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Accueil du site > Actualités > Technologies > Stephen Hawking, un génie très atypique

Stephen Hawking, un génie très atypique

« Nous allons devoir nous adapter, repenser, nous reconcentrer et modifier nos hypothèses fondamentales sur notre manière de définir la richesse, la possession. Comme les enfants, nous allons devoir apprendre à partager. Si nous échouons, alors les forces qui ont contribué au Brexit, la progression de l’isolationnisme, pas seulement au Royaume-Uni mais partout dans le monde, qui naît du manque de partage, d’une définition biaisée de la richesse et de l’incapacité de la partager plus équitablement, à la fois à l’intérieur des pays mais aussi entre eux, se renforceront. Si cela arrivait, je ne serais pas optimiste pour le futur de notre espèce. » ("The Guardian", le 29 juillet 2016).



Lorsqu’il a appris qu’il était gravement malade, il était alors étudiant. Les médecins ne lui avaient "donné" que quelques années, tout au plus deux ans, comme espérance de vie. Il s’est même demandé si c’était utile de poursuivre ses études. C’est donc un exploit que ce dimanche 8 janvier 2017, le physicien britannique Stephen Hawking fête son 75e anniversaire.

C’est même un double exploit.

Celui, d’abord, d’avoir duré si longtemps avec une compagne si sournoise, la maladie de Charcot. Et celui, ensuite, d’être un incontestable génie de la physique théorique et d’avoir fait une très brillante carrière scientifique qui l’a amené à la prestigieuse chaire de professeur de mathématiques de l’Université de Cambridge de 1980 à 2009 (parmi ses éminents prédécesseurs, Isaac Newton, de 1669 à 1702, et Paul Dirac, de 1932 à 1969).

Par ailleurs, il est un auteur à succès avec son best-seller de vulgarisation très connu, "Une Brève Histoire du temps" ["A Brief History of Time"], publié en 1988 et préfacé par le médiatique astrophysicien Carl Sagan (mort il y a vingt ans le 20 décembre 1996). L’ouvrage a été vendu à plus de dix millions d’exemplaires depuis sa parution, traduit en trente-cinq langues et en tête des meilleures ventes du "Sunday Times" pendant presque cinq ans. Sa suite fut publiée en 2001 avec "L’Univers dans une coquille de noix" ["The Universe in a Nutsgell" reprenant un jeu de mot avec une phrase de Shakespeare : « Je pourrais être enfermé dans une coquille de noix et me sentir comme le roi d’un espace infini » ("Hamlet")].

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Grand infirme, Stephen Hawking l’est depuis des décennies. Il est atteint d’une véritable "saleté" qui s’appelle exactement "sclérose latérale amyotrophique". Sa maladie neurodégénérative est évolutive et effrayante : les neurones moteurs du cortex cérébral et de la moelle épinière sont progressivement détruits. Cela a pour conséquence terrible une paralysie qui s’étend sur tous les muscles : incapacité de parler, de se servir de ses mains, de se tenir debout, et même (ce qui fait que la maladie à terme est forcément mortelle sans assistance artificielle), de respirer.

Pour avoir connu de très près une personne très chère atteinte de symptômes très proches (progressive incapacité de parler, d’écrire, de marcher, etc.), je peux témoigner avec une émotion qui ne disparaîtra jamais que c’est à la fois très impressionnant, terrifiant, mais en même temps, très étonnant car le mental, l’esprit, la mémoire n’en sont pas affectés (et donc, la lucidité et la conscience de la maladie non plus). C’est comme si l’esprit était enfermé dans une prison, pouvait encore penser, raisonner, se souvenir, entendre, voir, sentir, aussi goûter (le goût était d’ailleurs l’un des sens les plus cruciaux, le dernier plaisir) et il faut que l’entourage proche soit extrêmement dévoué, ouvert et attentionné pour comprendre le début de cette maladie (comprendre d’abord que c’est une maladie, ensuite qu’il faut définir des moyens particuliers pour communiquer, sans cesse modifiés à cause de l’évolution de la maladie).

Stephen Hawking, dans son malheur, a eu une triple chance : chance d’être exceptionnellement intelligent (son jury de thèse a vite compris à qui il avait affaire, lors de sa soutenance de doctorat), ce qui a entraîné beaucoup d’aide et de compassion au niveau académique ; chance d’avoir eu une (première) épouse extrêmement compréhensive (Jane Wilde), prête à se dévouer pour combattre avec lui la maladie ; et chance de s’être enrichi grâce à son best-seller (cité plus haut), ce qui lui a donné les moyens de financer des équipements innovants lui permettant de continuer à exprimer sa pensée parfaitement limpide.

