en 40 ils ont eu une attitude beaucoup plus digne que certains exaltés pétainistes qui ont exigé de prêter serment:on voit où cela a débouché.Et pour conclure,je pense que certains parents démissionnaires qui recherchent en permanence des boucs-émissaires sont des truffes.Incapables de dire non à leur gamin,ils rejettent sur d’autres et l’éducation de leurs gamins et les échecs que ceux-ci peuvent rencontrer.La critique est facile,surtout si elle est théorique et émane de gens qui ne mettent jamais la main dans le cambouis.


            • Sam (---.---.212.55) 10 novembre 2006 21:54

              basta

              Ca va mieux en le disant. smiley

              La méthode syllabique est beaucoup plus simple à mettre en oeuvre que d’autres, qui passeraient par l’écrit,ou par l’intégration du déchiffrage et du sens

              Sans compter qu’apparemment dans les classes, ce sont les méthodes mixtes qui sont employées. smiley


            • achyllus (---.---.193.53) 10 novembre 2006 15:22

              Ce débat m’intéresse parce que je me rappelle de mon apprentissage de la lecture et j’ai voulu en discuter avec mes parents récemment pour qu’ils me remémorent cette période. J’ai appris la lecture avec la méthode syllabique, et je ne m’en plains pas au contraire car elle me semble être la méthode la plus logique déjà à l’époque. Ma soeur qui a 2 ans de moins que moi a appris la lecture avec la méthode semi-globale, je me suis intéressé à sa méthode, moi qui n’avais que 2 ans de lecture derrière moi, et je l’ai trouvé « ridicule » (mon terme à l’époque). J’ai toujours cet avis actuellement et heureusement que mes parents ont pris en mais l’apprentissage de la lecture de ma soeur en dehors de l’école sinon elle aurait sûrement eu des difficultés dans sa scolarité.

              Le problème de la méthode syllabique pour certains professeurs est apparemment d’ordre idéologique. Cette méthode implique un certain rigorisme de la part du professeur, des cours cadrés et sérieux qui laissent moins de place au dialogue et au jeu que les méthodes plus récentes (globale ou autre), qui elles ont été conçues pour être plus agréables pour l’élève comme pour le professeur. Soit, mais le but est avant tout d’apprendre aux enfants à lire et écrire parfaitement, et on constate chez les jeunes depuis que ces méthodes sont enseignées un désintérêt pour la lecture (qui est peut-être aussi dû à un manque d’aisance de lecture) et une orthographe plus négligée (le langage SMS a aussi été créé pour masquer une orthographe approximative).

              La lecture et l’écriture sont trop importantes pour être soumises à des expérimentations à mon avis, l’acquisition de ces savoirs élémentaires conditionne la vie entière, et même si ce n’est pas forcément agréable pour les enfants, ils faut leur apprendre à lire avec une méthode sérieuse et rigoureuse.


              • (---.---.74.206) 10 novembre 2006 16:05

                et si chacun limitait les temps de « tele nounou » par ce qu’on veut avoir la paix , pour leur mettre des livres entre les mains. lire soi meme .discuter des livres y mettre du sens .

                c’est le constat que fait l’instit de mon fils .

                c’est bien un mal de notre societe toujours tout deleguer « aux pros » et en cas de non reussite ou de non resultat mettre la faute ailleurs .(stigmatiser )a la mode aussi

                c’est vraiment mettre des coups d’epes dans l’eau que cette histoire de methode syllabique ou pas il y as bien longtemps que les instits font des mixtes ( voir dans les liens de l’article ).

                quand aux IUFM les instits savent tres bien les relativiser aux gres de leur experiences .

                en tant que parent je ne comprend pas cette relation de client/ parent. instit.


              • Sam (---.---.212.55) 10 novembre 2006 21:58

                IP:xxx.x5.74.206

                Commentaire de bon sens.

                L’important, c’est une synergie parents/enseignants me semble-t-il.

                Les querelles crées de toutes pièces ne font qu’alimenter la difficulté et des parents et des enseigants. smiley


              • ccil (---.---.50.109) 10 novembre 2006 15:54

                Mais comment peut-on encore accorder une once de crédibilité à un monsieur ayant proposé un baccalauréat option CHASSE (mais oui !) dans le département de la somme lors des régionales 2004 (Gilles de Robien propose le bac option chasse dans le département de la Somme. (info France Inter du jeudi 18 mars 2004 dans le 7/9.)

                et qui de surcroît recrute des Miss (Gossuin..la ferme)à des fins purement électoralistes.

                Si l’éducation ferait bien d’être un enjeu majeur de la future présidentielle, elle mériterait tout de même des personnalités dignes de la représenter.


                • Sam (---.---.212.55) 10 novembre 2006 22:00

                  ccil

                  Intéressante info. C’était option « canons superposés » ou « fusil mitrailleur » ?.. smiley


                • roumi (---.---.74.206) 10 novembre 2006 20:08

                  @sabre au clair

                  encore un qui veut raccourcir la hierarchie : idee courte cerveau disponible ; juste la moelle epiniere, et un cerveau reptilien genre reflexe .

                  mais bon le jacobinisme reste parisien . !!!


                  • Bourricot Zerth 10 novembre 2006 23:28

                    Débat dépassa sans aucun doute.

