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Commentaire de Halman

sur Les dîners de con(vive)s - 2


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Halman Halman 28 août 2008 15:10

Excellent.

Et il y a aussi les soirées qui dérivent inévitablement en discussions confidences, problèmes relationnels avec untel, où l’on ne peut pas aller dans la salle de bain où à la cuisine sans tomber sur deux personnes concentrées dans une conversation gravissime, le visage catastrophé, pompant nerveusement sur une cigarette de circonstance, du genre "mais tu sais bien comment il est Jean ¨Pierre", ou bien "et mon beau frère comment je dois lui annoncer ça", "et pourquoi l’autre là lui a dit ça, et je passe pour quoi", "et il me fait la tronche depuis que je gagne plus que lui", "et il sait bien que sa mère ceci cela", et "il passe son temps avec sa collègue et moi je sens que je vais craquer pour le gars de l’informatique mais je sais pas si je l’aime ou si c’est de la tromperie de vengeance ou si je suis comme ci ou comme ça et je le savais pas mais il est quand mon rdv avec mon psy", etc

Ces soirées démarrées sympas entre bande de copains, mais qui tournent au déballage de problèmes relationnels insurmontables, d’échanges de vannes qui deviennent rapidement des torpilles biens saignantes et blessantes, le pavillon ou l’appartement qui se transforment en tas de pièces confessionnelles de problèmes relationnels déprimants à mort à la Meny Gregoire.

Chacun y va de ses problèmes de couple, de divorce, de mon mec il est génial pour ça pour pour ci je ne sais pas comment m’y prendre, et ma belle mère ceci, et mon frère cela, et ma copine oui mais ceci ou cela, et ma demi soeur ceci, et ma cousine machin, et le chef de rayon qui me drague, et la fiancée du neveu qui drague ma mère....

Plombant lourd déprimant comme des contrepoids d’ascenseur une ambiance qui était pourtant démarrée cool.

Et c’est celle ci qui craque et qu’on retrouve en larmes dans un escalier, et l’autre qui pête un plomb pour une reflexion qui semblait pourtant bien innocente et qui part en claquant la porte, emmenant son jules qui n’a pas compris ce qu’il s’est passé.

Et on démarre une soirée à 15 et on se retrouve à 5, les autress s’étant fachés pour des raisons que eux seuls comprennent.

Et c’est l’ancien petit ami d’une copine invité par erreur. Ambiance de réglèment de compte à OK Ex.

Et c’est les ragots et les gaffes lachées devant les mauvaises personnes qui tournent plombage d’ambiance top niveau.

Et c’est le couple d’artistes, lui peintre, elle sculptrice qui s’installent en bout de table et qui se marrent bêtement en se payant la tête des convives.

Et c’est les explications entre 4 z’ yeux dans une salle de bain, une chambre, la cuisine, et ça rale parce que celle ci à été invitée par erreur alors que personne ne peut la supporter, et ça s’envoie des séries de reflexions cuisantes à propos d’un lointain passé qui ne nous regarde pas.

Et c’est le lourdingue qui compte les points entre l’ex qui retrouve son ancienne fiancée et qui s’envoient des torpilles bien saignantes d’un bout à l’autre de la table.

Et c’est celle ci qui disparait dans un coin en se gavant d’anxiolitiques ou d’antalgiques parce qu’elle s’en est prise plein la tête.

Et c’est la fiancée du "maître des lieux" qui vient vous rejoindre parce que bien sur le gars "qui s’y connait en informatique" on le colle devant le pc pour virer tous les virus chopés sur des sites pornos, et c’est des "oh là là mais comment vous faites pour rester aussi zen devant une telle machine si compliquée", en ayant pris bien soin auparavant d’aller troquer le tailleur classique de bureau pour une tenue cuir moulante et peu couvrante, puis de s’assoir collé à vous en sirotant une chose genre Whisky tout en se donnant un genre avec une cigarette.

Et c’et le gars qui nous fait visiter fièrement sa pièce perso avec son super ordi pour les jeux, sa vidéo dernier modele et sa chaine hi fi top niveau. Qui nous saoule pendent une heure sur la manière géniale dont il s’est pris pour installer son alarme sur la voiture et la télécommande du portail automatique.

Et c’est celui là qui raconte sa guerre de bureau, comment il s’y est pris pour gagner son diplome, ses galons dans l’entreprise, comment il s’y est pris avec ce patron là, comme une victoire de guerre, comme un ancien combatant.

Et c’est un groupe qui propose de regarder Les Visiteurs en dvd pour la millième fois, et ceux qui en ont marre et qui préfèrent sortir prendre l’air parce que "passer une soirée à regarder ce genre de films on est pas venus pour ça".

Et c’est celui qui sait tout sur tous les sujets, expliquant à un informaticien le binaire ou Turing, divaguant à mort sur l’Intelligence Artificielle et le cerveau humain ou sur les logiciels libres alors qu’il n’est pas capable lui même d’écrire une seule ligne de programme en quelque langage que ce soit, ne faisant que répéter les anneries pour bobos lues sur Internet, expliquant Newton ou l’optique et la photographie ccd à un astronome professionnel, expliquant la Russie à un prof d’histoire, expliquant la politique étrangère à tout le monde. Politique étrangère qu’il ne connait que par le net, lui même n’étant jamais sorti de sa banlieue.

Et c’est le futur directeur d’un service quelconque qui raconte pour la deux cent millème fois comment il s’est retrouvé en panne d’essence en pleine nuit en forêt de Fontainebleau. Mais quelle aventure !

Bref, on ressort de ces soirées avec l’impression d’avoir passé 5 heures dans la 4ème dimension, traumatisé à vie fuyant en supersonnique pour le moindre gars qui veux vous la faire discussion entre 4 z’yeux.

Venu pour passer moment sympa pour se changer l’esprit, reparti avec un besoin urgent d’antidépresseurs et de visite chez un psy, mais d’abord besoin irrépréssible d’un bon bol d’air dans la nuit calme et silencieuse...

Et je ne vous raconte pas quand en plus des problèmes familiaux viennent tout compliquer....

Parce que c’est une constante, un besoin irréprésible apparemment chez l’être humain, de se compliquer les problèmes relationnels à un point que même Freud y perdrait son latin.

Il y a ceux pour qui les problèmes relationnels sont la seule manière de fonctionner, leur seul contact social avec les autres.

Ceux pour qui c’est une mode, un passage obligé, une période fondamentale et necessaire dans un moment de sa vie, comme le pucelage ou la crise d’ado, comme le service militaire ou la crise des 40 ans, comme les éternels problèmes de couple entendus partout un millions de fois et qu’il faut bien sur raconter à tout le monde en prenant des airs de grands dépressifs.

"Comment, mais tu ne vas pas voir de psy ? Mais tu es sûr que ça va bien ?"


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