En 1985, une pneumonie l’a définitivement empêché de parler à cause d’une trachéotomie. Heureusement, un geek de Californie a conçu un appareil relié à un ordinateur lui permettant, avec la main, de taper du texte et de le faire lire par un synthétiseur vocal. Plus tard, en 2001, alors que l’utilisation de sa main n’était plus possible à cause de l’avancée de la dégénérescence, ce fut sa joue qui joua le rôle d’émissaire extérieur pour exprimer sa pensée, grâce à un ingénieux système de capteur laser relié à un ordinateur (cela donne un flux moyen de cinq mots par minute).

Grâce à ces équipements très sophistiqués et très coûteux, en digne successeur d’Isaac Newton (un héros du regretté Gotlib) et de Paul Dirac, Stephen Hawking a pu donner ses cours à l’Université de Cambridge pendant près de trente ans, jusqu’en 2009. Après sa séparation de sa première femme Jane (docteur en langues romanes), en 1990, Stephen Howking s’est remarié en 1995 avec celle qui commençait à prendre soin de lui quotidiennement, son infirmière, Elaine (ancienne épouse du concepteur de son premier équipement vocal), dont il s’est séparé en 2006.

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Deux fictions ont (plus ou moins bien) raconté l’histoire personnelle de Stephen Hawking : le téléfilm britannique "Hawking" réalisé par Philip Martin et diffusé en France, sur Arte, le 10 décembre 2004, et le film britannique "Une merveilleuse histoire du temps" ["The Theory of Everything"] réalisé par James Marsh et sorti le 1er janvier 2015 au Royaume-Uni et le 21 janvier 2015 en France. On peut certes regretter que ce (dernier) film ne traite pas des travaux scientifiques mais seulement de sa vie sentimentale (et médicale).

Car l’essentiel de la vie de Stephen Hawking est scientifique. Ses travaux concernent principalement des modèles théoriques en cosmologie. Ils sont probablement trop théoriques pour qu’il puisse espérer un jour être récompensé par le Prix Nobel de Physique qui est censé n’honorer que des scientifiques qui ont apporté une amélioration concrète à la vie quotidienne des gens, même s’il a beaucoup fait avancer l’astrophysique et notamment la compréhension sur les tous noirs.

C’est d’ailleurs en assistant à une conférence sur les trous noirs du mathématicien Roger Penrose, qui est devenu par la suite son ami, que Stephen Hawking a eu l’idée du sujet de sa thèse sur le temps et qu’il s’est investi dans l’étude théorique des trous noirs. C’est lui qui imagina dès 1963 le rayonnement appelé "Hawking radiation" (rayonnement de Hawking) : en principe, un trou noir est tellement dense qu’il n’émet plus rien (d’où son nom), mais Stephen Hawking a démontré que des effets quantiques laissaient cependant échapper un rayonnement particulier, un signal de très faible amplitude. Il poursuivit ses travaux en thermodynamique des trous noirs, mêlant relativité générale et physique quantique.

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Comme tous les humains, Stephen Hawking n’est pas exempt de failles très humaines. Confronté peut-être à la pression d’éditeurs (son nom fait vendre), il a publié ces dernières années des livres de spéculation intellectuelle qui n’ont rien de rigoureux et surtout, rien de scientifique et qui pourraient même induire les lecteurs à une mauvaise interprétation.

Ce manque de rigueur éditoriale, il n’est pas le seul physicien à y avoir sombré puisque le physicien français Étienne Klein, pourtant vulgarisateur talentueux et passionné, a dû lui-même reconnaître (après avoir été épinglé par la presse) qu’il avait plagié des passages entiers de son récent livre sur Albert Einstein et qu’on ne l’y reprendrait plus car il allait se recentrer sur son cœur de métier, la recherche scientifique…

L’existence de Stephen Hawking, sans être représentative, montre qu’une forte dépendance et un handicap grave n’empêchent nullement de rendre sa vie précieuse et riche tant intellectuellement que humainement. Il est donc un exemple incroyable d’optimisme et d’espoir pour tous ceux qui sont confrontés, comme personnes atteintes ou comme proches aidants, par ce qui restera toujours comme un véritable cauchemar.

Happy birthday, Stephen !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 janvier 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Stephen Hawking.
Dépendances.
Le congé de proche aidant.
Trofim Lyssenko.
Rosetta, mission remplie !
Le dernier vol des navettes spatiales.
André Brahic.
Evry Schatzman.
Les embryons humains, matériau de recherche ?
Cellules souches, découverte révolutionnaire et éthique.
Ernst Mach.
Darwin vaincu ?
Jean-Marie Pelt.
Karl Popper.
Emmanuel Levinas.
Hannah Arendt.
Paul Ricœur.
Albert Einstein.
La relativité générale.
Bernard d’Espagnat.
Niels Bohr.
Paul Dirac.
François Jacob.
Maurice Allais.
Luc Montagnier.