                    D’un point de vue personnel, j’appelle de mes voeux à l’indépendance de l’enseignement.

                    En effet, je souhaite un vrai corps d’enseignant libre de ses choix, programmes et pédagogies.

                    L’école ne doit pas être un lieu de formation à l’idée étatique.

                    Il faut mettre fin à la main mise du gouvernement de l’école. L’éducation est un pouvoir en soi qui va bien plus loin que la loi ou la presse.

                    L’éducation est ce qui va façonner durablement un individu, d’autant plus qu’un enfant passe un tiers de son temps à l’école !

                    Il est donc important que l’enseignement primaire et secondaire puissent être détachés de toute idéologie politique.

                    Malheureusement je pense que cette idée est loin de faire son chemin, je n’ai pas trouvé grand chose en ce sens.


                    • pacandidate 11 novembre 2006 09:02

                      les 7 fautes d’orthographe, c’est fait exprès ???????


                      • roumi (---.---.74.206) 11 novembre 2006 19:39

                        be n co mme c’est pas norme on peut dire ce qu’on veux .

                        suffit de mettre des espaces pour reeflechir .

                        ca te vas on change de police !!!!


                        • Cyberthi (---.---.74.201) 13 novembre 2006 10:35

                          Toutes les références citées sont malheureusement « pro-pédagogistes ». Les seules méthodes valables sont celles qui font leurs preuves, malheureusement aucune étude comparative n’est menée en France. Alors envisager de publier les résultats des évaluations en fonctions des pédagogies et didactiques pour que les enseignants puissent le cas échéant remettre en cause leur démarche, on est dans le l’utopie et le rêve.


                          • Jean (---.---.180.10) 16 novembre 2006 10:06

                            N’oublions pas l’essentiel, au delà des querelles méthodologiques portant sur des questions somme toute secondaires : la méthode globale est une catastrophe, sauf pour les génies. Cette méthode habitue l’enfant à ne pas raisonner, tandis que la méthode syllabique lui apprend à déchiffrer, donc à réfléchir à ce qu’il lit. Rappelons enfin la phrase de conclusion du rapport parlementaire préalable, de 1976, à l’adoption de la méthode globale : « [...] et nous en ferons des citoyens soumis ». Ca vous choque, vous avez raison.


                            • okrenik (---.---.40.68) 17 novembre 2006 09:16

                              Le débat oppose deux méthodes : la syllabique et la semi-globale (c’est-à-dire la mixte syllabique ET la globale), puisqu’il est entendu que la globale seule est inadaptée. Il me semble que : 1) dans la mixte, il y a de toute façon la syllabique 2) l’approche globale qui la complète ne défait pas les acquis de la syllabique. Donc, le débat revient à la question de savoir si une approche globale peut améliorer l’apprentissage d’une méthode fondamentalement syllabique ou si ce complément est inutile (savoir si elle est nuisible ne se pose pas, puisqu’on a vu qu’elle ne défait pas les acquis de la syllabique). Le fait d’avoir expérimenté avec succès la syllabique (seulement) ne constitue pas un argument, puisqu’on trouvera aussi d’autres personnes n’ayant expérimenté que la mixte. Il faut donc s’en remettre à l’expérience de ceux qui ont expérimenté les deux méthodes (les profs). Faute de quoi, s’en remettre au bon sens. Notre perception du monde est à la fois analytique et synthétique. Il y a donc fort à parier qu’une approche syllabique peut être enrichie par une approche « photographique », globale. Force est de constater que dans les écoles, c’est le pragmatisme qui l’emporte généralement : la méthode mixte se trouve finalement la plus employée.

                              Constatons enfin (en sautant du coq à l’âne), que la langue française n’est pas absolument alphabétique, et qu’elle comporte des éléments idéographiques. La langue chinoise n’est pas, quant à elle, totalement idéographique, mais comporte des éléments analytiques. Enfin, les parents ne sont pas forcément les mieux placés pour juger en la matière, et leur opinion relève plus souvent d’idées préconçues que d’une véritable analyse du problème. Pourquoi, quand on a fait le choix de la méthode syllabique, s’interdire toute approche globale, comme si cela allait brouiller la première approche ? La mise en place de stratégies d’apprentissage complémentaires dans l’acquisition des connaissances se révèle en général la plus efficace, et ceci dans tous les domaines (donc aussi dans l’apprentissage de la lecture) du savoir. Enfin, je terminerai en citant mon exemple de parent (ce n’est pas un argument, mais un exemple parmi des millions) : j’ai appris à lire à ma fille en l’espace de deux mois (ce n’est pas une surdouée pourtant), en combinant la méthode d’Amélie (méthode globalisante) et la méthode Boscher (méthode alphabétique pure). L’approche globale permet un premier survol de ce qui sera repris plus tard de façon analytique. L’enfant est mis d’emblée devant des phrases (voire des histoires) ayant un sens, ce qui aiguise son goût de la lecture, et met en place chez lui le même dispositif d’apprentissage que celui de la langue maternelle. Sans nuire à l’autre approche, indispensable car elle fait appel directement à l’intelligence analytique : l’approche syllabique. Bon, d’autres parents ont peut-être d’autres expériences concluantes ...

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