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Commentaire de Gazi BORAT

sur La délinquance scolaire : à qui la faute ?


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Gazi BORAT 29 janvier 2008 06:40

@ Parpaillot

La violence scolaire est effectivement un problème de société.

Il choque plus particulièrement les "anciennes générations" qui ne reconnaissent pas dans les descriptions abondamment diffusées par les media l’école de leur enfance. Quant aux enseignants qui y sont confrontés, ils n’y sont effectivement pas préparés car la représentation générale du cadre scolaire partagée par une bonne partie du corps enseignant fait encore référence à un modèle d’un autre âge..

On peut aussi penser que nous assistons à un changement sociétal et à une inversion brutale de certains phénomènes. L’école a toujours été violente car elle est le lieu d’une relation assymétrique. Des excès s’y pratiquaient autrefois, mais du côté du corps enseignant (usage de châtiments violents et arbitraires hors de toute réglementation, abus de pouvoir, etc..).

L’"omerta" et l’inertie administrative que l’auteur dénonce ici ont longtemps servis à couvrir les excès de certains enseignants qui pouvaient, soit être auteurs de comportements déviants voir délictueux, soit incompétents, soit en incapacité pour d’autres raisons (alcoolisme, santé, etc). L’institution ici constituait pour les auteurs de ces dérives extrèmes et marginales un certain cocon protecteur où on lavait son linge sale, soit en famille, soit pas du tout.

La parole des parents, et encore moins celle de l’enfant, n’avaient le poids qu’elles ont acquis aujourd’hui..

Le problème est le même en ce qui concerne la perception et le traitement des cas de pédophilie et plus largement des abus sexuels pratiqués sur des enfants. Ils étaient autrefois niés, voire carrément étouffés.

On assiste aujourd’hui à un effet totalement inverse : la "parole de l’enfant" qui n’était alors jamais prise en compte, devient maintenant "parole d’Evangile" et des excès eux aussi inverses se produisent et l’affaire largement médiatisée d’Outreau en est un symptôme flagrant.

J’ai rencontré il y a peu un de mes anciens instituteurs que j’appréciais beaucoup et qui arrivait dans sa dernière année d’exercice avant la retraite. Il attachait autrefois une grande importance pédagogique au développement de l’observation et nous emmenait très souvent en "Leçon de choses" examiner sur place, soit la faune et la flore dans une forêt proche, soit des techniques appliquées comme, par exemple, le fonctionnement d’une écluse..

Il me confia qu’il était heureux d’arrêter car, depuis quelques années, il avait arrêté ces sorties car, de plus en plus, il avait peur.. Peur de quoi ? lui demandais-je.. Des accidents, des parents qui se retournent alors contre lui, de l’administration qui ne le soutienne pas, des imbroglios judiciaires.. Il s’abstenait alors de toute activité à risques..

Vous avez raison, Parpaillot, lorsque vous évoquez cette déresponsabilisation générale... et la justice, dans une judiciarisation grandissante à l’image du modèle anglo saxon y participe elle aussi puisqu’elle devient un des lieux où l’on délègue le règlement de problèmes..

Que l’on invoque la Morale, l’esprit de 68, les enseignants, l’Education Nationale, la violence médiatique, l’enfant-roi, les parents-consommateurs, aucun de ces item ne peut constituer un facteur unique des dysfonctionnements de notre système éducatif et, vous avez raison de le souligner, le problème n’est pas limité à notre hexagone..

Un fait de société dans toute sa complexité..

gAZi bORAt


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