Affaire Siné/Val : suite et suite...

Voici donc la nouvelle figure de l’antisémitisme française : Siné.

Dessinateur soixante-huitard à l’humour vache et à la provocation grasse.
Qui l’a décrété ? Le défenseur des droits de l’homme en titre aux côtés des BHL et autres "philosophes" de salon : Philippe Val.

Je ne reviendrai pas sur les tenants et les aboutissants de cette énorme fumisterie. N’importe quelle personne en pleine possession de ses moyens et de son objectivité conviendra seule qu’il n’y a rien d’antisémite à tailler un Jean Sarkozy sur sa manière d’envisager son avenir marital.

Et quand bien même, rire des juifs ne serait-il pas une meilleure chose que de les haïr ?

Prenons un exemple simple. La Vérité si je mens (1 et 2) de Thomas Gilou.
Ce film jouait sur les petits travers de la communauté juive la caricaturant en brodant autour de clichés qu’utilisent les antisémites (le Juif riche, solidaire, communautaire, vicelard...).

Avons-nous assisté après cela à une remontée massive de l’antisémitisme, ou du néonazisme ? Non. Au contraire, ce film a rendu la communauté juive attachante puisque décrite avec autant de défauts que n’importe qui, et surtout avec humour et simplicité.
On préfère dîner avec un Gad Elmaleh qu’avec un Finkielkraut.

Mais revenons-en à ce qu’on appelle désormais "L’affaire Val/Siné".

Je n’ai jamais vraiment lu Charlie Hebdo. Mon père l’achetait et l’achète régulièrement depuis des années et j’avais pris l’habitude de regarder les dessins, mais de ne pas lire les articles.

En revanche, j’avais eu l’occasion de me faire une idée des "opinions" de Val lors de divers reportages ou extraits dans lesquels il apparaissait pour défendre certains intérêts... Mais pas d’autres.

Bref, que Val soit philosémite à outrance ne relève pas de la plus grande des surprises.

Par contre, la manière dont il se "défend" des attaques qu’il a essuyées depuis deux semaines sur internet - média qu’il déteste puisqu’il ne peut le contrôler - est particulièrement répugnante à mon goût.

Hier, alors que j’étais dans ma famille, je vois le nouveau numéro de Charlie sur une table. J’étais à peu prêt sûr qu’un type comme Val n’aurait pas pu s’empêcher de se faire une tribune dans son propre canard pour tailler l’adversaire... Ce qui n’a évidemment pas raté.

Pendant toute la durée de son édito, Val nous explique pourquoi il a raison et pourquoi Siné a tort.

Pourquoi "on ne comprend pas" - nous les gens hostile à cette éviction - ou plutôt pourquoi "on ne peut pas comprendre".

En clair, dans un style qui est le sien, Val se répand en explications foireuses et subjectives sur une page entière de sa propriété journalistique.

Le tout aurait pu être l’insignifiant brâme d’un vieux cerf blessé par la balle d’un chasseur alcoolique, mais non. A la fin son texte, le défenseur des droits de l’homme ressort "un vieux dossier" : des propos qu’a tenus Siné, il y a plus de vingt ans, sur l’antenne d’une radio qui n’existe plus (Carbone14) .

Je cite Val :

« Antisémite Siné ? Ce n’est pas à moi d’en juger. Mais au lendemain de l’attentat de la rue des Rosiers en 1982, c’est lui-même qui déclarait sur les ondes de la radio Carbone 14 : « Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs. [...] Je veux que chaque Juif vive dans la peur, sauf s’il est pro-palestinien. Qu’ils meurent. »

Fin de citation.
Brrrr... C’était donc ça ! Mais non pas tout à fait, car même si Siné a été condamné pour ces propos, il y a forcément un contexte à toutes citations. Voici celui de celle-ci :

« Je suis antisémite depuis qu’Israël bombarde. Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées devant tous les murs. (…) On en a plein le cul. Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est pro-palestinien. » Dévoile le site Marianne2.

En effet, ça n’est pas très classe, mais resituer une phrase dans son contexte nous apporte un éclairage supplémentaire.

Utiliser des méthodes staliniennes, quand on est l’éditorialiste d’un hebdomadaire satirique, ça n’est pas très classe non plus.

Dans un interview donnée au site Rue89, Siné explique cette vieille histoire.
- voir la vidéo -

Ha, elle est loin l’époque où l’on pouvait vraiment rire de tout.
Cet edito de Philippe Val aura eu au moins pour avantage, à mon sens, de montrer comme le disait Desprogres à propos de BHL "La vraie nature des cuistres".