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19 réactions à cet article    


  • Aristoto Aristoto 6 janvier 2017 17:37

    rokamerde nous ettouffe...stp fous nous la paix. par pitie casse toi epargne nous tes immondices et ta tranches photoshope qui l air de tartine de merde sur tableau


    • Xenozoid 6 janvier 2017 17:46

      c’est une mise a mort ?



        • foufouille foufouille 6 janvier 2017 19:59

          « L’existence de Stephen Hawking, sans être représentative, montre qu’une forte dépendance et un handicap grave n’empêchent nullement de rendre sa vie précieuse et riche tant intellectuellement que humainement. Il est donc un exemple incroyable d’optimisme et d’espoir pour tous ceux qui sont confrontés, comme personnes atteintes ou comme proches aidants, par ce qui restera toujours comme un véritable cauchemar. »
          assez nul car les aides et surtout le fric aides beaucoup. plus le coup de bol.
          des tas de gens ont la maladie mais crêvent en travaillant.


          • xana 6 janvier 2017 22:03

            C’est vrai Sylvain,

            Vous n’avez donc pas autre chose à faire que de nous ensevelir jour après jour sous votre prose sans intérêt ?
            Je ne sais pas moi, essayez par exemple de travailler pour gagner votre vie...


            • Pseudonyme Pseudonyme 7 janvier 2017 17:12

              @xana

              Vous êtes con vous !!!! vous allez nous le faire crever notre sylvain !  smiley


            • Taverne Taverne 6 janvier 2017 23:32

              « Une brève histoire du temps » ? Amusant paradoxe, le temps contient l’Histoire et non l’inverse. Aucune histoire ne peut contenir le temps. Ce monsieur a de l’humour et le sens du paradoxe. J’ai pu le constater avec le film quand, mis en demeure par les journalistes de s’expliquer sur une erreur de prédiction, il déclare « alors, je prédis que je m’étais trompé ! ». Il fait là encore une confusion temporelle, paradoxale.

              J’aime assez les esprits qui pensent de manière insolite et qui, en plus, ont de l’humour.


              • L'enfoiré L’enfoiré 7 janvier 2017 13:13

                @Taverne,

                 Bonjour Paul,
                 100% d’accord. smiley


              • Francis, agnotologue JL 7 janvier 2017 13:46

                @L’enfoiré, Taverne, bonjour, 

                 
                 ’’Aucune histoire ne peut contenir le temps’’
                 
                 Mais si, puisque sans l’histoire, point de temps.
                 
                 C’est quoi le temps ? C’est ce que nous mesurons à travers le mouvement (les transformations des états d’énergie) qui, comme chacun sait, n’est pas instantané. 
                 
                 Pas d’histoire -> pas de transformations -> pas de temps.
                 

              • Francis, agnotologue JL 7 janvier 2017 13:48

                @Sylvain Rakotoarisson,

                 
                 ’’génie atypique’’ ? C’est un pléonasme, non ?
                 
                 Vous en connaissez vous, des génies typiques ?

              • Yvance77 Yvance77 7 janvier 2017 10:53

                « Rakoto ... un abruti libéral très ordinaire »


                Cela mérité un billet là aussi

                • JC_Lavau JC_Lavau 7 janvier 2017 11:39

                  Un autre délire de SH qui enthousiasme les charlatans (notamment Dugué) : sa « conservation de l’information ».


                  • velosolex velosolex 7 janvier 2017 13:21

                    Dans le panier d’Agora, il y a des articles au dessus, en raison de leur qualité d’écriture, de leur sens critique, ou d’apporter un brin d’air frais, ou de traiter de la résilience. Celui ci est dans cette catégorie ; Pas de saint Poutine en vue. Hawkings n’est pas Bachar, ni un de ces imbéciles pourvu d’une massue et d’un pare chocs de buffle, issu de la préhistoire, rêvant de s’asseoir comme Trump « Fuck you » sur un chiotte en or. 

                    Tous les dictateurs rêvent de chiottes en or.
                     Les seuls trous noirs qu’ils connaissent sont ceux des conduits des wc dans lesquels ils rêvent de pousser leur opposition. 
                    Hawkings a très vite compris qu’il ne serait jamais champion de bowling, ni qu’il battrait le record de l’heure des centenaires à 105 ans.
                     Mails il tourne bien plus haut que les autres, à des hauteurs prodigieuses, mais pourtant c’est un frère en physique et en humanité.
                     Il nous dit que la force est en nous, et que la force de pédalage de l’esprit, surtout quand la route se met à monter, est infiniment supérieure à celle se trouvant dans un paire de mollets

                    • alain_àààé 7 janvier 2017 13:35

                      excellent article mais qui montre bien les limites des gens pauvres méme s il a été découvert comme une personne intelligente et passionnante mais qui a grace a ces livres pu s acheté tout ce qu il lui fallait pour évoluer.sinon il n aura pas pu évoluer sans cette apport d argent et c est la ou on voit les limites de la nature humaine pour une personne malade mais aussi sa méchanceté


                      • Clocel Clocel 7 janvier 2017 13:57

                        Un génie atypique ?

                        S’agit-il de Grigori Perelman ? smiley

                        Hâââ merde, j’oubliais, il est russe, ça compte pas...


                        • neurone 7 janvier 2017 16:50

                          Un genie ? Mouais cet homme a du talent indeniablement ... mais le genie c’est autre chose,renseignez vous ...quant aux propos qu’il tient sur l’IA c’est juste de la blague... mais vendre le myhte du golem, ou dr frankenstein quand à l’avenir de la creature incontrollee a laquelle nous participons, ca fait partie d myhte... mais montre qu’il n’a probablement pas saisie la profondeur de la matière vivante ... faut bien accrocher quelques icones dans la chambre des gamins ...
                          AU passage, juste une question iconoclaste, le met on en avant pour son handicap ? car s’il n’avait pas eu la terrible maladie degenerative de ses muscles, aurait il eu autant ete connu ? Un homme intelligent, oui mais qui plagie les idees d’autres, alors le genie ? (Je vous donne quelques gd noms des genie des sciences : Gauss, Poincare, Tesla, Gödel ... là on a du genie !!!)


                          • Pseudonyme Pseudonyme 7 janvier 2017 17:14

                            @neurone
                            Vous n’oubliez pas quelqu’un ?  smiley


                          • L'enfoiré L’enfoiré 8 janvier 2017 13:30

                            Si neurone lui-même smiley


                          • JC_Lavau JC_Lavau 10 janvier 2017 09:53

                            Vous confondez génie et virtuosité.

                            Hawking est un virtuose dans le suivisme de secte ; il a su pousser toujours plus loin les absurdités de la secte.

                            Un génie, lui, aurait fait au moins aussi bien que moi, et surtout plus vite : il aurait vu que la secte déconne depuis les années 1926-1927, et il aurait remis tout ça les pieds en bas et la tête en haut.
                            Chacun peut vérifier : on peut trouver en ligne le pdf de son « The great design ».
                            Sinon j’ai déjà donné plus haut les adresses des preuves de son déconnage extrême.

                            On tient le coupable premier. Hélas, c’était bien Feynman lui-même.
                            L’article original de 1948 : « Space-Time approach to Non-Relativistic Quantum Mechanics », occupe les pages 321 à 341 du recueil par Julian Schwinger « Selected Papers on Quantum Electrodynamics », Dover ed.
                            La mauvaise nouvelle est que les loupes sont indispensables pour lire : c’est vraiment imprimé très réduit.
                            Les hypothèses de Feynman ne sont pas explicitées et sont soigneusement ensevelies sous le formalisme lagrangien. En fait le mérite de Taylor, Vokos et O’Meara est justement de les avoir mises en évidence, et là seulement leur irréalisme saute aux yeux.
                            Citation
                            This fundamental and underived postulate tells us that the frequency f with which the electron stopwatch rotates as it explores each path is given by the expression : .
                            La formule ne passe pas en commentaires. 
                            frequency = (Kinetic Energy - Potential Energy) / h.
                            Or cette fréquence, explicite chez ces auteurs - merci à eux -, implicite chez Feynman, est totalement fictive, immensément variable, et des millions voire des milliards de fois inférieure à la fréquence réelle, intrinsèque. Or Feynman, interné dans la pensée de groupe issue de la meute de Copenhague, était persuadé que l’onde électronique était fictive, juste un magique artifice de calcul : corpusculistes, ils croyaient aux corpuscules, juste dotés de pouvoirs magiques. Fréquence fictive et irréaliste pour une onde supposée fictive... Le résultat est que les trajets imaginables par Feynman et ses lecteurs étaient bien trop mous et peu exigeants, et que leurs calculs devaient embrasser des espaces gigantesques pour un résultat parfaitement nul. Pas étonnant qu’ils se soient battus avec des intégrales toutes divergentes, bien que condamnées à donner zéro...

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